Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

De l’art et la manière d’exploiter les femmes, dans une société dont la prostitution dit la valeur marchande de chacun ? … par danielle Bleitrach

Quiconque est doué du moindre sens politique n’a aucune envie de se mêler de cette entreprise de diversion qu’est devenue l’affaire Depardieu: le président français en proie à la paranoïa sécuritaire, née de sa vassalisation aux uSA, logiquement adopte le discours “sécuritaire” susceptible de diviser les Français. Il crée une loi qui aggrave les divisions sur le mode de l’extrême doite et tente de s’abstraire en suscitant un leurre qui déplace le pugilat : l’affaire Depadieu. hier c’était Palmade ou un quelconque vêtement féminin… Dans un tel contexte, où tous ces gens se moquent totalement des femmes concrètes, de ce qu’est la difficullté de se libérer dans un monde où il n’y a de liberté pour personne, je dois dire que l’hebdomadaire Telerama y est allé fort en matière d’étouffement de la cause qu’il étreint. Cet hebdomadaire qui se revendique vaguement de gauche et en a accompagné toutes les dérives en matière de collaboration de classe, a prétendu répondre aux 50 personnalités qui ont signé un texte contre le lynchage du “monstre sacré” et l’ont fait avec la maladresse habituelle des prises de parti dans la confusion du moment. Mais, notons le sans mettre en cause le droit des femmes à porter plainte, ces proches et amis inquiets ont simplement dénoncé l’opération menée par la presse et les médias, mais ils l’ont fait dans le sillage de la manipulation présidentielle, ce qui plombe leur entreprise affective.

Je n’interviendrai pas sur le fond parce que je ne puis partager cette intervention de ses amis et proches s’inquiétant pour l’acteur. Parce que j’aurais tendance à privilégier les victimes et à me demander pourquoi on sait si peu de celle qui s’est suicidée, mais je ne réclame vraiment pas d’informations complémentaires, le déballage, la manipulation me donne envie de fuir par ultime respect de la vie politique. Quand on ne connait pas réellement le dossier mais quand on est une femme on supporte trés mal ce que l’on nous révèle de la vulgarité et du machisme de l’acteur. Les tribunaux sont faits ou devraient être faits pour avoir une autre attitude que celle de la vengeance privée qui dans ce cas m’anime et le jugement implique que la culpabilité ne soit pas décidée d’avance. Tenir cette position “politique” qui est la moins pire, est difficile dans la mesure où comme la plupart des femmes j’ai eté et suis confrontée à l’acceptation sociale de ma propre humiliation, à ce que les institutions soient conçues pour conforter les rapports de pouvoir. La seule chose que l’on puisse faire c’est espérer un véritable jugement et déplorer que le président de la république ait volontairement provoqué une affaire en prenant position. le mieux alors est de ne pas en rajouter de laisser chacun patauger dans le marigot en ne pouvant pas s’empêcher de ricaner en voyant Hollande jouer les féministes pour le seul plaisir de nuire à celui qui l’a privé d’un second mandat.

Un article de Telerama : ils ne sont plus vendables qu’ils se taisent

Mais voilà qu’on tombe sur l’article de Telerama intitulé ‘effacement” et là c’est une méthode qui est à l’oeuvre : un article qui renoncer à “informer” il n’y a plus que des “éditorialistes? Celui ci prend parti avec véhémence contre la pétition en faveur de Depardieu. L’angle d’attaque en est la stigmatisation de l’âge des signataires qui ” à une ou deux exceptions, auraient tous plus de 55 ans“, un âge qui devrait les vouer au silence. Cette gauche là ne s’oppose pas ou alors modérément à l’augmentation de l’âge de la retraite, on insisterait même dans ce cas sur l’égalité entre hommes et femmes, la “fin des privilèges” des régimes spéciaux et on décrète dans un pamphlet qu’une pétition est disqualifiée par l’âge de ses signataires. Ce qui revient à retirer le droit à la citoyennete à 55 ans sous le prétexte d’embrasser la cause des femmes face à Gégé, le monstre descralisé.

L’argument de l’âge, on en conviendra, est celui qui est des moins susceptibles de défendre la cause du féminisme, parce que s’il y a une chose qui efface les femmes, leur droit à exister, c’est bien l’âge. Tous ceux qui dans les réseaux sociaux ne craignent pas d’user de cet argument là contre le couple Macron alors qu’ils n’ont pas la moindre remarque à faire sur le couple Hollande et Julie Gayet ne me contrediront pas.

Notez que sur le plan professionnel dans le cinéma c’est pire: la jeunesse fait de vous un gibier, la vieillesse, une invisible. Tous les travailleurs, sont confrontés au problème de l’âge qui renvoie à leur réalité de marchandise, mais pour les femmes et plus encore celle qui font commerce de leurs charmes, la situation est aggravée par rapport à ceux qui sont simplement usés comme un gars qui doit rammasser les ordures, ou une infirmière en situation d’épidémie… Il y a chez certaines un côté gueule cassée de la chirurgie esthétique qui dit la nature des combats pour l’image. Tares sont ceux qui tiennent dans le laisser aller et on est vite un monstre dans une telle exhibition permanente.

Comme pour confirmer ce que l’âge a en réalité avoir avec le pamphlet contre les “partisans” des “violeurs, l’argument de l’obsolescence se déplace de lâge des signataires sur l’âge de l’acteur et l’autodestruction de lui même à laquelle il se prête , et la démonstration atterrit logiquement sur la valeur marchande de l’objet du scandale, sur la carrière de l’acteur “qui ne fait plus recette et dont les derniers films sont un bide. On ne saurait plus clairement dire que le milieu du cinéma rejette le citron pressé.

Quel est le sens de tout ça ? Le poids des annonceurs et des bailleurs soupesant l’opinion de la ménagère de la quarantaine ? Parce que la cerise sur le gâteau le moment parodique c’est la dénonciation du parrainage du pierrot lunaire Pierre Richard par une association qui oeuvre en faveur de l’enfance maltraitée, le vieux jouet écarté des rayons de la charité type ONG celle qui rafistole les méfaits de la décomposition du service public et qui a besoin de “com”.

De l’obsolescence au macarthysme

Mais là où s’affiche le plus sans complexe le véritable sens de la démonstration c’est l’explication de ce qui aurait provoqué: ce rejet outre l’âge, l’obésité du produit qui ne fait plus recette” Si « effacement » il y a, ce serait plutôt celui… des spectateurs de Gérard Depardieu. À l’exception de Maison de retraite (2022), la comédie de Claude Zidi Jr. portée par Kev Adams et un casting carte vermeil populaire (Mylène Demongeot, Marthe Villalonga, Liliane Rovère, Daniel Prévost…), les films avec le poids lourd du cinéma français des années 1980-2000 n’attirent plus les foules. Voire, à l’image d’Umami, de Slony Sow, et des Volets verts, de Jean Becker, ses deux dernières apparitions en date sur grand écran, ont connu des bides cinglants. Et si, à force d’embrassades publiques à Vladimir Poutine, d’exil fiscal en Belgique et de provocations en tous genres, le principal responsable de « l’effacement » de Gérard Depardieu n’était pas Gérard Depardieu lui-même ? “

Nous y voilà c’est comme pour le viol, est-ce qu’une femme ne le provoque pas toujours un peu ?

Si l’on considère que le reportage dont des extraits ont provoqué le passage du jugement nécessaire par les tribunaux à celui de la publication d’extrait d’un reportage en Corée du nord pour en faire l’objet d’un tribunal public digne effectivement de ce qui se pratique aux USA, est-ce qu’il est bien utile pour le rédacteur de Telerama de mettre ainsi l’accent sur les raisons de ce désaveu médiatique qui lui n’a rien à voir avec les faits incriminés et qui atterri sur “les embrassades publiques à Vladimir Poutine” ?

De la cause des femmes dont l’auteur de l’article visiblement se fiche totalement nous voici sur le fond celui du maccarthysme dans lequel les studios savaient si bien utiliser et parfois inventer les débordements de l’acteur, du metteur en scène, débordements qui, comme dans la plupart des industries du spectacle, ont été utilisés pour conserver une écurie de “désirables” qui enfoncés dans leurs addictions pensent plus aux cachets qu’à la censure exigée d’eux. Des débordements non seulement tolérés mais encouragés; pour écarter un individu qui ne s’était pas contenté de porter le coeur en écharpe tel que les intérêts du capitalisme made in USA plaçait en haut de l’affiche une “cause”. Parce que nous ne cachons pas le rôle que l’on fait jouer aux “acteurs” et intellectuels est celui de porte flingue des campagnes de l’empire avec larmes et crise d’indignation à la commande dans les festivals.

le cinéma est une affaire de famille et quelquefois la famille a mal tourné

Savez vous comment le gentil Belmondo, celui qui dirigea le syndicat CGT des acteurs, qui assuma les cascades, se conduisit bien sur tous les plateaux, su agir jadis… Il n’était pas puritain, il a accompagne Godard dans sa dénonciation d’Hollywood, dans le mépris que Godard voue à ce marché où chaque matin Brecht dit partir de vendre. Godard, le mépris à l’ombre de l’anti-nazi Fritz Lang, à eux deux Godard et Lang ils font la vie dure à Jack Palance, le producteur hollywoodien . Donc Belmondo a répondu à Bertolucci venu tourner le dernier tango à Paris : je ne tourne pas de films pornographiques, Marlon Brando lui était déja usé, alcoolique ruiné par son île dans le Pacifique, un has been que le scandale du “passe moi le beurre” de ce film et le rôle du Parrain relancèrent dans une nouvelle carrière tandis qu’il gonflait comme Depardieu… Le Dernier Tango à Paris un film franco-italien de Bernardo Bertolucci est sorti en 1972, bientôt Pinochet va l’emporter au Chili dans la torture et le crime mais paradoxalement la “dictature ” qui sera dénoncée par ces gens là est celle de l’URSS .

On sait que celle qui ne survécut pas à cette exhibition “audacieuse” fut la jeune enfant de 20 ans offerte à ce monstre sacré de plus de trente qu’elle, Elle s’appelait Schneider, fille de Daniel Gélin, lui aussi jadis scandaleux, usant de la drogue, déshabillant dans rendez vous de juillet une petite grue jouée par Nicole Courcelle la mère de Julie Gayet, parce que tout ce monde finira au PS… Alors que le metteur en scène de rendez vous de juillet, jacques Becker, était dans la mouvance communiste, un grand cinéaste qui a établi des liens entre un groupe de cinéastes antinazis et la résistance parisienne. En 1943, il est l’un des cinéastes qui créent le Comité de libération du cinéma français pour préparer le cinéma après la guerre, et l’année suivante, ils organisent le tournage de l’insurrection à Paris pour le documentaire La Libération de Paris. Rendez vous de juillet en 1949, raconte Les problèmes amoureux et les aspirations professionnelles d’une bande de jeunes dans le Paris de l’après-guerre, entre la préparation d’une expédition africaine, les répétitions théâtrales et les soirées dans les cabarets de jazz. La fille a 20 ans est offerte à un libidineux, passe moi le beurre, on ne cessera de le lui répéter jusqu’elle en crève. Dans les années soixante dix, si le cinéma reste comme aujourd’hui affaire de famille recomposée, on choisit une autre vision de la victoire sur le nazisme, plus en accord avec ce qui se passe au Chili et à l’assut que l’on mène contre le communisme, bientôt il y eut d’autres performances celle des rapports sado-machistes sous uniforme nazi avec .Portier de nuit qui est un drame psychologique franco-américano-italien réalisé par Liliana Cavani et sorti en 1974. Le film qui se situe à Vienne en Autriche, douze ans après la fin de la seconde guerre mondiale, met en scène un ancien médecin de camp nazi et une des anciennes détenues nouent des relations érotiques sado masochistes…..

La “gauche” se destalinisait le libéralisme libertaire, les courtisaneries mitterandienne inauguraient les temps qui convenaient à ce qu’ils étaient même si les enfants étalaient leurs petites histoires en oubliant la grande Histoire… C’était une manière de restauration dans laquelle la débauche tenait lieu d’émancipation,. Et aujourd’hui déjà, ils ne le savent pas, mais on commence à jouer à l’ordre moral pour mieux accompagner la dérive du narcissisme à la normalisation de l’extrême droite… Ils s’étonnent d’être désertés nul ne peut s’en féliciter, “l’ancien régime c’est déjà vous, messieurs les censeurs de Télérama”.

Les enfants de pub

Laissez les tribunaux juger et arrêtez d’utiliser la cause de femmes là où elle ne devrait pas l’être, non seulement dans ce cas mais également dans d’autres comme dans l’affaire Assange où ce dernier a été incarcéré de fait avec une seule accusation complètement fausse celle d’avoir imposé à des femmes des rapports sexuels sans préservatifs et que les collègues de la presse laissent pourir sans aucune raison dans les geoles comme d’autres en prétendant soulever les masses sur le cas Navalny .

Alors que moins de 1% des plaintes des femmes sont des faux témoignages et qu’en revanche le nombre de féminicide ne diminue pas, oui, il faut dire que l’article de Telerama, les amalgames politiciens, les crepages de chignon d’un milieu qui est loin d’être sans reproche dans l’exercice des carrières, est soumis à des institutions, des pratiques qui exigent d’eux la même veulerie que celle de cette presse… Tout ce système prétend utiliser le combat des femmes dans des opérations de fils de pub qui nient ce qu’elles doivent affronter. La logique d’une telle prostitution est alors le maccarthysme du politiquement correct comme cet article de Telérama.

Parce que justement le lynchage médiatique est une manière de laisser croire que les femmes sont autre chose que ces “proies” de “la volupté collective” que dénonce Marx dans un système capitaliste qui base ses profits sur la prostitution des individus concrets acteurs, créateurs, et les rejette en état d’obsolescence quand ils ont été détruits.Comment peut-on espérer défendre la liberté des femmes dans un système de production qui repose sur leur aliénation alors que l’on est soi-mêmes dans un système de propagande qui laisse peu de latitude à l’honneteté?

Le discours de Telerema se situe bien dans cette logique dans laquelle est opposée LA FEMME dont on feint de soutenir l’universel des droits dans la démocratie hollywoodienne pour mieux détruire les individus concrets dans un déferlement de morale hypocrite qui n’est que le prétexte à destruction de tout ce qui gène le système et qui n’a rien à voir avec la situation des femmes. interessez vous au fonctionnement réel des institutions auprès desquels elle cherchent refuge, protection, respect de leurs droits, syndiquez vous pour assainir le milieu imposer le respect du travail …

Bref le mieux est sans doute de se pincer le nez devant les miasmes et de retrouver les femmes qui luttent pour une autre societe que celle-ci qui ne les liberera jamais pas plus qu’elle ne liberera les hommes, qui sont leurs compagnons d’infortune même si elles sont comme le disait Engels, le prolétaire du prolétaire.

danielle Bleitrach

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