Histoire et société

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Israël et le sionisme : DE LA CRISE POLITIQUE ET SES CONTRADICTIONS

Cette organisation sioniste qui croit que l’issue est à rechercher dans les accords Beghin- Saddate dit la crise politique que vit Israël, elle s’interroge sur l’esprit des fondateurs d’Israël. Si j’avais un conseil à leur donner ce serait de faire sortir de prison Barghouti et de négocier avec quelqu’un de réellement représentatif, un politique digne de ce nom.

Cette réflexion israélienne que nous publions ici, trouve son contexte dans la crise qui secoue ce pays à la veille des élections israéliennes et elle est d’autant plus intéressante qu’elle émane d’un site sioniste et d’une extrême-droite. La crise politique est symbolisée par ce que dit aujourd’hui The new yorker très représentatif des juifs new yorkais démocrates : un fait posé et qui commence également à être posé pour l’autre “grande démocratie” fascisante qu’est l’Inde ou même pour l’Europe : “Une question politique centrale de notre temps n’est pas tant où ni comment tracer la ligne, mais quand. Partout dans le monde, nous voyons des régimes qui suivent des trajectoires s’éloignant clairement de la démocratie, de la justice et de la liberté. Alors que nous les regardons avancer inexorablement sur ces chemins désastreux, nous nous demandons : quand déciderons-nous que la chose que nous craignons se produit déjà? B’Tselem, une organisation israélienne de premier plan de défense des droits humains, documente les violations des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1989. Plus tôt ce mois-ci, elle a publié un document de position annonçant qu’elle avait décidé de tracer une ligne. Le document s’intitule « Un régime de suprématie juive du Jourdain à la mer Méditerranée : c’est l’apartheid ».

Le Mapaï était un parti politique israélien de gauche qui fut la force principale de la politique israélienne jusqu’à sa fusion au sein du Parti travailliste israélien en 1968, L’Histadrout son syndicat, l’inspiration soviétique matinée de Trotskisme était évidente avec une spécificité talmudique assumée par des laïques souvent marxistes et athées. 1968 est précédée par l’apparent triomphe de la guerre des six jours qui en fait peut-être considéré comme la catastrophe qui interdit ce qui est décrit ici, la synthèse des contradictions. Décidément face à la crise profonde qui secoue le monde occidental à partir de la chute de l’empire US, un certain nombre de régimes y compris occidentaux sont à la recherche de leurs origines et celle-ci ont à voir avec le socialisme et son incarnation européenne avec l’URSS. Partout il y a au moins des réserves sur la manière dont l’hégémonie US, le libéralisme, l’exacerbation des conflits doit être abandonnée. Mai 68 étant universellement un phénomène qui annonce la contre révolution néo-libérale de 1973 partie du Chili, de Reagan et de Thatcher et menée souvent sous une idéologie libérale libertaire portée par la gauche social-démocrate contre le communisme. Étonnant de voir cette prise de conscience surgir sous des formes bizarres comme ici ce site sioniste face à la crise israélienne qui en appelle à un retour à l’esprit pionnier socialiste capable d’une dialectique oubliée, notez à quel point la référence est influencée par celle des communistes chinois, mais on la retrouve dans bien d’autres points de la planète. Une possible synthèse ou la guerre… cela dit nous signalons que ce que Marx reproche à Proudhon c’est de confondre dialectique et “ballottement” sans “dépassement” (conservation mais abolition surtout) et je crains que dès l’origine le Mapaï (dont le logo dit les références) ait choisi le ballottement, ce qui les a voués à s’identifier aux travaillistes et à choisir le mauvais cheval, les Etats-Unis, l’affrontement répression des Palestiniens et la collaboration en sous main avec les dictatures saoudiennes et autres. (note et traduction de Danielle Bleitrach).

RÉSUMÉ: Au milieu de la crise profonde d’Israël au cours de l’année écoulée, qui a entraîné un bourbier de problèmes de sécurité, sociaux, économiques et éthiques enracinés dans un ensemble fondamental et insoluble de tensions, il apparait de plus en plus nécessaire que surgisse un leadership national avec une capacité spéciale de navigation qui retrouverait le mode Mapai de recherche de compromis.

Le Premier ministre Levi Eshkol disait : « Je fais des compromis et je fais des compromis jusqu’à ce que mon opinion soit acceptée. » C’était une façon très simple de travailler. Le « compromis mapainik » était une approche par laquelle les dirigeants du parti, par le raisonnement pragmatique, naviguaient sur le réseau complexe de problèmes d’Israël et, au fil du temps, géraient des tensions insolubles en se synchronisant entre eux et en s’efforçant de maintenir l’élan de l’effort sioniste et de l’État.

Par exemple, une tension existait dès le départ entre la nécessité pour l’État de soutenir une majorité juive et l’objectif de contrôler toutes les régions du pays. David Ben Gourion croyait à cette tension qui pouvait être contenue, et sous sa direction un équilibre synchronisé a été établi tout en s’étendant dynamiquement aux besoins du pays en développement. La tendance dominante d’aujourd’hui à la recherche d’une séparation et, en fin de compte, d’une division finale du pays en tant que solution permanente équivaut à un refus de synchronisation.

La controverse ici est entre ceux qui croient que la vie est pleine de tensions et ce qui fait la force d’un leader est sa capacité à les contenir, et ceux qui exigent que les tensions soient résolues en laissant s’affronter les contradictions. Le Mapainik de l’ancienne génération ne s’est pas rétréci de la réalité des tensions multiples. Il savait que les tensions fondamentales ne sont pas résolues mais peuvent être synchronisées, le point d’équilibre ayant été recalibré chaque jour. C’est ainsi que les dirigeants mapai ont traité toutes les grandes questions, telles que la controverse entre une économie socialiste et un marché libre et la tension perpétuelle entre la religion et l’État. Même lorsqu’ils paraissaient adopter une ligne, ils ne l’ont pas épousée exclusivement.

L’Histadrout (syndicat), lui aussi, comparé aux organisations de travailleurs d’autres pays, existait dès le départ dans un labyrinthe unique de tensions. Dès le départ, l’Histadrout était confronté à un conflit d’intérêts : c’était à la fois un employeur propriétaire des moyens de production (kibboutz), y compris des entreprises comme Solel Boneh et Bank Hapoalim, et un syndicat qui faisait la promotion des intérêts des salariés. Cette tension a forgé l’identité de l’Histadrout et de la direction mapai.

Lors d’un séminaire à l’Institut de la démocratie d’Israël, Salai Meridor, ancien président de l’Agence juive et de l’Organisation sioniste mondiale, a parlé de son implication dans ce qui est devenu connu sous le nom d’affaire Ka’adan. Lorsque la famille Ka’adan a demandé le droit d’acheter une maison dans la communauté de Katzir, le président de la Cour suprême Aharon Barak s’est tourné vers Meridor, qui était alors chef de la Division des règlements de l’Organisation sioniste mondiale, avec une demande de trouver une solution créative qui éviterait d’avoir à soumettre la question à l’arbitrage de la Cour. Il était clair qu’une délibération à la Cour suprême nécessiterait de créer un précédent juridique sur une question délicate. Comme Meridor l’a dit au séminaire, sa réponse à Barak était sans équivoque : « Nous avons toujours été contre un compromis mapainik. »

Cette réponse reflète la différence essentielle entre l’approche Mapai et l’école révisionniste Jabotinsky. Il souligne l’utilité du « compromis mapainik »: il cherche un équilibre entre les tensions, et non une résolution définitive une fois pour toutes d’entre eux.

Au cours des dernières décennies, sous l’influence des modèles américains d’excellence en gestion et en leadership, l’approche a changé. Les tensions sont perçues comme des problèmes à éviter, une sorte de conflit d’intérêts qui nécessite une réglementation. « Couper les coins ronds » est considéré comme une ruse qui évite de prendre des décisions.

Au milieu de la crise profonde qu’Israël a traversée au cours de l’année écoulée – impliquant des problèmes sécuritaires, sociaux, économiques et éthiques enracinés dans un ensemble fondamental et insoluble de tensions – ce qu’il faut une fois de plus, c’est un leadership national avec une capacité spéciale de navigation synchronisée dans le mode de compromis mapai. Même au Parti travailliste, cet esprit n’existe plus.

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Il s’agit d’une version éditée d’un article paru dans le numéro de mars de Liberal.

Le major-général Gershon Hacohen est chercheur principal au Begin-Sadat Center for Strategic Studies. Il a servi dans tsahal pendant 42 ans. Il commandait des troupes dans des batailles avec l’Égypte et la Syrie. Il était auparavant commandant de corps et commandant des collèges militaires de Tsahal.

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