Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Poutine constitue un point d’appui, et pas seulement pour la Russie, par Irina Alksnis

Il y a actuellement à gauche en Russie (et pas que les partis communistes d’Europe portent les échos assourdis d’un tel débat et des effets de la “diabolisation de l’adversaire de l’OTAN) y compris dans le KPRF une estimation différente parfois même antagoniste concernant le rôle de Poutine. Ce qui n’existe pas concernant son parti, ni même son entourage qui sont traités comme des représentants de l’oligarchie ne défendant que leurs intérêts personnels et ceux de la classe capitaliste, une cinquième colonne en puissance. En revanche Poutine, ses liens personnels avec Xi renforcent encore son aura, mais celle-ci existe avec la manière dont il a rompu avec la politique du clan Eltsine dont il était pourtant l’homme de main. La manière dont l’occident l’a obligé à s’opposer à cet occident, à l’OTAN lui ont donné un poids particulier. Certains Russes ne craignent pas de lui attribuer un plan de restauration de l’Union soviétique. (note de danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop pour histoire et societe)

https://vz.ru/opinions/2023/12/11/1243705.html

Lorsque l’on réfléchit à la décision de Vladimir Poutine de se présenter à l’élection présidentielle de 2024, il n’est pas inutile de rappeler un épisode pour le moins surprenant survenu il y a plus de six mois. À l’époque, en mars, Xi Jinping, lors de sa visite à Moscou, a dit au président russe quelque chose d’étrange, voire, dans un sens, d’inapproprié. La formulation a été choisie avec le plus grand soin, mais cela ne changeait à la substance de ce qui a été dit – en fait, le dirigeant chinois s’est déclaré convaincu que les Russes soutiendraient Poutine lors des élections de 2024.

S’il s’agissait d’un autre dirigeant étranger, cela n’aurait pas attiré beaucoup d’attention, mais l’État chinois – comme l’État russe – est extrêmement sensible aux sujets qui pourraient être perçus comme une ingérence dans les affaires intérieures d’autres pays. C’est pourquoi la déclaration de M. Xi a suscité un certain écho et même des théories du complot tentant d’expliquer le contexte secret de ses propos.

Le contexte était là, bien sûr, mais il n’y avait rien de secret, de profond et de complexe là-dedans. Au contraire, il s’agissait de l’appel le plus ouvert et le plus direct – autant que possible dans de telles circonstances – lancé à Poutine par la Chine et de nombreux autres États (c’est pourquoi Xi s’est exprimé publiquement, et non à huis clos) sur la nécessité de le maintenir à la plus haute fonction de la Russie et au-delà. Cet appel était nécessaire car les Chinois, contrairement aux Occidentaux et à ceux des Russes qui détestent le président, savaient bien que la décision de Vladimir Poutine de se représenter n’était pas une fatalité.

En près d’un quart de siècle à la tête de la Russie, Vladimir Poutine a tant fait que son nom figure déjà sur la liste des plus grands dirigeants du pays. Il est ridicule de penser qu’un tel résultat est le fruit de considérations privées et égoïstes du président. Parmi les réalisations grandioses qui ont déjà eu lieu, le président n’a plus qu’une seule tâche véritablement titanesque à accomplir, et ce n’est pas de remporter la confrontation avec l’Occident. Non, la chose la plus importante pour lui est de s’assurer que ce qu’il a construit et créé continue à vivre et à se développer dans le futur.

Au cours des dernières années, Poutine a constamment construit non pas un système de pouvoir personnel, mais exactement le contraire – un État et un système politique souverains, orientés vers le pays et basés sur le peuple, capables de se reproduire et de se développer sans dépendre de façon dramatique de la personnalité du dirigeant. En même temps, pendant très longtemps, les processus de redressement et de renaissance de la Russie n’ont tenu qu’à un fil et dépendaient essentiellement de Poutine. Ce dernier a pourtant fait sa première tentative pour laisser le système flotter librement il y a 15 ans – sous la présidence de Dmitri Medvedev – mais il est rapidement apparu que le pays n’était pas prêt.

Poutine est revenu en 2012 et, dans les années qui ont suivi, la Russie a commencé à changer rapidement, les changements précautionneux des années 2000 ayant été remplacés par des transformations radicales et fulgurants comme l’éclair. Il faut bien sûr en remercier l’Occident, qui ne nous a tout simplement pas laissé le choix. Aujourd’hui, la société russe regarde l’avenir avec beaucoup plus de confiance et de sérénité, en réalisant que l’appareil managérial, les élites, la bureaucratie et l’État dans son ensemble ont subi un profond processus de nationalisation – et qu’il se poursuit.

Le système a fonctionné – et il pourrait être testé pour son fonctionnement indépendant, par exemple, comme la dernière fois, lorsque Poutine, ayant quitté la présidence, a rempli une fonction de garde-fou. Mais en termes d’événements de politique étrangère, il n’y a pas de pire moment pour des expériences que celui que nous vivons actuellement. Le monde est entré dans une phase critique de confrontation avec l’Occident et de remise en cause de son hégémonie demi-millénaire. La Russie joue un rôle crucial dans les événements actuels ; un grand nombre de plans, d’accords et d’attentes d’autres pays et de leurs dirigeants sont liés personnellement à Poutine. S’il devait quitter la plus haute fonction de l’État, cela augmenterait immédiatement l’incertitude, l’hésitation et le flottement géopolitique dans des dizaines de pays, sans que l’on en connaisse l’issue.

Dans un monde plongé dans le chaos, la Russie et la Chine font figure de piliers inébranlables autour desquels se construit un nouveau système de stabilité. Poutine est désormais un point d’appui non seulement pour son pays, mais aussi pour le reste du monde – c’est ce qu’a laissé entendre Xi Jinping en mars.

C’est aussi pertinent pour la Russie. En cette période de turbulences, qui apportera sans aucun doute son lot d’épreuves et de défis, notre société fait preuve d’un niveau phénoménal de cohésion, de conviction en sa force, de foi en un avenir radieux et de soutien au président.

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1 Commentaire

  • Michel BEYER
    Michel BEYER

    “Au cours des dernières années, Poutine a constamment construit non pas un système de pouvoir personnel, mais exactement le contraire – un État et un système politique souverains, orientés vers le pays et basés sur le peuple, capables de se reproduire et de se développer sans dépendre de façon dramatique de la personnalité du dirigeant. En même temps, pendant très longtemps, les processus de redressement et de renaissance de la Russie n’ont tenu qu’à un fil et dépendaient essentiellement de Poutine. Ce dernier a pourtant fait sa première tentative pour laisser le système flotter librement il y a 15 ans – sous la présidence de Dmitri Medvedev – mais il est rapidement apparu que le pays n’était pas prêt.”(texte)
    Tout le contraire de la propagande occidentale….La réflexion de Mr XI peut être prise comme de l’ingérence. Elle est justifiée par la stabilité indispensable pour le monde entier dans un grand pays comme la Russie. La Chine ne s’immisce pas dans la vie politique de la Russie. Elle défend ses propres intérêts.
    Imaginons que Vladimir POUTINE ne se représente pas au printemps 2024. Nul n’est besoin d’être prophète pour deviner les flots d’attaque, médiatique politique économique, qui en résulteraient

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