Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

The Joker, l’anarchiste couronné ou le triomphe de la série B, par Danielle Bleitrach

Le film Joker(1) depuis que son principal acteur a reçu un très mérité oscar d’interprétation masculine passe à nouveau en salle. Donc voici la critique que nous en faisions lors de sa sortie cet été: c est une très grande réussite cinématographique, un renouvellement des films de super héros vers le film d’auteur et ceci à travers un travail de mise en scène et de direction d’acteur . Il s’agit d’ailleurs moins de direction d’acteur que de la capacité qu’ont les grands d’intervenir dans la mise en scène par l’improvisation, leur déplacement dans l’espace et leurs trouvailles:   par exemple aller se réfugier dans le réfrigérateur,  ce ventre maternel vide, malade, hostile, destructeur… une performance d’acteur digne des grands de l’actors studio, un travail sur le corps, sur la gestuelle, qui montre ce que le cinéma des Etats-Unis recèle encore de potentialité en matière d’écriture…

La mise en scène fait exploser un genre complètement idot mais spectaculaire et la force d’Hollywood c’est de ne pas renoncer au spectacle. le genre est totalement renouvellé:  il y a abandon des effets spéciaux au profit d’un travail sur les foules, une utilisation des couleurs, un montage alterné, des cadrages parfaits presque un retour aux films noirs. Le tout  confère une logique aux errances d’un cerveau malade et pourtant qui est celui dans lequel se reconnaissent les masses opprimées .

Oui c’est la lutte des classes, comme celle des manants du moyen âge, des croquants, mais là ce sont des consommateurs d’objets, de télévision, de programmes humiliants, et la  violence gratuite qu’ils subissent quotidiennement finit par se retourner en violence de masse tout aussi gratuite. C’est une société psychotique à force de maltraitance où la folie n’est plus soigné parce qu’on supprime jusqu’aux programme sociaux de traitements d’ultime confort.

Nous éprouvons une telle empathie pour le malheureux malade, prolétaire dénué de tout dans ses vains efforts pour attirer l’amour qui lui est refusé, cela réveille en nous tant de plaies,  que nous adhérons à ses crimes en étant soulagés de les lui voir commettre.

Donc nous assitons à un retour au-delà des effets spéciaux vers le réalisme, voir la lutte des classe… Oui mais, car il y a un mais… J’ai pensé en sortant à la phrase de Woody Allen quand il a découvert les images du 11 septembre et de la destruction des tours: « pourquoi ces gens qui nous détestent empruntent-ils les images de nos séries B ? « . Et je me suis dit que le Joker en matière de destruction c’était de la roupie de sansonnet face à Trump, au clown du système…

Et là, on mesure que face à ce véritable clown tragique et maquillé de sourire amicaux et féroces que sont les USA et leurs vassaux il n’y a rien d’autre dans ce film rien pour les masses opprimées que de devenir un bref temps d’explosion qui se referme aussitôt sur le couloir d’un asile,  le pendant exact de cet anarchiste courronné (selon le mot d’Artaud sur heliogabale, l’utime visage de l’empire romain, mourant dans les latrines du cirque où il se faisait sodomiser par les gladiateurs) et de réinterpréter les méchants des superhéros.

l’espèce de joie morbide éprouvée lorsque les avions ont pénétré les tours est assez comparable à celle que l’on peut éprouver dans ce film en voyant la folie qui s’empare de Gotham city et la manière dont elle sacre le joker comme le roi de ces rebelles sans cause.

Voilà en fait pourquoi je tiens tant à ce qu’il y ait un parti communiste parce que les communistes sont les seuls qui me paraissent en état de reconstruire un collectif capable d’opérer la transition vers une autre société. ceux qui comme Fidel Castro voyant les images des tours en flamme disait que c’était là un acte criminel et imbécile et avait aussitôt proposé des médecins pour soigner les gens victimes de cette violence gratuite qui ne menait nulle part sinon à un surcroît de violence d’un empire comme une bête déchaînée. Les communistes sont les seuls à avoir le sens de ceux qu’il faut protéger et ceux qu’il faut combattre sans se laisser prendre à cette souffrance généralisée qui s’attaque d’abord à soi-même et ne mène nulle part.

Je rappelle la fin de mes mémoires :
‘De quoi as-tu peur m’a demandé ma mère?
ma conviction est qu’il n’y aura jamais de changement révolutionnaire sans violence et ce non pas parce que les révolutionnaires auront une stratégie violente et multiplieront les actes de destruction gratuits comme les petits bourgeois, mais parce que jamais le capital et la bourgeoisie ne lâcheront le pouvoir sans avoir détruit un maximum de ce qui est vivant autour d’eux. Tout l’art politique consiste désormais à s’en prémunir en sachant qu’elle est inévitable.

Danielle Bleitrach

(1) Joker est un film réalisé par Todd Phillips avec Joaquin Phoenix, Robert De Niro. Il reprend un personnage de Batman, un des « méchants » que le superhéros chauve souris affronte dans un Gotham (New York) en crise. Là, la chauve souris a disparu, notons que Batman chez Tim Burton avait déjà « une araignée dans le plafond » expression pour dire qu’il était un grand malade. Mais c’est un milliardaire qui n’a pas de super-pouvoirs mais des gadgets en quantité. Joker lui est un misérable qui tente vainement de survivre dans le sillage des puissants et qui finit dans une folie meurtrière contagieuse et qui est aussi comme Batman un consommateur effréné… .

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