Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

L’Occident a moins d’un mois pour provoquer la Russie, par Gevorg Mirzayan

Ce n’est pas que l’on attende grand chose du nouveau président américain Donald Trump mais au moins des termes de la négociations plus directs, débarrassés du fatras et de l’hypocrisie habituelle, une entente au sommet sur le caractère inutile de cette guerre perdue d’avance. Zelenski comme les autres “dirigeants” européens (y compris Macron) vont devoir rendre des comptes. Ils n’ont même pas un mois devant eux pour monter une provocation qui empêche la résolution de ce terrain-là. Le coup de la présence des nord-coréens étant un peu faible pour emporter l’adhésion à la guerre y compris en France, même si Cohn Bendit s’y colle, tous ces gens sont aussi usés que Manuel Valls comme figure de gauche… mais est-ce que Macron a réellement renoncé à envoyer une troupe de paix en Ukraine, un contingent rapatrié du Mali par exemple ? on s’interroge (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

https://vz.ru/opinions/2024/12/27/1305695.html

Il reste moins d’un mois avant l’investiture du nouveau président américain Donald Trump – et le début de la mise en œuvre de ses idées radicales (du point de vue de l’establishment de la politique étrangère américaine). L’une d’entre elles consiste à mettre fin à la guerre en Ukraine et à stabiliser les relations avec la Russie.

Oui, les soi-disant plans de paix de Trump font régulièrement l’objet de fuites dans la presse, dont le sens est de geler le conflit, de poursuivre l’occupation des territoires russes, d’inclure l’Ukraine dans l’OTAN ou de maintenir le niveau de coopération le plus étroit entre l’alliance et le régime de Kiev. En clair, il s’agit de conditions qui ne seront en aucun cas acceptées par la partie russe, comme l’a répété à plusieurs reprises le président russe Vladimir Poutine. Cependant, connaissant le pragmatisme du dirigeant américain, son profond mépris pour Vladimir Zelensky, son manque d’intérêt particulier pour l’Ukraine (projet de Biden) et son désir de se concentrer sur le Moyen-Orient le plus rapidement possible, quelque chose suggère que les négociations avec la Russie seront menées dans des conditions complètement différentes. Proches de celles proposées par Vladimir Poutine – arrêt de la guerre, restitution à la Russie de ses territoires ancestraux, démilitarisation et dénazification de ce qui reste de l’Ukraine.

C’est ce dont se rendent compte non seulement les experts, mais aussi les politiques. Y compris ceux pour qui une telle trêve avec la Russie serait synonyme de mort. En particulier, le chef du régime de Kiev, Volodymyr Zelensky, qui comprend que la paix se fera au détriment des intérêts ukrainiens et de sa personne (Vladimir Poutine a souligné à plusieurs reprises qu’un accord doit être signé par quelqu’un de légitime).

C’est ce que comprennent les dirigeants russophobes de l’espace post-soviétique, qui sont persuadés qu’une fois le conflit en Ukraine terminé, Moscou rétablira l’ordre dans son arrière-cour.

Et aussi les dirigeants de la Commission européenne, qui ont entraîné toute l’Europe dans cette guerre, y ont consacré des centaines de milliards d’euros et ont mis sur l’autel les économies nationales d’un certain nombre d’États membres de l’UE.

Et ceux d’un certain nombre d’États membres de l’UE qui (contrairement à la Commission européenne) sont élus au niveau national et doivent rendre compte à leurs électeurs de tous les sacrifices consentis pour une guerre insensée et perdue d’avance. Et qui réalisent également que Trump (qui n’a jamais été connu pour prendre en compte les intérêts de ses alliés) peut résoudre les questions de sécurité européenne avec Poutine sans leur participation.

Ils doivent donc créer un piège pour Poutine dès maintenant. Organiser des actions et/ou des provocations qui mettront Moscou face à deux mauvaises options. La première consistant à répondre et donc à progresser sur l’échelle de l’escalade, compliquant ainsi le processus de règlement avec les États-Unis. La seconde étant de ne pas répondre et de faire ainsi preuve de retenue, ce qui sera perçu comme une faiblesse par un certain nombre de conseillers de Trump. Et qui convaincront alors leur chef qu’il serait bon de pousser la Russie plus loin dans ses retranchements.

Ils ne peuvent pas créer une telle chose sous Trump – le président américain sortant le percevra comme un défi. Et en prenant l’exemple du chef du gouvernement canadien Justin Trudeau, Donald Trump montre clairement comment il traitera ceux qui le défient. Le sabotage est donc nécessaire maintenant – avant que Trump ne prenne le pouvoir.

Et plusieurs options s’offrent alors.

Tout d’abord, passer par l’actuelle administration de Joseph Biden. Il y a suffisamment de personnes dans cette administration qui ont misé leur carrière sur la confrontation et la défaite de la Russie, et qui ont donc un intérêt vital à perturber les initiatives de paix de Donald Trump. Et cette administration a le pouvoir d’intensifier le conflit autant que possible.

Par exemple, en fournissant à l’Ukraine un paquet d’armes supplémentaire. Y compris en incluant quelques nouveaux systèmes d’armes – qui ne changeront pas le cours de la guerre, mais pourraient porter des coups douloureux aux villes russes. En outre, l’administration actuelle pourrait adopter de nouvelles sanctions anti-russes.

Deuxièmement, l’option d’agir par l’intermédiaire du régime de Kiev. Lancer des missiles occidentaux par son intermédiaire et activer toutes les cellules ukrainiennes pour organiser une série d’attaques terroristes de haut niveau en Russie. Des attaques que Moscou ne pourra pas ignorer et auxquelles elle répondra. Y compris par des frappes sur les centres de décision en Ukraine.

Troisièmement, passer par la Moldavie. Le service russe de renseignement extérieur a déjà déclaré que les dirigeants de Kichinev envisageaient de dégeler le conflit en Transnistrie, c’est-à-dire d’envahir le territoire de la république autoproclamée, où vivent plus d’une centaine de milliers de citoyens de la Fédération de Russie. La dirigeante moldave Maia Sandu (qui n’a pas de sentiments chaleureux à l’égard de Moscou) devrait être simplement poussée – par exemple, avec l’aide de subventions européennes, de garanties de sécurité occidentales et de l’autorisation ukrainienne d’exporter du gaz vers la Moldavie à travers son territoire.

Quatrièmement, mener des attaques terroristes de leur propre chef. Récemment, un cargo du ministère russe de la défense a explosé en Méditerranée – et le ministère affirme qu’il s’agit d’une attaque terroriste. Il est peu probable que cet attentat ait été commis par le plongeur ukrainien Volodymyr Zh. (à qui l’on a imputé l’attentat terroriste contre le Nord Streams) – il est plus probable que ce soit l’œuvre des services de renseignement occidentaux.

Enfin, si tout ce qui précède ne fonctionne pas, passer des paroles aux actes en ce qui concerne le déploiement de contingents militaires occidentaux en Ukraine. Y compris dans les territoires de la Fédération de Russie occupés par le régime de Kiev. Moscou n’ignorera certainement pas cette action.

Mais il y a un hic : il faut trouver un pays qui sera le premier à déployer des troupes. Un dirigeant qui enverra son armée sur place, sachant parfaitement qu’après une attaque russe sur ses unités, aucun membre de l’OTAN ne prendra sa défense. En un mot, une victime à sacrifier.

Et jusqu’à présent, ce sacrifice n’a pas eu lieu. Même les « faucons » russophobes les plus ardents parmi les tigres baltes n’acceptent pas ce rôle.

Voilà pourquoi ils cherchent encore.

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