Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Macron pousse à la guerre contre la Russie, l’UE n’a pas de plan B

Alors que les pays de l’OTAN disent qu’ils s’opposent à l’envoi de troupes, on peut faire valoir qu’ils l’ont déjà fait. C’est d’ailleurs ce qui fait de la médiocre manœuvre électoraliste de Macron que nous analysons par ailleurs, une grenade dégoupillée, une mise à feu irresponsable parce que la France, ses mercenaires, ceux d’autres pays européens sont déjà là. Ce que la classe médiatico-politique française, déjà prise dans la réalité du terrain à savoir le fait que l’Ukraine, le champion de l’OTAN, de l’UE qui n’a plus d’ukrainien que le nom est en train de perdre la guerre, refuse d’avouer parce qu’il n’y a pas de plan B et comme ils ont tous cautionné cette situation, ils risquent d’être incapables de répondre aux vœux du peuple à savoir la paix, une politique en faveur des peuples et pas des marchands d’armes qui nous ont menés là derrière l’invraisemblable Macron et ses pairs. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Par STEPHEN BRYEN 28 FÉVRIER 2024

Le président français Emmanuel Macron assiste à une conférence de presse à l’issue de la conférence de soutien à l’Ukraine, avec des dirigeants européens et des représentants de gouvernements, au palais de l’Élysée à Paris, le 26 février 2024. Photo : EPA-EFE / GONZALO FUENTES / PISCINE

CNN a rapporté les commentaires de Macron de cette façon :Macron a déclaré que « lui et les 21 autres dirigeants européens présents n’étaient pas d’accord sur le déploiement de personnel militaire » en Ukraine – mais la perspective a été discutée ouvertement. « Rien ne doit être exclu », a déclaré [Macron]. « Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher la Russie de gagner cette guerre. »

Presque en un clin d’œil, le chancelier allemand Olaf Scholz, qui a assisté à la réunion qui s’est tenue à Paris, a affirmé que la question était débattue mais que les dirigeants européens avaient unanimement rejeté l’envoi de troupes pour combattre en Ukraine contre la Russie. Il a été soutenu par le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg (celui-là même qui a donné la « permission » à l’Ukraine de bombarder la Russie avec ses prochains F-16).

La proposition de Macron d’envoyer des troupes de l’OTAN en Ukraine et son rejet total apparent suggèrent que l’Europe n’a pas de « plan B » en ce qui concerne l’Ukraine, si ce n’est de pousser plus d’armes aux Ukrainiens dans l’espoir furtif que les armes puissent retarder l’inévitable.

La réaction du public au pronunciamento de Macron a été très négative. Dans un sondage Instant demandant « Êtes-vous prêt à envoyer des troupes terrestres françaises en Ukraine ? », le public français a répondu « non » par plus de 3 contre 1.

Marine Le Pen, le leader de l’opposition française, désigne immédiatement l’issue d’une telle déclaration: “Je ne sais pas si chacun se rend compte de la gravité d’une telle déclaration. Emmanuel Macron joue au chef de guerre mais c’est la vie de nos enfants dont il parle avec autant d’insouciance. C’est la paix ou la guerre dans notre pays dont il s’agit.​”

​La réunion de Paris était organisée par l’UE pour montrer sa solidarité avec l’Ukraine à un moment où le soutien à l’Ukraine s’effrite en Europe et aux États-Unis.

Stoltenberg (à gauche) et Schulz rejettent l’appel de Macron pour des troupes de l’OTAN en Ukraine.

Outre Emmanuel Macron et Olaf Scholz, le président polonais Andrzej Duda et le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, entre autres, ont participé à la réunion. Rutte est sur le point de quitter le pouvoir aux Pays-Bas et vise à devenir le prochain secrétaire général de l’OTAN. Duda, le président polonais, perd rapidement de sa popularité et il est confronté à une révolte des agriculteurs qui a empêché l’Ukraine d’expédier du maïs et du blé bon marché dans l’UE.

Des tracteurs polonais bloquent les routes entre l’Ukraine et la Pologne.

La popularité d’Olaf Scholz a apparemment touché le fond en Allemagne. Son soutien s’élève actuellement à 28 % et pourrait encore baisser à mesure que l’emprise de la récession sur l’Allemagne s’accroît.

L’un des résultats de la réunion de l’UE a été le soutien à des armes à plus longue portée pour l’Ukraine, bien qu’Olaf Scholz ait récemment insisté sur le fait que l’Allemagne n’enverrait pas de missiles de croisière Taurus à l’Ukraine. Les missiles Taurus ont une portée de 500 km (311 miles).

La question des mercenaires

Il y a des centaines, voire des milliers, de « volontaires » étrangers en Ukraine. Les contingents les plus importants viennent de Roumanie, de Pologne et de France. Celles-ci sont complétées par des troupes britanniques, allemandes et d’autres troupes étrangères. Les Américains sont également en nombre important en Ukraine, et certains ont été tués à la suite de bombardements ou d’actions sur la ligne de front.

Apparemment, les « volontaires » sont bien payés et fortement soutenus par les gouvernements européens. Ils se divisent grosso modo en trois catégories principales : les opérateurs d’armes techniquement formés, les conseillers tactiques et de renseignement et les combattants de première ligne.

La Russie a affirmé avoir tué une soixantaine de « volontaires » français lorsqu’elle a frappé un hôtel utilisé comme caserne à Kharkiv. La France a nié que ce soit le cas, puis a convoqué l’ambassadeur de Russie à Paris pour réprimander les Russes pour avoir tué des citoyens français. De même, les frappes russes sur les batteries Patriot, les aérodromes et les centres de commandement ont coûté la vie à de nombreux « volontaires » étrangers.

Pendant ce temps, le New York Times a révélé que les États-Unis exploitent au moins 12 stations de la CIA le long des frontières russes. Ces centres de renseignement aident l’Ukraine à identifier des cibles à l’intérieur de la Russie, ce qui est leur objectif principal. Non seulement ces opérations de renseignement visent à fournir des renseignements militaires réels, mais elles visent également à cibler des cibles civiles et militaires à portée des armes à plus longue portée de l’Ukraine.

Au-delà de cela, le Times rapporte que la CIA soutient l’unité 2245 des forces spéciales ukrainiennes, qui est utilisée pour des attaques de commandos à l’intérieur des frontières de la Russie, et une organisation connue sous le nom de Cinquième Direction, qui comprend des escadrons d’assassinat qui opèrent sur le territoire contrôlé par la Russie et en Russie même.

Il est probable que l’attaque de drone qui a détruit un bombardier nucléaire stratégique russe était basée sur des renseignements fournis par la CIA (la frappe a été rapportée par les services de renseignement britanniques).

La Russie a perdu un bombardier Tu-22M3 Backfire sur la base aérienne de Soltsy-2, à 650 km de la frontière avec l’Ukraine, qui a été touché par des drones kamikazes à longue portée le 19 août dernier. Il est à noter que la frappe visait un bombardier nucléaire qui était peut-être armé à ce moment-là.

Bombardier russe Backfire en feu après une frappe de drone. Crédit photo : Telegram

Les stations de la CIA sont « officielles » mais secrètes et les Russes sont sûrement au courant, comme ils sont au courant des fréquentes opérations de reconnaissance et de ciblage menées par des avions et des drones américains, britanniques, français et autres au-dessus des eaux internationales de la mer Noire.

Le nombre croissant de « volontaires » opérant en Ukraine fait qu’il est difficile pour les États de l’OTAN de maintenir un déni plausible. Alors que les pays de l’OTAN disent qu’ils s’opposent à l’envoi de troupes, on peut faire valoir qu’ils l’ont déjà fait.

La conclusion cachée de la conférence

L’UE joue un rôle de plus en plus important en Europe, cherchant peut-être à compléter, voire à remplacer, l’OTAN. Les Européens craignent que si Trump remporte la prochaine course présidentielle aux États-Unis, il pourrait réduire considérablement le soutien américain à l’OTAN. L’UE cherche à combler le vide.

L’un des problèmes de l’UE est qu’elle n’est pas une organisation militaire et que ses opérations ne sont pas basées sur un traité ou un pacte militaire. Elle s’appuie donc sur le dos de l’OTAN pour l’instant et essaie de guider les décisions de l’OTAN.

La déclaration de Macron est basée sur l’humeur dominante dans les capitales européennes selon laquelle l’Ukraine est en train de perdre et que la Russie est sur le point de gagner la guerre dans ce pays. Il est probable que cet état d’esprit découle de ce que les analystes de l’OTAN et de leurs propres services de renseignement disent aux dirigeants européens.

Pas de plan B

Même en fournissant des armes, les Européens tiennent rarement toutes leurs promessesL’Ukraine se plaint du fait que seulement la moitié des fournitures qu’elle attendait finissent par arriver. Cela inclut pratiquement tout, allant des missiles de défense aérienne aux obus d’obusier. (L’Ukraine se plaint également que de nombreuses armes ne sont pas adaptées à l’usage auquel elles sont destinées ou sont anciennes et inutilisables)

Même les Français sont devenus prudents, malgré la grandiloquence de Macron. Le gouvernement français a déclaré que l’affirmation ukrainienne selon laquelle les deux parties négociaient le transfert d’avions Mirage à l’Ukraine n’était pas vraie, et que la France n’avait pas l’intention d’envoyer des avions Mirage à l’Ukraine.

Mais le déficit réel est celui qui s’applique non seulement aux Européens, mais aussi aux États-Unis. Il n’y a pas de plan alternatif, pas de plan B, pour faire face à une victoire russe en Ukraine. Même les dirigeants ukrainiens comprennent maintenant qu’ils sont pris au piège.

En rejetant des négociations opportunes avec la Russie, les États-Unis et l’OTAN se préparent à une défaite humiliante, et les Ukrainiens devront probablement s’adapter à la victoire de la Russie, même à contrecœur.

Stephen Bryen a été directeur du personnel du sous-comité du Proche-Orient de la Commission des relations étrangères du Sénat et sous-secrétaire adjoint à la Défense pour la politique. Cet article a été publié pour la première fois sur son sous-stack Weapons and Strategy et est republié avec autorisation.Vous avez déjà un compte ? Connexio

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4 Commentaires

  • Talionde Achille
    Talionde Achille

    “les Ukrainiens devront probablement s’adapter à la victoire de la Russie, même à contrecœur.” De quels Ukrainiens parle-t-on ? Entre ceux qui ne veulent plus être Ukrainien, ceux qui veulent continuer à l’être tout en parlant Russe, ceux qui ont fui le pays et qui aimeraient rentrer, qui reste-t-il pour avoir un problème”d’adaptation-à-contrecœur”? Probablement les nazis qui auront des comptes à rendre.
    On imagine mal les familles revoir leurs enfants mobilisés rentrer vivants à contrecœur…

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  • Xuan

    Le lien avec votre article de l’an dernier “DE LA VASSALITÉ FRANÇAISE MAIS PAS QUE : François Hollande déballe et c’est effrayant” est très éclairant.
    https://histoireetsociete.com/2023/01/11/de-la-vassalite-francaise-mais-pas-que-francois-hollande-deballe-et-cest-effrayant/?fbclid=IwAR3uKm6CWNTUfEKA-I5iC4n7ukRYb2tx6QA_wRi7PAZPJRDfJmiaiMaqHSw

    Outre la vassalité il se trouve quelque chose de particulier à la mentalité française, ou plus exactement à cet esprit de donneurs de leçons “issu des Lumières”, à prétendre apporter aux autres l’esprit français, au nom de notre révolution, qui n’est autres que celle de la bourgeoisie en fait.
    Cet esprit français “libérateur” s’est très rapidement mué en colonialisme, justifiant le pillage de ces “peuplades arriérées”, et légitimant maintenant la lâcheté envers l’hégémonisme, lui-même paré de toutes les vertus démocratiques encensées par Tocqueville…mais on voit à présent ce que devient le château de cartes de ces institutions bourgeoises.

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  • Michel BEYER
    Michel BEYER

    Yann Queffellec n’est pas mon auteur favori, pourtant je ne résiste pas au plaisir d’une partie de son commentaire, dans sa chronique du vendredi dans le journal local:
    “Au fait ,le Président, qu’est-ce qui lui démange? Le syndrome de Munich?Celui de Napoleon?De la grenouille?De Don Quichotte? Il prend Vladimir pour un moulin à poivre? Ne “pas laisser la Russie gagner” N’est-ce pas vouloir la coller au poteau? Ce n’est pas ce qu’on appelle en langage châtié pêter un câble? (fin de citation)

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  • koursk
    koursk

    La jetset s’étant rendu propriétaires des actifs de la Russie occupée, elle comprend qu’elle va les perdre au fur et à mesure de la libération de ces territoires par l’armée russe *** Avec des centaines de milliards de dollars de perte sèche dans sa cassette, la grosse mafia est furax, et pense à se venger de l’Etat russe, en se servant de l’arme nucléaire de ses dominions us, britannique et français, et des armes conventionnelles et des armées de toutes ses dépendances eurotaniennes *** La plupart des leaders des contrées de la zone savent qu’ils devront envoyer leur armée régulière contre la Russie, mais sans grand entrain *** Par contre, en matière d’intervention contre la Russie, le führer de l’élysée dépasse les exigences de ses donneurs d’ordre, et avec le plus grand enthousiasme *** Un idiot utile de la sorte, la jetset en raffole et peut le pistonner pour un troisième mandat en 2027

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