Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Laura Laufer, mes réactions à chaud au sortir de “Chers camarades” de Konchalovsky

Laura Laufer a assisté à la projection du film de Konchalovsky, “Chers camarades” présenté par Michel Ciment de la revue positif. Comme toute la critique , Michel Ciment en tête, la position du réalisateur passe mal: le criminel qui a détruit l’URSS n’est pas Staline mais Khrouchtchev. Laura Laufer était une des responsables de la ligue communiste quand moi j’étais au comité central du PCF. Si l’on excepte la difficulté qu’elle a assumer la position “stalinienne” de Konchalovsky, et le véritable contresens qu’elle commet de ce fait sur ce que pense Joukov de Staline, le dialogue entre nous est possible alors que les autres cinéphiles sont incapables d’affronter cette réalité pourtant massive en Russie et même dans beaucoup de pays ex-socialistes. Cette réalité de la colère devant les véritables liquidateurs de l’uRSS; surtout quand cette colère est celle du seul de la tribu Mikhalkov à avoir choisi la dissidence, l’exil aux Etats-Unis. Mais Laura reconnait à demi-mot . En fait nous nous entendons sur cette vérité que nous lisons sur l’écran, sur notre amour du cinéma et de son rapport révolutionnaire aux masses , sur notre messianisme révolutionnaire inscrit dans nos gènes, et enfin le plus extraordinaire sur la conclusion de ce grand cinéaste, la démocratie occidentale est une duperie ignoble, elle n’a de leçon à donner à personne… et ultime pirouette, si Mao avait eu raison alors là moi “orthodoxe du PCF” et elle “trotskiste”, nous nous serions pareillement trompées? La seule vraie question entre nous puisqu’elle est désormais membre du PCF est le négationnisme que son courant entend imposer à la célébration des 100 du PCF, un négationnisme que Konchalonsky repousse avec insolence et courage. (note de danielle Bleitrach)

Deuxième version, Laura me demande de corriger son texte ce que je lui accorde bien volontiers

à la brouillonne mes réactions à chaud !

KONCHALOVSKY ou L’URSS, LE PÈRE , la CHANSON et le CINÉMA en HéRITAGE !

Ce n’est jamais que ce que j’ai compris des idées de Konchalosvsky .

“Chers camarades” et que l’on pourrait appeler “Staline, la chanson et le cinéma pour héritage revendiqué (le film sortira le 21 novembre).Ce n’est pas par hasard que la chanson tient une place importante dans le film de Konchalovsky ”

Camarades Camarades Bats toi et travaille ! pour le pays natal” . Elle vient en écho exact ou plutôt en reprise et continuité avec celle de l’ouverture du film Le Printemps (1947 ),comédie musicale de Grigori Alexandrov (filiation Eisenstein dont il était le fidèle assistant, puis devenu le cinéaste emblématique agréé par Staline).

Les paroles des chansons du Printemps furent écrite par Serguei Mikhalkov (le père de Konchalovski), une sorte d’hymne chanté par un bataillon de jolies moscovites : magie de pure création de cinéma par ailleurs d’ un film dans le film (avec clin d’oeil à Murnau dans la scène suivante! ). Chers Camarades s’inscrit donc dans une revendication de l’héritage du père par le fils Konchalovsky -le poète Serguei Mikhalkov. Quand on sait que Konchalovski est enfant du sérail car son père a aussi écrit et réécrit l’hymne national (sous Staline, Brejnev et Poutine) ,et que son frère Mikhail est aussi un grand cinéaste … très officiel (il préside l’association des Réalisateurs de Russie depuis longtemps)et Le Festival international de Moscou depuis 2000) le sujet n’est pas ‘ anodin !!!.

Rappelons que Le printemps dont son père écrit les paroles des chansons est aussi le premier film soviétique où est apparu le logo de Mosfilm, avec sa statue de L’Ouvrier et de la Kolkhozienne. Ce qui n’est pas rien !!! Le final du film de Konchalovski en reprenant la chanson du Printemps en revendique l’héritage : voyez ici la chanson de ce défilé après le prologue (plateau de tournage) à l’ouverture du PRINTEMPS, ci dessous en lien en vo stf). Ironie : le Printemps a récolté le même prix que Chers camarades au, Festival international du film de Venise / Mostra Internazionale d’Arte Cinematografica, Venise (Italie), 1947

Les textes des chansons ne pas sont de V. Lebedev-Kouman et Mikhail Volpine comme souvent écrit mais bien de Serguei Mikhailov (je l’ai vérifié moi m^me au générique en le lisant en russe) (Je n’ai pas lu, jusqu’ici, dans les critiques sorties après le Festival de Venise, où le film a récolté un très grand prix, un seul article faisant le lien avec le film d’Alexandrov , alors que cela me semble une clef majeur de compréhension de la position de Konchalovsky). Je ne vais pas développer ici sur l’organisation de la grève de Novotcherkassk du point de vue des ouvriers. Si K la montre justifiée, il s’attache surtout à décrire la mise en place de la répression et son organisation par une commission spéciale du Politburo, de l’armée et du KGB, et fait un portrait au vitriol des responsables politiques.

Son propos étant surtout la dénonciationde la politique antiouvrière de Krouchtchev . Dans chers Camarades, Konchalovski représente trois générations de l’histoire de la Russie et de l’URSS concentrée dans une même famille monoparentale (la mère une communiste membre de la direction municipale du parti et dont les convictions seront ébranlées par la disparition de sa fille qui a participé à la manifestation ) :

1) le grand père est un ancien cosaque (rappelons ici que Novotcherkassk est l’ancienne capitale des Cosaques du Don, : les Cosaques anciens musulmans convertis (du Kazakstan) ont été particulièrement religieux d’où ici l’ icône de Notre Dame de Kazan , que Konchalovski – ancien scénariste d’André Roublev, ne l’oublions pas-met en bonne place ! Comme quoi, on ne raye pas d’un trait de plume un héritage culturel…

2) sa fille (et mère d’une jeune ouvrière de l’usine communiste dévouée au parti mais qui doute que Krouchtchev ait eu raison de “sortir Staline du Mausolée”. Sa conclusion dans le film sera que sous Staline, jamais un tel carnage d’ouvriers en grève n’aurait pu exister…C’est donc à travers elle, le point de vue de Konchalovski. Aujourd’hui : il est devenu clairement pro-stalinien et violemment antikhroutchevien … Rappelons le parcours du cinéaste, avec 83 ans au compteur qui travaillant au début avec Tarkovski dont il a été le scénariste, a vécu une dizaine d’année en exil aux Etats-Unis car censuré dans années 1970 en Urss. Konchalovsky fait passer, à travers le personnage de cette femme communiste sincère qui porte la voix du cinéaste, le bilan politique d’une histoire de l’URSS et de la Russie telle qu’il l” aura vécue, surtout en revenant de Hollywood (!), vers un bercail en voie de liquidation accélérée de ce qui restait d’un État économiquement socialisé … qu ‘il regrette : Konchalovsky en a clairement la nostalgie, une nostalgie qu’il tempère toujours dans ses films par l’ humour

3) enfin le personnage de la petite fille, jeune ouvrière qui travaille à l’usine de locomotives de Novotcherkassk est en grève et participe à la manifestation qui sera réprimée dans le sang, défilant portrait de Lénine en tête (ce qui est rigoureusement une vérité historique : les ouvriers de l’usine ferroviaire n’étaient ni les koulaks, ni les hooligans qu’ont dénoncés l’appareil gouvernemental à heure où celui-ci haussait partout les prix, où les stocks de magasins commençaient à manquer par une planification organisée par la caste bureaucratique tirant privilèges sur le dos des richesses produites , caste qui se réservait sa propre ration grasse, en privée et prioritaire dans les magasins : vodka, saucisson, beurre, cigarettes etc, tandis que les directeurs d’usine augmentaient la productivité mais baissaient les salaires. Tout cela est montré clairement par Konchalovski. Entrés en lutte, les ouvriers des usines de Novotcherkassk inscrivaient leurs revendications dans l’héritage de celles défendues par la révolution russe et Lénine.

KONCHALOVSKY a introduit aussi dans le film le débat qui a agité par la suite : la responsabilité du massacre était elle à imputer à l’initiative du KGB qui avait ses propres snipers ou à l’armée -Konchalovski évoquant que ses cadres (comme le Général du film )- avaient été ceux qui avaient défendu la “mère patrie” contre le nazisme … On ne répétera jamais assez ici – comme Konchalovski le fait- le lourd tribu payé par les Soviétiques pour vaincre Hitler et ses hordes nazis. Ce sera cela qui effectivement détermina l’issue de la guerre 1939-1945 : la bataille de Stalingrad et l’Armée rouge (formée à l’origine par Trotsky (! ), eut de grands stratèges à commencer par Joukov ou Rokossovski … même si tous deux soutiendront , par la suite Krouchtchev, …après avoir été écartés par Staline : Rokossovski sera arrêté , torturé … puis réhabilité) ) et ce fut d”ailleurs Joukov qui arrêta Beria !!

Ce qui me paraît essentiel à comprendre des déclarations de Konchalovsky, présentant le film à Venise c’est sa référence à Mao Zedong dénonçant « la trahison du communisme par Krouchtchev” : c’ est, selon moi, le strict point de vue du cinéaste. Et c’est une bombe venant d’un grand cinéaste qui lance le débat sciemment en jouant la carte Mao contre Krouchtchev…N’oublions pas que la grève de Novotcherkassk date de 1962 année qui se situe dans la phase de la rupture sino-soviétique ; revendiquer Mao devant le prestigieux Festival de la Mostra de Venise , à l’heure où Trump et l’Occident sont en pleines campagnes de masse de propagande anti chinoise (route de la soie, concurrence technologique, défense de la “démocratie” -loin de moi de penser que la Chine soit parfaitement démocratique !-mais Guantanamo, les camps de rétention des Mexicains, la politique raciste de Trump contre le black lives matters, les flics de Macron contre nos mobilisations n’ont certainement pas de leçon de démocratie à donner à la Chine… !)

Avec Dear Comrades, Konchalovski ouvre le débat sur un bilan de ce fut l’URSS par une critique au vitriol de l’ère Kroutchev et de la déstalinisation; il revient sur l’espérance donnée par la construction d’un état ouvrier dont il dit clairement sa nostalgie ! ” Pour des jours meilleurs” sont les derniers mots de l’héroïne regardant vers demain… en 1962 ! Ces mots on en comprend mieux le sens du fil historique, par la chanson qu’elle chante à plusieurs reprises et en compagnie d’ un homme du KGB qui l’aide à rechercher sa fille disparue et lui avoue que les cadavres des ouvriers assassinés durant la répression ont été dispersés dans la région de Rostov. Konchalosvki met la chanson dans la tête du personnage de la femme qui se demande d’où vient cette chanson qui ne la quitte pas : cette chanson donc du défilé du film Le printemps d’Alexandrov. …

Konchalovsky reprenant cette chanson la revendique comme partie intégrante d’un legs de jours heureux que célébrait ce film et dont son propre père a écrits les paroles..

A Venise, en présentant le film Konchalovski a déclaré que la bureaucratie kroutchévienne avait vendu l’URSS aux Américains et que “la démocratie est un zoo”. Personnellement, si je ne n’endosse pas la responsabilité de défendre le stalinisme, sur ces deux aspects là, je suis d’accord : ici en Occident , nous vivons effectivement sous la dictature du capital et le visage de la “démocratie”, telle que défendue par nos gouvernants ici est effectivement un ZOO !

(cf ses déclarations que j’ai mises en ligne il y a 48h) .https://www.dailymotion.com/video/x3xzgqn?fbclid=IwAR3FN2aFA7nGEBPHiZgnEMoYJYEJa-aZrD003aZyPAw1hqwEZGesu2u9Pj

4Le Printemps – Film en français – Vidéo Dailymotiondailymotion.com

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1 Commentaire

  • Olga
    Olga

    Merci infiniment!
    Tout cela met à mal la Cinémathèque française et son l’anticommunisme primaire.

    Répondre

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