Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La misère du monde agricole, par Daniel Arias

Effectivement les travailleurs du monde agricole sont dans la misère. Si le monde paysan ne représente plus ce qu’il était encore dans les années cinquante à savoir 25% de la population française, l’idée du droit à se nourrir sur les terres de France demeure forte et plus de 90 % des Français refusent qu’il en soit autrement. Le gouvernement oscille entre des proclamations propagandistes qui tiennent compte de cette priorité nationale et le spectacle du mensonge, et de l’incapacité à rompre avec une politique qui continue à négocier avec la nouvelle Zélande, le Mercosur, et désormais cerise sur le gâteau l’Inde. La profondeur des problèmes auxquels est confronté le monde paysan a depuis longtemps été abordée par le groupe communiste en particulier le député Chassaigne mais là encore il reste aux militants à s’emparer des questions sans se limiter aux facilités de la “politicaillerie”. Comme nous l’avons vu hier avec les camarades de l’Albigeois, c’est une vision globale des enjeux politiques d’aujourd’hui qu’il faut acquérir. (note de Danielle Bleitrach histoireetsociete)

Dans ce communiqué de la Fédération nationale agroalimentaire et forestière CGT suite à un colloque sous invitation d’André Chassaigne.

Les salariés agricoles ont encore des sous statut du travail comme des CDD de trois mois sans prime de précarité dont bénéficient leurs employeurs.

Les plus anciens se souviendront comment le SMAG a rejoint le SMIG suite aux luttes ouvrières unitaires de 1968.

Le problème agricole doit être compris dans son ensemble y compris la grande difficulté en France ou l’accès à la Terre. Où comme dans le Nord domine le fermage c’est à dire la location de la terre par des propriétaires aux exploitants agricoles.

Dans certains pays la Terre reste propriété de l’État et est concédée à l’exploitant agricole contre certaines conditions.

Les prix montent également car les Terres en France se raréfient par le grignotage de Terre arables pour des activités autres dont l’extension urbaine, logement, centres commerciaux, loisirs, infrastructures.

Les pratiques influent également : il se mange moins de viande et se boit moins de vin, le bois de chauffage et remplacé par la production industrielle de pellets face à laquelle les vendeurs de bois traditionnels ne peuvent faire face, les industriels payant le bois plus cher et concentrent le nouveau marché du bois de chauffage avec un recours à une forte mécanisation quand manquent des bûcherons dans l’abattage traditionnel.

Les modes de distributions organisés par les agriculteurs eux-même sont inexistants ou anecdotiques ou inefficaces ; les AMAP (associations de consommateurs) sont ridiculement peu et souvent peu efficaces comparé à leurs homologues au Japon, les magasins d’agriculteurs sont anecdotiques et les plus gros exploitants investissent à l’étranger et trouvent leur compte dans la grande distribution.

D’autres modes de financements autres que le marché peuvent être envisagés :
D’autres pays comme la Finlande proposent 2000€ mensuels pour préserver le paysage, la vente des produits de la ferme venant en supplément.

En URSS la filière agricole permettait même aux peuples evenk en Sibérie de vivre de l’agriculture et de la transformation des produits par la planification économique, la transformation en économie de marché à renvoyé ces populations sibériennes à la chasse pour pouvoir continuer à commercer, les entreprises agricoles ayant été fermées suite à la marchandisation de l’agriculture.

Marché concurrentiel qui se rétrécit aussi lors des sanctions à la Russie qui aujourd’hui a remplacé notre champagne, nos fromages et autres produits agricoles qu’elle importait avant les sanctions. Le Burkina mène également la lutte pour la production agricole et industrielle dans l’agro-alimentaire pour réduire la dépendance du Sahel aux importations.

Le travail agricole est aussi le lieu de l’exploitation de la main d’œuvre libérée du socialisme en particulier Pologne et Roumanie mais également Espagne, Portugal et Tunisie ; le secteur agricole emploie également 8% des travailleurs détachés en France.

Des entreprises ont été condamnées pour avoir fait travaillé des sud américains 70 heures par semaine sans leur payer les heures sup et logé dans des mobil-homes insalubres.

En 2011, ce sont 1000 procédures au pénal pour travail illégal suite à des contrôles laissant penser que la réalité de la fraude est bien supérieure ; fraude qui impacte la collecte des impôts et des cotisations, fraude organisée parfois par des prestataires étrangers auxquels certains exploitants agricoles souscrivent rejetant ainsi leur responsabilité. C’est également un acte illégal qui durcit la concurrence entre agriculteurs dans un marché concurrentiel. 10% de ces infractions pénales sont pour l’embauche de salariés sans papiers.

Terre de liens a produit une étude sur la structure du capital agricole (lien ci dessous) :

La taille moyenne des fermes a triplé en 30 ans avec un capital moyen de 500 000 euros par ferme, de plus : “des sociétés d’exploitation à capital ouvert, qui permettent à des investisseurs non agricoles d’entrer au capital de la ferme et d’en prendre le contrôle. L’entrée de capitaux extérieurs confère aux sociétés d’exploitation de nouvelles capacités d’investissement, notamment dans les terres, qui encouragent encore la concentration des terres.”

Le PCF a aussi une presse paysanne avec le magasine La Terre et lui contrairement aux mass media a l’avantage de montrer la diversité du monde agricole comme des acteurs des revendications actuelles tout en soulevant la remarque du laisser faire du ministère de l’intérieur en comparaison avec d’autres mouvements sociaux.

Le Modef lui propose un maintient des aides sur le GNR Gasoil non Routier pour les 10 000 premiers litres uniquement afin de ne pas subventionner les gros exploitants. Il y a aussi des inquiétudes liées à une libéralisation par abandon de normes environnementales dont profitera l’industrie chimique et les plus gros exploitants seuls capables de suivre la course à la capitalisation.

Le mal être paysan ne passe pas que par le GNR ou les pesticides mais aussi dans sa structure sociale, isolement, absence des services de santé, culture, difficultés pour fonder une famille et éduquer des enfants.

Il n’y aura pas de solutions aux problèmes paysans sans une approche globale de la production agricole et intégrée dans la société, sans une agriculture socialiste et protégée des effets néfastes et dévastateurs des économies de marché qui partout et en tous domaines montrent leur inefficacité.

L’équilibre agricole, environnemental comme l’équilibre ville campagne nécessite des subventions, l’aménagement planifié du territoire et le pilotage politique des économies locales.

D’autant plus quand les approvisionnements en engrais comme en énergie sont fragilisés par les crises mondiales. Sans retourner aux années 50 davantage d’agriculteurs avec moins de mécanisation est aussi une garantie de souveraineté alimentaire et du développement rural.

D’autres formes de productions agricoles apparaissent comme les fermes urbaines hors sol qui dans un cadre capitaliste rendront la condition paysanne encore plus précaire en offrant une production en atmosphère contrôlée bien plus productive et donc plus rentable.

Le FMI encourage également la concentrations des terres agricoles au niveau mondial
Ici un dossier qui semble assez travaillé sur la privatisation des terres de nos camarades paysans de la République Socialiste d’Ukraine.
https://www.ritimo.org/A-qui-profite-vraiment-la-creation-d-un-marche-des-terres-en-Ukraine

La question a été également posée par un député RN sur les terres ukrainiennes. RN qui comme tout parti de droite a pour objet de prolonger la vie sous perfusion de ce système capitaliste néfaste en trompant les électeurs en leur faisant croire qu’il est anti système.
La réponse de France Info reste cependant très instructive sur les faits et l’art de contourner, d’exploiter les lois ou de si adapter.

https://www.francetvinfo.fr/vrai-ou-fake/vrai-ou-fake-les-terres-ukrainiennes-sont-elles-aux-mains-de-multinationales-etrangeres_5544285.html

La Terre et la crise actuelle :

https://www.laterre.fr/face-aux-souffrances-des-agriculteurs-mesurettes-dadaptation-ou-changement-de-modele-agricole/

Terres

Salariés:

https://www.cgt.fr/actualites/france/situation-demploi-precarisee/defendre-les-ouvriers-agricoles-ces-invisibles-des-temps-modernes

Travailleurs étrangers:

https://www.pleinchamp.com/actualite/l-emploi-de-travailleurs-etrangers

https://dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/22d3e4c99d4739c9e2107d81cbdc6a2e/Dares_resultats_emploi-salaries-detaches-2022.pdf

Fraudes:

https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/bouches-du-rhone/travail-detache-des-exploitants-agricoles-condamnes-pour-l-emploi-de-saisonniers-dans-des-conditions-indignes-2518220.html

2011 rapport sur la fraude en agriculture :

https://agriculture.gouv.fr/sites/default/files/documents/pdf/convention_LTI_agri-2_cle42edd6.pdf

Concentration et capitalisme agricole:

https://terredeliens.org/national/nos-propositions-pour-lutter-contre-la-concentration-des-terres/

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