Histoire et société

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La vie d’Artemisia Gentileschi bientôt adaptée en série télévisée

Quand on pense non seulement aux Mozart assassinés dans les classes populaires, mais dans la moitié du genre humain on est effrayé par l’imbécillité d’un tel massacre. Mais il faut également voir que certains hommes, ici le père, pour Camille Rodin, Rodin lui-même (à l’inverse de son bigot de frère Paul), eurent conscience de ce génie et voulurent le défendre… mais le massacre des femmes ne dépendait pas des hommes en tant qu’individus mais bien d’un mode d’appropriation des biens et des êtres. (note de Danielle Bleitrach)
La vie d’Artemisia Gentileschi bientôt adaptée en série télévisée
Artemisia Gentileschi, Autoportrait en allégorie de la peinture (détail), vers 1638-1639, huile sur toile, 96,5 x 74 cm, Windsor, collections royales. / Artemisia Gentileschi

Le studio de télévision britannique ViacomCBS International Studios a annoncé la production d’une série télévisée inspirée de la vie et l’œuvre d’Artemisia Gentileschi. Une première pour l’artiste baroque.

La vie d’Artemisia Gentileschi bientôt adaptée en série télévisée (connaissancedesarts.com)

À l’ère du mouvement #MeToo, qui de mieux qu’Artemisia Gentileschi (1593-1656) comme figure artistique féminine forte et inspirante pour une nouvelle série arty à bingewatcher ? Ce n’est pas ViacomCBS International Studios qui dira le contraire. Le producteur et distributeur de films et de programmes télé a annoncé en octobre dernier la création d’une série dramatique inspirée de la vie et l’œuvre de l’artiste baroque. Le scénario se fondera sur la célèbre biographie de Mary Garrard Artemisia Gentileschi : The Image of the Female Hero in Italian Baroque Art (1989) qui décrit notamment le procès pour viol de la peintre.

« Une série féministe contemporaine à la fois provocante et transgressive »

Défiant les conventions du XVIIe siècle en peignant des sujets traditionnellement réservés aux artistes hommes, Artemisia Gentileschi est une des rares femmes à avoir pu se faire un nom dans la communauté artistique de son époque. Formée par son père Orazio, elle est accompagnée par le peintre Agostino Tassi, son précepteur privé. À 17 ans, celui-ci la viole. Le père d’Artemisia Gentileschi intente une action en justice en son nom. La peintre subit alors un examen gynécologique humiliant et est torturée pour prouver la véracité de ses accusations envers Agostino Tassi. Ce dernier est reconnu coupable et est provisoirement condamné à l’exil de Rome. Une fois le procès terminé, Artemisia Gentileschi se rend à Florence, devient la première femme à rejoindre l’Accademia delle Arti del Disegno ainsi que peintre de cour pour les Médicis.

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Artemisia Gentileschi, Autoportrait en sainte Catherine d’Alexandie, 1615-1617, National Gallery de Londres. Wikimedia Commons

Actuellement dans sa phase de développement, la série entrera en production en 2021. « Ce sera une série féministe contemporaine à la fois provocante et transgressive », décrit Fria Torresblanco, productrice du Labyrinthe de Pan (2006) et productrice exécutive de la future série, dans un communiqué. Si la vie de la peintre est inédite pour une série télévisée, ce n’est pas la première fois que son histoire est portée à l’écran. En 1997, Agnès Merlet a réalisé Artemisia, un biopic montrant les combats menés par la peintre durant les deux années du début de sa carrière, sa rencontre avec Agostino Tassi, la relation avec son père et le terrible procès. La même année, Adrienne Clarkson lui a consacré un téléfilm qui n’est pas resté dans les mémoires.

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Artemisia Gentileschi en majesté à la National Gallery de Londres

En attendant l’arrivée de la série sur nos écrans, les aficionados peuvent patienter avec l’exposition « Artemisia » à la National Gallery de Londres. Reporté du 3 décembre au 24 janvier 2021 après seulement un mois d’ouverture, reconfinement oblige, l’événement est historique. Outre la qualité du contenu de l’exposition, qui compte 29 tableaux (soit la moitié de l’œuvre d’Artemisia Gentileschi) et des lettres personnelles, découvertes récemment et montrées pour la première fois au public, « Artemisia » est la première exposition de la National Gallery consacrée exclusivement à une artiste femme et la première grande rétrospective des œuvres anglaises de la peintre.

Dès la réouverture du musée, les visiteurs chanceux pourront notamment admirer deux versions de Judith décapitant Holopherneun thème biblique sur une femme forte, sujet de prédilection de l’artiste. En effet, tout au long de sa carrière, Artemisia Gentileschi a immortalisé des femmes de la Bible, de la mythologie ou de l’histoire, telles que Danaé ou Cléopâtre, souvent victimes de violences sexuelles comme Suzanne et les vieillards, Lucrèce ou Bethsabée. Des exorcismes picturaux de son propre viol qui sont tous des chefs-d’œuvre.https://www.youtube.com/embed/fYbhsVaJj0E?feature=oembed

Agathe Hakoun

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