Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Entrer dans la guerre mondiale ? Achat massif d’armes et “instauration d’une économie de guerre” contre les revendications

Depuis hier, entre deux démonstrations de soutien à la position du gouvernement sur les retraites, les amuseurs de plateaux de télévision ont accéléré leur propagande en faveur de la guerre. Ils sont allés jusqu’à présenter les scandaleuses déclarations de Rob Bauer, président du Comité militaire de l’OTAN, le plus haut poste de la plus haute institution de l’OTAN comme des positions défensives. Rob Bauer, un amiral de la marine royale néerlandaise, a déclaré à une chaîne de télévision portugaise, RTP, que l’OTAN se concentrait sur le réarmement mais que l’alliance était « prête» pour une confrontation directe avec la Russie alors que le pays continue de se battre en Ukraine. Rob Bauer, qui préconiserait une « économie de guerre en temps de paix », a ajouté qu’il était important pour les pays de l’OTAN d’orienter la production industrielle civile vers des objectifs militaires (1). Et après l’énorme budget militaire annoncé par Macron qui refuse dans le même temps le nécessaire aux Français en matière de retraites, comme de salaires face à l’inflation, nous voyons bien la logique de cette “économie de guerre” dans laquelle le président français comme ses homologues nous installent – avec une presse dont les principaux propriétaires sont en France des marchands d’armes. Cependant, des experts militaires chinois ont mis en garde contre l’implication de l’OTAN dans la guerre en Ukraine, notant que le « danger d’une ‘nouvelle guerre mondiale’ en Europe augmente », a rapporté dimanche le Global Times, un média d’État chinois alors même que le secrétaire de l’OTAN visite la Corée du sud et y vend sa guerre, avec des propositions de réarmement. (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société)

Bulletin Comaguer n°50430 Janvier 2023 :

Entrer dans la guerre mondiale ?

Nous diffusons la traduction du texte publié ce jour par le journal allemand Junge Welt. Sarah Wagenknecht est une élue du parti de gauche DIE LINKE que nous respectons pour son courage politique mais elle ne représente pas, pour l’instant, la position majoritaire de ce parti sur la guerre d’Ukraine.

Nous faisons totalement nôtre la citation de Brecht qui conclut l’article en soulignant une nouvelle fois qu’agiter l’épouvantail nucléaire nous semble susceptible de tétaniser la raison alors que la fin de la guerre d’Ukraine sera politique donc raisonnée.

Nous irons, autant de fois qu’il faudra, dans la rue comme nous y invite Sarah Wagenknecht pour affirmer que, face à Mr le Président de la République française qui annonce le 20 janvier un énorme programme militaire de 413 milliards d’Euros et qui essaie en même temps de nous faire les poches pour un éventuel déficit de quelques milliards en 2030 de la Sécurité Sociale et au détriment de la santé publique, nous sommes, nous, les raisonnables.

Traduction depuis l’italien par Deepl avec relecture Comaguer

***

Entrer dans la guerre mondiale

par Sarah Wagenknecht

La soif d’armes des dirigeants ukrainiens semble sans limite. Dès que les États-Unis et l’Allemagne ont annoncé qu’ils fourniraient des chars “Léopard“ et ”Abrams” à l’Ukraine, le président ukrainien Zelensky a demandé des avions de combat et des missiles.

Mercredi au Bundestag le chancelier Scholz a exclu la livraison d’avions de combat ou le déploiement de troupes au sol. Mais après avoir tracé plusieurs fois des lignes rouges pour les franchir peu après, quelle est la crédibilité de ces propos ? Les premières discussions entre le chef de l’OTAN, M. Stoltenberg, et M. Zelensky sur la livraison de bombardiers nucléaires F-35 sont déjà en cours, et les États-Unis et la France n’excluent pas la livraison d’avions de chasse à l’Ukraine.

« Nous menons une guerre contre la Russie », a déclaré la ministre allemande des affaires étrangères lors d’une réunion du Conseil de l’Europe.

Mme Baerbock ne sait-elle pas ce qu’elle dit ? Ou a-t-elle l’intention d’envoyer des soldats allemands pour escorter les chars allemands dans la bataille contre la Russie dans un avenir proche, car il n’y a pas assez de temps pour former les soldats ukrainiens ? Ou bien avons-nous été dupés et cet entraînement a lieu depuis un certain temps, depuis que la décision de fournir des chars Léopard a été prise il y a plusieurs mois ?

Quoi qu’il en soit, sans une intervention directe de l’OTAN, l’Ukraine a peu de chances d’atteindre son objectif de chasser les troupes russes du Donbass et de la Crimée. Il est difficile d’imaginer une victoire sans force aérienne”, a déclaré M. Melnyk, vice-ministre ukrainien des affaires étrangères et admirateur de Bandera.

L’Occident devra donc décider : jouera-t-il à la roulette russe et risquera-t-il une guerre nucléaire pour la victoire de l’Ukraine ? Ou bien les États-Unis et l’OTAN reviendront-ils à la raison et convaincront-ils l’Ukraine d’accepter un compromis de paix ? Mais à quel point est-il cynique d’encourager les dirigeants ukrainiens à envoyer des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de personnes supplémentaires à la mort en fournissant constamment de nouvelles armes ?

Nous sommes sur une trajectoire descendante qui pourrait déboucher sur une guerre mondiale et une apocalypse nucléaire. Et il est également clair que pour entrer en guerre, l’Occident devrait sacrifier les “valeurs” qui ont été utilisées pour justifier la guerre, en particulier la liberté d’expression et la démocratie. Parce qu’un tel pas dans l’abîme pourrait difficilement être rendu acceptable pour la population, même avec une propagande médiatique continue.

“La vérité ne prévaut que dans la mesure où nous prévalons. La victoire de la raison ne peut être que la victoire des raisonnables” – nous devons maintenant nous appuyer sur cette sagesse de Bertolt Brecht en opposant à la coalition de chars et de bombardiers qu’une partie de l’élite dirigeante est en train de forger une grande coalition des raisonnables.

Il faut soulever cette question et résister, sur le lieu de travail, dans les médias, au parlement et dans les rues !

(1) voir https://www.newsweek.com/nato-official-says-alliance-ready-direct-confrontation-russia-1777362?fbclid=IwAR0PzkN1IoWQ58zgRmH79wO764qhTplDFOsUmNU0b2r5bq8hnTtzM6XWMTY

et également : https://www.msn.com/fr-fr/video/actualite/guerre-en-ukraine-le-jackpot-de-l-industrie-militaire-am%C3%A9ricaine/vi-AA16TK3i?ocid=msedgntp&cvid=b6513a86e7164376ac267e3846a47ab0

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8 Commentaires

  • Xuan

    Il me paraît nécessaire de relier la lutte économique et celle pour la paix, en veillant à ne pas diviser la lutte sociale. Il est certain que si l’opposition à la guerre apparaissait même partiellement dans les cortèges, l’enjeu deviendrait extrêmement risqué pour la bourgeoisie.
    Lancer dans les manifestations des slogans destinés à unir le plus grand nombre comme
    “Halte à la guerre ! Halte à la vie chère !” “Non à la course aux armements ! La retraite à 60 ans!”
    “les millions pour nos retraites, pas pour les canons !”
    Actuellement ces slogans ne sont pas encore repris dans la foule mais ils attirent l’assentiment du plus grand nombre. On pourrait aussi afficher des slogans pacifistes sur des pancartes.

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    • Gérard Barembaum
      Gérard Barembaum

      Je précise au camarade Xuan que ces slogans et mots d’ordre sont précisément ceux des militants du PRCF ( dont je ne suis pas membre). Cette même orga a également pris l’heureuse initiative d’appeler à un rassemblement pour célébrer la bataille de Stalingrad le 4 février à Paris.
      Fraternellement.

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      • Xuan

        Merci cher camarade de me le signaler. Si je les avais vus ça m’aurait évité de chercher des formules, mais c’est tant mieux.
        Ça veut dire que nous sommes de plus en plus nombreux a nous orienter dans la même direction. Sur fachobook ces slogans se partagent rapidement aussi.
        Et si la bourgeoisie voyait un mouvement pacifiste naître au milieu du mouvement social, je crois qu’elle commencerait à s’inquiéter sérieusement.

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      • Sined Reitnomud
        Sined Reitnomud

        Commémoration des 80 ans de la Victoire de Stalingrad
        Samedi 4 février 2023
        15 Heures
        sur la “place de la bataille de Stalingrad”
        Paris métro “Stalingrad”

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  • Gérard Barembaum
    Gérard Barembaum

    Je viens de prendre connaissance de l’intervention de Chassaigne sur le guerre lors de la séance des questions au gvt du 31 janvier. Consternant! Dans une première partie il s’aligne totalement sur le narratif otanien et bandériste ( le sinistre Poutine, l'”Ukraine” agressée..) et va jusqu’à rendre hommage au “président” du “parlement” de Kiev présent à l’AN!
    Ensuite il pleurniche en priant le gvt français d’en faire un peu plus pour la”paix”. Honteux. Travailler avec ces gens là? Non merci!
    Fraternellement.

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    • admin5319
      admin5319

      1) pourtant il faudra bien que tu fasses avec parce que c’est déjà une évolution phénoménale par rapport au vote de la résolution 390 alors si tu restes dans un groupuscule idéal mais qui tient dans une cabine téléphonique tu n’iras pas loin, la preuve est faite que l’issue est d’aller là où on a encore des chances de retrouver un potentiel de lutte et pas comme certains PRCF qui non seulement votent melenchon mais en sont à faire de l’entrisme dans FO cadre alors que par ailleurs on a un besoin urgent de leur combat idéologique dans le parti tu n’iras nulle part.
      2) maintenant si comme tout bon réformiste tu crois que la transformation du parti part des élus et tu ne vois qu’eux, et bien tu te trompes, le groupe communiste est à peine un peu moins minable que le reste mais c’est vraiment pas de là que viendra la révolution. Tout se joue dans le parti et là tu devrais y songer…

      Personnellement je n’attends rien de ces gens là, ni de quiconque mais je sais que ce qu’ils sont est le produit d’une époque qu’il faut transformer et je regarfde là où il y a un possible qui va bien au delà d’eux mais dans “les masses qui font l’histoire” et qui produisent alors les individus nécessaires qui n’ont rien à voir avec ce qui est là, ni à l’assemblée nationale, ni à Fabien, ni dans aucun groupuscule, ni dans ce blog, il faut entasser les brindilles et créer les possibles mais franchement m’exciter autour des errances de notables qui n’ont plus depuis trente ans de parti et qui sont donc pris dans le crétinisme parlementaire, je les trouve même remarquables d’être encore assez communistes pour que ce terme représente encore quelque chose pour eux… Nous en sommes tous là…

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      • Gérard Barembaum
        Gérard Barembaum

        Le verre à moitié vide ou à moitié plein..Eternel débat. Merci, chère Danielle, pour cette réponse qui alimente la réflexion.
        Fraternellement et affectueusement.

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  • Xuan

    Un mot encore sur le lien entre la guerre et la vie chère, que la conférence d’hier soir sur la paix a justement mis en relief.

    A part la communauté de vues de l’occident, nous devrions chercher les racines économiques de la participation de notre pays à la guerre, soit dans l’espoir de nouvelles sources de profits en Europe de l’est (d’autant plus que la Françafrique prend du plomb dans l’aile), soit dans la crainte des sanctions US. Dans tous les cas les profits des monopoles sont l’essentiel des motivations.
    Si nous trouvons des éléments qui le confirment, cela veut dire que la livraison d’armes attend un retour sur investissement, et a contrario qu’un échec militaire signerait la fin de tout engagement, voire du conflit lui-même.
    Inversement si les monopoles capitalistes se font essorer par les USA au delà du supportable, alors nous assisterons sans doute à un renversement dans le conflit

    D’autre part le coût social de cet investissement est nécessairement alourdi par la lutte de classe, et aussi par un mouvement pacifiste.
    On ne peut pas exiger qu’un tel mouvement soutienne la lutte contre l’hégémonisme US, c’est-à-dire qu’il prenne parti dans le conflit, ou qu’il relie la lutte de classe à la lutte pour la paix. C’est une opposition indispensable à la guerre, mais les communistes ne s’en tiennent pas là.

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