Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Est-ce que nous devenons réellement de plus en plus cons? Ce n’est pas aussi simple qu’ils le disent…

Cette analyse correspond à certains constats amplifiés par le constat de ce qui se passe dans les réseaux sociaux. L’incapacité à lire plus de trois lignes, à construire un raisonnement logique, les selfies, tout cela accompagne un mode de pensée avec des causalités simplifiées qui souvent donnent le vertige par l’imbécilité et la vulgarité insultante à laquelle on peut aboutir.

A ce titre le retour à la lecture et à l’explication et le commentaire de textes parait important. Comme de s’inquiéter de la perte des mathématiques et du calcul en France, mais attention c’est exactement ce dont voudrait nous convaincre Blachère.

C’est pourquoi sans nier certains aspects du phénomène, dans le même temps je voudrais introduire deux bémols à cette “découverte”. Premièrement les “tests” ne sont souvent que le résultat de leurs a-priori, et je me demande si ceux que l’on a fait passer ne mesuraient que ce qui était perdu en négligeant les acquis. Deuxièmement, l’apriori du texte se voit dans la référence au “totalitarisme” et au très suspect Orwell. Il s’agit en effet de mettre dans le même panier deux types de société, le nazisme et autre fascisme, et les sociétés socialistes dirigées par un parti communiste. Ce qui est stupide en général mais plus encore dans l’exemple choisi, celui de l’éducation, de la formation de la jeunesse. Si les performances dans ce domaine de la société dite libérale sont en train de rejoindre celle des sociétés dominées par le fascisme, les sociétés socialistes dirigées par un parti communiste se caractérisent au contraire par un niveau d’éducation, de développement intellectuel et culturel sans commune mesure parfois avec leur développement économique mais qui pour elles sont un projet fondamental, une confiance dans l’avenir, dans la science, dans la culture en général…

J’ai le sentiment que ce qui étonne le plus les pays étant sous cette influence socialiste c’est non seulement l’art de nous diviser sans raisons réellement profondes mais aussi notre absence de foi en la science. Parfois le délire paraît profond et certes il peut nous donner des raisonnements de paniers percés, mais le fond en est l’ébranlement de toute légitimité de l’autorité; ce qui ne fait pas de nous des crétins intégraux, même si c’est parfois bien imité, surtout quand comme l’explique l’enquête cela se combine avec un vocabulaire de plus en plus limité, et peut faire croire que nous ne sommes pas loin des errances mythiques et barbares dont sont abreuvés les peuples par temps du fascisme. Quand Thomas Mann est revenu d’exil, la langue allemande était transformée et l’élégance de son style, comme l’a souligné Heinrich Boll le ramenait au XIXe siècle. Klaus était suicidé et Heinrich communiste et Brecht avaient la RDA. Nous sommes effectivement en train de connaître un moment historique où perdre pied crée un grand bougé collectif et individuel, nous copions, caricaturons… Nos “élites” et notre peuple battent l’amble de la peur réactionnaire…

Bref on retourne à la remarque roborative de Brecht selon laquelle il n’y a pas de différence de nature entre la démocratie capitaliste et le fascisme, mais simplement la logique de l’une poussée jusqu’au bout et le pseudo élitisme, les lamentations sur l’incapacité à penser des couches populaires en sont la trame. Donc celui qui veut en finir avec la répression mais aussi l’abrutissement fasciste doit lutter contre le capitalisme et se battre pour le socialisme qui n’a rien d’aisé, mais qui est incontournable. (note de Danielle Bleitrach)

′′ Le QI moyen de la population mondiale, qui a toujours augmenté de l’après-guerre à la fin des années 90, est en baisse au cours des vingt dernières années… C’est le retournement de l’effet Flynn.

Il semble que le niveau d’intelligence mesuré par les tests diminue dans les pays les plus développés.

Nombreuses peuvent être les causes de ce phénomène.

L’une d’entre elles pourrait être l’appauvrissement du langage.

Plusieurs études montrent en effet la diminution de la connaissance lexicale et l’appauvrissement de la langue : il ne s’agit pas seulement de la réduction du vocabulaire utilisé, mais aussi des subtilités linguistiques qui permettent d’élaborer et de formuler une pensée complexe.

La disparition progressive des temps (subjonctif, imparfait, formes composées du futur, participant passé) donne lieu à une pensée presque toujours au présent, limitée actuellement : incapable de projections dans le temps.

La simplification des tutos, la disparition des majuscules et de la ponctuation sont des exemples de ′′ coups mortels ′′ à la précision et à la variété de l’expression.

Juste un exemple : supprimer le mot ′′ jeune fille ′′ (désormais désuet) ne signifie pas seulement abandonner l’esthétique d’un mot, mais aussi promouvoir involontairement l’idée qu’il n’y a pas de phases intermédiaires entre une enfant et une femme.

Moins de mots et moins de verbes conjugués impliquent moins de capacité à exprimer les émotions et moins de possibilités d’élaboration d’une pensée

.Les études ont démontré que la violence dans les sphères publiques et privées provient directement de l’incapacité à décrire ses émotions à travers les mots.

Pas de mots pour construire un raisonnement, la pensée complexe est rendue impossible.

Plus le langage est pauvre, plus la pensée disparaît.

L’histoire est riche en exemples et de nombreux livres (Georges Orwell – ′′ 1984 “; Ray Bradbury – ′′ Fahrenheit 451 ′′) ont raconté comment tous les régimes totalitaires ont toujours entravé la pensée, par une réduction du nombre et du nombre sens des mots.

S’il n’y a pas de pensée, il n’y a pas de pensées critiques. Et il n’y a pas de pensée sans voix. Comment peut-on construire une pensée hypothétique déductive sans conditionnelle ? Comment peut-on envisager l’avenir sans conjugaison avec l’avenir ? Comment peut-on capturer une tempête, une succession d’éléments dans le temps, qu’ils soient passés ou futurs, et leur durée relative, sans une langue qui distingue ce qui aurait pu être, ce qui a été, ce qui est, ce qui pourrait être Être, et ce qui sera après que ce qui aurait pu arriver, est-il vraiment arrivé ?Chers parents et enseignants : faisons parler, lire et écrire nos enfants, nos élèves. Enseigner et pratiquer la langue sous ses formes les plus différentes. Même si ça semble compliqué. Surtout si c’est compliqué.

Parce que dans cet effort il y a la liberté.

Ceux qui affirment la nécessité de simplifier l’orthographe, de purger la langue de ses ′′ défauts “, d’abolir les genres, les temps, les nuances, tout ce qui crée la complexité, sont les vrais artisans de l’appauvrissement de l’esprit humain.

Il n’y a pas de liberté sans nécessité.

Il n’y a pas de beauté sans la pensée de la beauté Sources

Christophe Clavé Diplômé de Sciences-Po Paris, titulaire d’un MBA, coach professionnel, Christophe Clavé a passé 25 ans en entreprise, en tant que DRH puis Directeur Général. Il a également été chargé du cours Stratégie et Politiques d’Entreprise à HEC Paris pendant 5 ans.

Print Friendly, PDF & Email

Vues : 370

Suite de l'article

1 Commentaire

  • Flaconneche
    Flaconneche

    Ce type de texte me semble en effet dangereux. Il a le faux air des évidences. Il correspond aux types de « stages en entreprises » auxquels sont soumis les travailleurs. Et pour l’avoir vécu c’est passablement déstabilisant surtout lorsque qu’ils sont relayés par des élus CGT qui apportent ainsi leur caution.
    Comme ma réflexion est basique je me pose toujours cette question dans de telles situations : qui organise, qui écrit, expose… avec quels moyens financiers et humains… et dans quels but.
    lorsque je lit des phrases du type « l n’y a pas de liberté sans nécessité.
    Il n’y a pas de beauté sans la pensée de la beauté Sources» cela sent son bateleur des foires ou marché qui vendaient de mirobolants appareils ou produits qui réglaient tous les soucis de la « ménagère «  ou du « bricoleur » sans la poésie de leur gouaille.
    Alors là : Sciences-Po, Coach, DRH … l’on devine de quel côté de la lutte de classe il se situe. (Même s’il peut y avoir des exceptions).
    Il serait, me semble-t-il, intéressant de se pencher aussi sur cet outil du « colonialisme » idéologique du capitalisme qui va je crois en s’accentuant par l’utilisation de mots, phrases, formules … pseudo scientifiques ou techniques anglo-saxonnes dans tous les médias et réseaux sociaux pour travestir la réalité de la lutte de classe. Tout en ayant bien conscience que cela n’en est qu’un des aspects et que la lutte idéologique est beaucoup, beaucoup plus profonde

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.