Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Dernière Minute : ce soir sur Arte, un film culte Missouri breaks

ce soir je vous conseille, si vous acceptez d’être déstabilisé, de voir un western pas comme les autres, il passe sur Arte à 21 heures, il s’agit de Missouri breaks réalisé par Arthur Penn en 1976, il semble avoir été même conçu pour dénoncer le genre, parce que nous sommes encore émotionnellement en pleine guerre du Vietnam et déjà dans la contrerévolution chilienne, et que Arthur Penn, le cinéaste fait partie des rebelles, certes il a sympathisé avec Kennedy et on sait qu’il l’a aidé pour vaincre Nixon pourtant plus expérimenté, lors du débat télévisé. Mais Arthur Penn se veut hors cadre, libertaire, né dans une famille juive russe, il a eu une adolescence difficile et son passage dans l’armée n’a rien arrangé, pas plus que Johnson et la guerre du Vietnam…


Ce qui a rendu le film célèbre c’est la performance de ses deux acteurs : le film raconte l’affrontement entre deux hommes, un tueur à gages aussi impitoyable qu’original (Marlon Brando) et un voleur de bétail (Jack Nicholson) mais tout est dans le contexte celui des grands capitalistes qui s’approprient les terres et condamnent les êtres humains à se perdre dans le bourbier, le titre du film fait référence à une région désolée et très accidentée du centre-nord du Montana, où, au fil des siècles, la rivière Missouri a fait d’innombrables coupes profondes ou « cassures » dans la terre. Ces cassures sont celles des êtres humains. Le Vietnam et le western c’est la même chose personne n’en sort intact les Etats-Unis ont pris le relais de la France en 1965 et convaincus que la totalité de l’Asie allait basculer sont entrés dans cet engagement militaire, un conflit qui se termine en 1975. Et qui aura marqué toute une génération qui à la fin bascule dans l’anarchisant libertaire, avec une attention portée sur les corps.

Arthur Penn un cinéaste “intellectuel” en rupture avec toutes les institutions, passé par l’actor-studio et de ce fait il y a eu plutôt harmonie avec Brando, celui-ci surencherissant. Quand le films est sorti il a été détesté par la critique américaine qui l’a pris pour un canular. Il a fallu les cahiers du cinéma de l’époque pour l’admirer, ceux du cinéma d’auteur et de la Nouvelle vague jouant eux aussi à la rébellion mais nous aidant aussi à voir. Peut-être que j’imagine “l’époque” mais il me semble que les films passaient plus longtemps et on avait le temps de le voir deux ou trois fois, d’avoir des débats passionnés… je me demande avec le recul si ce tournant était une révolte ou le début d’une contrerévolution libérale libertaire.

Pour ce que je m’en souviens puisqu’aujourd’hui c’est un film culte, mais dans mon souvenir il participe de ce moment où quelque chose basculait et où on dénonçait y compris le festival d’Avignon, avec les errances du Living Theater…je nous revoie après 1968, lors du 22e festival d’Avignon, le Living invité est programmé pour trois pièces au Cloître des Célestins : Antigone, sur un texte de Brecht, et deux créations de la troupe, Small Mysteries et Paradise Now. Lors de la représentation de Paradise Now, le 24 juillet, Julian Beck incite le théâtre à « sortir de sa prison » pour déboucher dans la rue. À la suite du spectacle, un défilé se poursuit dans les rues d’Avignon, aux cris de « le théâtre est dans la rue » et tout le travail d’Avignon, le théâtre populaire de Jean Vilar, Gérard Philippe est dénoncé comme réactionnaire. Le lendemain, le maire, à la suite de plaintes, prend la décision de demander au Living de remplacer Paradise Now par une des deux autres pièces de son répertoire.

Quelque chose remet en cause le militantisme, la révolution devient quasiment affaire à la fois de communauté et d’individus expérimentant les possibles, la drogue et le déchainement hystérique…

l’idée de la coexistence pacifique, d’un socialisme sans violence qui perdure jusqu’à nos jours tourne à l’aigre au Chili, et c’est la vague contre révolutionnaire…

il y a déjà eu le dernier Tango à Paris… en 1972… IL me semble dans mon souvenir, que Arthur Penn et la performance de Brando et Nicholson sont dans ces eaux là… Arthur Penn qui est l’auteur de Bonnie and Clyde, autre couple qu’il raconte et démystifie, s’est le plus souvent mal entendu non seulement avec les producteurs mais avec les acteurs qui ne sont pas convaincus par son expérimentation ce qui est le cas de Burt Lancaster qui lui fait retirer la direction du train. Se déroulant en août 1944 pendant la Seconde Guerre mondiale, le film oppose le résistant français Paul Labiche (Lancaster) au colonel allemand Franz von Waldheim (Scofield), qui tente de transporter des chefs-d’œuvre d’art volés en train vers l’Allemagne. Les scènes d’interception du train ont été inspirées par les événements réels et Lancaster a préféré qu’il soit confié à Frankheimer pour qu’il traite des cheminots dans la résistance et le sauvetage des oeuvres d’art.


Ce sera intéressant certainement outre le plaisir de ce cinéaste important de voir à l’ère de me too et des séries mais aussi de la tentative pour Hollywood de retrouver une autre relation à la narration y compris en faisant appel à des cinéastes de cette génération là ou presque.

Danielle Bleitrach

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4 Commentaires

  • un prol parmi
    un prol parmi

    dans le coup, Le Train de Frankenheimer est probablement le meilleur film d’action de tous les temps ! La cinématographie et le travail de la caméra sont époustouflants, sans parler de l’histoire captivante…

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    • admin5319
      admin5319

      je savais que tu pigerais mes réserves par rapport à Arthur penn, à julien Beck , au living et que tu serais du côté de Burt lancaster et Frankheinmer… On appartient bien au même univers même si je suis la plus vieille personne que tu connais…

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      • un prol parmi
        un prol parmi

        Burt et Marlon tous les deux ! (Et tu es peut-être le plus âgé mais tu es toujours le plus mignon)

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        • admin5319
          admin5319

          la plus âgée et la plus mignonne, je suis une fille même si à mon âge ce genre de distingo perd de son importance…

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