Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Suite du débat sur “Osons la paix” par Gilbert Rodrigue

Nous poursuivons sur le positionnement du PCF et de Fabien Roussel en faveur de la paix. Avec l’intervention de Franck Marsal, il y a beaucoup d’idées qui ont déjà surgi et qui méritent d’être approfondies. Gilbert Rodrigue s’interroge sur les raisons qui font que la direction du parti semble ignorer toutes les informations y compris sur ce site mais pas seulement là. Gilbert semble ignorer le poids de l’idéologie, le fait qu’une idée vraiment nouvelle qui heurte la cohérence globale de ce que l’on croit savoir a toute chance de ne pas être perçue. Le mouvement social qui conteste le principe d’autorité qui entretient “la cohérence de l’idéologie” s’avère essentiel pour favoriser la transformation des consciences comme la guerre est aussi une “accoucheuse” (maïeutique) au sens que Socrate donnait à ce terme, favorisant les étapes de la dénonciation et reconstruction d’une opinion. Encore faut-il qu’il y ait un parti apte à donner une autre cohérence idéologique, en impulser l’action en terme organisationnel. Si on prend le cas du parti communiste grec, qui prône la thèse des deux impérialismes, ce parti mène un combat résolu contre la livraison d’armes de l’OTAN et il n’a pas besoin de faire un dessin à ses militants sur ce qu’est l’OTAN, l’UE, ce qui n’est pas le cas du PCF. Mais il y a mise en mouvement de la société française, et du PCF et c’est là le mérite du 38e Congrès. Mais Gilbert se fait des illusions sur la manière dont les consciences – y compris la sienne – évoluent, même s’il a mérite de toujours voir la dimension de classe, il a tendance à sous-estimer le rôle propre du parti et du pouvoir d’Etat, avec ses appareils. L’idéologie contraint les individus a seulement reconnaitre ce qu’ils connaissent déjà, et il y a là une cohérence étayée de multiples façons, c’est pourquoi comme le disait Lénine il faut travailler, encore travailler mais il faut aussi savoir le rôle spécifique du parti que la lecture ne peut remplacer d’où l’intérêt de l’alliance entre classe ouvrière et intellectuels. Un parti est indispensable, un mouvement de la paix n’y suffit pas, parce que le parti est le seul à bâtir une autre cohérence qui concerne la représentation de soi, des rapports sociaux et de l’histoire, s’il ne le fait pas c’est un parti social-démocrate qui prétend améliorer et donc défendre l’existant qui ne peut pas l’être. A partir de là, comme le note Xuan, il y a non seulement le PCF mais d’autres partis, le Cubain, et y compris le positionnement chinois en faveur de la paix. Mais là aussi l’illusion est grande parce qu’il il faut voir que celui-ci subit la même hostilité, et le thème de la démocratie, de l’autocratie va être de plus en plus attaqué, en revanche le travail idéologique au sein du parti, l’apport d’information est indispensable et Gilbert a raison il faut faire connaitre le texte signé à la Havane qui tient compte des positions différentes sur l’opportunité de l’intervention en Ukraine (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Il s’agit de déterminer le positionnement le plus juste et dans le parti et dans le rapport à l’opinion.
Les deux étant bien entendu liés.
Donc d’enrichir la base commune retenue par une forte majorité du parti.
En tenant compte de la situation concrète (avec ses limites et ses contraintes) et des enjeux.
Je suis bien d’accord avec le fait que ce qui est central dans le moment présent c’est l’accent mis sur le REFUS de L’ESCALADE et de l’engrenage de la guerre dans lequel on nous conduit, ce qui implique le refus de fournir des armes aux belligérants et donc concrètement côté occidental à l’Ukraine.
Je suis d’accord avec l’analyse et nombre de remarques faites par Franck Marsal, mais je voudrais attirer l’attention sur un aspect qui me paraît déterminant si on veut être à la fois cohérent et tenter de peser sur les évènements.

Ce qui pose problème dans le positionnement de Fabien Roussel et dans ses incohérences soulignées par Franck c’est donc son inscription dans la logique victime/coupable et celle de la légitime défense ce qui ne peut effectivement qu’aboutir à l’escalade, la légitime défense de l’agressé – ce que ne peut qu’approuver le bon sens et la culture populaires – autorisant la réplique militaire PAR TOUS LES MOYENS.
Mais au-delà et peut être plus fondamentalement c’est que la détermination de la position des belligérants chez Roussel résulte d’un acquiescement au récit dominant diffusé à longueur de journées et d’heures (voir LCI en particulier) au travers de canaux propriété de quelques oligarques et de médias publics sous contrôle du pouvoir s’agissant des questions stratégiques, internationales en particulier.
En ne se référant à aucun moment à l’enchaînement des faits réels qui ont conduit à la situation présente et en ne s’appuyant pas sur une contre-information certes minoritaire mais qui n’en existe pas moins comme en témoigne le blog de Danielle, mais d’autres aussi.

Pour s’en tenir au plus récent : coup d’état du Maidan de 2014 appuyé/orchestré par les USA, massacres d’Odessa et de Marioupol par les forces fascistes en mai 2014, sabotage des accords de Minsk de l’aveu même de Merkel et d’Hollande pour donner le temps au régime de Kiev de se refaire une santé militaire avec l’appui notamment des USA.
Ces faits constituant la preuve que l’OTAN préparait et souhaitait le déclenchement de la guerre avec des objectifs géopolitiques liés à son inquiétude de perte d’hégémonie et de préparation à l’affrontement avec l’ennemi systémique désigné, à savoir la Chine.

C’est là une question décisive pour l’opinion. Car s’il y a un agresseur fourbe dirigé par un fou et un malade (je grossis le trait, mais à peine) ALORS il est plus que légitime d’aider humanitairement mais aussi militairement l’agressé au nom du droit des peuples, des droits humains, du respect de la légalité internationale.

Partir du récit otanien c’est en premier désigner Poutine comme le responsable criminel de la situation comme le fait Roussel ou comme le fait Patrick Le Hyaric en se rendant ENSUITE prisonnier d’incohérences pour alimenter un mouvement de la Paix centré sur une exigence qui n’épargne pas les responsabilités de l’OTAN.

C’est le passage obligé pour ne pas recevoir les foudres médiatiques et être mis à l’index, mais c’est aussi céder à la pression en allant jusqu’au vote de légitimation de l’OTAN au Parlement

En s’appuyant légitimement sur le désir profond de paix de l’immense majorité des gens on ne peut être assuré que cela se traduise par le refus de l’escalade (la peur jouant peut-être et sans doute son rôle) si on ne ferraille pas, si on ne conteste pas le récit dominant, les fausses nouvelles, les manipulations serinées à longueur d’antennes et de mise en scène nourries des images terribles de la guerre.
Bien que ce soit évidemment difficile dans ce contexte si on ne s’appuie pas sur un autre récit qui mette effectivement en cause la responsabilité de l’impérialisme, de l’OTAN puisque dans notre situation c’est bien sur notre impérialisme qu’il faut faire porter la pression.

C’est cette absence de contestation du récit otanien qui pose problème.
Parce que c’est la contestation des contre-vérités pilonnées par nos médias qui légitime un autre positionnement que l’engagement dans l’escalade auprès du régime de Kiev et des va-t-en guerre américains et un socle à partir duquel on peut construire et développer une résistance à cette escalade.
Voilà c’est ce sur quoi il me semble devoir falloir attirer l’attention des militants et des dirigeants du parti en se souvenant que c’est une longue habitude et tradition des communistes de résister aux idées et aux campagnes des classes dominantes comme cela s’est produit tout au long de notre histoire.
Et je pense que c’est dans ce sens qu’il nous faut intervenir pour modifier dans la base commune ce qui a trait aux questions internationales : contestation du récit dominant ET référence à nos alliés naturels comme les partis communistes.
En l’occurrence pour l’Ukraine référence au positionnement de la rencontre des partis communistes à La Havane à laquelle le parti a participé.

Print Friendly, PDF & Email

Vues : 132

Suite de l'article

2 Commentaires

  • Michel Berdagué
    Michel Berdagué

    Le jeudi 9 février 2023 à 18h30
    CONFÉRENCE de
    Jeannine MORANDAT-GRUSELLE
    à partir de l’ouvrage de V.I.Lénine
    L’impérial
    isme stade suprême du
    capitalisme
    En présentiel : Sorbonne-Université, campus P. et M. Curie, place Jussieu
    75005 tour 32, 1ème étage, couloir 32/42, salle 101, voir plan joint (Métro
    Jussieu).
    Si vous ne pouvez assister à cette conférence vous pourrez l’écouter sur
    notre site : cuem.info
    Pour tout renseignement : cercle.univ.etud.marxiste@gmail.com
    Jeannine MORANDAT-GRUSELLE est sociologue. Elle a travaillé à l’Université Paris V. Ses recherches ‘sur contrat) portaient sur les relations sociales dans les banlieues et dans les entreprises, en particulier sur les luttes et l’expression des salariés. Elle est militante politique et syndicale.
    Le Cercle Universitaire d’Etudes Marxistes (CUEM) a pour objectif d’organiser des conférences ayant trait à l’actualité du marxisme. Nous le faisons tout au long de l’année universitaire en invitant des conférenciers traitant de sujets historiques, philosophiques, politiques d’un point de vue marxiste. Si vous souhaitez être informé de nos initiatives et pour tout renseignement écrivez nous : cercle.univ.etud.marxiste@gmail.com

    Répondre
  • Michel Berdagué
    Michel Berdagué

    Danielle je viens de t’ écrire avec des infos …et seul le dernier passage apparaît …j’ avais ” bleui ” en copie tout l’ écrit …je te disais des infos sur le secteur International et la trésorerie . Si tu ne les as pas tu peux m’ écrire sur ma boîte netcourrier.com , j’ écrirai à nouveau ces infos …!

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.