Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

L’ex-Yougoslavie n’en finit pas de réserver des surprises : une alliance inattendue au Montenegro

Quand ça ne veut pas aller, ça ne va pas, un constat que je tente de partager avec vous et qui concerne la période historique dans laquelle nous sommes. Les placements de Soldman Sachs en matière de politicien ne sont plus ce qu’ils ont été et les joies d’Ursula von der Leyen de courte durée… Le changement est de fond : nous avons vécu au moins depuis une trentaine d’années dans un “champ magnétique” géopolitique contrerévolutionnaire dans lequel au plan international tout paraissait renforcer l’hégémonie nord américaine et ses gestionnaires européens, s’enfoncer “le sud” global. Dans le même temps la démission pour ne pas parler de trahison des directions ouvrières créaient les conditions d’une distribution toujours plus défavorable des revenus entre le capital et le travail. Ce contexte marginalisait les résistances, rendait difficile voire impossible celles-ci. Incontestablement il y a une évolution en son contraire, mêmes les apparentes victoires électorales de l’empire se heurtent à l’impossibilité de gouverner. Tout n’est pas résolu loin de là et domine un certaine immobilisme, des régressions face à des tentatives “de gauche” qui demeurent dans la logique antérieure. (note de Danielle Bleitrach histoireetsociete)

https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/31/au-montenegro-une-etonnante-coalition-avec-les-prorusses-pour-mener-le-pays-vers-l-ue_6197563_3210.html

Le journal Le Monde reflète le désarroi général qui a accueilli la déclaration de la formation du gouvernement serbe. Nommé premier ministre, mardi, Milojko Spajic s’est allié avec des partis serbes plutôt hostiles envers l’Occident. L’ancien banquier de Goldman Sachs assume ce grand écart géopolitique en affirmant que le programme de son gouvernement a été accepté par tous.

Par Jean-Baptiste Chastand (Vienne, correspondant régional) Publié aujourd’hui à 18h06, modifié à 18h56

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Le premier ministre du Monténégro, Milojko Spajic, avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à Podgorica, au Monténégro, le 31 octobre 2023.
Le premier ministre du Monténégro, Milojko Spajic, avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à Podgorica, au Monténégro, le 31 octobre 2023. SAVO PRELEVIC / AFP

Il veut transformer son petit pays, jusqu’ici surtout célèbre pour ses redoutables mafias, « en Suisse des Balkans » et « en Singapour de l’Europe » : Milojko Spajic, 37 ans, a été désigné, mardi 31 octobre, premier ministre du Monténégro après cinq longs mois de négociations. Cet ancien banquier de Goldman Sachs était arrivé en tête avec 25,5 % des voix aux élections législatives du 11 juin dans ce pays de 600 000 habitants dirigé pendant trois décennies par le même homme, l’ancien président Milo Djukanovic.

A la tête du jeune parti centriste Europe maintenant !, M. Spajic a pour programme essentiel de tourner la page Djukanovic, battu en avril lors de l’élection présidentielle, et de mener le Monténégro le plus vite possible vers l’adhésion à l’Union européenne (UE). Si cet Etat côtier de la mer Adriatique est considéré comme le plus avancé des six pays des Balkans encore en dehors de l’UE (Serbie, Kosovo, Albanie, Macédoine et Bosnie), il piétine dans le statut de « candidat » depuis treize ans, en raison notamment de son incapacité à bâtir un système judiciaire fonctionnel.

« Le Monténégro dispose d’un gouvernement pro-euroatlantique et d’une majorité politique stable qui contribueront à clore les chapitres de négociation les plus importants et à accélérer les réformes nécessaires », a promis M. Spajic, qui a inauguré son mandat en recevant la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Les interrogations du Monde s’expliquent : A l’inverse de la Serbie avec laquelle le Montenégro a des points communs, on croyait que c’était plus ou moins le parti pro-européen qui l’avait emporté. Une campagne soutenue ardemment par l’UE et par les fonds des Etats-Unis s’était donné l’objectif de faire triompher en 2022, Europe maintenant! – un parti dont l’actuel président Jakov Milatovic est le co-fondateur avec Milojko Spajic le premier ministre-, ce parti était arrivé en tête des législatives en juin. Il avait été exprès conçu selon un modèle éprouvé et qui nous a apporté Macron, pour attirer les électeurs, notamment des jeunes et des cadres désireux de voir de nouvelles têtes aux commandes, en promettant l’augmentation des salaires et des retraites ainsi que des réformes économiques et une rapide intégration européenne.

Mais le score serré, le fait que ce parti libéral pro-européen n’avait récolté que 26 % des voix avait débouché sur un blocage institutionnel, des élections qui n’avaient rien changé vu que depuis les législatives de 2020, le pays de 620 000 habitants va de crise en crise. Aucun camp n’est parvenu à trouver de majorité stable et deux gouvernements ont été renversés par des motions de censure.

Le 31 octobre, les partis monténégrins ont finalement trouvé un accord pour former un nouveau gouvernement. Mais le Premier ministre Milojko Spajic, qui l’a annoncé officiellement avec un air de bonheur pas du tout partagé par l’UE et les USA, se retrouve à la tête d’une coalition qui n’a rien de pro-européen. S’il est chef d’un parti pro-européen, il a dû composer avec des partis considérés comme pro-serbe et pro-russe pour s’assurer une majorité.

La coalition va donc regrouper son parti Europe Maintenant – qui souhaite relancer les pourparlers européens et « faire du Monténégro la Suisse des Balkans, le Singapour de l’Europe », a dit Milojko Spajic lundi aux parlementaires – et la Nouvelle Démocratie Serbe, formation nationaliste qui s’oppose aux sanctions contre la Russie, ainsi qu’à l’indépendance du Kosovo. La formation est également complétée par plusieurs autres petits partis.

Aussitôt ‘Union européenne et les États-Unis ont fait part de leur inquiétude à voir les nationalistes participer au gouvernement, mais le nouveau Premier ministre a assuré que l’influence de la Serbie sur la politique monténégrine serait inexistante. Premier test pour le nouveau gouvernement : le chantier de la réforme de la justice, condition sine qua non de l’intégration européenne. Rien ne prouve toutefois que l’aile droite de la nouvelle coalition laissera la réforme se mettre en place.

« Le Monténégro a maintenant un gouvernement anti-européen, anti-monténégrin et pro-russe », s’est désolé le président du principal parti d’opposition, le Parti démocratique des socialistes du Monténégro (DPS), Danijel Zivkovic. Cette formation et son ancien patron, Milo Djukanovic, pourtant accablés d’accusations de corruption, ont dirigé sans partage le Monténégro durant trois décennies, avant la défaite de M. Djukanovic à la présidentielle d’avril 2023 face au très jeune Jakov Milatovic, 36 ans.

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