Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Quand toutes les vies comptent

Alors que nous voyons le rôle nocif joué par les Etats-Unis non seulement contre les Palestiniens mais à terme contre les israéliens, se présente le 23 juin à l’Assemblée de l’ONU un cas encore plus illustratif du rôle réel joué par les USA, une opposition entre David et Goliath, une abomination qui dure depuis plus de 60 ans et qu’à la quasi unanimité le monde entier condamne sauf les USA et Israël, flanqué probablement de l’invraisemblable Bolsanaro. Nous avions dit que sous l’influence de l’Egypte un cessez le feu était proche mais que le paradoxe était que la paix était plus loin que jamais. Il en est ainsi de la plupart des points chauds entretenus de fait par l’impérialisme, même si dans la foulée les USA se sont officiellement prononcés pour le desserrement du blocus iranien, que feront-ils dans ce qu’ils considèrent comme leur arrière-cour et où l’on voit partout du Venezuela au Brésil en passant par la Colombie combien leur attitude envers Cuba est attendue. Cet article montre à quel point il y a là un choix de société, la différence de valeur plus encore qu’en n’importe quel point de tension de la planète.(note de Danielle Bleitrach)

Selon le document intitulé Economic Sanctions, Agencies Face Competing Priorities in Enforcing the U.S. Embargo on Cuba (publié en novembre 2007 par le United States Government Accountability Office), l’embargo est « l’ensemble de sanctions le plus important que les États-Unis aient jamais adopté contre un pays, y compris tous les autres pays considérés par le gouvernement des États-Unis comme des États soutenant le terrorisme »

Auteur: Victor Fowler | informacion@granmai.cu

19 mai 2021 14:05:37

Tirée de Cubaminrex

1. Selon le document intitulé Economic Sanctions, Agencies Face Competing Priorities in Enforcing the u.s. Embargo on Cuba (publié en novembre 2007 par le United States Government Accountability Office), l’embargo est « l‘ensemble de sanctions le plus important que les États-Unis aient jamais adopté contre un pays, y compris tous les autres pays considérés par le gouvernement des États-Unis comme des États soutenant le terrorisme ».

Cet élan d’arrogance émanant d’une dépendance officielle du gouvernement de la plus grande puissance économique de tous les temps de l’histoire humaine, un pays qui dans pas mal de domaines productifs et/ou financiers dans le monde exerce un contrôle décisif (et souvent dominant, voire écrasant), suffit à illustrer l’énorme dissemblance et l’immense asymétrie entre le pays/système social cubain et son adversaire agressif.

Je vais tenter d’expliquer de quelle manière je conçois, je subis, je gère, j’ai traversé, je survis, je pense, j’aime, je respire, je crois au milieu de cette violence permanente.

2. Le blocus/embargo est possible grâce à la relation monstrueusement asymétrique entre son organisateur/leader et sa cible/victime, une différence tellement disproportionnée qu’il est insensé d’imaginer une quelconque condition d’égalité ou proche d’un équilibre des possibilités entre Cuba et son « assiégeur » en termes économiques, militaires, d’accès aux médias de masse et aux réseaux numériques et, en général, à tous les rouages de l’industrie culturelle.

Pour cette raison, il est pratiquement impossible qu’un quelconque aspect de nos vies échappe ou soit immunisé contre sa présence ou sa pression, qu’il s’agisse de projets de développement ou de discussions spirituelles ; ceci parce que l’embargo/blocus affecte, compromet, déforme, diminue, endommage, contamine, empêche toute possibilité d’accès aux ressources dont le pays peut jouir dans des conditions de « normalité » (et non dans le statut d’exceptionnalité réservé aux « sanctionnés », marqués du doigt, exclus, persécutés, forcés de se conformer à des règles uniques).

3. Cela nous permet d’imaginer le tissu/échafaudage sur lequel repose le blocus/embargo comme une imbrication de flux de forces qui vont bien au-delà (en fait, presque incommensurablement) des sanctions économiques.

Même si nous devons appréhender ces sanctions comme étant des décisions émanant d’organes politiques au sein des appareils gouvernementaux en question, ce que nous appelons « décisions politiques » ne saurait être séparé des dérivations et de la réfraction vers le bas du discours/loi politique dans une infinité d’actions en tout genre qui visent à insulter, dégrader, manipuler, mentir, dissimuler et déverser la haine sur tout ce qui signifie succès, bénéfice, unité ou simple tranquillité dans l’espace/temps de la Révolution cubaine.

4. La vision d’un mouvement vers le bas (tout comme on descend les marches d’un escalier), ajoutée à celle d’un ensemble de dérivations à partir d’un corps central et, enfin, celle d’une réfraction (à l’image de la lumière à travers un prisme) servent à comprendre l’embargo/blocus comme un grand noyau dur, où les diktats politiques sont immédiatement traduits en lois et, de là, réfractés, divisés, décomposés en faisceaux, en la plus grande quantité possible de menaces, d’obligations et d’appels à la haine dans chaque scénario de la vie.

En ce sens, l’embargo/blocus doit être interprété comme une poussée de force énorme exercée vers le bas depuis le sommet du pouvoir, une pression sauvage qui, dans son périmètre le plus proche (la nation), frappe, entraîne, endommage ou bouleverse le destin de ceux qui s’y opposent.

5. Si les blessures économiques provoquées par l’embargo/blocus visent à entraver, déformer, empêcher ou détruire tout développement (quel qu’il soit : productif, scientifique, culturel, sportif, industriel, agricole, etc.) pouvant être généré au sein du socialisme cubain, ses effets collatéraux enveniment également les notions de solidarité, de fraternité, de famille, d’amitié entre les Cubains du pays et leurs compatriotes à travers le monde.

Cette situation ne résulte pas du fait qu’un émigrant doit choisir d’aider ou non sa famille et/ou ses proches qui souffrent des effets de l’embargo/blocus à Cuba (même s’il estime qu’il s’agit plutôt d’erreurs et d’échecs du gouvernement), mais exactement parce que la proposition idéologique implicite de l’embargo/blocus est d’étendre la fusion des schémas idéologico-culturels de salut individuel, la diabolisation des solutions collectivistes, la disparition de l’empathie authentique et l’invisibilisation de l’embargo/blocus en tant que tel.

Ainsi, il est possible d’envoyer de l’argent à un membre donné de sa famille, d’applaudir l’embargo/blocus ou les politiciens qui le justifient, et de croire que l’on agit en toute justice et que l’on défend les personnes vivant dans le pays.

6. Outre l’absence d’empathie, l’embargo/blocus masque (et encourage) un sentiment de naturalité qui vise à transmettre le (terrible) message selon lequel le type d’exceptionnalité absolue que constituent l’extension, la mondialisation et l’intensification d’une telle politique pendant près de six décennies est quelque chose de « normal ».

Ainsi, alors qu’un pays et ses habitants traversent une situation qui ne peut même pas être comparée ou mise en contraste avec aucune autre de nos jours, une réalité paradoxale pour laquelle (strictement parlant) il n’existe même pas d’outils avec lesquels faire des analyses. Comment se déroule la vie sous ces conditions ? Comment sont conçus les projets de développement ? Qu’est-ce que l’espoir, l’épanouissement, les projets de former une famille, d’élever des enfants ? À quoi pourrait-on comparer la réalité cubaine ?

7. Nous pouvons égrener les obstacles au développement à partir de leur caractère évident (en raison de leur ouverture et de leur totalité), des scènes telles que le refus d’accorder des crédits, la traque d’une transaction effectuée par des institutions cubaines de commerce extérieur ou les amendes infligées aux banques qui acceptent de transférer de l’argent vers l’Île, parmi de nombreuses autres possibilités.

Ainsi, alors que la brutalité d’une série de rejets à répétition favorise la naissance de mentalités éduquées à résister aux pressions dans des conditions de survie (être convaincu qu’il n’y aura pas ceci ou cela) et de créativité la plus large (dans une situation où inventer, c’est rester vivant), l’introduction dans l’économie du précaire, de l’intermittent, de l’occasionnel, de l’aléatoire et/ou du discontinu, dénature les projets et reste « semé » (effectuant une sorte de travail d’affaiblissement structurel), en attendant d’éclore/exploser à un moment donné.

8. Tout comme l’énergie du changement et les transformations dans l’espace/temps de la Révolution cubaine sont énormes (au point de nous amener à considérer notre état de résistance comme quelque chose de normal), le blocus/embargo existe et ses effets opèrent sur l’absolu de la vie nationale cubaine.

Dans la mesure où il fonctionne pendant les 365 jours de l’année, sur chaque centimètre carré du territoire national et pour tous les citoyens, il s’agit d’un continuum, d’un réseau ou d’un tissu qui (tel un organisme vivant ) se développe dans le sens de la fermeture de sa toile ; c’est-à-dire avec la volonté de couvrir l’ensemble de l’organisme/pays qu’il souhaite encapsuler et, par conséquent, étouffer.

Quant à ses effets, ils sont vécus simultanément dans trois dimensions temporelles : il est inscrit dans la mémoire collective du pays (de sorte qu’il constitue un élément déterminant dans les histoires de vie de tous les Cubains), il apparaît comme une réalité présente (directement liée aux possibilités d’une vie meilleure/pire pour les gens) et il représente une partie centrale de l’horizon des attentes de tous les habitants (aussi bien l’intensification du blocus/embargo que son atténuation et/ou sa disparition changeraient complètement la qualité de vie immédiate et/ou les projets personnels de tous les Cubains).

9. Même si le blocus/embargo est apparu à un moment précis (1962) avec l’intention première d’empêcher tout développement imaginable de la Révolution cubaine, ainsi que d’inverser les transformations qu’elle a entraînées, la réalisation de cet objectif est indissociable du retour aux conditions de subordination économique, militaire et politique et d’ouverture à la pénétration culturelle de Cuba par rapport à la volonté des élites politico-économiques étasuniennes.

En ce sens, il s’agit d’une expression flagrante de l’hégémonisme et de la voracité impériale déguisée (et donc présentée par les élites susmentionnées et leurs idéologues) comme un différend entre deux pays qui se déroule dans de grandes arènes internationales, à la manière d’une joute supra-structurelle, sans pratiquement aucune répercussion sur la qualité de vie, les rêves et les projets des citoyens ordinaires de l’Île. Cette dissociation entre la violence des discours, leurs articulations dans des opérations concrètes de destruction de la vie économique de l’Île et de tout sens de la « normalité » sur quelque terrain que ce soit, plus la prise de distance ou l’incapacité à ressentir l’étendue et la profondeur des dommages causés aux citoyens ordinaires, illustre la condition essentiellement sociopathe des concepteurs de cette politique, de ceux qui l’ont réactivée au fil des ans, de ceux qui la soutiennent et l’applaudissent publiquement et même, ce qui est encore plus déplorable, de ceux qui ne la dénoncent pas et ne s’y opposent pas dans aucune des scènes imaginables de l’espace public ou qui pourraient avoir un impact palpable sur celui-ci.

10. Ce que nous jugeons du point de vue des petites vies individuelles doit être projeté sur la scène mondiale pour nous aider à comprendre la manière dont l’embargo/blocus est organisé en permanence comme un dispositif international qui – sur la base d’une tension entre pression et obéissance – vise à absorber, reformuler, dissuader, écraser, détourner, punir toute tentative d’établir des relations « normales » avec Cuba.

Alors que dans notre pays, toutes les vies sont touchées par l’embargo/blocus, il en va de même pour la vie de tous ceux qui, à l’extérieur de l’île, soutiennent des causes en faveur de la Révolution cubaine ou, tout simplement, s’opposent à l’embargo ; cette vérité difficile à percevoir devient de plus en plus transparente à mesure que l’on se rapproche des « noyaux durs » de la diffusion des messages et de l’élaboration des politiques contre le projet socialiste cubain.

L’embargo/blocus ne peut exister sans être, dans le même temps, un échafaudage idéologique, communicationnel et culturel. « Briser le blocus », par Eduardo Abela Torras.

Dans ces climats de toxicité idéologico-politique, la défense publique et articulée du projet révolutionnaire cubain comporte des risques (plus leur positionnement est intense) auxquels les sujets sont exposés en matière de promotion et, en général, d’opportunités de réalisation présentes et/ou futures.

La clé ici réside dans l’identification, avec un signe d’égalité, entre les politiques gouvernementales de l’Île ou le mode de vie de ses citoyens, avec le stigmate et les contenus négatifs associés à l’idéologie socialiste ; ainsi, la dégradation de la « chose socialiste » (en tant que contraire absolu) fonctionne comme un rideau qui fait obstacle au déploiement du potentiel transformateur anticolonial, anti-impérialiste et tiers-mondiste de la Révolution.

11. Les politiciens, les idéologues et les défenseurs du blocus doivent effacer, cacher ou réduire son sens anti-humain et destructeur pour l’ensemble de la collectivité ; pour ce faire, ils doivent diffuser l’idée que leurs actions sont, avant tout, des gestes exclusivement politiques sans effet réel (une sorte de dommage appréciable) pour la vie quotidienne des habitants du pays.

Ce refus de reconnaître et d’accepter la capacité de nuire de cette guerre injuste et sa mise en pratique (avec toute la reconnaissance des dommages causés), comme si l’accepter amenait la personne à un point de désintégration, illustre le caractère pervers d’un acte (l’embargo/blocus) qui a besoin de se cacher derrière un mensonge originel pour éviter les questions sur le rejet qu’il suscite, les souffrances qu’il provoque et son caractère inhumain.

Cela explique la pratique récurrente qui consiste à prendre n’importe quel fait isolé et strictement ponctuel (par exemple, la photographie d’un produit dans un magasin) pour – sans accompagner l’image de commentaires qui permettraient d’approfondir le sujet – donner l’impression qu’il n’y a pas d’embargo/blocus, mais qu’il s’agit d’une manœuvre « du gouvernement » (pour n’importe quel objectif obscur que les discours de ce genre peuvent concevoir).

Les tâches d’élucidation, de mise en œuvre, de maintien, de correction des erreurs et d’intensification de l’embargo/blocus se succèdent, se complètent et se confondent comme un mécanisme transnational (comme chacun sait) dans une articulation dialectique qui ne peut que construire, en même temps, le sujet qui poursuit et propage la haine tout comme l’autre qui subit la violence.

Cette construction de la personne (d’agressivité et de résistance) s’accompagne d’un système de croyances (idéologie), ainsi que d’un ensemble d’enseignements structurés sur ce qu’est cet autre, considéré comme un ennemi.

Pour cette raison, l’embargo/blocus ne peut exister sans être en même temps un échafaudage idéologique, communicationnel et culturel.

12. Ce que nous avons exposé jusqu’ici vise à aller au-delà de l’évidence politique et économique pour analyser l’embargo/blocus comme un complexe d’actions qui inclut et se ramifie également à travers les sphères communicationnelles et culturelles ; ainsi, la communication et la production culturelle sont à la fois territoire et acteurs d’une batterie d’actions qui constitue une authentique guerre culturelle.

Toute cette somme d’actions labyrinthiques comprend la violence expresse, directe et avec une intention criminelle (placer une bombe ou ouvrir le feu sur une ambassade, comme nous l’avons constaté récemment), ainsi que l’exclusion de l’Île du circuit de relations que se propose une organisation, une personne ou une institution pour mener à bien son travail habituel par crainte de représailles directes, de critiques ou de simples rumeurs à connotation politique, ce à quoi s’ajoute toute forme de silence intéressé sur les succès ainsi que l’exploitation de tout type de mensonge et/ou de manipulation sur les manières de vivre l’expérience socialiste sur l’Île, ainsi que la spectacularisation des lacunes, des échecs et des erreurs (de toute nature) qui peuvent exister dans le travail de toute autorité dans le pays.

13. La logique interne de l’embargo/blocus vise à réfracter et à multiplier l’asphyxie économique dans des scénarios de fragmentation et de désordre social, ainsi que dans des manifestations de perte d’estime de soi, de renoncement à la souveraineté nationale (ou la volonté de la négocier) et/ou d’affaiblissement de l’identité collective.

Toute négation de l’embargo/blocus et/ou de ses effets sur nos vies (dans toute l’ampleur que nous avons décrite) est une action perverse. Toute tentative de dissimulation des fautes et/ou des échecs, ainsi que tout rejet de la responsabilité, derrière une utilisation providentielle de l’embargo/blocus (typique des bureaucrates pseudo-communistes), est également un acte nuisible et pervers.

Tout appel à des échanges, débats, dialogues et autres interventions analytiques-critiques sur l’évolution de la société cubaine après 1959, comme si l’embargo/blocus n’avait pas existé, comme si ce n’était pas (en ce moment même) ce monstrueux mécanisme d’érosion économique, sociale et culturelle (qui risque bien de se poursuivre à l’avenir) fait déjà partie du type d’attitude que l’embargo/blocus encourage et dont il a besoin pour que ses effets soient encore plus marqués.

Dans cette optique, chaque exemple de multiplication des connaissances sur le monde dans lequel nous vivons, ainsi que la dynamique interne du processus cubain, sont des moyens d’éviter et/ou d’affronter la logique de l’embargo/blocus ; chaque moment de bon travail, de transparence, de recherche et de transmission publique des vérités, chaque action qui favorise l’unité nationale, l’estime de soi, la souveraineté, l’indépendance et l’identité nationale.

Coda : Négocier n’est pas le problème. Bien entendu, nous devrons négocier (les questions les plus diverses) avec les équipes gouvernementales aux États-Unis.

Le problème réside dans le rapport entre l’asymétrie entre les partenaires du dialogue et la traduction qu’une telle différence méritera en termes de Droit. Autrement dit, s’il s’agira soit d’un échange entre égaux souverains ou de la mise en scène du lien entre un dominateur et un serviteur obéissant et humilié.

Ceux qui ne tiennent pas compte de cette approche ne réalisent pas que la question de l’embargo/blocus (la persistance de sa durée sur des décennies, ses effets cumulatifs et ses perspectives de continuité) a présenté/présente la question cubaine comme un modèle universel de confrontation radicale entre l’ordre « naturel » du grand capital (comme une sorte de recette pour les petites nations dans leur relation avec les véritables « grands ») et toute alternative qui d’orientation vers l’anti-impérialisme, le tiers-mondisme, l’anticolonialisme et la souveraineté authentique.

Cuba importe moins que ce qui adviendra de Cuba et des esprits à propos d’un débat qui – bien au-delà de notre petit territoire –comporte des oppositions telles que celles qui se confirment (pour tout sujet et/ou territoire) entre un pays souverain et une nation étrangère, mémoire et oubli, individualisme et sujet collectif, hégémonisme et indépendance, souveraineté et régression, unité et désintégration, logiques de haine et de résistance.

Voilà en quoi consiste le blocus.

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