Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Visages du fascisme, par Abel Prieto

Cet article rejoint un des livres les plus essentiels sur le nazisme celui d’Adorno et Horckeimer : la dialectique de la raison. Le propos en est de s’interroger sur la raison pour laquelle l’homme capitaliste occidental alors qu’il était arrivé à un degré le plus élevé de connaissance, le stade où sa maitrise des forces productives pouvait l’amener à l’émancipation humaine était tombé dans la pire des barbaries, le nazisme. Ce livre établit une filiation entre les Lumières, la constitution du sujet occidental et le nazisme et se prolonge dans une étude d’Hollywood, des États-Unis et des industries culturelles comme le prolongement de cette relation entre individualisme, forces productives centrées sur l’égoïsme et nazisme. Il y a une folie qui s’est emparée des sociétés capitalistes occidentales qui mène à la mort, l’épidémie, le pillage, l’individualisme forcené nous dit “socialisme ou barbarie (1). Pour Abel Prieto un des visages le plus étrange de cette résurgence fasciste sont les “gusanos” de Miami, et leurs mensonges sur Cuba, sur les forces progressistes d’Amérique latine et dans le monde. Mais ce que ne dit pas l’article c’est comment de tels individus sont-ils ceux que défend diffuse en France une presse dite cultivée comme France culture, Libération, le Monde, les mensonges qui venus de l’extrême droite américaine sont repris par ceux qui se veulent les descendants des lumières. (note de danielle Bleitraech et traduction de gloria Gonzales justo pour histoireetsociete)

Les visages du fascisme

Abel Prieto L’historien français Christian Ingrao a entrepris de réfuter la légende selon laquelle les auteurs de l’Holocauste étaient des gens primitifs, fanatiques, sans instruction et très limités sur le plan intellectuel. Il s’est penché sur le cas de 80 officiers nazis directement impliqués dans le massacre et a écrit l’essai Croire et détruire. Les intellectuels dans la machine de guerre SS.

Il a démontré que de nombreux enfants allemands, victimes de la Première guerre mondiale, firent ensuite des études universitaires de droit, d’histoire, d’économie, de géographie et de sociologie dans les années 1920, et qu’ils furent recrutés en masse pour rejoindre les forces les plus impitoyables du Troisième Reich.

Parmi eux, certains étaient diplômés universitaires avec mention dans deux carrières, par contre aucun d’entre eux n’hésita à assassiner des innocents de ses propres mains.Bien qu’instruits et dotés d’une formation intellectuelle très élevée, ils se sont laissé convaincre qu’ils devaient exterminer les Juifs parce qu’ils représentaient un danger potentiel pour le peuple allemand – c’est ainsi que le colonel Walter Blume, docteur en droit qui avait étudié à Iéna, Bonn et Münster, se justifia devant ses juges en 1947.Ingrao nous montre un visage particulier du fascisme et prouve que l’intelligence et la culture peuvent accompagner la barbarie s’il leur manque une base éthique.

N’oublions pas qu’un poète exceptionnel comme l’Étasunien Ezra Pound, farouche antisémite, devint porte-parole de Mussolini.

Le néofascisme européen montre aujourd’hui un visage qu’il est intéressant d’étudier. De nombreux analystes estiment que la structure idéologique de ces courants d’extrême droite radicale est très similaire à celle de leurs prédécesseurs en Italie, en Allemagne et dans l’Espagne de Franco. Les indispensables boucs émissaires ne sont plus les Juifs, mais les immigrés de « races inférieures », en particulier les musulmans.

Comme Hitler, Mussolini et Franco, ils restent de féroces anticommunistes. Ils détestent viscéralement tout mélange ethnique et culturel, et rêvent d’une Europe « pure », blanche et chrétienne. Ils détestent également (énormément, intensément, avec colère) les féministes, les homosexuels et les militants pour les droits des minorités, utilisent un langage agressif, emphatique, menaçant, et recourent volontiers aux pires insultes. Selon une écrivaine espagnole, le néofascisme tend à nous entraîner de la même manière vers « le territoire où il est le plus fort : le mensonge » :« Le mensonge est créé, nourri avec soin, cultivé comme on cultive un virus mortel dans un laboratoire. Il existe des groupes de réflexion composés de créateurs spécialisés qui produisent des fausses nouvelles à un niveau industriel.

C’est ce qui s’est passé dans les campagnes de Bolsonaro et de Trump, avec Steve Bannon agissant comme maître de cérémonie, le même qui a conseillé Salvini et Orban, le même qui dans notre pays a instruit Vox. » Le visage des néonazis aux États-Unis est également marqué par la rancœur et le torrent de mensonges qui se déverse sur les réseaux sociaux, mais aussi par l’utilisation systématique de la peur. Ils sont, logiquement, des « mecs durs », musclés, racistes, homophobes, misogynes, amateurs d’armes à feu et de violence, qui méprisent l’art et l’intelligence véritables, consomment avidement la culture de pacotille yankee et vénèrent Trump et tout ce qu’il représente.

La simple mention du mot « socialisme » les rend fous, même s’ils n’en comprennent pas le sens.Umberto Eco, d’ailleurs, s’inquiétait de la montée du néofascisme et nous a mis en garde contre son terrible langage, « y compris lorsqu’il prend la forme innocente d’une émission de télé-réalité populaire ».Le fascisme de Miami montre un curieux visage. Il est capable de s’allier à des politiciens de la lignée franquiste la plus rance pour participer, par exemple, à une manifestation contre Cuba. Il cherche à se faire connaître à tout prix pour être légitimé. Il déteste autant qu’il le peut, utilise des outils tels que le mensonge, l’insulte et l’intimidation, et ajoute la classique vulgarité comme ingrédient populiste.Le rappeur et youtuber argentin Daniel Devita a illustré par des vidéos saisissantes son analyse de la méthode utilisée par cette grotesque machinerie fasciste pour exercer du chantage sur plusieurs musiciens cubains et les associer honteusement à la campagne contre la Révolution. Il s’agit d’une fable très didactique, triste et répugnante, qui mêle provocations, insultes, grossièretés et véritables lynchages à travers les médias et les réseaux sociaux, ainsi que des menaces publiques, allant de la fermeture immédiate de contrats commerciaux à la possible révocation des cartes de résidence permanente aux États-Unis.

Comment peut-on parler de liberté d’expression, de pensée, de création, après avoir vu une chose pareille ? Ou de dignité ? Ou d’art ? Comment peut-on vraiment parler de « patrie » ou de « vie » ?

(1) Dialektik der Aufklärung (La Dialectique de la Raison) de Theodor W. Adorno et Max Horkheimer est l’un des principaux témoignages de la philosophie du XXe siècle et l’ouvrage le plus représentatif de la Théorie critique engagée par l’École de Francfort. Le livre éclaire le processus logique et historique par lequel les Lumières (en allemand: Aufklärung) sont conduites à se transformer en leur contraire, le mythe ou la barbarie, dont elles prétendent s’émanciper, au lieu d’œuvrer pour une société plus humaine. Les auteurs cherchent en même temps les conditions de possibilité pour le sauvetage du projet des Lumières dans un contexte où la civilisation dans son ensemble est menacée à l’échelle planétaire. Une des clés de ce paradoxe de la transformation des lumières en mythe et barbarie tient pour les auteurs dans la constitution du “sujet occidental” dans le mode de production capitaliste. C’est certainement un des livres les plus passionnants de l’école de Francfort.

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