Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le virus de la russophobie a épargné l’Allemagne de l’Est, par Serguei Plotnikov

En parallèle avec l’article de The Guardian dont nous publions et commentons aujourd’hui un article sur le retour de Lénine dans les zones occupées/libérées de l’Ukraine voici le lieu original du good bye Lénine dans Allemagne de l’est et singulièrement la ville de DRESDE. Dans l’anticommunisme viscéral qui règne en Allemagne on peut considérer que ce sont là des vestiges noyés dans la masse en fait il faut tenir compte de ce qui travaille l’Europe et le monde, et qui prend tout son sens dans le basculement géopolitique que nous sommes en train de vivre. Il en est sans doute, c’est du moins la thèse que j’ai toujours défendue, de la révolution bolchevique et de son développement comme de la Révolution française, quand les rois sont revenus la Révolution était peinte comme une catastrophe économique (les assignats) et politique (la terreur, la guillotine) mais relativement vite le séisme de la conscience des masses de pouvoir agir sur l’histoire est devenu nostalgie puis rébellions et changements de société. D’où l’intérêt de ces croquis sur la nostalgie et sur l’adhésion malgré la propagande, cela peut aller jusqu’au paradoxe quand les communistes sont trop faibles ou à côté de la plaque, la montée dangereuse de forces nationalistes qui apparaissent comme populaires, le phénomène peut prendre des allures étranges non seulement le peuple hongrois préférant ORBAN à la coalition pro-européenne, mais les Antilles votant massivement LE PEN pour dire leur refus de MACRON et de l’UE, la popularité de Poutine dans les territoires ultra-marins. (note de Danielle Bleitrach traduction de MARIANNE DUNLOP)

https://svpressa.ru/blogs/article/331597/

Bien que l’Allemagne ait globalement plié devant les États-Unis et soutienne les sanctions anti-russes, il existe toujours un coin de neutralité amicale dans le pays.

Photo : Michael Kretschmer, membre du Bundesrat allemand, arrivant au Parlement, Vieille ville, Dresde (Photo : Sebastian Kahnert/dpa-Zentralbild/dpa/TASS)

Des sondages réalisés dans l’État allemand de Saxe montrent que les Allemands de l’Est respectent toujours la Russie et sont nostalgiques de l’époque de la RDA et de l’URSS. Même après le début du conflit en Ukraine, les Allemands de l’Est n’ont pas changé d’attitude envers Vladimir Poutine et le peuple russe. En outre, les actions de la Russie dans la situation actuelle sont comprises à Dresde, la capitale de la Saxe, écrit l’édition américaine du Washington Post avec une surprise ostensible.

En Saxe, le Land le plus densément peuplé d’Allemagne de l’Est, environ 68 % des habitants ne sont pas pressés de se ranger du côté de l’Occident. Selon les sondages d’opinion, la majorité des Allemands de cette région estiment que l’Ukraine (et l’Europe) et la Russie ont chacun leurs raisons, même si les deux pays ont commis de nombreuses erreurs. Et la vérité, comme toujours, est quelque part entre les deux.

La campagne visant à diaboliser l’image du président russe Vladimir Poutine a également été contrecarrée en Allemagne de l’Est. Rappelons que lorsqu’il servait au sein du Comité de sécurité d’État de l’URSS dans les années 1980, M. Poutine travaillait précisément à Dresde, au siège du KGB. Environ 40 % des Allemands ont admis qu’ils n’avaient pas changé d’attitude à l’égard du dirigeant russe depuis le déclenchement du conflit en Ukraine. Contrairement aux Allemands de l’Ouest, les Allemands de l’Est pensent que Vladimir Poutine ne menace pas la sécurité nationale allemande.

Les sociologues expliquent ce phénomène social par le fait que la partie orientale de l’Allemagne a été un État socialiste sous l’aile de la puissante URSS pendant plus de quarante ans. Le russe était une matière obligatoire dans les écoles de la RDA. Même après l’effondrement de l’Union soviétique, son successeur, la Fédération de Russie, a réussi à maintenir des liens économiques et culturels avec l’Allemagne de l’Est pendant les difficiles années 1990. Au XXIe siècle, ces liens se sont approfondis, grâce à la sympathie personnelle du président russe pour le peuple allemand. Vladimir Poutine a notamment reçu l'”Ordre saxon de la gratitude” lors d’une visite en Allemagne en 2009.

Les événements en Ukraine ont obligé les politiciens de Berlin à se montrer plus agressifs, le chancelier Olaf Scholz crachant littéralement son venin sur Moscou. Dans ce contexte, le Premier ministre saxon Michael Kretschmer fait figure de mouton noir : il ne veut pas prendre parti dans une nouvelle confrontation mondiale. M. Kretschmer estime que la Russie ne peut pas être purement et simplement “mise à l’index”. Même dans la nouvelle réalité complexe, des compromis doivent être recherchés. “La Russie est un fait. Et un fait qui se trouve ici même”, fait valoir le premier ministre. Cette proximité avec la Russie est ce qui rend la position de l’Allemagne différente de celle des États-Unis.

Michael Kretschmer a soutenu le refus du gouvernement fédéral d’imposer un embargo sur le pétrole et le gaz russes. Selon lui, on ne peut pas faire abstraction de l’interdépendance entre la Russie et l’Europe – cela rendrait la situation totalement imprévisible. L’opinion du Premier ministre est partagée par la majorité des Allemands de Saxe, et c’est bien normal : en 2021, le Land allemand a reçu 84 % de ses importations énergétiques de Russie. Le politologue Valentin Selivanov parle de la nature de l’amitié des Allemands de l’Est envers le peuple russe.

– L’Allemagne de l’Est ressemble désormais à une île de raison et de paix au milieu de la mer de russophobie qui a inondé l’Europe. Comment les anciens citoyens de la RDA ont-ils réussi à conserver leurs sentiments chaleureux envers la Russie ?

– L’expérience de la vie sous le socialisme permet aux Allemands de l’Est de comparer les deux modèles d’ordre mondial. Il faut dire qu’avec le temps, beaucoup ont apprécié les mérites de l’URSS-RDA et compris l’essence du modèle russe, de sorte qu’ils n’ont pas une peur infernale des “terribles Russes”. J’ai entendu plus d’une fois que les Allemands regrettaient le rapprochement avec les États-Unis après la chute du mur de Berlin et la réunification du pays. Ils auraient dû opter pour une alliance avec Moscou.

D’ailleurs, beaucoup se souviennent de l’attitude amicale des soldats soviétiques envers les résidents de la RDA. Même des Allemands qui étaient encore des enfants dans les années 1980. Cette sympathie est à l’origine de la nostalgie de l’époque soviétique. C’est une sorte d’immunité contre le virus de la russophobie.



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3 Commentaires

  • Loïc C
    Loïc C

    Il s’agit plutôt de l’Est de l’Allemagne que de l’Allemagne de l’Est. Cette dernière expression était la désignation courante de la RDA, qui a disparu en 1990. Les Allemands de l’Est sont les anciens citoyens de la RDA Ils sont tous nés avant 1990, donc âgés aujourd’hui d’au moins 32 ans. Les Allemands plus jeunes ne comptent dans leur tranche d’âge aucun ancien citoyen de RDA.

    Il n’est pas inintéressant de faire des études d’opinion portant sur les Allemands nés dans l’ancienne RDA, même si civiquement on ne prend en compte que les Allemands, tous, sans distinction ni d’origine ni d’opinion, ainsi qu’il est de règle dans les pays démocratiques. On ne pourra pas faire ce genre d’études indéfiniment. A long terme, les anciens citoyens de RDA auront tous disparu, à moins qu’ils ne renaissent si l’on destine de nouveau l’Allemagne à la division, ce que personne, ni en Allemagne ni nulle part ailleurs, ne souhaite. Cela à coup sûr heurterait la raison, qu’elle soit comparée à une île ou à un continent.

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    • etoilerouge
      etoilerouge

      La division de l’Allemagne est d’abord l’histoire même de l’Allemagne qui ne s’est unifiée qu’au tardif 19 ème siècle et seulement ds le cadre d’un empire le Reich. Pour la France il est souhaitable que l’Allemagne soit divisée à nouveau ou morcelée. La France n’existe plus ds l’empire UE . L’avancée russe va entraîner des vagues nationales il faut les suivre.

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  • Gérard Barembaum
    Gérard Barembaum

    Bonjour à tous! Retour à Paris après plus d’un mois à Moscou à la veille du 2ème tour. Ai voté Roussel le 24 avril. Impossible pour un communiste de voter pour Macron, représentant chimiquement pur du capitalisme financiarisé et mondialisé! A court terme l’objectif est de faire élire un maximum de députés communistes. Je n’ai aucune illusion sur une majorité de “gauche”, sur quelles bases, pour quoi faire et avec qui?..
    Ensuite préserver et approfondir la ligne de 2018 d’arrêt de la liquidation du PCF. A cet égard, je suis très inquiet de l’offensive des lliquidateurs qui n’hésitent pas à spéculer sur les sentiments “unitaires” de nombreux militants pour relancer la ligne d’effacement-disparition du Parti. Il faut que les forces saines au sein du PCF se rassemblent rapidement pour éviter ce qui serait une catastrophe.
    Fraternellement.

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