CHINE / DIPLOMATIE La fusillade dans une salle de concert à Moscou pourrait aggraver le conflit entre la Russie et l’Ukraine. En effet si tout le monde sait que les Etats-Unis et leurs “allies” sont une fois de plus mis en échec en Ukraine tant sur le plan militaire qu’économique, cet attentat annoncé avec force publicité provoque la suspicion générale et la Chine le dit ici à mots à peine couverts. La Russie est sceptique quant à l’affirmation des États-Unis selon laquelle l’État islamique aurait des liens avec l’attaque et continue à chercher les commanditaires. Comme tous les commentateurs qui ne sont pas de pure propagande, les Chinois s’interrogent sur les motivations d’un groupe islamique qui cible en priorité la Russie et pas Israël ou un pays allié de celui-ci et sur l’empressement mis par les Etats-Unis à nier la piste ukrainienne. Publié : 25 mars 2024 21 :44 
Des voitures passent devant un écran publicitaire sur la façade d’un bâtiment affichant l’image d’une bougie allumée et le slogan « Deuil 22.03.24 » à Moscou, en Russie, le 23 mars 2024, un jour après une attaque terroriste contre la salle de concert Crocus dans la banlieue de Moscou. Crédit photo : VCG
Alors que quatre suspects liés à la fusillade mortelle dans une salle de concert de la région de Moscou ont été traduits en justice, la question de savoir « qui est derrière l’attaque » reste floue. Les États-Unis et l’Occident ont accusé l’État islamique d’être l’auteur de l’attaque et ont nié toute implication de l’Ukraine. Cependant, cette explication a été accueillie avec scepticisme par la partie russe.
L’analyste a déclaré que l’incident pourrait avoir un impact majeur sur la politique étrangère de la Russie et pourrait aggraver davantage le conflit entre la Russie et l’Ukraine, en fonction des résultats de l’enquête russe. En outre, ils ont déclaré que la possibilité que l’État islamique (EI) soit derrière l’attaque ajoute une autre couche de complexité à la situation. La tragédie de Moscou rappelle les défis auxquels les pays sont confrontés dans la lutte contre le terrorisme dans un contexte géopolitique mondial complexe.
Dimanche, le tribunal du district de Basmanny à Moscou a ordonné la détention provisoire de quatre suspects, tous citoyens du Tadjikistan, accusés d’actes de terrorisme en lien avec l’attaque terroriste, selon les médias.
L’attentat perpétré vendredi à l’hôtel de ville Crocus à Moscou a fait au moins 137 morts.
Alors que l’enquête sur l’attaque terroriste est en cours, une nouvelle bataille centrée sur « qui est derrière l’attaque » s’est intensifiée ces derniers jours dans un contexte d’inquiétudes croissantes quant aux incertitudes supplémentaires que l’attaque pourrait apporter au conflit russo-ukrainien. Selon les analystes, certaines parties concernées tentent d’interpréter l’incident en fonction de leurs propres intérêts, ce qui pourrait compliquer davantage la situation actuelle.
Après l’attaque dans la salle de concert, l’État islamique au Khorasan (EI-K), une branche de l’EI, a revendiqué la responsabilité, et les services de renseignement américains ont également « confirmé » vendredi auprès de Reuters la responsabilité de l’EI. La Maison Blanche a également déclaré vendredi qu’elle n’avait aucune indication initiale que l’Ukraine était impliquée dans l’attaque à Moscou.
Cependant, lors d’une allocution télévisée dimanche, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que 11 personnes impliquées dans l’attaque avaient été appréhendées, dont les quatre assaillants présumés. Ils ont essayé de se cacher et se sont dirigés vers l’Ukraine, où « une fenêtre a été préparée pour qu’ils puissent traverser la frontière de l’État du côté ukrainien », a déclaré Poutine, selon le média russe TASS.
Les États-Unis et l’Occident espèrent que la faute en incombe à une organisation terroriste, car s’il s’avère que l’Ukraine est liée à la fusillade meurtrière dans la salle de concert, ils perdront leur légitimité à soutenir l’Ukraine, a déclaré Wang Xiaoquan, expert à l’Institut d’études russes, d’Europe de l’Est et d’Asie centrale de l’Académie chinoise des sciences sociales, au Global Times.
Quant à Poutine, il doit arrêter les gens responsables de l’attaque pour apaiser le peuple russe, a déclaré Wang.
L’empressement des États-Unis à nier l’implication de l’Ukraine a également suscité des questions. Dans un article publié pour kp.ru, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a accusé les États-Unis d’essayer de « renflouer l’Ukraine » en mentionnant le groupe terroriste État islamique.
La possibilité pour l’EI de mener l’attaque dans la salle de concert demeure. Une précédente attaque en Iran en janvier, au cours de laquelle deux membres de l’EI avaient fait exploser des ceintures d’explosifs dans la foule et tué près de 100 personnes, présentait certaines similitudes avec celle de Moscou, a déclaré Cui Heng, un chercheur de l’Institut national chinois pour les échanges internationaux et la coopération judiciaire de l’OCS, basé à Shanghai, au Global Times.
Wang estime qu’il serait un peu tiré par les cheveux que l’EI soit le cerveau de l’attaque, car la situation en Syrie s’est déjà stabilisée et les conflits au Moyen-Orient opposent principalement Israël et la Palestine. « Si l’EI devait mener une attaque terroriste, ne serait-il pas plus logique de cibler Israël plutôt que la Russie ? », a déclaré Wang.
Li Wei, un expert de l’Institut chinois des relations internationales contemporaines, a également déclaré que l’attaque terroriste dans la salle de concert ne correspondait pas tout à fait au schéma d’attaque précédent de l’EI.
« Poussés par l’extrémisme religieux, les membres de l’EI commettent généralement des ‘loups solitaires’ ou des attentats-suicides », a déclaré M. Li, notant que si l’EI changeait ses caractéristiques fondamentales d’extrémisme religieux, il ne serait plus l’EI.
Il serait également peu probable que le gouvernement ukrainien soit impliqué dans une activité terroriste, mais s’il s’avérait que des forces extrémistes en Ukraine étaient impliquées, cela mettrait l’Ukraine dans une situation défavorable, a déclaré M. Li.
Certains analystes ont noté que la possibilité que des extrémistes en Ukraine aient participé à l’attaque ne peut être exclue, compte tenu du pessimisme en Ukraine en raison de la situation sur le champ de bataille et de la diminution du soutien de l’Occident.
Ils ont également déclaré qu’il était prématuré d’attribuer la responsabilité de l’attaque et que le résultat final serait déterminé par l’enquête en cours et la politique des grandes puissances entre les parties impliquées.
Tout en condamnant les terroristes, certains politiciens d’autres pays occidentaux ont accusé la Russie d’imputer la responsabilité à l’Ukraine. Par exemple, le chancelier britannique Jeremy Hunt a déclaré dimanche à Sky News qu’ils avaient « très peu confiance dans tout ce que dit le gouvernement russe » et a déclaré que les Russes « créent un écran de fumée de propagande pour défendre une invasion totalement diabolique de l’Ukraine ».
Dimanche, un site de stockage souterrain de gaz en Ukraine a été attaqué lors de la dernière vague de frappes de missiles russes sur des installations électriques. Dimanche également, la Russie a frappé des infrastructures critiques dans la région occidentale de Lviv avec des missiles tôt dimanche, a déclaré Kiev, lors d’une frappe aérienne majeure qui a vu un missile de croisière russe voler brièvement dans l’espace aérien de la Pologne, a rapporté Reuters.
Ces dernières attaques montrent que la situation est en train de changer sur le champ de bataille, a déclaré M. Wang.
Une escalade du conflit entre la Russie et l’Ukraine pourrait également affecter la situation sécuritaire dans d’autres régions. Les terroristes pourraient voir les conflits géopolitiques comme une opportunité de lancer des attaques, ont déclaré des analystes, avertissant davantage de pays de rester vigilants.
Selon TASS dimanche, des personnes ont été évacuées d’une dizaine de centres commerciaux à Moscou à la suite d’alertes à la bombe, a déclaré un porte-parole des services d’urgence de la ville.
Moscou a connu une série de fausses alertes à la bombe depuis novembre 2019, avec des menaces par e-mail contre des écoles, des tribunaux, des centres commerciaux, des magasins et des établissements d’enseignement supérieur provenant de personnes non identifiées. Aucune menace n’a encore été réelle.
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