Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

BlackRock abandonne le marché de la reconstruction ukrainienne

Parfois on se dit qu’il suffit de s’intéresser aux mouvements du capital pour voir la réalité que la propagande qui n’a aucune faille désormais en France, du moins dans les forces – encore – représentées au parlement, les charognards des guerres de l’empire désertent le terrain ukrainien. Comme nous l’avons vu, une partie de cet « etablissement » qui unit Bush et Obama dans des pseudos hostilités à l’égard de Trump pour mieux prendre le relais, retire ses intérêts et envisage de remplacer Zelensky pour un pouvoir de coalition qui tentera de sauver ce qui peut l’être des « investissements » en s’accordant avec Moscou dont il serait bien dangereux de prévoir trop rapidement un successeur à Poutine. (note de Danielle Bleitrach, traduction et commentaires de Jean-Luc Picker).

Traduction d’un article de l’Agence Bloomberg préparé par Daryna Krasnolutska, Harry Wilson, Joe Deaux, Silla Brush et Katherine Griffiths

Résumé exécutif

  • BlackRock arrête de chercher des investisseurs pour abonder son fonds de reconstruction en Ukraine. Les financiers ont montré peu d’intérêt et BlackRock luli-même doute du futur de l’Ukraine.
  • Le fonds devait être inauguré à la conférence pour la reconstruction de l’Ukraine qui doit se dérouler à Rome. L’idée de cette conférence avait été lancée par des organismes soutenus par les gouvernements allemands, italiens et polonais.
  • L’incapacité du fonds à s’assurer d’un soutien du gouvernement états-unien a contribué à miner ses perspectives futures. La France travaillerait à mettre en place un fonds de financement alternatif  (NdT : bonne chance !)

La société financière BlackRock Incorporated a arrêté depuis quelques mois sa recherche d’investisseurs pour participer à son fonds de reconstruction de l’Ukraine. Selon des initiés, sa décision fait suite à l’élection de Donald Trump et au relâchement des liens entre les USA et le pays d’Europe Orientale.

Nos informateurs, qui ne souhaitent pas être identifiés comme révélant des informations confidentielles, ont requis l’anonymat. Ils nous confirment néanmoins que le fonds, qui devait être annoncé la semaine prochaine lors de la conférence de reconstruction de l’Ukraine à Rome, était sur le point d’obtenir le soutien d’organismes soutenus par les gouvernements allemands, italiens et polonais. Malgré ces succès initiaux, BlackRock a décidé en janvier de suspendre ses discussions avec ces investisseurs institutionnels à cause d’un manque d’intérêt de leur part et à cause de l’incertitude plus marquée sur le futur de l’Ukraine.

Durant sa campagne électorale, Donald Trump promettait de mettre un terme à la guerre en Ukraine. Il assurait pouvoir conduire son président, Volodymyr Zelenskiy et son homologue russe Vladimir Poutine à s’asseoir à la table des négociations pour aboutir à la paix. Mais, depuis son élection, le président états-unien s’est plusieurs fois opposé avec ces deux hommes. Il n’a par ailleurs pas réussi à formuler un plan cohérent pour arriver à la paix, tout en signalant qu’il mettrait fin au soutien militaire que les USA apportent à l’Ukraine.

Financement de la reconstruction

En décembre déjà, le gouvernement états-unien brillait par son absence de la liste des soutiens au fonds de BlackRock.

Selon les déclarations faites dès mars 2024 par le vice-président de BlackRock, Philipp Hildebrand, le Fonds de Développement de l’Ukraine était pourtant sur le point de remplir ses objectifs. Il avait obtenu la promesse de plus de 500 millions de dollars états-unien de la part de banques de développement et d’autres fournisseurs de subventions, tout en ayant réuni 2 milliards en provenance d’investisseurs privés. Hildebrand, un des principaux financiers responsables du projet, affirmait alors leur capacité à réunir un consortium d’investisseurs en capital et en gestion de la dette qui serait en mesure de financer à hauteur de 15 milliards les demandes de reconstruction de l’Ukraine. Le volume total de la reconstruction suite à l’invasion russe est quand à lui estimé à plus de 500 milliards de dollars, selon une étude, corroborée par d’autres, que la Banque Mondiale a publié en février.

Un responsable de BlackRock a confirmé que la société avait fini dès 2024 son programme gratuit de conseil aux investisseurs dans le cadre de la participation à ce fonds. Il a aussi affirmé que la société n’avait pas de ‘mandat actif’ du gouvernement ukrainien. Selon lui : « les seuls éléments qui guident nos décisions sont les discussions que nous avons avec nos clients ».

Toujours selon nos sources, BlackRock devait dévoiler le fonds en Italie, au cours de la conférence pour la reconstruction de l’Ukraine organisée les 10 et 11 juillet, bien que cela n’ait pas été confirmé publiquement. L’Italienne Meloni et l’Ukrainien Zelenskiy avaient quant à eux annoncé leur participation à cette conférence. Ni le porte-parole de la présidente, ni celui du ministère des affaires étrangères n’ont répondu à nos questions à ce sujet.

Les mêmes personnes nous ont informés que la France travaillait de son côté à une autre proposition de fonds de financement pour remplacer l’initiative avortée de BlackRock. Mais il n’est pas certain que cette nouvelle entreprise soit viable sans le soutien états-unien.

Commentaires du traducteur

Merci à Kit Klarenberg d’avoir signalé cet article révélateur du sort réservé à l’Ukraine.

Il semble décidément que ce soit le sauve-qui-peut sur le pont de la frégate en perdition qu’on appelait Ukraine !

Au-delà, la décision de BlackRock de sauter dans le dernier canot de sauvetage vient aussi rappeler la fameuse citation de Kissinger : « il est dangereux d’être l’ennemi des USA, mais il est létal d’être son ami ». *

Dans le monde capitaliste, là où va la finance, va le monde. Zelensky peut bien prier aux chevilles de Trump qu’il lui accorde quelques missiles pour ses patriots. L’empire est déjà passé à autre chose. Ce sera soit l’alignement de la Fédération de Russie sur ses projets contre la Chine, soit la continuation de la guerre par Pologne, Roumanie et consorts interposés. Dans tous les cas, l’Ukraine n’a plus de nom. Et il n’y a donc plus besoin de Fonds de Reconstruction.

*  Au passage, la citation de Kissinger, verbale et rapportée, si souvent reprise, a une tout autre signification lorsqu’elle est réintroduite dans son contexte : « Si Thieu (NdT : le dirigeant mis en place par les US au Vietnâm en 65) connaît le même sort que Diem (NdT : celui mis en place par les mêmes en 1955 et assassiné en 1963), cela enverra au monde entier le message que, s’il est dangereux d’être l’ennemi des USA, il est létal d’être son ami ».

Ceci dit, l’utilisation de cette citation pour mettre en évidence la traîtrise des USA dans leurs relations internationales a si souvent touché au but, que je n’hésite pas à la reprendre ici.

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1 Commentaire

  • Willem
    Willem

    Merci.

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