Histoire et société

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Le conflit israélo-palestinien pourrait entraîner la ruine de l’Égypte

On parlait jadis de la théorie des dominos à savoir ce qui justifiait la paranoïa des Etats-Unis : tous les pays allaient passer au communisme… Il y a en fait aujourd’hui un véritable danger de dominos, la manière dont la paranoïa des Etats-Unis (celle de Macron ne leur cède en rien) qui peu à peu crée partout les conditions d’une destabilisation et d’une avancée vers un embrasement généralisé. Démonstration en ce qui concerne l’Egypte.. (note de danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

https://vz.ru/opinions/2024/2/25/1254487.html

Texte : Youri Mavachev, orientaliste, directeur du Centre d’étude de la nouvelle Turquie

Les États-Unis ont mis en garde Israël contre de “graves conséquences” à la suite de l’avancée des forces de défense israéliennes vers la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Il s’agit d’un projet de résolution à cet effet pour le Conseil de sécurité des Nations unies. La prétendue préoccupation de Washington pour le sort du Moyen-Orient est clairement motivée par le désir de se décharger de toute responsabilité dans la catastrophe imminente.

“Dans les circonstances connues, une offensive majeure sur Rafah entraînera de nouvelles souffrances pour les civils et leur déplacement forcé vers les pays voisins”, peut-on lire dans le document cité par Bloomberg. Le projet de résolution note également que dans un tel scénario, de graves conséquences pour la paix et la sécurité régionales sont inévitables.

Jusqu’à récemment, les États-Unis se sont montrés très réticents à soutenir toute initiative de cessez-le-feu, quelle qu’en soit l’origine. Il est de notoriété publique que la marine américaine a assuré la couverture aérienne d’Israël à partir de plusieurs secteurs maritimes depuis le mois d’octobre. Le chef de la commission de la politique étrangère du Congrès, Michael McCaul, n’a pas non plus exclu le débarquement de deux mille marines pour soutenir Tel-Aviv. Et ce, malgré les nombreuses (et compréhensibles) protestations et objections des pays du monde islamique.

Néanmoins, Washington – à en juger par le document susmentionné – n’est pas prêt à assumer la responsabilité de la catastrophe humanitaire aux côtés d’Israël. En effet, il est évident que la population de Rafah (jusqu’à 1 million de personnes), si une opération israélienne à grande échelle commence, se transformera en réfugiés. Mais le seul endroit au sud de Rafah est la péninsule du Sinaï, en Égypte. Et les gens n’auront nul autre endroit où aller.

Dans le même temps, Le Caire a déjà annoncé qu’il n’était pas disposé à accueillir des réfugiés palestiniens et qu’il était prêt à construire des camps de réfugiés sur le territoire même de la bande de Gaza. Mais il est peu probable que cela empêche les gens de fuir en masse. Tout comme le mur érigé par la partie égyptienne au début du mois de février ne les arrêtera probablement pas.

De plus, rien n’empêche Israël de frapper “accidentellement” l’une des sections du mur. Ce qui serait conforme aux projets antérieurs de Tel-Aviv de déplacer 2,3 millions de résidents de la bande de Gaza vers le Sinaï. D’autant plus que ces plans n’ont provoqué que peu de réactions, hormis des protestations égyptiennes à la fin du mois d’octobre 2023. Et les forces de sécurité israéliennes n’ont pas besoin de civils qui gênent les opérations militaires.

Dans le même temps, la catastrophe que représenteront les réfugiés en Égypte n’inquiète apparemment pas grand monde en Occident et en Israël. Le fait est que le nettoyage de Rafah par les FDI, en appelant les choses par leur nom, pourrait provoquer une aggravation de la situation en Égypte même.

L’Égypte est déjà un pays densément peuplé et pas du tout prospère. La forte hausse des prix des denrées alimentaires, des carburants et des engrais dans le contexte de la crise ukrainienne n’est qu’un aspect de la situation. Début février, le directeur de l’Autorité du canal de Suez, Osama Rabia, a indiqué que les recettes provenant du passage des pétroliers et des porte-conteneurs en janvier avaient chuté de 46 % par rapport à l’année précédente, passant de 804 millions à 428 millions de dollars. Or, les revenus du canal sont l’un des principaux postes du budget égyptien, avec les revenus du tourisme.

Un autre problème se pose à l’Egypte, dont le développement pourrait être grévé par les réfugiés palestiniens. Fin janvier, l’Éthiopie, rivale de l’Égypte, a conclu un accord important avec les séparatistes du Somaliland. L’objet de cet accord est l’utilisation par Addis-Abeba du port de Berbera pour accéder à la mer Rouge.

Cette décision pourrait menacer la sécurité de l’Égypte. Les relations entre les deux pays sont dans une telle impasse que l’Éthiopie est déjà en train de construire le barrage Renaissance sur le Nil, qui privera à coup sûr l’Égypte d’une quantité importante d’eau. Dans le climat aride de l’Égypte, il s’agit évidemment d’un problème plus que sérieux. Si l’on ajoute à cela les problèmes d’engrais et de carburant mentionnés plus haut, une crise alimentaire dans un pays de plus de 111 millions d’habitants est pratiquement garantie. C’est pourquoi la fin du conflit israélo-palestinien sauverait également le peuple égyptien.

Il s’ensuit que la seule initiative viable pour résoudre la crise à Gaza aujourd’hui ne vient en fait que de la Russie.

Une “réunion inter-palestinienne” doit se tenir du 29 février au 2 mars – le président Vladimir Poutine y a invité toutes les forces politiques représentant les intérêts palestiniens, sans exception. Mais Israël ne semble pas prêt à discuter.

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