Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le Commandement de l’OTAN invité à enquêter sur son armée néo-nazie en Espagne…

Les députés du Sous-comité de la sécurité et de la défense du Parlement européen demandent par lettre au Secrétaire général de l’OTAN et au président de la commission militaire de l’Alliance atlantique d’encourager la Défense à « résoudre d’urgence la présence dans les structures de sa compétence » du commandant dont l’idéologie hitlérienne a été révélée par Publico, un journal espagnol dont nous traduisons l’article ici et qui montre comment la fascisation du continent est un phénomène non seulement toléré mais entretenu alors que la répression s’abat sur un jeune rappeur. On constate des faits semblables dans toute l’UE et en particulier comme le note l’article en France (1) (note et traduction de Danielle Bleitrach).

Imagen de una manifestación de 'Lo Nuestro' en la que participó el capitán Meroño, publicada en el Facebook del líder neonazi Pedro Santiago Escobar Honrubia el 13 de enero de 2020.
Image d’une démonstration de ‘Lo Nuestro’ à laquelle le capitaine Meroño a participé, publiée sur Facebook du leader néonazi Pedro Santiago Escobar Honrubia le 13 janvier 2020.  Public

CARLOS ENRIQUE BAYO@TABLEROGLOBAL

La présence si souvent officiellement niée de militaires d’extrême droite, y compris des officiers et des sous-officiers, dans l’armée espagnole vient de devenir un problème international, dans le parlement européen le groupe de gauche a interpellé le Haut Commandement de l’OTAN à propos du capitaine de l’armée de l’air Antonio Meroño Jiménez, dont la participation aux activités néo-nazies a été découvert par ce journal.

En deux exclusivités successives, Publico a révélé que ce capitaine – à l’idéologie hitlérienne extrêmiste – a non seulement été instructeur à l’Académie générale de l’air de dizaines de cadets, qu’il a formés pendant des années pour être officiers, mais qu’il est actuellement chef du renseignement de l’escadre 14 de la base aérienne de Los Llanos (Albacete), l’unité de chasseurs-chasseurs avec laquelle l’Espagne participe à la mission de la police aérienne des pays baltes de l’OTAN, dans son détachement en Lituanie (Vilkas), à la base aérienne de Siauliai.

Dans cette base aérienne espagnole est également le siège de l’école d’excellence de l’Alliance atlantique pour les pilotes et les équipages, considéré comme le top gun de l’Europe et appelé TLP (Tactical Leadership Programme). En tant que chef du renseignement de l’escadre 14, le capitaine Meroño traite les cotes de sécurité personnelles (HPS) qui autorisent l’accès militaire aux installations de l’OTAN.

« L’Espagne est une nation, pas une Constitution »

Comme publico l’a détaillé dans les exclusivités précédentes sur cet officier d’extrême droite, Meroño est un collectionneur fanatique de l’attirail d’Hitler (il a acquis une authentique Croix de fer de l’armée nazie) et participe à des réunions et d’autres activités des membres du groupe néo-nazi appelé Lo Nuestro, qui a une structure à Carthagène et a autour de lui plusieurs adeptes qui sont des militaires actifs.

Sur la photo qui mène cet article, Mis en ligne sur son compte Facebook par Pedro Santiago Escobar Honrubia – condamné en juillet 2009 par la province d’Audiencia de Madrid à un an de prison et 12 ans de disqualification absolue pour possession illégale d’armes et appartenance à la faction espagnole de l’organisation néonazie internationale Hammerskin– le capitaine Meroño apparaît dans une manifestation de Lo Nuestro (dont le symbole est la tour d’une forteresse), en janvier 2020. Honrubia et un autre membre du groupe, Giorgio Sánchez, portent la bannière:« L’Espagne est une nation, pas une Constitution ».

« Militaire néonazi actif dans les rangs de l’armée »

Tout cela a alarmé les députés du Sous-comité de la sécurité et de la défense du groupe parlementaire de la gauche européenne (GUE/NGL), qui se sont adressés par lettre à Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, et au maréchal de l’air Sir Stuart Peach, président du Comité militaire de l’Alliance atlantique, pour leur faire part de leur « préoccupation particulière après avoir connu les détails des recherches lancées en Espagne sur la présence de militaires néo-nazis ou de personnes d’idéologie fasciste active dans les rangs de l’armée » espagnole.

Primera página de la carta de eurodiputados al Alto Mando de la OTAN sobre la presencia de neonazis en el Ejército español.
Première page de la lettre des députés au Haut Commandement de l’OTAN sur la présence de néonazis dans l’armée espagnole.  Public

Dans cette missive, à laquelle public a eu accès et dont nous reproduisons ici la première page, les eurodéputés Manu Pineda, Clare Dalyet Mick Wallace, du groupe Eurochamber
« La Gauche », demandent aux hauts responsables du Haut Commandement allié d’ouvrir une enquête sur la présence de cet officier [Meroño] ou d’autres militaires de l’idéologie néonazie reconnue dans les structures de leur compétence. Je vous exhorte également à contacter le ministère espagnol de la Défense pour résoudre cette situation de toute urgence et tenir compte des enquêtes néonazies dans l’armée espagnole. »

Demande basée sur les exclusivités de cette revue sur le rapport préparé par les alerteurs du groupe Ciudadan@s d’Uniforme, organisé sur les réseaux sociaux, dont Defensa est au courant depuis près de trois mois.

L’Allemagne, la France et la Belgique purgent l’armée et la police

Au début de la lettre, les députés soulignent la position très différente adoptée par le ministère espagnol de la Défense et celles d’autres pays européens pour faire face à la menace du boom de l’armée :

Ces soupçons sur l’infiltration de secteurs néonazis et d’extrême droite dans les forces militaires et policières ont été confirmés ces derniers mois. Il y a quelques mois à peine, l’Allemagne a démantelé un groupe organisé au sein du KSK (unités d’élite et forces spéciales) et enquêté sur davantage d’officiers militaires pour s’être organisé en réseau avec des liens avec le néonazisme. Des situations similaires ont eu lieu dans leurs forces de police dans des pays comme la France ou la Belgique. Et, plus récemment, en Espagne, un rapport remis au ministère de la Défense par le groupe militaire « Citoyens d’uniforme », alerté sur la présence de néonazis dans l’armée espagnole. »

« Cet officier militaire de l’idéologie néonazie s’occupe d’informations classifiées au siège de l’OLP de l’OTAN »

Dans ce rapport, les révélations qu’ils font au sujet d’un officier de la Force aérienne sont d’une gravité particulière. Les informations connues révèlent largement l’idéologie néonazie de cet officier militaire, qui est actuellement chef du renseignement de l’aile 14 à la base aérienne de Los Llanos (Albacete-Espagne). Cet officier a été un instructeur de dizaines de militaires espagnols pendant des années et, plus sérieusement, s’occupe actuellement de la documentation et des informations classifiées. Tout cela au siège actuel du TLP (Tactical Leadership Programme), une école appartenant à l’OTAN. »

Comme s’il n’y avait pas là déjà une source d’inquiétude, on apprend que cet agent, en tant que chef du noyau S-2 (Information), a parmi ses fonctions des décisions sur la sécurité du personnel et des installations. Traitement des habilitations de sécurité personnelle (HPS) autorisant le personnel militaire à accéder aux installations de l’OTAN.

Les députés soulignent également que cette situation va à l’égard des engagements fondamentaux pris entre l’Union européenne et l’Alliance atlantique :

“Pour tout ce qui précède, je voudrais vous faire part de la préoccupation que les personnes ayant une idéologie néonazie et fasciste puissent intégrer des niveaux de sécurité aussi sensibles dans les structures de l’OTAN. Quelque chose qui va à l’avant avec les engagements de la Déclaration de coopération UE-OTAN 2018 ou de la résolution 2017/2276 du Parlement européen. »

(1) Des légionnaires du Larzac font l’apologie du nazisme sur Instagram, l’Aveyron concerné par les révélations de Mediapart (francetvinfo.fr)

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1 Commentaire

  • Laurent Pringard
    Laurent Pringard

    Le parlement européen ferait bien de revenir sur sa résolution votée le 19 Septembre 2019, à vouloir manipuler l’histoire à coup d’amalgames nauséeux et abjectes, on va finir par faire défiler certaines troupes au “pas de l’oie” tout en brandissant un “Reichsadler” de triste mémoire.

    Où la déliquescence idéologique de l’UE Atlantiste s’arrêtera-t-elle ?

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