Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La révolution peut-elle triompher maintenant ? par Leonid Razvozzhayev

Puisque se pose la question de la Révolution il est temps d’en dépasser les aspects romantiques et illusoires et voir que ce n’est pas une soirée de gala à laquelle on vous convie mais un affrontement terrible. “Il ne fait aucun doute que la lutte révolutionnaire et plus encore la conservation du pouvoir après la révolution est un grand travail reposant sur une base scientifique-théorique sérieuse. Nous autres, marxistes, battus dans l’histoire plus d’une fois, et ayant connu néanmoins des succès dans notre histoire, nous différons des autres courants politiques en ce que nous avons une énorme base pour confronter les étapes de notre lutte avec le chemin parcouru par les grands prédécesseurs.” Cette réflexion d’un communiste russe* se pose avec l’acuité de la guerre, de la nécessité de défendre son pays menacé de démantèlement comme l’a été l’URSS. Elle pose la définition de CETTE guerre: En attendant, les événements en Ukraine par la Russie n’ont rien à voir avec la guerre impérialiste. En outre, l’Opération spéciale est une réponse anti-impérialiste de la Russie semi-coloniale afin de défendre son droit à l’indépendance et de sortir de la dépendance coloniale le peuple ukrainien frère et les millions de Russes qui y vivent sur leurs terres historiques. En d’autres termes, la nature de cette guerre est d’être de libération nationale, unificatrice, anticoloniale et anti-impérialiste. Ce débat n’est pas étranger à celui que nous avons en France, où il s’agit à la fois d’obtenir la paix mais aussi ce qui va avec le droit à la vie dans la dignité d’un nombre grandissant de gens où les vieux réflexes colonialistes autant que l’anti-communisme sont activés contre la Russie dite de Poutine et le prétexte des deux impérialismes pour certains. Nous avons besoin nous aussi de réfléchir sans illusions romantiques mais en sachant à quoi et à qui nous nous attaquons. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

https://svpressa.ru/blogs/article/346886/

L’agression de l‘”Occident uni” super-impérialiste empêchera la gauche de prendre le pouvoir dans le pays.

Dans les conversations avec certains révolutionnaires de gauche enflammés, on entend souvent des rêves de Révolution. Vous savez, une aussi colorée que les cartes postales de propagande soviétique. Des bouquets d’œillets, la salve de l’Aurore, Lénine sur une voiture blindée. Hourra, nous avons gagné…

En réalité, cependant, la révolution pourrait ne pas emprunter une voie aussi romantique. Le plus souvent, une révolution est un bain de sang, l’effondrement de l’économie, le délitement du tissu social de la société. En même temps, elle peut perdre aussi bien au début qu’après la prise officielle du pouvoir dans certaines régions clés. Et que dire des régions, elle peut même perdre lorsqu’elle obtient le pouvoir dans l’ensemble du pays, même si le pouvoir y a été acquis par des élections, comme ce fut le cas en Espagne, par exemple. En général, il existe de nombreuses variantes de la défaite des révolutions et même des modèles progressistes d’ordre social apparemment bien établis. Peut-être même plus que de résultats positifs. Surtout si l’on considère l’expérience de l’effondrement de l’URSS et de l’ensemble du bloc des pays socialistes.

Ainsi, la révolution et la prise du pouvoir ne sont pas une aventure romantique, mais un travail sérieux, avant tout, d’avant-garde, de passionnés formés, capables de faire intervenir des millions de personnes jusqu’alors non impliquées dans le processus de gestion de la lutte et de direction de la société.

Il ne fait aucun doute que la lutte révolutionnaire et plus encore la conservation du pouvoir après la révolution est un grand travail reposant sur une base scientifique-théorique sérieuse.

Nous autres, marxistes, battus dans l’histoire plus d’une fois, et ayant connu néanmoins des succès dans notre histoire, nous différons des autres courants politiques en ce que nous avons une énorme base pour confronter les étapes de notre lutte avec le chemin parcouru par les grands prédécesseurs.

Peut-être ce fait nous prive-t-il d’une sorte d’auréole romantique, d’une insouciance qui est si souvent glorifiée dans les hymnes.

Mais y compris dans la Russie contemporaine, la pratique montre que c’est grâce à ces qualités que le mouvement de gauche en Russie tient bon, malgré l’existence d’un régime autoritaire rigide. Il se tient debout et résiste la tête haute.

Aujourd’hui, cependant, en plein conflit en Ukraine, un certain nombre de gens de gauche qui se décrivent parfois comme des marxistes semblent désorientés, peut-être en raison des perspectives vertigineuses qu’un tournant de l’histoire semble devoir nous apporter dans un avenir proche. Ils disent, certains soutiennent, que maintenant notre régime détesté est sur le point de s’effondrer sous les coups de la bourgeoisie étrangère et que les gens vont joyeusement nous suivre pour faire la révolution socialiste. Et ils appuient immédiatement leurs rêves avec les phrases de Lénine et d’autres sur la “nature impérialiste de CETTE guerre” sur le modèle de 1914-1918.

Ce faisant, sans se rendre compte que Lénine a écrit ces phrases à propos d’UNE guerre, il écrit directement CETTE guerre est impérialiste, pas n’importe quelle guerre, mais cette guerre… Mais comment atteindre l’esprit des fervents révolutionnaires, alors que dans leur imagination ils se voient déjà portés au Kremlin, ou, au pire, dans ses caves à vin par une foule de marins.

En attendant, les événements en Ukraine pour la Russie n’ont rien à voir avec une guerre impérialiste. En outre, l’Opération spéciale est une réponse anti-impérialiste de la Russie semi-coloniale afin de défendre son droit à l’indépendance et de sortir de la dépendance coloniale le peuple ukrainien frère et les millions de Russes qui y vivent sur leurs terres historiques. En d’autres termes, la nature de cette guerre est d’être de libération nationale, unificatrice, anticoloniale et anti-impérialiste.

Mais même si vous vous obstinez à ne pas voir la justesse morale de la Russie dans ce conflit, comment ignorer le fait qu’il n’y a pas d’impérialisme de la part de la Russie, sur la base de la définition de ce phénomène que nous a donnée Lénine, qui considérait essentiellement que la caractéristique principale de l’impérialisme était l’exportation de capitaux. C’est-à-dire que le capitalisme dans un pays impérialiste doit se développer de telle manière qu’il se retrouve à l’étroit dans sa patrie et envahit d’autres pays afin de construire de nouvelles usines et ainsi de suite. Quel type de fabrication développée avons-nous en Russie pour que nous soyons obligés d’installer de nouvelles usines en Ukraine reste ici un mystère non élucidé.

Un autre aspect crucial de l’ère des guerres impérialistes est que ces guerres opposaient des alliances de pays impérialistes à des alliances d’autres pays impérialistes. Aussi bien pendant la Première Guerre mondiale que dans la Seconde, que je considère également comme essentiellement impérialiste, où l’URSS a été amenée à se battre dans le même camp qu’un certain nombre de pays impérialistes. Tout simplement parce que le fascisme était clairement en décalage avec une sorte de système compréhensible des États bourgeois classiques, reconnu même par la société soviétique.

Mais existe-t-il aujourd’hui des alliances de pays impérialistes qui se battent entre elles, du moins ouvertement ? Non, ces alliances n’existent pas, mais qu’est-ce qu’il y a ? Eh bien il y a une seule alliance de l’empire super-impérialiste occidental ! Ce qui, soit dit en passant, a été prédit par Kautsky, qui par ailleurs s’est largement trompé, pensant que cela pourrait avoir lieu au début du vingtième siècle.

Je voudrais répéter un point, qui est crucial dans cet article, tout à fait essentiel pour évaluer le conflit contemporain en Ukraine ! Nous n’avons pas affaire à une guerre impérialiste semblable à la guerre de 1914-1918. Nous avons affaire à une confrontation entre une puissance capitaliste super-impérialiste de niveau mondial et une puissance russe bourgeoise, sous-développée au sens capitaliste du terme.

Oui, la Russie est un grand pays par son territoire, avec de puissantes armes nucléaires, mais avec une population dix fois inférieure à la population totale des pays qui nous font face, et surtout, avec un potentiel économique dix fois inférieur au PIB total de l’union des pays super-impériaux en question ! Et seule une personne dotée d’un fantasme maladif pourrait suggérer que la Russie serait capable de s’opposer à une telle puissance sans raison apparente. Il est clair que dans cette situation, la victime du conflit est précisément la Russie.

Cependant, pour revenir au désir brûlant de révolution, Staline, dans son ouvrage La révolution d’octobre et la tactique des communistes russes, présente un certain nombre d’arguments expliquant pourquoi la révolution socialiste de 1917 a pu conquérir et conserver le pouvoir. Et en plus de son opinion, il fait référence au célèbre passage de l’œuvre de Lénine La maladie infantile du “gauchisme” dans le communisme.

Lisez ce passage, en particulier le point 2 ; lisez-le attentivement et pensez à l’importance qu’il revêt pour notre situation actuelle : « J’étais déjà au début de 1918, écrit Lénine, obligé de signaler cette circonstance, et l’expérience de deux ans depuis lors a tout à fait confirmé la justesse de cette considération. Les conditions spécifiques telles que 1) la possibilité de lier le bouleversement soviétique à la fin, grâce à lui, de la guerre impérialiste qui avait si incroyablement épuisé les ouvriers et les paysans, 2) la possibilité d’utiliser, pendant un certain temps, la lutte mortelle de deux groupes mondialement puissants de prédateurs impérialistes, lesquels groupes ne pouvaient pas s’unir contre l’ennemi soviétique, 3) la possibilité de résister à une guerre civile relativement longue, en partie en raison des dimensions gigantesques du pays et des faibles moyens de communication, 4) la présence d’une profonde démocratie bourgeoise, en partie en raison du fait que la révolution soviétique avait eu lieu dans le pays. C’est pourquoi, entre autres raisons, – entre autres – il est plus difficile pour l’Europe occidentale de lancer une révolution socialiste que pour nous ».

Ainsi, aujourd’hui, des marxistes inexpérimentés veulent voir dans les événements en cours une certaine analogie avec la Première Guerre mondiale. Mais tant Lénine que Staline disent carrément que ce n’est pas si simple, toute la pensée marxiste classique dit, tout d’abord, que le côté russe n’est pas et ne peut pas être considéré comme impérialiste dans ce conflit. Plus important encore, si le scénario avec la révolution en Russie se répète, en fait la gauche moderne n’a aucune chance de tenir le pouvoir dans le pays et la révolution risque d’être écrasée par des forces extérieures.

Cela s’est produit de nombreuses fois dans l’histoire de l’humanité ; nous savons combien de révolutions progressistes ou du moins bourgeoises ont été écrasées par le régime tsariste russe, nous savons comment la révolution française a été écrasée par la Prusse, etc. Mais jamais auparavant il n’y a eu une situation dans le monde où un bloc aussi puissant de pays impérialistes, comme aujourd’hui la coalition occidentale, soit opposé à un pays de second rang au sens technologique ; nous parlons de la Russie, bien sûr !

Encore une fois, et c’est la pierre angulaire de la bonne compréhension et donc de la bonne attitude face au conflit en Ukraine ! Jamais dans l’histoire de l’humanité, la puissance de toutes les grandes puissances occidentales du monde n’a été aussi unie et solidaire dans ses actions communes contre un pays du monde ! Et en ce sens, c’est cette alliance des pays occidentaux qui nous dit précisément que nous sommes face à un super-empire dans un conflit d’une telle ampleur pour la première fois dans l’histoire de l’humanité !

Je me permets de dire que cela prouve que l’impérialisme que Lénine a défini au début du 20ème siècle n’était pas le dernier stade du capitalisme. Parce qu’en ce moment, nous avons affaire à une nouvelle étape de super-impérialisme. Et il est tout à fait possible que cette étape soit la dernière étape de l’histoire du développement du capitalisme.

L’effondrement du pays non pas même en plusieurs parties, mais en plusieurs dizaines de parties, est probablement le meilleur scenario qui puisse arriver en cas de chute révolutionnaire du régime de Poutine aujourd’hui ! Le pire serait une guerre civile dans toute la Russie avec des décennies de carnage. Et ces deux scénarios impliquent une détérioration significative de la société sur tous les fronts, pendant des dizaines d’années, voire des centaines d’années.

Pouvons-nous, nous, marxistes, rêver d’un tel scénario pour la Russie ? Je ne le pense pas, car je pense que la révolution doit apporter une amélioration qualitative de la vie de toute la société, peut-être à travers une période de dévastation. Mais en général, le révolutionnaire devrait voir un horizon clair où la vie s’améliorera grandement. Soutenir l’idéal d’une vie juste dans une petite région, où les outils de travail sont une houe, une hache et un soc en bois, mais où les produits sont distribués équitablement, ce n’est pas du communisme, excusez-moi ! Ce n’est pas l’objectif que nous devons viser. Le communisme, c’est d’abord et avant tout la technologie de pointe de la science et de la technologie et la possibilité de l’utiliser maintenant ou dans un avenir prévisible pour le bien commun !

Si votre objectif est de faire quelque chose qui ressemble à une révolution, avec plus de sang, d’explosions, de potences pour tous les dissidents, etc. Alors désolé, ce n’est pas mon chemin.

Cela signifie-t-il que la révolution ne pourra jamais gagner en Russie, et que je suis contre la révolution en général ? Bien sûr que non, la révolution aurait pu gagner, par exemple, en décembre 2011, si les manifestations s’étaient dirigées vers le centre de Moscou (Oudaltsov était en prison à l’époque). Une révolution aurait probablement pu se produire en 2018 sur la vague des manifestations pour les retraites, encore une fois, si l’opposition s’y était jointe sérieusement et si les organisations de gauche avaient alors reçu un soutien financier sérieux. Mais la révolution se produira probablement dans un avenir prévisible, 5 à 10 ans après que le conflit ukrainien se sera calmé et que les pays de l’OTAN auront retiré leurs troupes des frontières de la Russie.

Cette fois, hélas, nous devons attendre, maîtriser nos émotions et ne pas nous exposer, ainsi que les citoyens russes et le pays tout entier, à un danger mortel ! Mais nous devons mettre à profit cette période en développant activement la théorie et la pratique révolutionnaire, et il n’y a aucune contradiction ici. Parce que, disons-le, chaque syndicat établi ou chaque action de défense d’un square de quartier est une pratique révolutionnaire et nous ne devons pas en avoir honte ! On peut et on doit en parler directement et partout, même aux plus ardents révolutionnaires qui rêvent aujourd’hui de faire tonner les canons du Croiseur Aurore !

* Membre du Front de gauche, qui en Russie est très proche du Parti communiste (KPRF). La femme du président du front de gauche Oudaltsov, Anastasia Oudaltsova, est député à la Douma pour le KPRF.

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4 Commentaires

  • Xuan

    une réserve : l’hégémonie US n’est pas le super impérialisme de Kautsky, qui décrivait une coalition d’impérialisme.
    En réalité il y a un impérialisme dominants et un second monde dominé. Bien qu’elles soient remisées au second plan les contradictions existent, de sorte que cette alliance imposée est construite sur des failles profondes, et que l’approfondissement du conflit ne feront que les creuser davantage.
    Lénine critiquait Kautsky en rappelant le développement inégal des impérialismes.

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  • Xuan

    Excusez l’orthographe de mon dernier post un peu précipité, qui demande aussi quelques développements.

    Kautsky écrivait : “… La politique impérialiste actuelle ne peut-elle pas être supplantée par une politique nouvelle, ultra-impérialiste, qui substituerait à la lutte entre les capitaux financiers nationaux l’exploitation de l’univers en commun par le capital financier uni à l’échelle internationale ? Cette nouvelle phase du capitalisme est en tout cas concevable. Est-elle réalisable ? Il n’existe pas encore de prémisses indispensables pour nous permettre de trancher la question.” Neue Zeit, 30 avril 1915, p. 144.

    Lénine lui répondait dans le stade suprême : « il est inconcevable en régime capitaliste que le partage des zones d’influence, des intérêts, des colonies, etc., repose sur autre chose que la force de ceux qui prennent part au partage, la force économique, financière, militaire, etc. Or, les forces respectives de ces participants au partage varient d’une façon inégale, car il ne peut y avoir en régime capitaliste de développement uniforme des entreprises, des trusts, des industries, des pays. L’Allemagne était, il y a un demi-siècle, une quantité négligeable, par sa force capitaliste comparée à celle de l’Angleterre d’alors; il en était de même du Japon comparativement à la Russie. Est-il “concevable” de supposer que, d’ici une dizaine ou une vingtaine d’années, le rapport des forces entre les puissances impérialistes demeurera inchangé ? C’est absolument inconcevable.

    Aussi, les alliances “inter-impérialistes” ou “ultra-impérialistes” dans la réalité capitaliste, et non dans la mesquine fantaisie petite-bourgeoise des prêtres anglais ou du “marxiste” allemand Kautsky, ne sont inévitablement, quelles que soient les formes de ces alliances, qu’il s’agisse d’une coalition impérialiste dressée contre une autre, ou d’une union générale embrassant toutes les puissances impérialistes, que des “trêves” entre des guerres. Les alliances pacifiques préparent les guerres et, à leur tour, naissent de la guerre; elles se conditionnent les unes les autres, engendrant des alternatives de lutte pacifique et de lutte non pacifique sur une seule et même base, celle des liens et des rapports impérialistes de l’économie mondiale et de la politique mondiale »

    [L’impérialisme, stade suprême du capitalisme -IX. La critique de l’impérialisme]

    Il est clair que nous ne sommes plus dans le cadre de la première guerre mondiale, d’une guerre inter-impérialiste pour le repartage du monde.

    Il existe bien une super puissance, mais il n’y a absolument pas d’ « exploitation de l’univers en commun par le capital financier uni à l’échelle internationale», et cet hégémonisme domine les autres impérialismes par la force. Sinon il faudra expliquer les sanctions appliquées par les USA à la BNP et d’autres.

    Cette distinction n’est pas du pinaillage. La sphère souverainiste a repris la thèse de Kautsky sous la forme de la finance cosmopolite dominant le monde, puis du mondialisme, et c’est pour elle une façon de dissimuler la nature impérialiste de notre pays.

    Chacun peut constater que la France a rejoint le camp des USA, comme les autres pays occidentaux, mais cette alliance est imposée et non librement consentie, la preuve en est la destruction du gazoduc Nord Stream et ses conséquences en Europe et en Allemagne en particulier. Pour s’en convaincre il suffit d’examiner la cotation à la bourse de New York des sociétés françaises : changer de camp signifierait l’expulsion immédiate de ces entreprises.

    Par conséquent l’unité de l’Europe, l’unité de l’OTAN sorti de sa mort cérébrale n’est pas un état stable mais une situation temporaire, une trêve entre les guerres. L’une comme l’autre sont déchirées par les conflits d’intérêt, et l’extension de l’OTAN à de nouveaux pays ne peut qu’accentuer les disparités et les contradictions. Ces conflits sont déjà apparus lors de la crise de l’euro, de la crise des réfugiés, de la pénurie des vaccins, puis entre la Pologne et la Hongrie, mais aussi entre la France et l’Allemagne, et d’autres pays se réfugient dans le nationalisme néo fasciste, chacun tirant l’UE à hue et à dia.

    Maintenant la crise des matières premières est en train d’exacerber les contradictions occidentales, particulièrement celles entre l’Europe et les USA. 

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  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Il ne me semble pas que la Russie soit en retard technologiquement.

    Elle a des compétences dans tous les domaines modernes des technologies, micro processeurs, matériaux composites, nano technologie, développement logiciel et elle est même en avance dans le domaine de l’IA, sans compter les domaines historiques hérités de l’URSS, énergie où la Russie est la plus avancée au monde dans le domaine nucléaire, réacteurs mobiles sur navires, réutilisation des déchets nucléaires comme carburant, dans l’aviation les performances sont là et n’ont rien à envier à l’occident, quand à l’espace ils possèdent toujours la technologie nécessaire et ont servi de taxi à la station ISS pendant longtemps. Les Russes développent le premier moteur de fusée à propulsion nucléaire pour l’armement.

    Ce qui fait défaut en Russie n’est pas tant les connaissances scientifiques et techniques que les investissements productifs.

    Et tout comme en occident la technologie est souvent employée dans des gadgets ou dans l’armement au lieu d’être au service des peuples. Le déploiement de la technologie dépend de celui qui paye. La technologie Russe semble être au service des entreprises qui exportent, énergie et armement.

    Ni le retour à la houe en bois, ni le iphone 38 ne résoudront les problèmes de l’humanité sans un usage un peu plus réfléchi de la technologie.

    Le développement technologique couplé à un mode de production apparu au Moyen Âge engendre des contraintes fortes sur notre environnement avec un gaspillage colossal de ressources naturelles et humaines dont les effets ne sont pas forcément une vie meilleure.
    La puissance de production et de destruction par les armes nucléaires et la pollution est incompatible avec notre mode de production. c’est aussi un risque important qui plaide en faveur d’une révolution indispensable.

    Dans nos modes de transport nous n’avons quasiment pas innové mis à part la propulsion nucléaire, nous utilisons toujours des moteurs à explosion dans les même voitures et camions ou le moteur électrique sur nos trains. Nous avons certes gagné en efficacité énergétique mais rien de vraiment révolutionnaire d’inaccessible, les gains sont immédiatement annulés par l’augmentation irrationnelle des quantités consommées.

    Le taux de motorisation des ménages est passé de 28% en 1959 à 86,2 % aujourd’hui.
    Ceci en accompagnant l’urbanisation du pays et l’exode rural.
    La fonction mobilité étant assurée par les monopoles de l’industrie automobile le gaspillage accompagne le profit au dépends du transport en commun et de l’urbanisation rationnelle.
    On voit ici la futilité de l’innovation technologique quand elle ne s’accompagne pas d’innovation sociale ou que celle-ci ne sert pas l’intérêt général.

    Cuba démontre, certes sous la contrainte, que l’on peut vivre en bonne santé, être bien éduqué et tirer profit de la culture sans être envahi par des gadgets hi tech. Par contre leur agriculture est peut être celle qui intègre le plus de science et de rationalité au monde, une agriculture économique en ressources. En Europe la meilleure espérance de vie se trouve en Espagne et en Italie et non en GB, Allemagne ou France pourtant plus “développées” technologiquement. Mais dans ces pays développés on ne maîtrise pas la base: se nourrir sainement et avoir des relations sociales.

    Cet entre deux, de la houe en bois à la vitrine clinquante d’un grand magasin, me semble-t-il était atteint en URSS.

    Que leur manquait-il matériellement qui valait le sacrifice de l’expérience soviétique ?

    Rien, sauf pour les frustrés qui voulaient vivre comme les exploiteurs des pays capitalistes, rouler en Mercedes, se parfumer comme à Paris, une montre en or, pouvoir se distinguer de la masse des travailleurs soviétiques éduqués et faire fortune pour rivaliser villas sur la Côte d’Azur et Yacht pour narguer les anciens riches. Pour cela il fallait séduire une partie de la jeunesse avec des jean’s et du Rock. Il fallait perdre une véritable innovation sociale pour des paillettes dorées.

    Minables !

    La Révolution est une nécessité sérieuse pour être prise à la légère c’est pour ça qu’elle ne doit pas être négligée et surtout pas oubliée.

    Sur ce point la Russie me semble mieux outillée que la vieille Europe, il restera toujours quelque chose de soviétique dans cet immense pays très très riche dont le monde entier dépend de ses ressources, ce qui a de quoi donner confiance aux Russes.

    Chez nous c’est beaucoup plus compliqué nous devrions réfléchir à comment bien terminer 1789, contrairement aux Russes si nous maîtrisons les mêmes technologies qu’eux, nous sommes totalement dépendants de ressources externes, ce qui est loin d’être un détail.

    Parc automobile en France:

    https://www.onisr.securite-routiere.gouv.fr/etudes-et-recherches/vehicules/parc-des-vehicules/le-parc-automobile-des-menages

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  • Franck Marsal
    Franck Marsal

    Je souscris à cette réflexion, qui rejoint sur plusieurs points ce que j’ai aussi exprimé sur ce blog. Cela me permet de développer un point, sur la question de savoir si le “stade suprême” de Lénine est le stade final du capitalisme. J’ai déjà remarqué que pour Lénine (cf la préface) le stade suprême est le stade impérialiste d’un monde divisé entre puissances coloniales concurrentes et que, la révolution de 1917 marque le début de la révolution socialiste mondiale du prolétariat, donc, le début très net d’un nouveau stade.

    Comme on l’a dit également, lorsqu’on mesure avec le recul de l’histoire l’impact de la révolution d’octobre 17 sur le cours de l’histoire mondiale (pas seulement l’histoire russe, vraiment l’histoire mondiale, dont l’URSS est le sujet majeur durant tout le 20ème siècle), on comprend bien qu’on passe à un autre stade historique.

    Mais le capitalisme, qui s’est édifié en plusieurs siècles (la naissance des bourgeoisies européennes, c’est la fin du du moyen âge, à partir du 15ème ème siècle au moins), ne va pas se laisser abattre d’un coup, par une seule révolution. Il y a des stades de transitions, des stades donc de contradictions, et c’est précisément ce que nous vivons depuis un siècle. Ce ne peut plus être le stade suprême du capitalisme, mais ce n’est pas encore le stade final.

    C’est déjà un stade où le capitalisme commence à être remplacé par le socialisme, qui va pénêtrer d’abord par un puis plusieurs pays isolés, mais aussi par la transformations “de l’intérieur” des vieilles structures sociales. Dans cette phase de transition, le capitalisme est donc déjà en transformation, il n’est plus sous sa forme classique, suprême, atteinte une seule fois, cependant, il va connaître, sous sa forme très partiellement subvertie de nouvelles phases de croissance des forces productives.

    La configuration actuelle, d’un large bloc regroupant toutes les économies capitalistes dominantes historiques, sous la férule des USA, principal centre industriel (encore, quoique) et financier du capitalisme mondial marque à la fois une force énorme, jamais vue dans l’histoire et en même temps une grande faiblesse : pour faire face à un pays de second rang industriel et financier, l’occident doit unir toutes ses forces et néanmoins, pour l’instant, est à la peine. L’état héritier de la révolution d’octobre, malgré toutes ses contradictions internes fait mieux que damer le pion à la grande coalition occidentale.

    De plus, ce faisant, et c’est probablement la marque de faiblesse la plus importante, pour tenir cette situation, il doit renoncer à tous ses principes, tant éconmiques que politiques et développer des traits fascistes avérés : interdiction des médias russes, espionnage massifs, manipulations et mensonges éhontés développés en grande longueur sur presque tous les sujets, attaques contre le monde sportif, les artistes russes, utilisation du terrorisme d’état, etc etc.

    L’intégration de l’ensemble du monde occidental en une puissance rassemblée quoiqui fragile marque également le fait que le développement des forces productives a accrû les formes de socialisation sur un plan international à un niveau qui dépasse largement le cadre offert par les rapports sociaux, tant nationaux qu’internationaux. C’est pourquoi les politiques dites de “sanctions”, en fait de guerre économique, se retournent violemment contre leurs promoteurs. On ne fait pas tourner impûnément en arrière la roue de l’histoire économique, même lorsqu’on est la puissance dominante.

    Donc, oui, la révolution, un nouveau stade de la révolution socialiste du prolétariat est très certainement à l’ordre du jour pour les prochaines années. Si l’on mesure avec quelle profondeur la révolution d’octobre avait balayé l’ordre social et politique en Europe entre 1917 et 1923 (sans parler de tout ce qui s’est développé ensuite) : la fin de 3 grands empires, l’établissement de partis communistes de masses dans tous les pays, les changements dans toutes les sphères sociales, artistiques , intellectuelles, on pressent ce qui peut advenir dans les temps prochains.

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