Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Une catastrophe démographique: vers une Grèce sans Grecs!

Le capitalisme a accompli en Russie ce qu’une histoire de guerre civile et la deuxième guerre mondiale n’avait pas réussi à accomplir, une chute démographique telle que le renouvellement de la population n’est pas assuré… La situation ici décrite de la Grèce après les exigences de la Troïka est comparable, comme dans bien des pays européens en proie également à l’exode de la jeunesse. L’immigration est aussi un drame, un facteur de sous-développement, en particulier quand il s’agit de jeunes médecins, d’ingénieurs. En outre cette description doit nous alerter ce qui nous attend à nous Français devenus le nouvel État malade de l’UE et que Macron soumet toujours plus à ses diktats (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoire et société).

18/06/2020

Par Dimitris Konstantakopoulos
3 juin 2020

En Grèce, les retraités meurent plus rapidement, l’espérance de vie et la santé générale de la population déclinent. Pour la première fois depuis la fin de la guerre civile (1949), les gens réfléchissent à deux fois avant d’émigrer, des enfants, des jeunes Grecs instruits, privant ainsi le pays du capital humain nécessaire. Les Grecs paient pour former certains des meilleurs médecins d’Europe qui vont ensuite travailler pour les hôpitaux allemands. La population totale de la Grèce diminue en termes absolus et le pourcentage de Grecs d’origine et de conscience dans la population diminue également.

Une population vieillissante, matériellement démunie, qui se sent moralement trahie, dans un désespoir et une insécurité totale, sans aucun droit ni aucune protection, vit aujourd’hui en Grèce!

Même si les méthodes sont différentes, ce qui arrive aux Grecs présente quelques analogies avec ce que les Romains auraient fait aux Juifs en l’an 60 CE.

Il est également assez étonnant que les résultats des politiques de la Troïka soient assez similaires, même si les méthodes sont très différentes, aux plans d’Hitler pour la Grèce, tels que décrits par Winston Churchill dans ses mémoires. Le projet d’Hitler était de transformer la Grèce en une zone de vacances pour les Ariens et de transporter les Grecs au Moyen-Orient.

L’establishment occidental, et pas seulement les Allemands, a toujours été profondément divisé dans son attitude envers les Grecs et la Grèce, reflétant en quelque sorte également sa division entre son aile plus démocratique et son aile plus totalitaire (cette querelle se reflète en quelque sorte de la manière différente dont Oxford et Cambridge voient les anciens Démocratie grecque et Empire romain). Lisez aussi:Comment la «logique allemande» se transforme en irrationalité

Il y avait toujours une forte attitude philhellénique, mais aussi une forte attitude de «haine des Grecs» (comme celle du Premier ministre britannique Disraeli) en Occident. Quant à Samuel Huntington, l’idéologue de la «guerre des civilisations», il classe essentiellement les Grecs comme des «nations ennemies», avec les Russes. Les chrétiens orthodoxes sont pour lui le deuxième pire ennemi après les nations islamiques.

Coup d’État

L’ensemble du programme constituait une violation flagrante des principes fondamentaux de l’ordre constitutionnel grec (qui fait partie du droit européen), des principes fondamentaux sur lesquels l’Union européenne a été fondée et des dispositions clés du droit international.

Selon certains spécialistes, les dispositions de ce programme clairement néocolonial n’ont d’équivalent même dans aucun des programmes du FMI appliqués dans les pays du tiers monde (Pour une analyse approfondie des questions juridiques et même de «changement de régime», le lecteur peut consulter ici le discours d’un des meilleurs spécialistes du droit constitutionnel européen, le professeur Kasimatis).

Ce programme a été appliqué contre la volonté directe des citoyens grecs, qu’ils ont exprimée clairement la seule fois où ils ont eu l’occasion de l’exprimer, lors du référendum de 2015.

Pour imposer ce programme, les principales puissances et institutions européennes, le FMI et les politiciens grecs qui ont collaboré avec eux, ont utilisé les méthodes de la fraude, du chantage, des pressions politiques et économiques, toutes inacceptables en général et dans un cadre prétendument démocratique. Union d’États, de peuples et de nations égaux en particulier. Tous les accords signés par les gouvernements grecs pour appliquer le programme de sauvetage sont le résultat de la coercition et de la violation des principes fondamentaux de l’ordre démocratique national et international. Lisez aussi:Appel à l’archevêque de Canterbury pour la libération de Julian Assange

L’imposition du programme grec était un coup d’État, mais un coup d’État au sens de Carl Schmitt, qui visait à établir un nouveau régime, d’abord en Grèce, puis dans toute l’Europe.

Les institutions démocratiques ne sont plus qu’une simple forme en Grèce, car le programme a en fait aboli les principes de souveraineté populaire, nationale et étatique, du moins en matière de politique économique, la capacité de la société grecque à se reproduire et les bases économiques des parlements, la démocratie. En fait, elle a transformé la Grèce d’un État-nation capitaliste européen et d’une démocratie parlementaire habituels en une nouvelle forme de colonie, une colonie de dettes de la finance internationale opérée par le biais des institutions européennes et du FMI. À l’été 2015, les créanciers ont proposé au gouvernement grec un nouveau programme composé de plusieurs milliers de pages en anglais. Le programme a été traduit par des programmes de traduction automatique en grec en deux jours et a été voté en deux jours. La même procédure a été suivie au printemps 2006.

C’est exactement ce qui fait de l’expérience grecque une opération d’une importance fondamentale pour la transformation du régime social et politique occidental, représentant clairement les principes de la souveraineté populaire et nationale, sur lesquels les régimes occidentaux étaient fondés, du moins en théorie, après la révolution française.

Tout cela peut difficilement être considéré comme une «coïncidence» ou un accident. Les architectes du traité de Maastricht semblent avoir pris en compte un tel scénario et comment l’utiliser, lorsqu’ils ont introduit dans le traité des clauses interdisant la solidarité de l’Union à ses membres. Goldman Sachs a également joué un rôle essentiel depuis le tout début jusqu’à la création du problème de la bulle de la dette grecque, avec ses swaps grecs.

En savoir plus sur https://uwidata.com/11398-a-demographic-catastrophe-towards-a-greece-without-greeks/

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1 Commentaire

  • Papadopoulos G
    Papadopoulos G

    Triste a dire, mais cette synthese correspond a la dure realite. Reste la lutte des travailleurs et rien d’autre. Avec en avant garde le KKE.

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