Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les minorités contre le prolétariat?

Dans le cadre de notre débat sur le socialisme, ce texte de Gilles Questiaux est l’un de ceux qui apportent à notre réflexion collective. Nous publierons également ultérieurement sa suite. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

17 Avril 2021 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #GQ#Russie#Théorie immédiate#Qu’est-ce que la “gauche”#États-Unis#Mille raisons de regretter l’URSS

Les minorités nationales en Autriche-Hongrie avant 1914. Le concept peut être étendu à tout sous-groupe d'une société ou d'une nation qui revendique une forte identité en anatgonisme avec la majorité des "hommes sans qualité".

Les minorités nationales en Autriche-Hongrie avant 1914. Le concept peut être étendu à tout sous-groupe d’une société ou d’une nation qui revendique une forte identité en antagonisme avec la majorité des “hommes sans qualité”.

Le prolétariat et les minoritaires

Un événement sociologique d’envergure s’est produit aux États Unis en 2016, qui est passé inaperçu dans le fracas de l’élection de l’histrion Trump : son adversaire malheureuse Hillary Clinton a réussi à s’assurer l’investiture du parti démocrate par la triche certes, mais aussi en s’appuyant sur le vote décisif aux élections primaires de la communauté noire. Bref, les Noirs américains, qui avaient été le môle de résistance de la gauche américaine pendant les années Reagan, se sont recentrés contre Bernie Sanders et ont soutenu massivement une candidate libérale et particulièrement impérialiste (au moment où les juifs américains, au contraire, commençaient à se poser des questions). Et le même phénomène s’est reproduit, et s’est amplifié, en 2020, au bénéfice de Joe Biden, politicard sans envergure, corrompu et nul.

Au moment où les petits blancs prolétarisés nord-américains, eux aussi, commencent à se demander si le socialisme ne vaudrait pas mieux pour eux que le capitalisme, le groupe minoritaire le plus marqué à gauche de la société américaine fait défection, voilà qui pose question.

Cela pourrait s’expliquer par une conjoncture sociologique ; il paraît que l’espérance de vie des prolos blancs américains, si elle reste plus élevée que celle des minorités, tend à diminuer, tandis que celle des individus classés dans des minorités monte encore, ce qui ne s’explique pas du tout par l’amélioration de la condition des pauvres mais par le recrutement progressif depuis les années 1950 d’une bourgeoise dans leurs rangs qui intègre le mode de vie de la classe moyenne, qui a les moyens de se soigner, et qui du fait de cette promotion passe graduellement du radicalisme au conservatisme politique.

Mais quoiqu’il en soit, il semble que le « nouvel âge du capitalisme » qui fait de la tolérance tout azimut et de la diversité la plus diverse son fond de commerce ait réussi à récupérer cette minorité agissante, talon d’Achille du capitalisme américain jusqu’aux années 1990. Ce tournant conservateur des Noirs américains (ou au moins de leurs porte-paroles) est de signification générale dans le monde actuel, car ils sont loin d’être la seule minorité concernée. Voici par exemple les Kurdes, la « minorité rouge » du Moyen Orient, encadrés par des partis plus-marxistes-que-ça-tu-meurs qui s’alignent dans la guerre de Syrie avec les États-Unis !

Alors pour y voir plus clair, faisons un petit retour historique, sur un autre continent, de l’autre coté de l’Océan Atlantique des révolutions.

La révolution démocratique moderne dont la Révolution française était l’initiatrice et le modèle type voulait donner au peuple le pouvoir, en expulsant de la nation les élites aristocratiques. Une immense majorité seule légitime expulsait une minorité qui accaparait richesse, pouvoir et honneur. La démocratie étymologiquement signifie le « pouvoir au peuple », et par le mot « peuple » il s’agissait en 1789 de désigner les 98% des Français qui appartenaient au Tiers État, ceux qui jusque-là « ne sont rien » (comme dirait Macron), ceux qui « sont tout », et qui ne veulent pas seulement devenir « quelque chose » comme dans la célèbre brochure de l’Abbé Sieyès, mais vraiment tout. Les aristocrates à la lanterne ! Une fois le peuple épuré de ces oppresseurs au pouvoir, c’est la loi de la majorité qui régnerait. Pendant la révolution, c’était une minorité agissante au sein du peuple, le peuple parisien des sans-culottes, qui la dirigeait dans ce but, encore que confusément.

La révolution sociale qui apparut clairement consciente de soi en 1848 avait un autre but, elle n’était pas à proprement parler démocratique, elle ne demandait pas l’égalité des droits  mais l’égalité réelle des richesses et la société sans classe. Pour l’obtenir, elle voulait donner au prolétariat la dictature, le prolétariat industriel moderne étant minoritaire (minoritaire à tel point que les ouvriers de l’industrie moderne étaient moins nombreux dans la Grande Bretagne décrite par le Capital de Marx que les domestiques, en 1867). Mais le prolétariat nouvellement apparu avec la révolution industrielle était une minorité particulière qui avait le pouvoir et le vouloir de se supprimer : elle ne cherchait pas à améliorer les conditions dans lesquelles elle était exploitée, mais grâce à la conscience acquise dans la lutte, à supprimer l’exploitation, ou à plus justement parler, à mettre la plus-value qui en provient (qui provient de la partie du travail non-payée au travailleur) au service de l’intérêt commun de toutes les classes.

La perspective ultime de la révolution prolétarienne est celle d’un monde sans classes, unifié et démocratique, où l’intérêt de la majorité prévaudra réellement dans les décisions et dans la désignation des responsables, et non illusoirement comme c’est le cas dans nos démocraties libérales avec suffrage universel : ce système où les pauvres sont invités à voter pour les riches, et où la démocratie se renverse en son contraire. On sait depuis la première occurrence moderne du suffrage universel, en France en mars 1848 que ce n’est pas par le vote qu’on va y arriver. Le vote dans une société de classe ne peut que ratifier le rapport de force et les résultats acquis de la lutte politique.

Lénine affirma le caractère de « dictature démocratique » de la révolution prolétarienne, dans l’État et la Révolution , en 1917 : ce serait une dictature qui représenterait les classes exploitées qui étaient la grande majorité du peuple, mais il fallait pour cela l’alliance des ouvriers minoritaires des grandes villes avec la majorité sociologique du peuple russe, les paysans, alliance qui n’irait pas sans avatars, mais qui finalement quoiqu’on en dise tiendra le coup jusqu’à la fin de l’Union Soviétique.

Lénine avait aussi travaillé à rallier à la révolution ouvrière les minorités culturelles de l’Empire russe : Juifs, Tatars, Géorgiens, Arméniens, Finnois, Polonais, Ukrainiens, Baltes, sectes réformées orthodoxes, petites nations opprimées . Des éléments doués issus de ces groupes étaient venus renforcer la minorité politique agissante et déterminée qu’était le parti bolchevik clandestin. Mais elles se fondirent en lui : d’une certaine manière, Juifs et Tatars, dissidents de l’orthodoxie, nationaux opprimés ont cessé d’être ce qu’ils étaient auparavant en devenant bolcheviks, et l’URSS a évolué en une nouvelle nation, dont le caractère certes principalement russe était dû à la puissance démographique et culturelle de la nation russe, mais qui devint une nation nouvelle modifiée par la synthèse de la culture spécifique de la classe ouvrière internationale avec de l’apport d’individus nombreux issus des minorités opprimées et absolument distincte de la nation orthodoxe grand-russe de l’Empire du Tsar.

Les groupes opprimés, quand ils en ont la possibilité, investissent dans la culture, l’expression artistique et l’éducation des jeunes et produisent en effet beaucoup d’individus doués, chacun le sait.

La Russie de 1917 à 1953 a été remodelée comme la nation française d’avant 1789 l’avait été, qui avait été unifiée par le remplacement des provinces d’ancien régime par des départements de tailles et de populations approximativement égales et la création sur le modèle parisien d’un peuple français beaucoup plus homogène qu’avant marqué par son origine catholique, mais où l’influence sur le résultat d’individus marqués par le protestantisme et le jansénisme était notable.

Les minorités opprimées, qu’elles soient religieuses ou nationales, jouent un rôle dans la révolution prolétarienne que l’ont peut comparer à celui d’un catalyseur dans une réaction chimique, qui disparaît dans le produit fini.

Le maoïsme occidental, dans les années 1960, qui est un courant communiste radicalisé mais légitime qui s’intitule lui-même « marxisme-léninisme » a pu ainsi servir de point de départ, ainsi que d’un autre coté l’influence des théories marxistes occidentales gramsciennes, à la promotion politique de minorités d’abord associées au prolétariat ouvrier dans le front de la lutte des classes (notamment la fraction immigrée du prolétariat occidental). Puis les causes de ces minorités se sont autonomisées, et ont commencé à se retourner contre celle de la classe ouvrière considérée dans son ensemble.

Le processus politique consistant à amalgamer des intellectuels petit-bourgeois issus des minorités à la classe ouvrière pour créer son avant-garde politique avait commencé à s’enrayer. Au début, ce sont d’ailleurs les ouvriers occidentaux qui donnèrent l’impression de s’embourgeoiser, et les minoritaires qui maintinrent, en apparence, le flambeau révolutionnaire et arborèrent le drapeau rouge. Mais le processus d’intégration de minorités en tant que telles dans le spectacle bourgeois, même déguisées en révolutionnaires, signifiait aussi le déclin de leur créativité révolutionnaire.

En additionnant des minorités, on ne fait pas longtemps une majorité, ni une démocratie, ni une société sans classes. Si on institutionnalise les minorités, on ne fait que rétablir des privilèges, à l’intention des groupes bourgeois ou petits-bourgeois qui dirigent ces minorités : les quotas dans les universités de la Côte Est américaine, par exemple, ont servi à ce recrutement, et les individus doués sélectionnés, au lieu de renforcer l’avant-garde du prolétariat, viennent apporter un sang neuf à la société bourgeoise et freiner sa décadence historique. En France, la politique actuelle de recrutement direct d’étudiants en IEP dans les “quartiers” poursuit le même objectif.

La revendication du droit des minorités est antidémocratique et antisociale. Dit comme cela , cela peut sembler abrupt ! Mais cette constatation est au cœur du désastre interminable de la gauche occidentale qui dure depuis deux générations et qui risque maintenant de s’étendre au reste du monde, puisque cette gauche s’épuise à réclamer toujours plus de droits, de plus en plus contestables, pour des minorités toujours plus nombreuses, et toujours plus petites. La gauche en cela participe à l’atomisation de la société, par la diffusion de l’individualisme de masse du dernier capitalisme, celui du dernier homme.

La gauche est passée de la défense de la majorité exploitée à la promotion des minorités opprimées, ou « dominées ». Ce qui signifie aussi de la révolution à la réforme. Car il est plus aisé d’améliorer leur condition symbolique et (parfois) matérielle par des réformes lorsqu’on se décide de le faire, que d’améliorer celle de majorité. Et c’est bien pour cette raison que le modèle multiculturel américain, déjà pas très glorieux à domicile, n’a pas marché du tout en Afrique du Sud ! Puisque là-bas la « minorité » noire qu’il s’agit de promouvoir à la marge n’en est pas une !

Il est assez facile de constituer en pratiquant la “discrimination positive” (quel oxymore !) dans chaque groupe minoritaire historique une clientèle politique sous la forme d’une couche sociale qui la contrôle, qui en fait une communauté séparée, et qui dissocie en fragments hostiles la nation démocratique en la transformant en une collection des ghettos juxtaposés.

Le vrai nom de la coalition gauchiste postcommuniste et trotskyste “Ensemble” qui est un exemple bien français d’une de ces clientèles devrait être “Séparés” ! L’antiracisme est progressiste tant qu’il lutte contre des lois, ou contre des pratiques institutionnelles qui  ont force de lois. L’antiracisme qui veut aller au-delà de la lutte pour les droits civiques et corriger les effets économiques de l’exploitation par des aides ou des indemnités, quand elles sont destinées exclusivement aux membres d’une minorité, et non tous, est réactionnaire, séparatiste, et tout bonnement raciste. Pire encore lorsqu’il se borne à chercher à l’exploitation des compensations symboliques, dont la plus bête est encore de farcir artificiellement les livres d’histoires d’individus dont le seul mérite est d’être issus de groupes opprimés (alors que leur oppression se mesure justement par le fait que l’histoire réelle les a exclu, et que rien ne pourra le réparer!). Le minoritaire défendu par la mafia de ses ayants-droits est alors sans cesse reconduit dans l’identité d’une victime du racisme et dégradé ontologiquement. La dialectique du maître et de l’esclave est remplacée par celle de l’esclave et de l’esclave.

Cela dit, ce n’est pas une démocratie, mais un empire libéral qui est le milieu politique le plus favorable au maintien indéfini des minorités, avec leur culture particulariste fétichisée, leurs rituels, mythologies, superstitions, préjugés, avec leur roman historique, et l’expérience des empires autoritaires montre qu’elles y durent aussi fort bien, malgré le retour périodique de persécutions (dans les États des Ottoman, Romanov, Habsbourg, etc). C’est pour cette raison que les mafias qui contrôlent les minorités et les séparatistes sont partout des enthousiastes de l’Union européenne, cette Autriche-Hongrie ressuscitée et élargie. Le terme “mafia” n’est pas hyperbolique : il suffit d’étudier le cas du Kosovo, avant et après sa pseudo-indépendance.

Le monde des minorités célèbre parfois des héros, en général présentés comme des activistes non-violents au prix d’une forte réécriture de leur biographie, comme dans le cas de Martin Luther King, mais il préfère de loin célébrer les victimes. Le passage de l’exaltation de la figure du héros de la résistance à la victime innocente de massacres perpétrés par un « totalitarisme » qui n’est qu’une figure du démon, est significatif de la leçon d’histoire qu’on veut nous faire avaler : en cas de troubles politiques restez tranquilles et ne touchez à rien en attendant l’arrivée de l’US Army !

Car il est bien plus facile de gouverner des victimes que des héros : la victime est honorée d’une manière perverse, car elle ne peut pas faire l’objet d’une émulation autre que masochiste, elle ne peut inspirer que des kamikazes. On rêve d’être héroïque, et on est bien content de ne pas partager le lot des victimes. Mais la victime est la figure symbolique qui convient à la minorité en tant que telle, qui n’a pour se défendre dans un rapport de force que la compassion des aristocrates, ou des autres propriétaires de la société.

Le cas des femmes qui, si elles sont minorisées, ne sont pas une minorité, est à mettre part: la question étant, le but du féminisme est-il de libérer la femme ou la bourgeoise ? La femme qui compte pour la moitié objective démographique du genre humain consiste en une singularité sans équivalent. La distinction homme – femme (qui n’en déplaise à Simone de Beauvoir n’est résolument pas culturelle mais biologique) est la seule distinction fondamentale légitime au sein de l’humanité, et en ce sens les questionnements de certaines féministes radicales qui après une si longue oppression veulent évincer les hommes, comme Valérie Solanas, méritent le respect (même si ce respect ne sera certainement pas réciproque). Solanas, c’est l’héroïne tragique impossible à récupérer par le féminisme réformiste inclusif, qui s’en est prise, à New York en 1968, à la vie d’Andy Warhol, le pape de l’art contemporain qui a aliéné la création artistique au capital (pour le punir de lui avoir volé un scénario de film).

La seule voie ouverte à la revendication féministe pour en finir avec l’oppression millénaire est la participation à la lutte du prolétariat, et surtout quand elle prend la forme d’une lutte révolutionnaire, et notamment d’une lutte armée (le rôle des femmes est majeur dans toutes les guérillas du XXème siècle). Les femmes sont le plus ancien prolétariat, qui fournit du travail gratuit depuis l’époque néolithique, quand il a été évincé de la direction de la société. Mais sans aller si loin, n’est-il pas clair que la défense qui paraît triviale à certains du statut de la fonction publique, dont la grande majorité des bénéficiaires sont des femmes, est beaucoup plus utile à leur cause que le « pipi assis », l’écriture inclusive, ou la campagne de délation « me too »?

Le cas de minorités définies par l’orientation sexuelle est plus complexe, mais on pourrait dire que c’est le fait même de définir ainsi un sous-ensemble de l’humanité qui est abusif et discriminant. La sexualité est un ensemble de comportements, et non une identité naturelle. Les sexualités minoritaires sont liées historiquement à la division du travail et à la spécialisation professionnelle de groupes de soldats et de prostituées. La sexualité n’est pas régie seulement par le désir particulier des individus, mais aussi par l’interprétation collective de ce qu’est un désir légitime, ou une perversion. Dans ce domaine le Marquis de Sade n’est pas un révolutionnaire, mais comme l’avait vu Pasolini, un fasciste avant l’heure, dont le seul mérite est de montrer les noires contradictions des Lumières bourgeoises.

Donc on peut conclure que la tâche du mouvement révolutionnaire n’est pas de promouvoir un prétendu « droit à la différence » mais de recréer la norme populaire de l’époque, et d’y fondre, d’y absorber les minoritaires dans l’indifférence. Une norme pour les hommes et pour les femmes de l’humanité, qui n’est d’ailleurs pas la même.

Les minoritaires sont pour la plupart des prolétaires, à ce titre ils sont majoritaires, et ils sont légitimes dans les processus révolutionnaires démocratiques et sociaux.

Incidemment, si l’on considère, ce qui se discute, que la « diversité » est une valeur en soi , et non une manifestation de la réification, il faudra à l’avenir conserver des frontières territoriales pour que la tonalité culturelle de chaque peuple se maintienne et pour que le voyage et la rencontre de l’autre ait un sens, un sens plus vrai que l’actuelle coexistence d’individus passifs de toute origine ethnique dont les enfants sont habillés en Mickey dans la file d’attente à l’enregistrement à Roissy !

Le projet communiste est un projet de monde sans frontière, mais cela signifie aussi un monde sans différence culturelle, un monde sans étrangers. Il faut savoir ce que l’on veut. Un étranger, c’est quelqu’un qui a une autre culture. Jusqu’à ce jour, la culture ne sera jamais qu’un produit des classes dominantes, et il n’y a pas de raison évidente qu’il faille que cette culture subsiste à leur disparition. Ce caractère éphémère d’une culture qui pose à l’éternité ne la rend pas moins indispensable, car elle n’est pas plus éphémère que nous le sommes nous-mêmes. Il ne s’agit pas de ne pas l’étudier et encore moins de l’éliminer, mais d’être lucide sur le fait qu’il s’agit en substance de distinction sociale et d’illusion idéologique et qu’à moyen terme, sous ses aspects de littératures, arts, langues, religions, elle disparaîtra, ce qu’elle fait déjà d’ailleurs spontanément sous les attaques répétées de la marchandise qui uniformise tout.

Le communisme est le mouvement minoritaire qui conduit une minorité, celle des ouvriers, et une minorité de cette minorité qui la représente, leur parti, au pouvoir politique. C’est la seule minorité dont l’objectif est sa propre suppression, c’est donc la seule qui est légitime car la seule qui peut conduire au pouvoir populaire de l’humanité sans classe à l’échelle mondiale.

GQ, 14 juin 2019, relu le 17 avril 2021

PS : le texte défend le projet d’une norme sociale et culturelle créée par le prolétariat au pouvoir. Cela ne signifie pas qu’il ne pourrait pas exister d’écarts individuels à cette norme. L’extension possible de cet écart dépend de la conjoncture historique, elle est plus grande dans une formation sociale sûre d’elle, prospère, et vivant en paix, que dans un pays assiégé. Par ailleurs cet écart n’a pas de valeur en soi, la liberté individuelle ne se mesurant pas à la possibilité de faire des écarts, mais à la possibilité de participer à la vie sociale de façon créative (La notion de norme sociale est assez proche de la notion de “norme fondamentale” conçue par le philosophe du doit néo-kantien Kelsen au début du XXème siècle dans sa Doctrine du Droit°).

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1 Commentaire

  • SERGE BELLEMAIN
    SERGE BELLEMAIN

    Juste 2 pensées qui me viennent à chaud à la lecture de ce texte qui, par ailleurs, me semble poser de bonnes questions en avançant des réponses à discuter collectivement : 1) Pour avoir participé, dans le début des années 80, à un colloque initié par l’UNESCO à Paris, en tant que responsable du Comité local du MRAP de Vénissieux, et ce au plus fort des “événements des Minguettes”, j’ai dû entendre la réaction, pleine de “sagesse” au titre du colloque ainsi libellé “Vivre ensemble avec nos différences” : choisissons plutôt de “Vivre ensemble avec nos ressemblances quelles que soient nos différences!”…la segmentation des sociétés, quand elle commence, qui sait où elle s’arrête? 2) Ne pourrait-on imaginer que le mouvement communiste fasse sien un slogan, anarchiste d’origine non contrôlée!, “Une seule terre, un seul pays, un seul peuple!”?…il me paraît à lui seul être un bon programme, s’appuyant pour y parvenir sur la lutte des classes et la dictature du prolétariat.

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