Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

“Pas une de plus !” – Manifestations de masse contre l’interdiction de l’avortement par le gouvernement fasciste

Quand, sur ordre de la CIA, les médias français manifestent un amour enthousiaste pour la Pologne, c’est toujours pour attaquer la Russie et laBielorussie… fRANCE INCULTURE en tête et les autres ne se privent pas d’emboîter le pas. Oublié qui dirige la Pologne et l’amour que nous portons à la cause des femmes quand il s’agit d’expliquer à quel point les afghanes étaient heureuse sous occupation US… Mais la Pologne c’est aussi cette situation celle d’une extrême-droite cléricale, réactionnaire et qui n’attend personne pour se montrer raciste et pour laisser mourir sous avortement pratiqué dans les pires conditions les polonaises. (note de danielle BLEITRACH)

POLOGNE

Samedi 6 novembre, les gens sont descendus dans les rues de 78 villes de Pologne pour protester à l’occasion du décès d’Izabela, qui, à 30 ans, a été victime de l’interdiction totale de facto de l’avortement en Pologne.

Rien qu’à Varsovie, plus de 30 000 personnes ont manifesté contre les politiques clérico-fascistes, anti-femmes et anti-hommes du gouvernement polonais dirigé par le parti PiS, qui dispose de la majorité absolue au parlement polonais.

PiS signifie “Prawo i Sprawiedliwosc”, qui se traduit par “Droit et Justice”, une “promesse” faite par tous les régimes archi-réactionnaires, fascistes ou fascisants, de l’ancien président américain Donald Trump à Viktor Orbán en Hongrie et RecepTayyipErdoğan en Turquie.

L’Église catholique a une grande influence en Pologne, notamment au sein du parti PiS sous la direction de son leader JaroslavKaczynski, mais aussi dans d’autres partis. La loi polonaise sur les avortements est considérée comme l’une des plus strictes d’Europe.

Les avortements ne sont autorisés que si la vie de la femme enceinte est menacée, si le fœtus est gravement malade ou endommagé et si l’enfant a été conçu à la suite d’un viol ou d’un inceste. Le 23 septembre 2016, une majorité du Sejm, la chambre basse du parlement polonais, a voté en faveur d’un projet de loi qui n’aurait autorisé les avortements que si la vie de la femme enceinte était en danger. Début octobre 2016, des centaines de milliers de personnes ont manifesté contre cette interdiction de fait de l’avortement.

Il s’agit de la première défaite majeure du parti PiS, qui était alors seul au pouvoir. L’affaiblissement croissant de la séparation des pouvoirs, courant dans les démocraties bourgeoises, a permis de faire appliquer cette interdiction de l’avortement par des moyens détournés.

En 2018, le système judiciaire polonais a été “réformé”, la soi-disant “indépendance” du pouvoir judiciaire vis-à-vis du pouvoir gouvernemental a été pratiquement abolie. Les procureurs ont été placés sous l’autorité du ministère de la justice, les postes de juges de la Cour suprême polonaise ont été pourvus par des juges affiliés à un parti.

Cela a ouvert la voie à une nouvelle réduction des droits des femmes en Pologne et à une intensification de leur oppression particulière. Le 22 octobre 2020, la Cour constitutionnelle polonaise a déclaré illégale une dérogation à l’interdiction de l’avortement, qui était jusqu’alors en vigueur.

Plus d’une centaine de parlementaires du parti PiS au pouvoir avaient donc fait appel auprès de la Cour constitutionnelle. Jusqu’à présent, les femmes polonaises pouvaient avorter en cas de malformations graves de l’enfant à naître. Cela a maintenant été interdit par la plus haute juridiction, car cela violerait le précepte constitutionnel du “droit à la vie”.¹

“Je me sens comme une machine à reproduire”

Izabela, 30 ans, mariée et mère d’une fille de neuf ans, a dû mourir parce que les médecins de l’hôpital de Pszczyna, dans le sud de la Pologne, n’ont apparemment pas osé pratiquer à temps une opération qui aurait pu lui sauver la vie, en raison de la nouvelle situation juridique. Izabela avait décidé de continuer à porter le fœtus malgré la trisomie 21 (syndrome de Down) et ses dommages physiques. Lorsque le liquide amniotique s’est rompu, elle a dû se rendre à la clinique le 21 septembre. Un martyre a commencé pour la jeune femme.

Elle a elle-même écrit à sa mère par téléphone portable : “Le bébé pèse 485 grammes. En ce moment, je ne peux que m’allonger à cause de la loi sur l’avortement. Il n’y a rien qu’ils puissent faire. Ils attendront qu’il meure ou que quelque chose commence. Sinon, je peux m’attendre à une septicémie” – empoisonnement du sang.

Selon un autre message adressé à sa mère, Izabela se voyait comme une “couveuse”, une machine à reproduire.” Un jour plus tard, d’autres patients ont alerté les médecins. Izabela avait déjà une fièvre de 39,9 degrés Celsius. Lorsque les médecins ont enfin pu procéder à l’opération, Izabela est morte sur le chemin de la salle d’opération. ²

Le gouvernement sur la défensive

Bien que les liens soient évidents, le Premier ministre MateuszMorawiecki a déclaré que les procédures exactes devaient encore être étudiées. La Pologne est un État constitutionnel. ⁴

Le gouvernement a déclaré que la mort d’Izabela n’avait rien à voir avec la nouvelle loi et a lâchement blâmé les médecins qui l’ont traitée. Bien sûr, ils doivent être punis pour leur inaction. Ils se sont disqualifiés en tant que médecins. Mais les principaux responsables sont ailleurs. C’est avec courage et raison que les parents d’Izabela ont décidé fin octobre de rendre l’affaire publique par l’intermédiaire de leur avocate JolantaBudzowska et sur la chaîne de télévision TVN24.².

La résistance au gouvernement PiSreprend

La résistance contre les politiques archi-réactionnaires du PiS a commencé à se former dans les premières années du gouvernement du PiS en 2005 et s’est intensifiée en 2015 / 2016. Le mouvement des femmes polonaises, soutenu par de nombreux hommes, a constitué un pilier de soutien dans la lutte contre le durcissement de la loi sur l’avortement.

Le contrôle du gouvernement sur les médias et le système judiciaire ou sa position sur la politique européenne ont également fait descendre de nombreuses personnes dans la rue. “Pas une de plus”, ont crié des femmes et des hommes lors de leurs marches de protestation ce week-end, se souvenant des défunts avec une “minute de pleurs”. ⁴

En Pologne, qui devient de plus en plus autoritaire, le gouvernement, qui est aussi farouchement anticommuniste, nationaliste et archi-catholique dans l’image qu’il se fait de lui-même, tente de rendre de plus en plus porteuse d’espoir une vision du monde réactionnaire, religieuse et patriarcale, qui relègue les femmes aux “enfants, à la cuisine, à l’église” et leur assigne la seule responsabilité de la gestion privée du ménage et de la famille.

Peu importe les pertes : “Marek Suski, chef adjoint du groupe parlementaire du parti PiS au pouvoir, a déclaré : “Des gens meurent. C’est un fait biologique. Malheureusement, des erreurs médicales se produisent … parfois, des femmes meurent en accouchant … cela n’a rien à voir avec une quelconque décision de justice”.

La “Journée contre la violence à l’égard des femmes” du 25 novembre est l’occasion idéale pour s’unir en Allemagne et dans le monde entier pour la libération des femmes de l’exploitation et de l’oppression particulières, tout en développant la solidarité avec la lutte des femmes et des hommes polonais contre leur gouvernement archi-réactionnaire et misogyne.

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6 Commentaires

  • Renaud Bernard
    Renaud Bernard

    Il y a en Pologne une progression glissante vers le fascisme. Les Polonais n’y sont pas encore, mais on pourrait craindre que leur régime ne puisse déjà être qualifié de préfasciste, ou fascistoïde, ou encore fascisant. La bigarrure sémantique ne doit pas nous égarer sur la question, qui se pose clairement : la démocratie meurt-elle à petit feu en Pologne ?

    En cela que le fascisme se caractérise principalement par le pouvoir d’un parti unique, le rognage des libertés publiques et l’absence de parlement, le régime polonais actuel ne répond pas à cette définition. Par exemple l’opposition au PiS existe de droit et peut organiser une manifestation. Mais peu à peu les libertés sont gommées, la société civile entre dans une zone grise, aux bords flous, à la consistance encore molle. Quand elle y sera plongée entièrement, il sera trop tard pour espérer qu’elle s’en déprenne sans rage et sans séquelles.

    Ce schéma est atypique, le fascisme survenant en général brutalement, par un coup d’État, décoré parfois, pour les besoins de la cause, du nom de révolution. Mais l’effet est le même à terme, la démocratie aura alors disparu. Avant que cela n’arrive il nous faut être vigilants et anticipateurs. Elle est fragile.  

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    • etoilerouge6
      etoilerouge6

      ce n’est pas parce qu’ils st polonais qu’ils glissent vers un préfascisme mais la conséquence de la crise du capitalisme qui a submergé la Pologne depuis sa mise en cause du socialisme avec l’appui d’une église rance, qui elle, est raciste, anti lumières et donc nécessairement anticommuniste. Et surtout la Pologne est pro américaine et donc son régime est directement sous les desiderata de l’impérialisme USA qui assassine partout et pousse partout les intégristes religieux ou carrément fasciste pour garder la main sur des nations pour lui seulement, stratégique. Les dirigeants polonais st des citoyens des USA fraichement nationalisés. Notons la nécessité d’une action du gouvt français auprès de la Pologne qui a externalisée 30% de sa population active en les envoyant ds tte l’UE notamment france et Angleterre alors que ces immigrés là ne st pas considérés comme étrangers alors qu’ils aggravent la situation nationale tt autant que d’autres immigrations. De plus la Pologne a chié ds le dos de la FRANCE en achetant états unien et non français comme prévu puis demande à la FRANCE d’intervenir ds ses actions inconsidérées contre la Russie et la Biélorussie. Qui est derrière ces mystifications ?

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    • etoilerouge6
      etoilerouge6

      j’ajoute que le fascisme ne se caractérise pas par un parti unique ni l’absence de parlement mais d’abord par une polarisation raciste pour mobiliser et enlever tte possibilité de compréhension à la classe ouvrière, puis par des décisions contre les intérets de cette classe, dans une situation de crise du capitalisme , capitalisme que le parti unique ou la pensée unique( plusieurs partis se disputant sur des âneries pdt que sur l’essentiel ils st d’accord) défend par la promotion de l’anticommunisme. Il n’y a pas un seul exemple de fascisme sans anticommunisme car c’est d’abord un mouvement contre les lois sociales pro ouvrières, contre le risque d’une situation révolutionnaire, en europe le retour du socialisme ds un pays de centre europe, mais ds l’europe il s’agit aussi d’un mouvement fondamentalement anti lumières, anti révolution français et nécessairement anti français ds ses relations internationales. Même si le gouvt français est très loin d’être une lumière. Il s’agit d’abattre un symbole , une pensée tt autant que des opposants politiques. Le parti unique n’est que la dictature d’une classe sur ttes les autres. En l’occurence celle du patronat et de ses alliés et institutions. Et ils ne st pas 1% contrairement aux conneries mensongères de MELENCHON et des trotskistes. Notons que la Pologne n’est pas comme sa soeur l’Allemagne un état laïque , que donc l’Union européenne est antilaïque et sous ce seul angle il ne s’agit pas d’une République internationale. L’UE est une église rance

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      • Renaud Bernard
        Renaud Bernard

        Vous avez raison je me suis mal exprimé : le fascisme est la dictature du parti unique quand ce parti représente les intérêts du capital. Celui-ci peut alors se développer sur le plan économique au bénéfice des possédants, sans entrave sur le plan politique ou syndical, puisque le parti communiste est interdit et le droit de grève inexistant. Les autres partis sont eux aussi interdits.

        Au lieu que dans le socialisme, le parti communiste est certes unique, mais il représente le prolétariat, c’est-à-dire le peuple, l’ensemble des citoyens qui travaillent et produisent. Ils sont majoritaires dans la population, le pouvoir leur revient donc. Comme le prolétariat ne dispose pas de la personnalité juridique – il est une classe sociale – il ne peut exercer le pouvoir. Il faut alors qu’un parti, doté du statut de personne morale, le représente pour l’exercer en son nom.

        Stricto sensu, le socialisme n’est pas la dictature du prolétariat. Il est la dictature du parti qui représente le prolétariat, ce qui est bien l’antithèse du fascisme.

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  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    L’Eglise en Pologne joue le même rôle que l’Eglise dans le franquisme et que dans de nombreux autres pays. Endormir et réprimer les peuples.
    Le socialisme a mis la science devant la croyance, héritier des Lumières.
    La science nous a libéré de la nature elle doit nous libérer des croyances.

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    • Renaud Bernard
      Renaud Bernard

      La science nous a libéré de l’incompréhension de la nature, de l’ignorance. Elle nous libère bien sûr aussi des croyances, qui sont par définition irrationnelles, donc en cela nuisibles. Il est salutaire que la puissance publique agisse en vue de leur éradication au nom du progrès. Le socialisme trouve là une de ses missions parmi les plus nobles, avec la justice sociale et le bonheur commun. Le socialisme est plus qu’un serviteur de la science : il en est une, c’est là l’apport essentiel du marxisme.

      Cet apport décisif appliqué à l’évolution humaine ne saurait être entravé sur le chemin du communisme par des croyances ou des opinions. Ce point le distingue de la démocratie bourgeoise, dont le prétendu pluralisme n’est qu’une caricature, et la domination actuelle une illusion passagère à l’échelle des temps historiques.

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