Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le yuan numérique et la fin du monde tel que nous le connaissons

Voici un article d’une société d’investissement, ultra-libérale, que nous citons quelquefois tant les articles qu’elle publie pour ses investisseurs illustrent les affres du capital et les contradictions auxquelles sa soif de profit et son incapacité à imposer une hégémonie politique ayant un minimum de consensus et de vue sur le long terme le confronte. Voici donc ses interrogations sur le fait que la Chine crée sa propre monnaie numérique alors que le dollar ne repose plus sur la richesse créée. (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société)
La semaine dernière, nous avons affirmé que les Etats-Unis sont en déclin. Or s’ils déclinent, ce doit être par rapport à autre chose – mais quoi ?

Inutile de vous le dire, cher lecteur, vous le savez déjà. Voici quelques nouvelles du Wall Street Journal :

La Chine crée sa propre monnaie numérique, une première pour une grande économie. Il y a un millénaire, alors que l’argent était synonyme de pièces métalliques, la Chine a inventé la monnaie papier. Aujourd’hui, le gouvernement chinois ‘frappe’ de l’argent numériquement – une nouvelle version de la devise qui pourrait ébranler un pilier de la puissance américaine. On pourrait croire que l’argent est déjà virtuel, étant donné que les cartes de crédit et les applications de paiement comme Apple Pay aux Etats-Unis et WeChat en Chine éliminent le besoin de billets ou de pièces. Mais ce ne sont là que des moyens de transférer de l’argent par voie électronique. La Chine est en train de transformer la monnaie légale elle-même en code informatique.

[…] La version chinoise de la monnaie numérique est contrôlée par la banque centrale, qui émettra [cette] nouvelle devise […]. On s’attend à ce qu’elle donne au gouvernement chinois de nouveaux outils importants pour surveiller à la fois son économie et sa population.

[…] La monnaie elle-même est programmable. Pékin a testé des dates d’expiration pour encourager les utilisateurs à dépenser rapidement lorsque l’économie a besoin d’un coup de pouce.

Cette monnaie est également traçable, ce qui ajoute un nouvel outil à l’arsenal de la surveillance d’Etat, déjà considérable en Chine
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Toujours plus de contrôle

Pour autant que nous puissions en juger, toute la monnaie actuelle ou presque n’est guère plus que des signaux électroniques. Nous achetons un café. Nous posons notre carte bancaire sur la petite machine. D’une manière ou d’une autre, un compte est débité tandis qu’un autre est crédité.

Nous pouvons voir ensuite une trace écrite pour confirmer que ce qui s’est passé est bien ce que nous pensons qu’il s’est passé. Mais à part cette “information”, rien n’a changé de mains.

Une “devise numérique” ne change peut-être pas grand’chose. La transaction resterait la même, l’information étant transmise électroniquement d’une banque à une autre.

Mais comme le note le Wall Street Journal, la nouvelle devise numérique chinoise donne au gouvernement un contrôle accru sur les électrons. Il pourrait décider qui les obtient… et qui n’en a pas.

C’est une expérience majeure – et les États-Unis la surveilleront sans nul doute de près.
Avoir à leur disposition de l’argent venant directement de la Réserve fédérale donnerait aux autorités US de toutes nouvelles occasions de faire n’importe quoi.

De nouveaux pouvoirs

Qui plus est, un contrôle plus strict sur la “monnaie” pourrait bientôt être une question désespérément importante pour les États-Unis.

Dans le monde moderne, un pays augmente en richesse et en puissance en fournissant des biens et des services. A cet égard, la Chine a battu de nouveaux records – passant du statut de trou reculé à celui de grande puissance mondiale en une seule génération. Elle y est parvenue en produisant des choses à une échelle gargantuesque.

Cette production a été vendue à des gens dans d’autres pays. Ils ont payé avec de la “monnaie”, qui passe, généralement, de la puissance déclinante à la puissance ascendante.

Que va donner cette nouvelle monnaie numérique pour la Chine ? Nous n’en savons rien. C’est nouveau. Cela n’a jamais été tenté.

Si elle est stable et soutenue par un gouvernement raisonnable et fiable, peut-être que cette monnaie se répandra… et aidera les Chinois à attirer plus de capitaux et à devenir encore plus riches et plus puissants.

Peut-être que cette nouvelle devise poussera d’autres nations à se débarrasser du dollar US en tant que devise de réserve et à passer à la monnaie chinoise.

Ou peut-être que les autorités chinoises seront tentées d’utiliser leurs nouveaux pouvoirs comme le font toujours les brutes et les bureaucrates : pour étouffer les entrepreneurs, tromper les entreprises et émousser la pointe effilée et dynamique qui a si bien réussi à la Chine jusqu’à présent.

Là encore, nous n’en savons rien.

Escroqueries et pots-de-vin

Pendant ce temps, aux États-Unis… les autorités conduisent leur propre expérience monétaire. Elles étudient la quantité de carburant qu’elles peuvent injecter dans un système de monnaie fiduciaire à l’ancienne (sans soutien de l’or) avant que toute l’affaire n’explose.

C’est une expérience qui a déjà été conduite – de nombreuses fois. Nous pensons savoir comment elle se terminera.

La dette US a passé le seuil des 28 000 Mds$ le mois dernier…

Et la bande à Biden vient de proposer la gabegie la plus coûteuse de l’histoire des États-Unis, affirmant que cela les aiderait à “remporter la compétition mondiale contre la Chine”.

L’idiotie de la dernière proposition sur les “infrastructures” est presque comique. Les infrastructures n’ont quasiment rien à voir… et lorsque c’est le cas, c’est à mauvais escient.

A part les autoroutes nationales, les infrastructures sont un sujet qui concerne les communautés locales et les entreprises, non les autorités fédérales.

Le plan de Joe Biden n’est qu’un gigantesque buffet froid de subventions, pots-de-vin et escroqueries. Chacune de ces usines à gaz gaspille de vraies ressources, de l’énergie et du temps.

Quelques initiés s’enrichissent, mais tout le reste termine plus pauvre.

“N’interrompez jamais un ennemi qui est en train de faire une erreur”, a dit Napoléon. Les Chinois n’ont pas pipé mot.

Une alternative bien pratique

Dans le monde fantasmé des autorités, l’argent est illimité. Dans le monde réel, cependant, le temps et les ressources ne le sont pas.

A mesure que les autorités impriment plus de “monnaie”, la marée montante de nouveaux dollars soulève les prix du ciment, du soja, des couches, du lait, des maisons, des actions, des corn-flakes, des raquettes de tennis, des courses de taxi… pratiquement tout.

Telle a du moins été l’issue de chaque autre itération de cette expérience.

En introduisant une nouvelle devise, les Chinois pourraient atteindre les États-Unis là où ils sont le plus vulnérables.

Les autorités US peuvent contrôler de nombreux éléments dans leur monde de fantasmes.

Elles peuvent créer de la “monnaie” à partir de rien. Elles peuvent créer artificiellement des emplois. Elles peuvent gonfler un ersatz de “demande” – en distribuant plus de fausse monnaie. Elles peuvent stimuler les prix des actions… et peser sur les taux d’intérêt.

Ce qu’elles ne peuvent pas faire en revanche, c’est contrôler la valeur de leurs dollars factices.

Et lorsqu’il deviendra encore plus évident que ces crétins ont perdu le contrôle du dollar, le nouveau yuan numérique ressemblera peut-être à une alternative bien pratique.
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