Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

L’IRAN n’a aucun intérêt à répondre aux provocations israéliennes, un contexte régional et global et les choix impérialistes de la France… par Danielle Bleitrach

Alors que partout mais singulièrement au Moyen Orient, la situation est à un paroxysme de tensions, et que le choix est clair entre la paix par des moyens politiques et diplomatiques ou se préparer à un conflit armé qui peut déboucher sur une guerre mondiale, on peut mesurer désormais qui est dans le camp de la paix et qui cherche la guerre en soutenant partout derrière les Etats-Unis et leurs vassaux l’escalade. En ce qui concerne l’Iran, la provocation d’Israël d’aller frapper le 8 avril 2024 l’ambassade d’Iran, c’est-à-dire le territoire d’Iran lui-même a des équivalents qui ne sont pas des hasards : chercher à tuer la famille d’un des négociateurs du Hamas considéré plus ou moins comme “un planqué” trouve des échos lointains en Amérique latine ou une autre créature des USA, le président de l’Équateur viole lui aussi l’ambassade du Mexique à Quito. Partout on retrouve la même configuration, la partie la plus belliciste du camp de l’occident global qui est en situation d’échec crée les conditions de l’escalade.

Illustration : la surcapacité de l’Amérique à exporter des turbulences Par Carlos Latuff. Ce dessin a été publié par Global Times en réponse à l’accusation de la secrétaire au trésor d’engendrer des crises de surproduction, ce qui comme le note Marx est toujours la définition de la crise par les capitalistes puisqu’ils ne tablent pas sur les besoins mais sur les marchandises qui génèrent du profit.

la destruction de l’ambassade d’Iran à Damas

Il est évident que des représailles de la part de l’Iran même à travers le Hezbollah ou l’extension du conflit dans la mer rouge, là où Israël, la base américaine du Barhein et la présence relativement autonome des Houtis peut déboucher sur la généralisation du conflit. Ce qui est également espéré et exaspéré par des marionnettes en pleine débâcle militaire, qu’il s’agisse de Zelensky ou de Netanyahou lui-même ou des grotesques de l’Amérique latine. Parce que toutes ces mises à feu de la part d’Israël marquent bien l’échec de sa capacité à contrôler Gaza y compris la zone nord qui était théoriquement sous sa coupe. L’extension du front de la part de Netanyahou dit à quel point l’extrême-droite corrompue au pouvoir a besoin de la guerre pour ses intérêts propres qui n’ont même rien à voir avec ceux du peuple israélien et qui n’ont pour issue qu’une volonté génocidaire, l’apocalypse. Israël cherche un prétexte pour frapper l’Iran, y compris avec un “nucléaire ciblé”. Non seulement Israël assume le massacre génocidaire à Gaza alors que c’est un échec militaire et l’attaque du territoire iranien en Syrie mais mercredi, le ministre israélien des Affaires étrangères a déclaré que ses forces répondraient et attaqueraient directement l’Iran si celui-ci faisait le moindre mouvement contre Israël.

Il ne faut pas se faire d’illusion, ils ne peuvent agir ainsi que parce qu’ils bénéficient de la puissance militaro-industrielle des Etats-Unis, même si Biden a besoin pour sa propre campagne de ne pas voir déferler sur lui les conséquences du monstrueux endettement américain, celles d’années de destruction de son industrie et de ses équipements et un autre repli après les échecs répétés en Irak, en Syrie, en Afrique, et surtout en Afghanistan. Les USA ne sont pas une nation mais un système de domination devenu destructeur pour toute la planète y compris pour la population des USA et ses plus proches voisins, ses vassaux.

On ne peut face à cette situation dans laquelle Israël qui reste protégé par les USA et ses vassaux qui le suivent partout, et il ne s’agit pas de tous les “alliés” asiatiques qui subissent des camouflets électoraux comme hier la Corée du sud, mais aussi au Japon, partout la volonté de paix des peuples fragilise les “alliés”, c’est le cas en France où le consensus de fait en faveur de l’armement et du passage à l’économie de guerre n’a aucun contradicteur et surtout pas à “gauche” où la ligne de Glucksmann est suivie par tous les candidats, comme ils le suivront dans la dénonciation de l’Iran, la protestation contre le viol de l’ambassade étant de pure forme. C’est dire où en est le consensus français, il est à noter que ce choix de l’armement, donc de la guerre s’accompagne comme aux États-Unis d’une polarisation autour de l’immigration devenue la cause de tous les maux jusqu’à transformer une querelle sanglante entre marginaux et dont les seules victimes sont algériennes et afghane en menace existentielle dans laquelle sont pris tous les “islamistes”. On mesure bien que ces choix “européens”, celui de la guerre et celui de la peur d’une immigration largement provoquée par le choix des guerres ne peut que faire monter le rassemblement national qui apparait comme respectable face aux excès de Reconquête et qui loin de partir de son soutien supposé à Poutine engrange ce qui apparait comme une dénonciation de l’UE-OTAN et la volonté de guerre de tous les autres.

Parce que le peuple français est conscient d’avoir ses problèmes et parce qu’il a du bon sens politique, il mesure bien que partout le jeu des bellicistes en train de perdre mais qui sous parapluie des États-Unis veulent poursuivre, jouent la “régionalisation” des conflits. Le Premier ministre polonais Donald Tusk a appelé l’Union Européenne à envisager une aide aux pays qui se trouvent en première ligne en tant que voisins de l’Ukraine envahie par la Russie, ce qui se joue d’ailleurs dans l’entretien des divisions et des procès en corruption des dirigeants comme madame Von der Leyen.

Notons qu’au milieu de ce foutoir français dans une UE au bord de l’implosion, qui fait de la totalité de la gauche, de la NUPES, totalement unie sur cette ligne pro-OTAN de fait, il ne reste qu’un seul espoir : la liste centrée sur le pouvoir d’achat (même si l’on ne dit mot contre l’économie de guerre et que l’on fait du capital de simples fraudeurs du fisc), qui parle vaguement de paix et de négociation (même si les conditions sont celles de Zelensky et si on doit continuer à l’armer), mais qui a le courage à la fois de ne pas traiter de l’immigration avec la légèreté et le clientélisme des autres candidats, du PS à la LFI en passant par les Verts, de ne pas refuser l’ordre mais dans le même temps de parler de l’essentiel, l’intégration, les salaires égaux, le refus de l’exploitation des clandestins, sans “clientélisme communautariste”… Comme de surcroit, malgré le discours incompréhensible des candidats aux Européennes, de l’Humanité et de son secteur international, sur l’OTAN et la paix, c’est dans le PCF qu’apparait une volonté réelle de dénoncer et d’agir contre l’OTAN, contre ce qui se passe en Israël en proposant des solutions concrètes de paix, qui rassemblent et y compris en Amérique latine, en Asie malgré le poids des liquidateurs mutants qui imposent leur logique qui est celle du sieur Glucksmann partout. On peut espérer même si l’ouverture est faible échapper à la logique groupusculaire et reconstruire une force communiste qui deviendrait la colonne vertébrale de la souveraineté nationale et du lien avec la classe ouvrière, le monde du travail, les couches populaires… Notons qu’un des constats de la période que ce sont les Nations qu’elles soient immenses comme la Chine, le Brésil, de taille moyenne comme l’Iran ou petites comme Cuba et d’autres dans tous le sud qui constituent des facteurs de résistance et de paix, vers le développement. La France c’est aussi en esquisse dans le discours de la liste communiste doit retrouver sa souveraineté.

Pour revenir à l’Iran, même si les USA font monter “la menace” d’une guerre régionale qui serait pour eux la remise en cause de ce qu’ont produit les BRICS, on peut espérer et les signes vont dans ce sens que l’Iran ne poursuivra pas un conflit direct avec Israël ou les États-Unis et qu’il est plus susceptible d’essayer de contrôler la violence à un certain niveau, l’Iran peut rentrer dans une stratégie qui est déjà celle des Russes, des Chinois mais aussi du Brésil : même si l’Iran prend des mesures de représailles ponctuelles, les représailles dépendront plus de ses agents régionaux ou dans le cadre d’un plan à long terme ciblant soit le territoire d’Israël, soit les intérêts d’Israël dans d’autres régions parce que le fait est que l’Iran est parvenu à avoir une influence régionale et même de la mener à travers un nouvel équilibre avec les saoudiens et toutes les puissances pétrolières.

Israël est isolé sur la scène internationale à un point tel que Biden joue à prendre ses distances. S’il y a eu de larges échos à l’initiative de l’Afrique du sud on connait moins l’action en justice internationale intentée par le Nicaragua contre l’Allemagne, considérée par de nombreux observateurs comme une représentation du point de vue des pays du Sud, renforçant encore la vision d’Israël en tant que partie injuste dans ce conflit. Le Nicaragua a accusé l’Allemagne de « faciliter la commission d’un génocide » contre les Palestiniens de Gaza via ses exportations d’armes vers Israël, selon Euronews.

Peser sur l’Allemagne qui est elle même divisée entre ses faucons comme son ministre vert des affaires étrangères, ceux qui envoient une armée en Lituanie ce qui rappelle de bien tristes souvenirs, c’est peser sur le pays qui est de plus en plus la victime de la stratégie des USA et de l’OTAN. C’est trouver un contrepoids au sein du couple franco-allemand au bellicisme megalomaniaque de Macron. La folie de Macron qui prétend envoyer l’OTAN tel qu’il est mener la guerre contre la Russie en prétendant recréer de toutes pièces une économie de guerre dont la France n’a pas les moyens fait partie de ce jeu très dangereux mais qui dit la faiblesse de ceux qui s’agitent.

On peut penser en revanche que ceux qui mènent aujourd’hui le basculement historique ont une autre conception du rapport des forces qui les fait jouer sur une influence réelle qui ne cesse de s’élargir au plan international et au plan interne dans les pays impérialistes eux-mêmes. Y compris quand le monde politico-médiatique ne montre pas la moindre faille dans l’atlantisme et de ce fait court vers la fascisation.

Nous risquons d’avoir plus que jamais besoin en France d’un parti communiste et si l’on attend pas nécessairement de cette élection un score électoral à la hauteur des urgences, on peut constater qu’elles marquent la nécessité d’avoir une force qui s’empare de l’espace qui se dessine déjà dans la réalité des rapports de force internationaux avec la débâcle de l’impérialisme…

Danielle Bleitrach

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