Si l’on doit plus que jamais se mobiliser pour la paix et si l’alerte de Fabien Roussel sur la politique de Macron qui derrière les USA se livre à une escalade belliciste qui ne satisfait que les marchands d’armes est à la hauteur des coups portés d’abord contre le peuple français, on peut néanmoins s’interroger sur le sens de ces démonstrations dangereuses mais vaines du nord impérialiste, comment après Kazan, après le G20 analysés ici par Novikov se pose le nouveau rapport des forces mondial. Le plus vraisemblable est que face au nouveau rapport de forces international autant que celui sur le champ de bataille, les négociations ont déjà commencé et la Chine les mène (je vous recommande l’article de Global Times sur l’arrivée du nouvel ambassadeur chinois à Kiev pendant que Zelensky s’étrangle de rage). Mais ce rôle de la Chine comme le montre Novikov n’a pu se développer que parce qu’elle avance en tant que force de progrès sur les aspirations des peuples, celle des communistes. La Russie a hérité de ce combat y compris dans sa tradition diplomatique à l’œuvre à Kazan, ce qui ne fait pas d’elle un impérialisme à la recherche de sa propre suprématie mais le leader des peuples du sud. Nous l’avons déjà analysé dans notre article sur Chavez et Poutine, comment le nationalisme de ce dernier a dû mettre ses pas dans ceux de l’URSS et alors pourquoi la rencontre entre la Chine et la Russie est devenue objectivement nécessaire. (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)
https://kprf.ru/party-live/cknews/230324.html
Les pays occidentaux sont contraints de prendre en compte l’opinion des représentants du Sud, y compris en ce qui concerne la Russie et l’Ukraine. C’est ce qu’a déclaré le vice-président du comité central du KPRF, D.G. Novikov, sur la chaîne de télévision Zvezda.
La présentatrice Natalia Metlina a proposé de commencer la conversation par le sommet du G20 qui s’est achevé à Rio de Janeiro. L’invité du studio s’est vu demander quelles étaient les principales différences entre ce sommet et la réunion de l’organisation de l’année dernière à New Delhi.
Selon Dmitri Novikov, il n’y a pas eu de changements fondamentaux. Il a rappelé que le G20 n’est pas un gouvernement mondial, mais un club d’États qui se réunissent périodiquement, discutent des problèmes et font des déclarations importantes, mais pas plus que cela : « L’importance du sujet de l’Ukraine lors de ce sommet a été réduite, bien que, si je me souviens bien, Zelensky n’était pas non plus présent à New Delhi. Lula da Silva, président du Brésil et hôte du sommet, a d’abord parlé de son refus de politiser le forum et de son désir de discuter des problèmes qui concernent la majorité du monde ».
« L’augmentation constante de la pauvreté dans le monde est un fait. Pour le président du Brésil, en tant que représentant des forces de gauche, cet ordre du jour est très important. C’est pourquoi, cette fois-ci, la discussion sur les questions climatiques s’est poursuivie, mais un accent particulier a été mis sur l’initiative mondiale de lutte contre la pauvreté », a souligné le représentant du KPRF.
Dmitri Novikov a également expliqué pourquoi la déclaration commune ne contenait aucune critique à l’égard de la Russie. « Le G20, note l’homme politique, comprend également les États représentés au sein des BRICS. Ils se sont récemment réunis à Kazan, et le forum a été très fructueux. Les plus grands pays – la Chine et l’Inde – tentent d’atténuer les tentatives de l’Occident de diaboliser la Russie sur toutes les plateformes. Cette fois encore, ils sont restés fidèles à eux-mêmes ».
D’un autre côté, les pays occidentaux eux-mêmes sont dans un état de suspension, attendant un « revirement » à la Maison Blanche. Tout le monde se demande si Trump sera fidèle à lui-même en tant que président, s’il y aura un changement radical dans la politique américaine ou non. Étant dans un tel « mode d’attente », les participants du côté européen ne font pas de « mouvements brusques ». Lorsque la situation au sein de l’OTAN sera plus claire, ils espèrent être en meilleure position pour le prochain sommet.
Dmitri Gueorguiévitch reconnaît que les hommes politiques occidentaux se sentent très mal à l’aise. Lorsque Scholz ou Macron ont de nombreux problèmes politiques et économiques, la situation est également difficile dans les relations avec les États-Unis, leur principal allié, protecteur et point de référence. Selon M. Novikov, cela devient un facteur de peur pour un certain nombre d’hommes politiques européens, non pas pour l’avenir de leur pays, mais pour leur propre carrière politique.
Le présentateur a proposé de s’attarder sur la création de l’Alliance mondiale de lutte contre la pauvreté. Le ministre russe des affaires étrangères, Sergei Lavrov, a annoncé l’adhésion de la Russie à cette initiative. Il s’est notamment dit prêt à partager son expérience dans le domaine des repas scolaires et du développement des exploitations agricoles. Comme l’a souligné Dmitri Novikov, l’assistance de la Russie aux pays les plus pauvres d’Afrique en matière de fourniture de céréales et d’engrais peut s’y ajouter. « Nous pouvons en effet nous engager immédiatement dans la mise en œuvre de cette initiative », a-t-il déclaré avec confiance.
Précisant que les communistes ont toujours été proches du peuple, Natalia Metlina a demandé si l’aide aux pays lointains pouvait susciter le mécontentement de l’opinion publique. Comme l’a souligné son interlocutrice, le terme « monde global » n’est pas sans raison. Plus il y a de points de tension dans le monde d’aujourd’hui, plus il y a de risques de conflits locaux, mais aussi de guerre mondiale. Tout le monde en souffrira. Notre pays, a rappelé le parlementaire communiste, a été victime de la Première et de la Seconde Guerre mondiale. La Russie est trop grande pour être exclue des bouleversements mondiaux.
D’autre part, a poursuivi l’invité, nous avons des problèmes économiques liés à l’héritage des années 1990. Le KPRF explique en détail comment les résoudre dans son programme de la victoire. Voici le titre du principal document actuel du parti : « Après les injections dans l’agriculture, la Russie progresse dans le domaine des céréales et des autres cultures. Mais en raison du sous-développement de l’élevage, nous ne pouvons pas transformer tout ce qui est produit, en particulier les céréales. Il y a un excédent par rapport aux besoins du marché intérieur. C’est pourquoi nous vendons des céréales et nous pouvons participer à des projets humanitaires. La Russie a des obligations et si nous ne participons pas avec des céréales, nous devrons participer avec de l’argent ».
Par ailleurs, l’animatrice de l’émission a fait référence à l’opinion du politologue Alexei Moukhin sur la concurrence croissante entre le G20 et les BRICS. Commentant ce point, M. Novikov a de nouveau fait remarquer qu’aucun de ces groupes n’est un bloc. Il n’y a pas de discipline dans ces alliances en ce qui concerne les questions militaires ou le respect des accords économiques. Il ne s’agit pas de l’OMC, qui a ses propres restrictions et quotas. Le G20 et les BRICS sont donc des clubs de pays.
« Par ailleurs, a souligné Dmitri Novikov, nous assistons à une certaine dynamique : le rôle du G20 diminue et celui des BRICS augmente. Il s’agit d’un processus objectif. Face à la croissance des économies non occidentales, l’Occident perd du terrain. Des pays comme la Chine, l’Inde, le Brésil et le Vietnam veulent une nouvelle subjectivité qui corresponde à leur potentiel croissant. Les États-Unis et l’Europe perdent des occasions de dicter leur conduite, en raison de leur nervosité et de leurs crises politiques internes.
Notant que le rôle du G20 en tant que club de coordination d’intérêts divers est en train de décliner avec le renforcement des BRICS, le vice-président du comité central du KPRF a souligné que cela pourrait ne pas toujours être le cas. Si les États-Unis et l’Europe abandonnent leurs aspirations hégémoniques, le G20 pourrait devenir un outil très utile pour harmoniser les intérêts entre différents pays et régions.
À la demande de l’animatrice de l’émission, Dmitri Novikov a exprimé son opinion sur les négociations entre l’Union européenne et l’alliance latino-américaine Mercosur sur une zone de libre-échange. Selon l’homme politique, la conclusion d’un accord dans un avenir proche est peu probable. Ces associations ne sont pas si monolithiques que cela, leur cohérence interne n’est pas si grande. En outre, il existe toutes sortes de préoccupations, des gouvernements aux agriculteurs. Les producteurs européens ont déjà été durement touchés. Ils craignent un afflux de produits agricoles en provenance de pays où la main-d’œuvre est bon marché et le climat plus favorable. Les négociations sur l’unification des deux marchés communs sont donc encore loin d’être achevées.
Dmitri Novikov a également dressé le bilan du sommet de l’APEC qui s’est tenu à Lima. Selon lui, l’Occident n’a pas réussi à entraîner cette association dans un agenda anti-russe. Les pays du Sud n’ont nullement oublié qu’ils ont souffert des politiques coloniales des puissances occidentales. Ils considèrent que l’aspect anticolonial des actions de la Russie visant à contrer les aspirations hégémoniques des États-Unis et de l’OTAN est important pour eux. Cela se manifeste dans tous les formats, des BRICS à l’APEC.
Lors du sommet de Lima, le président chinois Xi Jinping a déclaré qu’il était prêt à travailler avec la nouvelle administration américaine. L’animateur a demandé comment leurs relations futures affecteraient les liens sino-russes. Le vice-président du comité central du KPRF a déclaré qu’il ne croyait pas que la volonté rusée de quelqu’un, y compris celle de Trump, permettrait de semer la discorde entre la Russie et à la Chine. Le niveau de notre compréhension mutuelle est extrêmement élevé, et c’est naturel.
« Quant à Trump et à son administration, deux facteurs les inciteront constamment à poursuivre des politiques antichinoises. Premièrement, l’économie chinoise croît plus rapidement que celle des États-Unis. Cela signifie que la RPC peut investir davantage dans la défense, l’économie, la culture, la science, l’espace – tout. Bien entendu, Washington y voit une menace. Le deuxième point est purement idéologique. Lorsque Trump s’est mis à insulter ses adversaires pendant la campagne électorale, il a utilisé les mots « communistes » et « marxistes » comme les jurons les plus forts. Et en Chine, le parti communiste est le parti au pouvoir. Oui, tactiquement, les États-Unis peuvent faire des pas en arrière ou en avant, mais la tendance fondamentale est la détérioration des relations entre les États-Unis et la Chine », a déclaré le porte-parole du Parti communiste.
Dans le même temps, le conseiller à la sécurité nationale du président américain, Jake Sullivan, a fait état d’un accord « important » entre Pékin et Washington sur la question du contrôle humain des armes nucléaires. Comme l’a souligné Dmitri Novikov, plusieurs types de consultations ont été et sont encore menées entre la Chine et les États-Unis sur la limitation de la prolifération des armes nucléaires. Mais l’actuelle administration de la Maison Blanche a exprimé son mécontentement face aux capacités militaires croissantes de la RPC. L’équipe Trump le fera d’autant plus. Selon certaines estimations, l’arsenal nucléaire de la Chine a augmenté de 20 % au cours des trois dernières années.
Dmitri Novikov a également évoqué la mise à jour de la doctrine nucléaire russe, soulignant que son apparition était une démarche attendue. Dans notre pays, cette nouvelle doctrine est accueillie très favorablement. En particulier, comme l’a souligné le député communiste, Guennadi Andreievich Ziouganov, président du comité central du KPRF, a donné des évaluations élogieuses du document.
« Nous devons comprendre que, d’une part, la Russie est en train d’éliminer les lacunes dans le développement de plusieurs branches du complexe militaro-industriel. D’autre part, le thème de la dissuasion nucléaire ne disparaît pas. Moscou améliorera les armes nucléaires pour assurer la défense du pays. Cela ne signifie pas que si demain nos adversaires frappent le territoire russe avec des armes conventionnelles, nous devrons répondre avec des armes nucléaires. Nous disposons de suffisamment d’armes conventionnelles pour répondre à toute provocation. Nous ne menaçons personne avec des armes nucléaires, mais nous avons l’intention de nous défendre. La Russie a les moyens de défendre ses intérêts nationaux », a déclaré M. Novikov.
Natalia Metlina a attiré l’attention sur le fait que, dans la déclaration finale du sommet du G20, l’Occident a salué les mesures prises en faveur d’une paix durable et globale. Et immédiatement, les pays occidentaux autorisent Zelensky à frapper profondément en Russie. Pour expliquer cette contradiction, Dmitri Georgievich a fait remarquer que la signature d’une déclaration finale lors de grands sommets n’est possible que lorsque les participants évitent les angles vifs. Personne ne veut que les forums se terminent par un scandale. C’est ainsi que les déclarations aboutissent à des formules acceptables par tous.
« Tout le monde s’engage pour un monde juste », note le représentant du KPRF. – Biden a-t-il jamais dit qu’il était contre ? Par ailleurs, pour les États-Unis, un monde juste ne ressemble pas du tout à ce qu’il est pour la Chine ou la Russie. Les autorisations que les pays de l’OTAN auraient données à Zelensky pour frapper la Russie en profondeur ne sont pas documentées. Périodiquement, les dirigeants occidentaux se mettent à faire marche arrière. Tout cela ressemble davantage à une préparation informationnelle à la possibilité qu’une solution émerge réellement. La logique générale de l’Occident est la suivante : nous gardons la poudre sèche et nous la fournissons même en partie à M. Zelensky.
Selon Dmitri Novikov, le monde moderne est dans une spirale de confrontation croissante. Et les dirigeants des pays européens ne peuvent pas sortir de la logique du conflit, même en sachant que demain d’autres signaux peuvent venir des Etats-Unis.
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