Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Une ballade poignante et ce que c’est que voir, entendre, aimer jusqu’à toujours…

À l’origine (Les Jours de Pearly Spencer), la chanson était une ballade poignante, un machin comme les Irlandais ont le don de nous les offrir, type Sean O’Casey pour le meilleur et Joyce pour le pire… Une errance prolétarienne dans Belfast. D’ailleurs voici les paroles traduites… Vous savez, enfin je vous l’ai dit bien souvent je n’ai pas la moindre oreille, je chante abominablement faux. Récemment j’ai entendu Rezvani parler du film Pierrot le fou, il a dit deux choses très justes, la première était que Godard savait qu’il y a des gens qui ne “voient” pas, alors il cadre pour les obliger à voir, je suis bien d’accord avec Godard, il y a des gens qui regardent et ne voient pas, sans être aveugles pour autant. Et bien, Rezvani reconnaissait qu’il y avait une infirmité semblable, celle des gens qui n’ont aucune oreille sans être sourds pour autant et il citait le cas de Belmondo, impossible de lui faire fredonner le moindre air. Alors voilà je suis comme Belmondo, je ne suis pas sourde mais je n’entends pas mais bizarrement j’ai tout à coup envie d’une musique, Erik Satie, Thelonius Monke et aujourd’hui cette chanson, cette ballade poignante de David Mc Williams. Et je vous offre en prime ce magnifique interview de Jean Rezvani qui a 94 ans et qui vous dira mieux que moi ce qui est essentiel dans tout ça… Tant pis si l’on ne voit pas, si l’on entend pas mais il y a des gens qui vivent l’amour comme une amputation, une peur, et comme Pierrot le fou se peignent le visage et se font sauter à la dynamite. Mais écoutez plutôt… (note de Danielle Bleitrach =

La chanson avait, selon Stuart Bailie de BBC Radio Ulster, un « style vacillant, presque documentaire » dans lequel elle emmenait les auditeurs dans les parties les plus délabrées de Ballymena où les gens marchaient pieds nus pieds nus au-delà de leur âge. En raison du titre de la chanson, de nombreux auditeurs croyaient que la chanson se rapportait à un individu déchiré par un mauvais mode de vie et une mauvaise qualité d’alcool. McWilliams a déclaré qu’il avait écrit la chanson sur un sans-abri rencontré à Ballymena. Certains de ses proches de McWilliams, cependant, ont affirmé qu’il écrivait sur deux dames de sa ville natale. 

A tenement, a dirty street
Un pauvre immeuble, une rue sale
Walked and worn by shoeless feet
Parcourue et usée par des pieds nus
Inside it’s long and so complete
à l’intérieur elle est longue et si complète
Watched by a shivering sun
Observée par un soleil tremblotant
Old eyes in a small child’s face
Les yeux vieillis dans le visage d’un petit enfant
Watching as the shadows race
Qui regardent la course des ombres
Through walls and cracks and leave no trace
A travers les murs fissurés sans laisser de trace
And daylight’s brightness shuns
Et évitent la lumière du soleil

The days of Pearly Spencer
Les jours de Pearly Spencer
The race is almost run
Son parcours va bientôt prendre fin

Nose pressed hard on frosted glass
Le nez collé à la vitre givrée
Gazing as the swollen mass
Regardant alors que la foule dense
On concrete fields where grows no grass
Sur les champs de béton où ne pousse pas d’herbe
Stumbles blindly on
Trébuche à l’aveuglette
Iron trees smother the air
Des arbres en fer étouffent l’atmosphère
But withering they stand and stare
Mais flétrissant ils restent droit à regarder
Through eyes that neither know nor care
A travers leurs yeux qui ni ne savent ni se soucient
Where the grass is gone
De ce qu’est devenue l’herbe

The days of Pearly Spencer
Les jours de Pearly Spencer
The race is almost run
Son parcours va bientôt prendre fin

Pearly where’s your milk white skin
Pearly où est passée ta peau blanche comme le lait
What’s that stubble on your chin
C’est quoi cette barbe de plusieurs jours à ton menton
It’s buried in the rot gut gin
Elle est ensevelie dans le gin fabriqué maison
You played and lost not won
Tu as joué et perdu
You played a house that can’t be beat
Tu as joué contre une maison de jeux imbattable
Now look your head’s bowed in defeat
Regarde maintenant tu baisses la tête en signe de défaite
You walked too far along the street
Tu t’es avancé trop loin sur la route
Where only rats can run
Où seuls les rats peuvent courir

The days of Pearly Spencer
Les jours de Pearly Spencer
The race is almost run
Son parcours va bientôt prendre fin
The days of Pearly Spencer
Les jours de Pearly Spencer
The race is almost run(x2)
Son parcours va bientôt prendre fin(x2)

A tenement, a dirty street
Un appartement, une rue sale
Remember worn and shoeless feet
Rappelle-toi des pieds nus et usés
Remember how you stood to beat
Rappelle-toi comment tu te battais pour changer
The way your life had gone
La tournure qu’avait pris ta vie
So Pearly don’t you shed more tears
Alors Pearly ne verse plus de larmes
For those best forgotten years
Sur ces années qu’il vaut mieux oublier
Those tenements are memories
Ces appartements sont les souvenirs
Of where you’ve risen from
De la situation(1) dont tu as réussi à sortir

The days of Pearly Spencer
Les jours de Pearly Spencer
The race is almost won
La course est presque gagnée

(1) littéralement : d’où

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