Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

L’essentiel, un parti communiste à reconstruire…

Il y a certes des aspects dérisoires dans la manière dont les individus, y compris engagés, perçoivent le champ de bataille qu’est l’histoire, celle de la lutte des classes dont parle Marx. C’est ce que décrit Stendhal quand son héros de la chartreuse de Parme se retrouve à Waterloo et ne voit rien. Il en est de même des batailles victorieuses et de ce qu’elles impliquent de possibles.

Face à l’événement historique que peut avoir été le vote des militants communistes en faveur de Fabien Roussel candidat à la présidentielle, il y a eu en gros trois types de réaction qui peuvent d’ailleurs se retrouver chez un même individu.

  1. La poursuite de la petite guerre avec d’autres forces politiques de gauche. C’est ce qui a surgi sur les réseaux sociaux. Des dialogues hostiles, souvent en réponse à des déclarations plus ou moins bien venues de ceux qui continuent à croire en l’illusion d’un candidat unique de la gauche, à un rassemblement pour le rassemblement. Comme hier, nous étions le 10 mai, ils se trouvaient des articles de journaux type le Nouvel Observateur, Telerama, etc… les commémorations de l’intronisation de Mitterrand se sont multipliées. On a vu éclore ci et là des odes à Mitterrand et aux “ministres communistes”. Ce qui s’avère tout de même relever d’une cécité opiniâtre sur la nature de ce qui s’est joué avec le mitterrandisme y compris avec une participation de “ministres” communistes et qui s’est encore aggravé avec la seconde participation. L’état de l’ensemble de la gauche aujourd’hui doit beaucoup à cette période. La gauche n’est pas seulement divisée elle est affaiblie, dévastée, dans un champ politique qui ne cesse de se déporter vers l’extrême-droite. Cette dévastation à laquelle personne n’échappe est le désaveu populaire face à la trahison de la gauche, à son ralliement au néolibéralisme, trahison que l’on prétendait compenser par un discours libéral libertaire sur les mœurs. Pour un militant communiste, ce sentiment de trahison peut s’exaspérer à travers l’humiliation vécue par les militants communistes depuis tant d’années et qui a culminé dans le mépris infligé par Mélenchon, mais ce n’est qu’un symptôme. Donc si on est d’accord sur le diagnostic, l’idéal serait qu’à la fois ce genre de guéguerre entre militants de gauche, voire entre communistes eux-mêmes s’apaise mais que chacun mesure bien à quel point l’état de la gauche doit au mitterrandisme autant qu’à l’eurocommunisme. Que chacun se rende compte que toutes les forces de gauche ont fait les frais d’un positionnement historique d’abandon de classe et de ralliement à l’atlantisme. Et que chacun mesure bien qu’il a intérêt à une telle bataille de reconstruction et à un parti communiste qui parte à la reconquête des couches populaires. pour ceux qui auraient du mal à se projeter jusqu’à la transition socialiste et quisouffriraient d’un élctoralisme chronique je signale que ce genre de gueguerre peut être payé très cher en matière de régionales qui de toute façon sont mal parties, mais de départementales et surtout de législatives… Ce ne sont pas mes perspectives politiques favorites mais cela peut-être un adjuvant réaliste pour certains et peut-être iront-ils jusqu’à envisager une campagne plus spécifiquement communiste,construisant déjà une nouvelle relation aux couches populaires y compris dans un cadre électoral local unitaire ?
  2. La seconde réaction est celle de gens qui n’ont pas changé d’un iota mais seront toujours les premiers sur la ligne d’arrivée pour féliciter les vainqueurs. Certains seront sincèrement convaincus, d’autres en revanche sont là comme des “arapèdes” et ils se rallient d’autant plus au vainqueur qu’ils restent ce qu’ils sont, opportunistes, carriéristes, désorganisateurs nés. Ils seront de plus en plus en porte à faux devant un parti qui agit et va sur le terrain aux côtés de ceux qui ne s’intéressent pas aux combats de chefs, mais à faire face aux difficultés. Ce sera donc devant le travail important de reconquête des milieux populaires que l’on mesurera la nature des ralliements. S’agira-t-il une fois de plus d’un discours non suivi d’organisation sur le terrain, d’une force d’inertie, de propos non suivis d’effets réels sur le terrain ou de mise en mouvement. Les militants et surtout les directions devront faire leur preuve… Donc si beaucoup d’entre nous ont des doutes sur tel ou tel, il faut attendre de voir le maçon au pied du mur, pour lui reconnaitre ou non les capacités et la sincérité.
  3. La troisième réaction existe et elle est la clé de la correction des excès des deux premières réactions ; la conscience de l’importance d’une organisation révolutionnaire, d’un parti communiste et la nécessité de sa reconstruction, en sachant que celle-ci sera difficile et ira bien au-delà d’une ou plusieurs campagnes électorales. Pourtant le contenu de la campagne présidentielle sera l’occasion d’un débat, dialogue, affrontement, qui s’enrichira au fil des mois. Parce que Marie Christine Burricand parle à propos du vote : “Le tournant stratégique du 38ème congrès se confirme ainsi qu’une nouvelle unité de notre parti qui s’affiche dans les résultats du vote sur la présidentielle.” Nous sommes d’accord sur lespossibles et même sur le rôle qu’elle et un certain nombre decamarades ont joué en ce sens, mais il y a la fois rupture et tout reste à accomplir en matière de stratégie et d’unité. Simplement c’est devenu possible. Notre blog, son apport tant sur l’histoire que sur les enjeux internationaux s’inscrit résolument dans ce troisième courant. Et nous savons par la multiplicité des réactions que nous avons provoquées par notre prise de position, à quel point ce que l’on n’espérait pas à savoir une volonté de reconstruire un parti apte à mener une telle tâche et qui n’a donc pas de temps à perdre dans des polémiques inutiles est déjà là. Nous avons également constaté un mouvement semblable chez des camarades qui ne sont plus au parti mais qui sans toujours y retourner sont prêts à s’associer à la bataille et nous avons eu divers témoignages en ce sens. Il ne s’agit pas d’un affrontement a priori mais de voir qui fait quoi avant de se limiter aux discours dans un sens ou l’autre. La reconstruction est à la fois dans la capacité théorique et dans l’organisation le tout orienté vers l’action transformatrice donc vers ceux qui font l’histoire les masses populaires.

BREF IL S’AGIT DE FAIRE…

PETIT RAPPEL HISTORIQUE : VOILA DE QUOI A ÉTÉ JADIS CAPABLE UN PARTI COMMUNISTE, étant bien entendu que prétendre reproduire à l’identique les actions et analyses de ce parti serait du dogmatisme mais qu’en revanche c’est par rapport aux masses, avec une organisation qui est conçue selon le centralisme démocratique, et face à des enjeux concrets que se définit le Que faire? On peut toujours se demander si l’organisation que nous avons actuellement aurait été capable de mener un tel combat, cela aura au moins l’avantage de calmer les donneurs de leçons à l’URSS comme on n’en a tant vus ces derniers temps.

Durant l’intervention et la guerre civile de 1918 à 1920, le Parti communiste s’affirma comme le défenseur fidèle des conquêtes des travailleurs, l’organisateur de la guerre pour le salut de la patrie contre les interventionnistes et les gardes-blancs russes qui vidaient à liquider le pouvoir du peuple et à restaurer en Russie la dictature de la bourgeoisie.

Renversés en octobre 1917, la bourgeoisie et les grands propriétaires fonciers n’avaient pas déposé les armes et s’étaient pas soumis au pouvoir populaire. S’appuyant sur les SR et les mencheviks, sur les anarchistes et les nationalistes, les anciennes classes dominantes usaient par tous les moyens – sabotage, corruption, diversion, terreur sanglante, – pour abolir la dictature du prolétariat, mais elles furent impuissantes contre le peuple. Pour rétablir dans le pays le pouvoir et la propriété de la bourgeoisie et des seigneurs terriens, la contre-révolution n’hésita pas à faire appel aux troupes étrangères, à provoquer l’intervention armée, à démembrer la nation et à vendre son territoire à l’encan.

Effrayés par la rupture de la chaîne impérialiste en Russie, craignant que la Révolution russe n’allume l’incendie révolutionnaire chez eux, à l’arrière, les impérialistes étrangers se dressèrent contre le pouvoir des Soviets, dépêchèrent leurs forces armées, secondèrent sans réserve la contre-révolution russe. C’est ainsi que se forma le bloc de la contre-révolution intérieure et extérieure. Au cours des trois années, les envahisseurs et les garde-blancs inondèrent de sang la Russie soviétique, détruisirent son industrie, ses villes et ses villages, infligèrent au pays le blocus de la famine, mais ils ne réussirent pas à briser la résistance des masses populaires.

Le Parti rassembla les travailleurs et les appela à la lutte pour le salut de la Patrie, contre l’invasion étrangère. Le parti mit toutes les forces du pays au service du front. Par sa politique juste, il affermit l’alliance du prolétariat et de la paysannerie, l’alliance de tous les peuples du pays. Il créa une puissante Armée rouge que le sentiment de mener une guerre juste soutenait et entraînait. Aux yeux de l’humanité, le pays des Soviets se montra comme le défenseur de la paix, de la liberté et de l’indépendance.

Malgré les dures conditions de l’invasion et de la guerre civile, les normes de la vie du Parti, établies par Lénine, furent respectées: les sessions du Comité Central, les conférences et les Congrès étaient convoqués régulièrement. Pendant la guerre, le Parti tint deux Congrès où furent tranchées des questions aussi importantes que l’adoption du nouveau programme, la participation des larges masses laborieuses à l’édification du socialisme, les questions militaires, etc.; l’expérience du Parti, qui, pour la première fois dans l’histoire, dirigeait la construction de la société socialiste, cette expérience importante pour tout le prolétariat fut généralisée.

Le peuple acquit la conviction que le Parti communiste est capable non seulement de soulever et d’organiser les masses pour liquider le pouvoir anti-populaire de la bourgeoisie et des propriétaires fonciers, mais aussi d’organiser la défense du pays et la débâcle, dans un temps de lutte déclarée, des forces conjuguées de la contre-révolution intérieure et internationale. Les S.R. et les mencheviks, les anarchistes et les nationalistes bourgeois se démasquèrent non seulement comme acolytes de la contre-révolution mais aussi comme ses participants actifs, comme partis de la contre-révolution. Les travailleurs des nations opprimées se persuadèrent que le parti communiste est le défenseur véritable des intérêts du peuple, que la dictature du prolétariat est l’unique garant du libre épanouissement de toutes les nations. Le prolétariat et la paysannerie de tous les peuples du pays serrèrent leurs rangs autour du Parti communiste.

La lutte héroïque du peuple soviétique qui affaiblit et paralysa des forces considérables des impérialistes facilita la lutte des travailleurs d’Occident contre les capitalistes de leurs propres pays et contribua au mouvement de libération nationale des peuples opprimés contre l’impérialisme. La lutte des travailleurs dans le monde entier et la montée du mouvement de libération nationale furent à leur tour un appui notable pour le pouvoir soviétique.(1)

(1) il s’agit d’un manuel sur l’histoire du Parti communiste de l’union soviétique sous la direction de Ponomarev édité en 1960, éditions en langue étrangère. p.385-386

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1 Commentaire

  • PacoB

    Bonjour Danielle, j’espère que vous allez bien.

    Pour mesurer l’importance des ouvriers dans la communication du PCF j’ai recherché les occurrences des mots ouvrier, mort et travail, de l’année 2021 pour les comptes twitter PCF Fabien_Roussel et IanBrossat.

    Le résultat est à mes yeux assez décevant
    un tweet pour annoncer le décès de Louis Pierna ouvrier devenu maire PCF
    et 2 tweet pour parler de la classe ouvrière.

    Dans la rubrique mort du travail, le policier tué à Avignon a eu autant de poids que les 123 morts au travail en 2021, qui évitent l’indifférence grâce au travail remarquable de @DuAccident

    Je rêve d’un monde où chaque féminicide, chaque mort de la rue, chaque mort du travail et pas uniquement les policiers ou les militaires, ne soit pas oublié, que le camp, qui lutte des classes oblige, est chargé de le défendre ne se comporte pas comme le camp engagé à l’exploiter jusqu’à sa mort.

    La différence devrait sauter aux yeux, et elle ne le fait pas, loin de là.

    Comme fils de mutilé du travail, parent et copain de morts du travail, le bâtiment tuant pour des salaires de misère, je suis bien placé pour dire que cette attention ne tomberai probablement pas au final dans l’oreille de sourds.

    Quelle différence entre un policier, censé nous protéger, et un ouvrier du bâtiment nous protégeant de la pluie et du froid. Tous les deux risquent leurs vies pour sauver la notre.
    Je sais il y en a un qui trop souvent éborgne, mutile et tue, le même qui à droit à un régime spécial de retraite et la compassio des médias, du pouvoir et de presque toute la classe politique, et l’autre a droit à une indifférence quasi générale, de droite comme malheureusement trop souvent de gauche et à des salaires indignes.

    Ces ouvriers là, sont quasi confinés à l’année, tant la fatigue et budget de survie les contraint à s’éloigner rarement du périple domicile-travail. Pass sanitaire ou pas, ça ne changera rien, ils n’en auront pas besoin. Une des choses les plus dures à supporter pendant le confinement était d’entendre les classes moyennes se plaindre du manque de liberté ,de restaurants, de sorties.
    Leur pauvre liberté bafouée par le gouvernement. Apprenez, philosophe de pacotille; la liberté c’est comme le reste, ça se partage.

    Je vais finir par un petit mot sur Cuba. J’ai perdu mon grand frère lorsque j’étais petit enfant, j’ai vu pleurer ma mère, lorsque j’étais petit enfant, enfant, pré ado et même adolescent.
    Alors chaque fois que j’entends quelqu’un critiquer Cuba, je remplis mes yeux de mépris, de dégout, je tourne les talons et quitte ce laquais du capital pour aller consoler les mères.

    Le phare du capitalisme, qui aspire l’essentiel de l’épargne mondiale, imprime du billet vert à rendre jaloux les fabricants de chlorophylle, n’arrive même pas à dépasser l’île magique, entravée par l’embargo, sur le terrain de la mortalité infantile.

    Merci au peuple cubain, à la qualité et vocation de son personnel médical, et merde à ceux qui parlent de médecins esclaves, comptez-vos morts, venez en aide à vos enfants pauvres, et levez l’embargo, le peuple cubain vous sera reconnaissant.

    Un humain, dégouté par l’égoïsme et donc le capitalisme mais aussi très souvent par la gauche ou par ses ego.

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