Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Ziouganov : “Accomplir les souhaits du Président et le programme de Nikolai Kharitonov”.

Toujours dans le cadre de notre tentative (celle d’histoireetsociete) d’introduire un principe de réalité dans le narratif totalement paranoïaque de nos sociétés impérialistes menacées dans leur hégémonie, avec nous Français le plus fou du lot avec Macron, voici l’intervention de Ziouganov, le président du Comité central du KPRF… Ceci pour tempérer les ardeurs de nos commentateurs qui voient dans Navalny et ses 3,5% de voix, rassemblées dans les couches les plus “occidentalisées” (sic) des grandes villes comme Moscou et Saint Petersbourg, la seule opposition à Poutine. Ziouganov dans ce message ironique dit sa satisfaction devant le message présidentiel mais il note la distance qui existe entre le dit message et la manière dont le parti présidentiel applique le dit programme : donc si les Russes veulent vraiment l’unité nationale et le respect des droits du peuple la seule solution est de voter pour le candidat communiste qui se présente contre Poutine à la présidentielle. Plus il y aura de voix pour le KPRF, plus le triomphalisme et les promesses quasi soviétiques de Poutine auront des chances de se réaliser (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

https://kprf.ru/dep/gosduma/activities/224709.html

Illustration : slogan de la campagne électorale communiste : “Nous avons joué au capitalisme – et cela suffit !”

Le 29 février, G.A. Ziouganov, président du comité central du KPRF et chef du groupe parlementaire du KPRF à la Douma d’État, a commenté le message du président V.V. Poutine devant l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie.

Bonjour à tous. Je suis sûr que vous avez écouté attentivement le message de Poutine à l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie.

La veille, des journalistes m’ont demandé ce que j’attendais de ce message. J’ai supposé que ce message serait de nature pré-électorale. Je m’attendais à ce que le président réponde à nos propositions. À cet égard, mes attentes personnelles ont été largement satisfaites.

Il s’agit du 19e message présidentiel, qui a duré plus de deux heures. Il s’est déroulé dans un contexte de guerre et de 18 000 sanctions contre la Russie. Il y a une crise économique systémique dans le monde. Et il y aura des élections présidentielles en Russie en mars.

Dans ce message, la sphère sociale était essentielle. Nous devons soutenir les enseignants, les médecins, les ingénieurs. Environ trois mille milliards de roubles sont nécessaires à cette fin. Mais le budget qui a été approuvé n’inclut pas cet argent.

Quatre mille cinq cents milliards de roubles supplémentaires devraient être alloués aux services communaux. En réalité, les services communaux nécessitent trois fois plus d’argent.

Auparavant, nous avons proposé à la Douma d’État d’adopter un budget de développement de 10 000 milliards de roubles supplémentaires. Dans ce cas, il aurait été possible de mettre en œuvre toutes les propositions du président. Mais Russie Unie a rejeté nos propositions budgétaires.

Le président nous a demandé de réfléchir à la politique fiscale. Nous avons soumis six fois à la Douma d’État un projet de loi sur l’impôt progressif. Nous avons proposé de remplacer la TVA par une taxe sur les ventes. Mais Russie Unie a rejeté nos propositions.

Je pense que le programme présidentiel doit être populaire et non oligarchique.

Dans son esprit et son caractère, le programme de Poutine est social. Le slogan de Nikolai Kharitonov “Nous avons joué au capitalisme – et cela suffit !” a en fait été exprimé dans chaque section du discours du président.

Permettez-moi de vous rappeler qu’il y a deux ans, V.V. Poutine a déclaré lors de la réunion de Valdai que le capitalisme était dans une impasse. Aujourd’hui, nous devons poursuivre dans cette voie et déclarer officiellement qu’à partir de maintenant, nous poursuivrons une politique socialiste. Il est impossible de gagner sans cela.

V.V. Poutine a commencé et terminé son discours en remerciant les combattants qui se battent. Le Président a dit sans ambages que rien ne peut être accompli sans cette victoire.

Mais cette victoire sera très coûteuse pour nous tous. Pour la victoire, il est nécessaire d’accumuler des ressources, d’éduquer et de préparer les nouvelles générations. Et à l’avenir, résoudre tous les problèmes grâce à un peuple patriote.

Le message met l’accent sur les sections “Jeunesse de Russie”, “Cadres de Russie”, “Formation professionnelle, éducation et enseignement à partir de la sixième année”. C’est très bien ! Je salue ces sections en général.

Mais qui a empêché que tout cela soit mis en œuvre auparavant ? Nous avons présenté le projet de loi “Éducation pour tous et pour la vie” à la Douma d’État à plusieurs reprises. Nous avons fait des propositions sur l’enseignement professionnel, suggéré de mettre en œuvre l’expérience de la Ferme d’État Lénine et de l’Université Jaurès Alferov. Ensemble, dans l’unité, mettons en œuvre de manière énergique les expériences positives.

Mais Russie unie refuse toujours nos propositions et notre expérience.

Lorsqu’ils parlent d’une centaine de jardins d’enfants pour 89 régions, je pense qu’il faudrait en construire dix fois plus. Il devrait y avoir un jardin d’enfants dans chaque quartier.

Le vecteur général du message du Président correspond largement aux défis auxquels notre pays est confronté. Il correspond aux besoins des citoyens qui ont donné leurs avis lors des rencontres avec Poutine. Il correspond aux aspirations de la partie progressiste de la société, qui attend une rupture technologique.

Il est nécessaire d’augmenter le financement de la science fondamentale. Il est grand temps d’abolir l'”examen d’État unifié”. La “Bolonka” a étranglé le système d’enseignement supérieur. À supprimer également !

Il n’y a toujours pas d’argent dans le Trésor pour mettre en œuvre les propositions de V.V. Poutine.

Pour mettre en œuvre les propositions du président, nous devons avoir un taux de développement d’au moins 5 à 6 %. L’année dernière, pour la première fois en dix ans, nous avons dépassé le taux de développement mondial (3,6 %).

Mais dès que nous avons atteint ces pourcentages, Silouanov a réduit les programmes de production et n’a rien ajouté. La Banque centrale a fait exploser le taux d’intérêt à 16 %. Avec un tel taux, aucune production ne peut exister. Le rouble a été dévalué de 80 %. La monétisation a été ralentie de 53%. Il n’y a pas de monétisation inférieure à 100 % dans les pays du G20. En Chine, cet indicateur est de 200 %.

Il est nécessaire de faire preuve de volonté politique pour imposer un changement de cap financier et économique et remplir le trésor de ressources.

Le pays est confronté à un grave problème de personnel. Il n’y a pas assez d’enseignants dans les écoles.

Il n’y a pas assez de fraiseurs, de tourneurs, de mécaniciens, de programmeurs dans les usines.

Pour développer notre propre électronique et notre propre robotique, il est nécessaire de changer les structures du gouvernement. Il faut que les ministères concernés soient responsables de l’industrie et des secteurs de pointe.

Le pays soviétique produisait un milliard de roulements. Aujourd’hui, la Russie produit 30 millions de roulements. Quelle souveraineté pouvons-nous revendiquer si nous ne produisons pas nos propres roulements ?

Sans planification stratégique, il est impossible de résoudre ces problèmes. Pour la première fois, V.V. Poutine a appelé le programme pour les six années à venir. Mais nous avons introduit la loi sur la planification stratégique en 2013. Et ils l’ont signée. Cependant le gouvernement ne planifie rien, même pas trois ans à l’avance, et ajuste ses plans chaque année.

Ce message a permis de prendre des mesures positives et concrètes pour renforcer notre sécurité et mobiliser la société. Mais si nous ne résolvons pas le problème de la saturation du budget, si nous ne formons pas le personnel approprié, si nous n’améliorons pas le système de gestion et de responsabilité personnelle, de nombreux vœux présidentiels resteront en suspens. Je pense que le programme de Nikolai Kharitonov et notre expérience unique seront toujours demandés.

Je nous souhaite à tous de réaliser les souhaits du président et le programme électoral de Nikolai Kharitonov.

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3 Commentaires

  • Roger
    Roger

    En voyant l’affiche du KPRF où il y a écrit (si j’ai bien compris) : On a joué au capitalisme et ça suffit, je me souviens de cette anecdote quand je suis parti en URSS pour la seconde fois comme étudiant (c’était en 86). Je me suis permis d’envoyer le jeu de plateau «la lutte des classes» en français à un professeur russe que mes parents avaient rencontré à Marseille et avec lequel nous correspondions plus ou moins régulièrement malgré les aléas de la vie. Au décès de ma mère, j’ai arrêté d’écrire, car c’était trop dur d’annoncer une telle chose et j’étais bien plus jeune. Finalement, je crois que le parti communiste de l’union soviétique aurait été bien inspiré de l’adapter en russe, quitte à le modifier, et d’en faire un outil d’apprentissage. C’est un bon jeu, mais soyons clair, il n’est pas assez dur avec le capitalisme, assez incisif. Il se contente d’énumérer des lois basiques de la lutte des classes. Une bonne adaptation en cette fin de règne de l’impérialisme serait faisable. À noter que son adaptation sur l’apple II à l’époque a été délibérément sabotée par l’éditeur qui avait racheté les droits (c’est écrit dans le jeu). J’avais commencé une adaptation mieux faite sur l’atari st. Le graphisme du jeu est terminé, le moteur de jeu est en finalisation et la saisie des textes n’en est qu’à ses débuts. J’espère avoir terminé d’ici 1 an, c’est jouable. Et cela marchera sur un émulateur de l’atari st qui fonctionne très bien et est même mieux, plus rapide, moins contraignant par rapport aux ordinateurs de l’époque (lenteur du lecteur de disquette, capacité mémoire, sans compter que maintenant il y a toute la documentation accessible gratuitement pour s’en servir réellement en programmation).

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  • Bosteph
    Bosteph

    “………d’ ici un an……..” . Bravo pour votre initiative, mais où (et dans quoi) seront nous dans 1 an . Vous l’ aurez compris, je ne suis pas optimiste pour notre futur.

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    • Roger
      Roger

      Je comprends votre pessimisme, mais il faut éviter de fusionner avec l’état psychologique de la bourgeoisie qui est proche du suicide ou du désespoir depuis quelque temps. Je suis communiste, désencarté, car je parlais trop de lutte des classes avec des analyses de lutte des classes. Vu que c’était à l’époque de Hue, je n’en ai pas souffert (cela m’a évité des combats inutiles). J’ai continué à me battre dans différents groupes successifs. Ce qui compte, c’est l’état du monde, plus que notre situation en bas. Et c’est cette contradiction qui devrait nous éclairer.

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