Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les régionales ou la Bérézina française

Le chef de l’État est parfaitement lucide sur le rejet dont il est l’objet et pense que sa seule chance de l’emporter ​est de n’avoir en face de lui que Marine Le Pen​, a déclaré Xavier Bertrand, candidat déclaré à la présidentielle de 2022 qui reçoit le cadeau présidentiel de Dupont Moretti. Et dans la région PACA la droite se débat dans l’étreinte assassine du même, tandis que l’électeur vaque à ses préoccupantes difficultés qui, en matière de “sécurité”, sont loin de se limiter à un voisinage non autochtone. Xavier Bertrand ajoute en substance que Macron est le serial killer des isoloirs.

Les régionales sont les primaires dont personne ne veut mais elles éclairent l’état du champ électoral français. On y constate que la quintessence de leur démocratie, l’élection, est devenu le butoir sur lequel succombe toute espérance y compris de dignité. Comme les médias, devenus pure propagande, n’ont de cesse de la proclamer il n’existerait désormais d’espace que pour la droite et son extrême. Les divers acteurs de cette “déportation”, à droite comme à gauche, ont réussi à faire d’une procédure citoyenne l’expression du pur despotisme. Si la promotion de Le Pen est la grande œuvre de Mitterrand avec l’adhésion de la gauche au “libéralisme” européen, Macron est son héritier. Même s’il a achevé, Hollande président, d’en dynamiter toute possibilité d’accès à la lutte des places.

Résultat, dans le champ politique, alors s’unissent – comme dans l’assaut par les truands du patronat d’un défilé des travailleurs d’un grand premier mai – l’exploitation et la domination dans le mépris des êtres humains. Ceux-ci, en train de se noyer dans la débâcle d’une société, ne méritent plus un regard. Les régions, les territoires par excellence dédiés à l’intégration européenne de Paris à Madrid nous annoncent une droite collant aux basques de son éclaireur et repoussoir fascisant à qui il suffit d’agiter la haine de l’autre comme un exutoire. (1) Finis les partis faillis, il n’en restera plus qu’un autour de son chef incontesté… le rêve fou du capital enfin débarrassé des aléas et de devoir promettre… ce fut un 2 mai qu’Hitler a rempli sa promesse aux trusts de la Ruhr, plus d’élections, plus de syndicats… Un welfare fondé sur les autoroutes et sur la production des canons…

Mais en ces temps de commémoration, célébration de la “grandeur française”, d’un projet européen porté par des “missionnaires casqués et bottés” qui ont dit à jamais l’impossibilité d’une union des peuples et le rapt de l’idée par des despotes, écoutons Karl Marx:

Les Allemands sont des réalistes tellement circonspects que toutes leurs aspirations et toutes leurs pensées les plus sublimes ne dépassent pas la simple existence. Et c’est cette réalité, et rien de plus, qu’acceptent ceux qui les dominent. Étant eux aussi, des réalistes, ces gens sont bien éloignés de toute pensée, de toute grandeur humaine, ils sont officiers ordinaires et hobereaux; mais ils ne se trompent pas, ils ont raison: tels qu’ils sont, ils suffisent parfaitement pour exploiter et dominer ce règne animal, car domination et exploitation ne sont qu’une seule et même idée, ici comme partout. Et quand ils reçoivent l’hommage, et contemplent le pullulement de têtes de ces êtres privés de cerveaux, quelle pensée leur vient, sinon celle qui vint à Napoléon sur la rive de la Bérézina? On raconte qu’il aurait montré du doigt le grouillement des hommes qui se noyaient et crié à son compagnon :”Voyez ces crapauds!” Il semble qu’on ait menti en rapportant ces propos, mais il n’en est pas moins vrai. La seule pensée du despotisme, c’est le mépris des hommes, c’est l’homme vidé de son humanité, et cette pensée a sur beaucoup d’autres l’avantage d’être en même temps un fait. Le despote voit les hommes à jamais privés de dignité. Devant ses yeux, et pour lui, ils se noient dans la vase de la vie vulgaire, d’où ils remontent incessamment à la surface, comme font les grenouilles. Si cette opinion peut s’imposer même à des hommes qui tel Napoléon avant sa folie dynastique, était capable de grands desseins, comment se pourrait-il qu’un monarque ordinaire fut idéaliste au sein d’une telle réalité?

Il est vrai que Macron, le roi des boursicoteurs et de la palette des “riches”, a fait école dans un temps où le moindre chef de parti à gauche comme à droite a le mépris de ceux à qui il s’adresse et où peut-être l’enjeu du renouveau est de croire en un autre destin pour l’humanité et de reconquérir la confiance de ceux qui peuvent le porter.

Danielle Bleitrach

(1) Au point que les élections départementales, ce vieux maillage de l’État jacobin avec ses préfets et ses notables paraît receler encore quelques potentialités… comme les municipales n’être pas totalement surdéterminées par le despotisme des conseils d’administration.

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Cela dit l’interprétation par nos médias des résultats de Madrid sont partiellement erronés, certes il y a une forte poussée de la droite avec son fer de lance l’extrême-droite mais celui qui en fait les frais est le PSOE, alors que l’union de Podemos et du parti communiste espagnol, comme de Podemos seul témoigne d’une progression.

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