Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Démocratiser Cuba par Karima Oliva Bello

Je sais que ce que je vais dire va vous paraître étrange, mais je pense vraiment que le gouvernement de Cuba ne devrait pas continuer à limiter les libertés politiques des Cubains qui souhaitent renverser le gouvernement.

À cette fin, je suggère modestement ce qui suit :

1. Cesser de surveiller et de limiter le fait que les personnes ou les groupes, recrutés et payés par les États-Unis et associés à des organisations terroristes, aient un agenda visant à renverser le gouvernement – un gouvernement qui vient de garantir des conditions d’hospitalisation à 115 000 Cubains, dont seulement 4 % ont été testés positifs à la Covid-19 –, qui dispose également de trois candidats vaccin, qui n’épargne aucun effort pour sauver des vies, et qui a pratiquement accordé le droit à l’enseignement supérieur à chaque étudiant ayant terminé ses études préuniversitaires, ce qui n’est pas le scénario du monde capitaliste.

Ont-ils un meilleur programme politique, ou au moins à la hauteur de ce gouvernement ? Parce que s’ils ne l’ont pas, c’est nous – la majorité des Cubains – qui en subirions les conséquences s’ils arrivaient au pouvoir). Ils n’en ont pas, ils n’aiment pas ce gouvernement, un point c’est tout, parce que, disent-ils, il n’est pas démocratique ; ils veulent le renverser et rendre le pays au capitalisme pro-yankee. Mais cela n’a pas d’importance, qu’ils soient libres de faire ce qu’ils veulent. Nous avons un objectif supérieur que défendre un gouvernement socialiste et c’est que Cuba soit enfin démocratique.

2. Prenons-les au sérieux et démilitarisons l’économie (on ne peut pas affirmer catégoriquement que l’économie est militarisée). Peu importe, qu’il y ait de la place pour tout, même pour les mensonges. Et en passant, démilitarisons le pays !!! Au fond, le fait que nous ayons une armée est ce qui dérange le plus les États-Unis et la raison pour laquelle ils nous bloquent (ce n’est pas pour cela qu’ils nous bloquent, ils nous bloquent parce qu’ils sont impérialistes, qu’ils veulent dominer notre territoire et que nous ne les laissons pas faire).

Peu importe, puisqu’on a laissé passer un mensonge, laissons-en passer un autre.

1 Nous verrons si les États-Unis nous pardonnent enfin et 2 et nous cajolent et 3 et nous enlèvent le blocus et 4 nous envahissent (mais pourquoi tu comptes ?). Nous faisons des pompes.

3. Pour conclure. Remettons la Constitution à nos chers républicains sociaux-démocrates afin qu’ils puissent finir de retirer ce « truc » de parti unique qui les dérange tant. (bien que cette constitution ait été votée par 86% de la population). Peu importe, ils ont des pouvoirs mentaux spéciaux, ils sont très intelligents, tu sais, et ils ont la capacité de voir ce que, nous, tous ensemble, nous ne voyons pas, pas même en étudiant l’économie politique et l’histoire. Ils pourront enfin concevoir la démocratie qu’ils ont en tête (mais elle est dans leur tête et rien d’autre : regarde les gilets jaunes en France et la Loi du bâillon en Espagne, et aux États-Unis ou en Amérique latine pourquoi en parler ?). Peu importe, flottons tous dans leur Nirvana branché sur le portefeuille de la NED et de George Soros et construisons une discorde harmonieuse entre les partis de droite, du centre et de gauche et passons sur un détail minimal, la lutte des classes, cette « chose » qui a été inventée par…, comment il s’appelle, j’ai oublié son nom. Mais peu importe, pourquoi avoir de la mémoire ? Au bout du compte, à Cuba, nous arriverons à la post-modernité et nous n’aurons plus besoin de mémoire.

Cuba ressemblera de plus en plus au reste des pays d’Amérique latine. Les pauvres n’auront aucun droit, mais nous, du haut de nos chaires, nous aurons l’air cool en parlant de « democraty and freedom ». Faisons-le en l’honneur de José Martí. (Or, dans ses dernières paroles, Martí a dit que tout ce qu’il avait fait, c’était pour empêcher cela, que les États-Unis, avec l’indépendance de Cuba…[ne s’étendent dans les Antilles et ne s’abattent, avec cette force supplémentaire, sur nos terres d’Amérique.]). Ne parle pas de cela, n’importunons pas les « nouveaux révolutionnaires », lorsqu’ils n’ont plus d’arguments, ils jouent les victimes et ils accusent et ils pleurent, c’est énervant, évitons cela. Martí était républicain, point final. Et ainsi, lorsque finalement, face à la communion de si nobles idéaux, le gouvernement sera finalement renversé et qu’un gouvernement allié des États-Unis arrivera au pouvoir, et que nous serons soumis à une thérapie de choc pour revenir au capitalisme et que nous aurons une social-démocratie comme la suédoise (Quoi ? Avec une histoire comme la nôtre et à 90 miles des États-Unis ?) En Amérique latine, pas même l’Uruguay n’a de social-démocratie comme celle de la Suède. Tu as vu comment se sont terminées les tentatives de faire un bon capitalisme dans la région, regarde la Bolivie, et l’Équateur et le Brésil et tu as vu récemment en l’Argentine ?

Par ailleurs, avec un blocus mais avec le socialisme, nous avons des indicateurs de développement social proches du Premier monde dans de nombreux secteurs essentiels). N’en parle pas ! Ne parle ni d’indicateurs de développement social dans le socialisme ni de blocus. L’idée, c’est que Cuba soit de plus en plus semblable à tout autre pays d’Amérique latine, libre et démocratique avec le feu vert du Nord.

Puis, lorsque la majorité vulnérable du pays découvrira pour la première fois depuis 60 ans ce que c’est que de n’avoir aucun droit et lorsque les journalistes voudront maintenant, de manière indépendante (sans travailler pour le Congrès étasunien), dénoncer la brutalité du nouveau système, ils apparaîtront au petit matin avec une balle dans la tête, et lorsque les militants politiques voudront revendiquer des droits, nous les trouverons démembrés au bord de la route, et lorsque les corps de nos femmes seront plus violés que jamais et que nos jeunes pauvres n’auront pas d’autre avenir que de se lancer jusqu’au cou dans le commerce de la drogue, lorsque tout cela arrivera, et que nous retournerons 60 ans en arrière pour être identique au présent de l’Amérique latine – parce que c’est ce qui se passe, ce n’est pas une fiction – c’est la réalité de notre région, alors nous aurons la satisfaction d’avoir été démocratiques, comme nous l’exigent nos ennemis mais sans l’être eux-mêmes, alors satisfaits, nous sombrerons dans la plus honteuse et la plus brutale des dictatures. (Tiré de la page Facebook de l’auteur)

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1 Commentaire

  • marsal
    marsal

    Si l’ont veut que ce texte parle de la France, je ne suis pas sûr que l’on puisse encore le conjuguer au futur …

    Répondre

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