Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Guennadi Ziouganov : Je n’oublierai jamais comment j’ai persuadé Primakov de former un gouvernement

Ziouganov dans ces textes sur l’historique de la trahison de l’URSS apporte dans chacun de ses discours de nouvelles précisions, comme si il n’avait soulevé le voile qu’au fil de la compréhension que pouvaient en avoir les peuples. Dans le cadre de ce que nous avons entamé ici, et qui devrait être le travail réel du PCF de toute la gauche française si elle ne veut pas définitivement tomber dans le déshonneur et la collaboration de classe la plus infâme, les réflexions du dirigeant du KPRF que nous traduit Marianne sont très précieuses, parce que cette trahison nous l’avons vécue sans avoir la chance d’avoir un dirigeant de cette envergure (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop pour histoire et société)

https://svpressa.ru/politic/article/384468/

Andrei Polounine

Photo : Guennadi Ziouganov, chef de la faction KPRF (Photo : Service de presse de la Douma d’Etat russe/TASS)

Le mois d’août a été fatidique à deux reprises dans l’histoire récente de la Russie. La première fois, en 1991, lorsque le Comité d’État pour l’état d’urgence (GKChP) a tenté désespérément d’empêcher l’effondrement de l’Union soviétique. La seconde a eu lieu en 1998, lorsque le cabinet des ministres a annoncé l’abandon de la politique du corridor monétaire et un moratoire de trois mois sur le remboursement par les banques des dettes contractées auprès de créanciers étrangers. L’une des principales raisons de la défaillance a été l’effondrement de la pyramide des obligations d’État à court terme (GKO). Le principal résultat a été la destruction de la majeure partie de l’épargne des citoyens.

Guennadi Ziouganov, président du comité central du KPRF, explique pourquoi ces événements doivent être considérés conjointement et pourquoi il est approprié de rappeler les années 1990 en ce mois d’août.

– Les deux événements – le GKChP et le défaut de paiement – sont séparés par exactement sept ans”, déclare Guennadi Ziouganov. – C’est ce qu’on appelle les “folles années quatre-vingt-dix”. C’est au cours de ces années que le grand État soviétique a été détruit, que le pouvoir soviétique a été abattu, qu’un massacre a été organisé en Tchétchénie, où plus de 100 000 personnes ont été tuées, et que des élections présidentielles frauduleuses ont été organisées.

Le 17 août était le 25e anniversaire du défaut. Mais il n’y a pas eu un seul programme sérieux à la télévision pour discuter de ces événements. Un tel débat serait pourtant approprié, surtout dans le contexte de la guerre contre nous et le monde russe, déclenchée par les Anglo-Saxons et l’OTAN aux mains des Banderistes en Ukraine.

À mon avis, c’est loin d’être un hasard. La cinquième colonne – ces vestiges de l’ère Eltsine – s’accroche au pouvoir avec les dents. Tant sur le plan administratif que sur le plan de l’information. Ils font tout pour déformer notre histoire, pour taire la vérité, pour faire oublier les crimes dont nous récoltons encore les conséquences.

Regardez la politique d’information des années 1990 : combien de mensonges et de saletés ont été déversés sur le pouvoir soviétique, sur les communistes – les vainqueurs de la grande guerre patriotique ! Tout cela s’est fait selon un scénario spécial préparé par les Américains et la CIA. Et aujourd’hui, la phrase de Brzezinski de l’époque s’applique à beaucoup de ceux qui occupent de hautes fonctions : “Puisque 500 milliards de dollars de l’élite russe reposent dans nos banques, vous devez vous demander si c’est votre élite ou si c’est déjà la nôtre”.

Hélas, Brzezinski n’avait pas tort de le dire. Et à moins que le président Poutine, le premier ministre Mishustin, le président de la Douma Volodin et le président du Conseil des ministres Matvienko ne réalisent pleinement le caractère pernicieux d’une politique d’information qui ne permet pas une évaluation objective de ce qui se passe, il sera extrêmement difficile pour la Russie de se redresser et de remporter la victoire.

Tout d’abord, nous devons répondre à des questions fondamentales. Après tout, tous les problèmes sont nés en 1991, 1993, 1996 et 1998. Comprenons donc : qu’est-il réellement arrivé au pays ?

Mais pour l’instant, cela se passe comme dans l’émission Solovyov Live. Ils parlent du GKChP, disent que les mains de certains tremblaient et que d’autres dansaient le Lac des Cygnes sur scène. Mais ils ne disent rien sur les vraies raisons de ce qui s’est passé !

“SP” : – Comment caractériseriez-vous le GKChP ?

– Je pense que le GKChP était une opération bien pensée par l’Occident pour liquider le PCUS. Si nous avions créé le KPRF un an plus tôt, nous ne les aurions pas laissés démanteler le pays. Mais c’est à ce moment-là que tous les chiens ont été lâchés sur nous.

En conséquence, une série d’opérations destructrices ont été menées sous la supervision des conservateurs occidentaux. Après l’effondrement de l’URSS, le pouvoir soviétique a été abattu. Les Tchoubais-Gaidar ont été placés à des postes de direction, les actifs de l’État ont été vendus pour 2 % de leur valeur réelle. Cinquante agents de la CIA ont travaillé avec Tchoubais et ont vendu nos usines pour rien.

Nous avons écrit et crié à ce sujet dans tout le pays. Malheureusement, tout cela a été enseveli la machine à battre la propagande lancée par les États-Unis d’Amérique avec notre cinquième colonne. Et lorsque nous avons repris nos esprits, il était trop tard.

J’ai été frappé par la campagne électorale de 1996. Elle a été menée sur les instructions d’Eltsine, mais c’est encore et toujours la CIA qui a écrit le scénario. La Constitution a été réécrite selon les modèles occidentaux spécifiquement pour les élections. En même temps, ils ont pratiquement supprimé la section relative au contrôle des élections. Tout ce qui servait de contrepoids à l’arbitraire et à l’anarchie des falsificateurs a été supprimé de la loi fondamentale.

Dans une telle situation, il n’était plus possible, en principe, de parler d’élections équitables. J’ai vu de mes propres yeux comment, lors des premières élections législatives organisées sous l’égide de cette Constitution, les partisans du gouvernement ont divisé les électeurs entre eux. Certains allaient vers Gaidar – le parti du pouvoir. Les seconds ont choisi Shakhrai, le parti des régions. Les troisièmes, les libéraux, iraient vers Yavlinsky. Les quatrièmes, les libéraux les plus criards, iraient vers Jirinovski. Les cinquièmes – derrière Lakhova, censée représenter le Mouvement des femmes de Russie.

Mais même les Américains ont objecté : vous ne pouvez pas faire cela ! Vous aviez le PCUS, maintenant vous avez le KPRF. Faisons sortir Ziouganov une semaine avant le début de la campagne. Prétendons que la campagne est menée honnêtement et objectivement. On s’attendait à ce que nous ne recueillions pas les 100 000 signatures nécessaires pour participer. Mais nous en avons recueilli deux fois plus en cinq jours seulement ! Et nous sommes allés au vote !

Et là, ils se sont empressés de gonfler Gaidar et Jirinovsky. L’objectif était évident : donner le pouvoir à la Douma à ceux qui soutiendraient toute loi visant à la destruction du pays.

Mais le pays a tout de même réussi à ne pas sombrer dans l’abîme. Je crois que c’est grâce aux cadres moyens, qui n’ont pas abandonné leurs équipes. Oui, les directeurs d’entreprises, on essayait par tous les moyens de les avoir avec la corruption, de les corrompre avec des voyages à l’étranger, des pots-de-vin et diverses aumônes. Mais ils ont conservé les restes de la conscience soviétique et n’ont pas jeté leurs équipes à la rue.

“SP : – Quand avez-vous appris qu’un défaut de paiement était imminent ?

– J’ai été prévenu dès le mois de mai 1998 : le défaut de paiement serait probablement annoncé à l’automne. Début août, ils ont précisé : le système financier est prêt à s’effondrer et ne passera pas l’automne.

Le 13 août, le Financial Times a publié un article de Soros, célèbre financier américain. Il y prédit un défaut de paiement ou une hyperinflation aux conséquences catastrophiques pour la Russie. C’était un signal pour notre cinquième colonne. Curieusement, la veille, le FMI a alloué une petite tranche à la Russie, qui ne nous est jamais parvenue. Je n’exclus pas que la bande de libéraux de l’époque ait simplement empoché cet argent. Nous avons essayé d’enquêter sur cet épisode, mais nous n’avons jamais rien trouvé.

Mais l’Occident n’a alloué cette tranche que pour une pacification temporaire. Le directeur de la Banque centrale de l’époque, Dubinin, ayant appris la nouvelle, a pris des billets et s’est envolé pour des vacances dans le nord de l’Italie, dans les environs de San Remo. Lorsque j’ai appris la nouvelle, j’ai appelé le Premier ministre de l’époque, Kirienko. Il a proposé de me rencontrer.

Lors de cette rencontre, j’ai dit que le système financier risquait la catastrophe. J’ai suggéré de rassembler les personnes influentes et de calmer le pays. Sinon, demain, les citoyens se précipiteront dans les banques et tout s’effondrera.

Eltsine se trouvait alors dans sa résidence en Carélie. Le 14 août, le deuxième jour après l’article de Soros, il s’est rendu à Veliky Novgorod, apparemment pour une visite. Il y a déclaré publiquement que le défaut de paiement était totalement exclu. Il a démontré par tous les moyens possibles qu’il contrôlait tout, que tout était sous son contrôle. Et c’est là qu’il a reçu un coup de téléphone de Clinton : « Assez de repos, courez à Moscou, la maison brûle ! »

Et le 17 août, le système financier s’est effectivement effondré. Il s’est avéré que le fer de lance de la cinquième colonne, dirigé par Tchoubais et Gaidar, s’était réuni la nuit et avait décidé de ne pas payer ses dettes ou celles des autres. Et ils ont diffusé la nouvelle.

“SP : – Qu’est-ce que cela signifiait pour les citoyens ordinaires ?

– Imaginez une personne qui a de l’argent sur son compte – pour terminer des réparations, acheter quelque chose pour l’hiver. Ou quelqu’un qui possède une petite unité de production et qui va acheter une maison. Qui aussi avait de l’argent sur son compte. Tous ces gens se sont précipités vers les banques. Tous ! Et les banques se sont retrouvées bloquées, elles se sont effondrées du jour au lendemain ! Seule la Sberbank a continué à payer quelque chose.

“SP : – Où étiez-vous à ce moment-là ?

– À la datcha de Sneguiri. Je suis sorti le matin et il n’y avait plus aucune voiture. Ils étaient tous partis pour chercher leur argent.

Dès que je suis arrivé au bureau, la “ligne du Kremlin” a sonné. Je n’avais pas parlé à Eltsine depuis la fusillade du Parlement en 1993. Je ne pouvais pas. Et soudain, cet appel. J’ai décroché le téléphone et Eltsine sans même me saluer dit : “Vous connaissez bien Moscou, qu’allons-nous faire ?”. J’ai dit : “Savez-vous que dans notre Moscou bien-aimée, il y aura ce soir 400 000 chômeurs ? La soi-disant classe moyenne, la jeunesse, vous les avez toutes ruinées ! Au raz du sol !”

Une de mes connaissances, un homme talentueux, créait à l’époque une usine. Il pensait avoir pensé à tout : il avait placé son argent dans trois banques différentes pour des raisons de sûreté. Et tout cet argent a brûlé. Il m’a dit qu’il ne lui restait plus rien, pas même pour une maison, pas même pour sa famille.

Ce jour-là, j’ai assisté à une scène caractéristique. Il y avait un centre de jeunesse près de la station de métro Frunzenskaya – il avait été construit avec l’argent du Komsomol. Soudain, il y a eu une file d’attente pour entrer dans le centre, et quelle file d’attente ! Des jeunes gens vêtus de costumes coûteux et de chaussures valant des centaines de dollars se tenaient là. Ils se tenaient la mine défaite, environ un millier de personnes.

J’ai dit : « Y a-t-il un concert ? » – « Vous voulez rire ! Nous avons tous été mis à la porte, nous venons pointer au chômage ! »

Ils étaient tous des employés de bureau bien payés, jetés à la rue. Personne ne voulait d’eux. Ils pensaient avoir attrapé Dieu par la barbe, qu’ils étaient désormais les maîtres de la vie. C’est ainsi que ces “maîtres” ont été jetés dans les rangs des chômeurs.

J’ai dit à Eltsine à l’époque : si nous ne nous réunissons pas immédiatement, si nous ne prenons pas des décisions rapides et si nous n’approuvons pas une équipe qui fait autorité, les régions vont exploser en un jour ou deux. Et chacune d’entre elles se battra pour son propre morceau.

Finalement, nous nous sommes rencontrés et avons discuté pendant trois heures. Nous nous sommes mis d’accord pour former un gouvernement de coalition de centre-gauche.

“SP” : – Comment l’équipe Primakov-Maslyukov-Gerashchenko a-t-elle été sélectionnée ?

– Je n’oublierai jamais comment j’ai persuadé Primakov dedevenir Premier ministre. Il était alors ministre des affaires étrangères. Primakov m’a appelé : je vais venir vous voir. J’ai dit : non, c’est nous qui venons chez vous ! Et nous sommes venus, nous avons discuté de tout.

Maslioukov a étéinvité à occuper le poste de premier vice-premier ministre. Il a été vice-ministre de l’industrie de la défense de l’URSS et président du comité de planification de l’État de l’URSS. Depuis 1995, il dirigeait la commission de la politique économique à la Douma d’État.

Quand Eltsine a évoqué la possibilité de nommer Maslioukov, membre du KPRF, à la tête du gouvernement, j’ai dit : si ça ne marche pas, vous allez tout nous mettre sur le dos et essayer d’écraser le parti sous ce prétexte. Gerashchenko a accepté de diriger la Banque centrale, et c’est ainsi que l’équipe a été formée.

Fait caractéristique, la candidature de Primakov est approuvée à l’unanimité par la Douma. Lorsqu’il monte à la tribune, il n’a que quelques points notés sur un bout de papier – il n’a pas eu le temps de rédiger un programme.

Nous nous sommes réunis tous les soirs pour prendre des décisions sur la situation actuelle. Plusieurs décisions absolument extraordinaires ont été prises, entre autres. Le FMI, d’ailleurs, était contre tout ce que nous proposions. Mais nous avons montré notre volonté et notre caractère.

“SP : – Quelles ont été les principales décisions prises ?

– Tout d’abord, nous nous sommes mis d’accord pour lancer la production afin de maintenir les gens au travail. À cette fin, nous avons invité quatre personnes de chaque usine pour une production spécifique de machines, de machines-outils et d’équipements : le directeur, l’ingénieur en chef, le technicien en chef et le responsable de la production.

Nous leur avons dit : voici de l’argent pour la production et les salaires. Et chaque semaine, vous ferez un rapport sur les résultats.

En fin de compte, la machine à produire a fonctionné. L’industrie a enregistré une croissance de 24 %. C’est la seule fois dans l’histoire récente de la Russie qu’une croissance aussi impressionnante et rapide a été réalisée.

La deuxième décision a été d’empêcher que le peuple ne se révolte en interdisant d’augmenter les prix de l’essence, du diesel et du gazole. Aujourd’hui, d’ailleurs, le gazole coûte plus de 60 roubles le litre, c’est de la folie ! Ce n’est pas comme ça que ça devrait se passer dans un pays qui regorge de pétrole et de gaz !

Troisièmement, nous avons réussi à mettre en place une barrière fiable contre l’inflation. Nous avons imprimé beaucoup d’argent supplémentaire, mais pas un seul centime n’est allé à la bourse. Si l’argent avait été donné aux spéculateurs, toutes les industries survivantes et l’ensemble du système financier auraient été balayés comme dans un ouragan.

Autre chose. Nous avons tout fait pour empêcher les banques de transférer de l’argent à l’étranger.

Et le pays a soupiré de soulagement, a travaillé, s’est senti en confiance.

“SP” : – Pourquoi le cabinet ministériel n’a-t-il pas duré longtemps ?

– Six mois plus tard, Eltsine est convaincu que Primakov a l’intention de prendre sa place. Primakov est traîné au Kremlin, devant les caméras de télévision : déclarez que vous n’êtes pas candidat au fauteuil présidentiel ! Il déclara alors qu’il ne s’occupait que du gouvernement.

Néanmoins, Eltsine avait été monté contre lui. J’ai reçu un appel téléphonique m’avertissant que le président voulait changer le gouvernement. J’ai appelé Ryzhkov et Kharitonov, et nous sommes allés tous les trois voir Primakov.

Nous nous sommes assis dans son bureau. Nous lui avons proposé de venir à la Douma le lendemain et d’annoncer ses projets pour l’avenir. Afin que la Douma puisse lui confirmer sa pleine confiance pour la période à venir.

Mais Primakov a dit : non, je ne peux pas faire ça.

Néanmoins, sous le gouvernement de Primakov, le pays a été tiré de l’abîme et sauvé. Dans le même temps, il nous est apparu clairement qu’il était urgent de mettre à la retraite la camarilla d’Eltsine.

La Douma a commencé à préparer la procédure de destitution. Ilyukhine a éténommé à la tête de la commission concernée. La commission a rassemblé 22 volumes de documents, documentant tous les crimes du régime : le pacte de Belovej, la guerre en Tchétchénie, la destruction de l’industrie, la faillite du complexe militaro-industriel.

Le plus étonnant, c’est que les huit factions étaient d’accord à l’époque : Eltsine était un criminel. Il me reste un seul exemplaire de la transcription du discours d’Ilyukhine sur l’affaire Eltsine et des discours de tous les chefs de faction qui l’ont suivi. Toutes les autres copies de cette transcription ont été détruites et ne se trouvent dans aucune bibliothèque.

Il a manqué 16 voix pour déclarer la destitution. Jirinovski et Yavlinsky ont flanché.

Dans notre KPRF, pas un seul d’entre nous n’a tremblé, ne s’est effondré, n’a trahi les travailleurs. Tout le monde a voté la “culpabilité”. Je suis fier que notre faction, Narodovlastie et les agrariens aient travaillé ensemble comme une équipe à cette époque, luttant pour l’avenir du pays.

“SP : – Que s’est-il passé après l’échec de l’impeachment ?

– On m’a dit qu’Abramovitch s’était assis et avait réfléchi : que faire de cet Eltsine maintenant ? Et cela s’est terminé par l’annonce par Eltsine de sa démission en tant que président à midi le 31 décembre 1999. Quelques minutes avant que ne retentisse le carillon de la Saint-Sylvestre, cette allocution a été répétée.

Lorsque Poutine a pris le pouvoir, il y a eu un nouvel espoir. Il m’a invité à des réunions, m’a interrogé longuement. D’ailleurs, nous approuvons toujours son premier discours présidentiel. Il y parle d’un pays fort, de politique sociale, de science et d’éducation.

Mais à ce jour, nous ne sommes pas sortis de l’ornière terrible et frauduleuse dans laquelle Eltsine et Tchoubaïs ont piétiné. Après la crise de 2008, lorsque la Russie est tombée plus bas que n’importe qui d’autre, Poutine a compris qu’une planification stratégique et des projets nationaux étaient nécessaires. Des documents importants ont alors été adoptés. Mais les blocs financiers, économiques et d’information sont restés entre les mains des partisans d’Eltsine, entre les mains de la cinquième colonne.

Au cours des dix années qui ont suivi, nous n’avons jamais surmonté ce retard chronique, avec un taux de croissance inférieur à 1 % par an. Les objectifs fixés dans le décret de mai 2018 de Poutine – devenir l’une des cinq plus grandes économies du monde, mettre un terme à l’extinction et à l’appauvrissement, maîtriser les nouvelles technologies – semblent excellents. Mais qu’en est-il au fond ? Mishustine se bat depuis trois ans, mais dans le système actuel, il est impossible d’améliorer radicalement les choses.

Et maintenant, l’Occident nous a déclaré une guerre d’anéantissement. Nous devons augmenter rapidement les taux de croissance, prendre d’urgence des décisions clés ! Nous avons préparé ces décisions – le budget de développement, la nationalisation de la base de minéraux et de matières premières, le pari sur les entreprises populaires, la loi “Éducation pour tous”. Avec le regretté prix Nobel Jaurès Alferov, nous avons tout fait pour créer les institutions de l’avenir.

Qu’est-ce qui nous empêche d’adopter ces solutions ? Mais Russie unie a dit “non”.

Et qu’en est-il des élections ? Après tout, c’est le principal instrument de dialogue entre les autorités et la société ! J’étais persuadé qu’à l’occasion de ces élections, il serait dit que nous allions nous unir, nous rassembler, discuter des programmes proposés par les partis. Mais au lieu de cela, Russie Unie s’est lancée dans le harcèlement de ses opposants, en utilisant des procédés innommables contre leurs rivaux.

Une base pour nous unir est l’expérience unique de la grande époque soviétique, la nécessité de notre victoire. Mais n’oublions pas que jusqu’à présent, personne dans l’histoire, à l’exception des communistes, n’a jamais vaincu le fascisme !

Je crois que l’heure de vérité a sonné. Nous devons enfin tirer des conclusions franches de la tragédie des années 1990 – du GKChP et du défaut de paiement. Nous avons besoin d’un nouveau cap, d’un nouveau programme. Nous avons proposé un tel programme au pays. Et nous continuerons à nous battre pour sa mise en œuvre.

Print Friendly, PDF & Email

Vues : 547

Suite de l'article

5 Commentaires

  • Roger
    Roger

    Cet article montre bien les contradictions qui existent dans le pouvoir russe, leur apparition et leur transformation.
    Il montre aussi la difficulté d’agir et d’anticiper des communistes russes qui ont fait face à une situation inédite et nouvelle dans l’Histoire : la perte du pouvoir par la trahison interne principalement, suivie d’un assaut massif externe.
    Il devrait servir de leçon aux communistes pour éviter de réciter seulement des leçons du passé (qui sont nécessaires) et s’autoriser à rajouter systématiquement les aspects nouveaux et particuliers de la situation actuelle ou future.
    Pour ne pas interférer dans la politique des communistes russes, je ne m’étendrai pas sur l’existence très importante de la déclaration de Nina Andreevna, je ne renoncerai pas à mes principes, qui a marqué le début d’une opposition structurée à la catastroika de Gorbatchev. Les difficultés énoncées au second paragraphe expliquent qu’il a fallu du temps aux communistes pour aller dans le même sens (et parfois des années après pour certains).
    Les communistes français, organisés ou non, devraient s’atteler à ce travail de réflexion ; ils devraient se servir de la théorie (et pas seulement de Marx et Engels pour certains groupes) et l’appliquer à leur propre situation pour voir comment ils pourraient agir de manière scientifique pour agir et avoir un effet révolutionnaire sur la société capitaliste d’aujourd’hui, d’autant plus que la crise du système capitaliste se trouve dans un état de maturité, voire carrément de pourriture.

    Répondre
  • Bosteph
    Bosteph

    Info sportive, concernant indirectement la Russie (quoique directement ne serait pas faux) : l’ Équipe de France de Basket à été éliminé à l’ issue du 1er tour des Championnats du Monde de Basket (elle visait le titre (c’ est dire)) . Dans Le Parisien/Aujourd ‘ hui en France du jour, Frédéric WEIS, ancien Bleu, s’ en prend à la FFB qui “à voulu laver plus blanc que blanc” en excluant les Bleus évoluant en Russie – Thomas HEURTEL, Amath M ‘ BAYE, Louis LABEYRIE, Livio JEAN-CHARLES . Pour lui, un joueur comme Thomas HEURTEL nous a manqué pour gérer la fin de match contre la Lettonie (86-88).

    Répondre
    • Franck Marsal
      Franck Marsal

      Je suis sidéré par la manière dont la société française accepte une telle instrumentalisation du sport et de la culture à des fins politiques qu’on en arrive à exclure des joueurs sous prétexte qu’ils jouent dans un club russe. C’est vraiment sidérant, quoiqu’on pense de la situation. Ce n’est quand même pas la première guerre qu’il y a dans le monde ? On n’a jamais exclu les sportifs américains, malgré toutes les guerres que ce pays à mené sur tous les continents. Tant mieux qu’il y ait enfin quelques réactions …

      Répondre
      • Bosteph
        Bosteph

        Info complémentaire : Nicolas BATUM, le capitaine de l’ Équipe de France de Basket, tient des propos semblable à Frédéric WEIS, dans la version internet de l’ Équipe (article de dimanche), non paru à ma connaissance (sauf erreur) en version papier.

        Répondre
  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Discours de Léon Deffontaine, clôture de l’Université d’été du PCF.

    https://www.youtube.com/live/CcQRGI3msmo?si=C0tQyw7qUVtXirH5

    Ce discours reste léger sur le plus important et assez pénible à entendre il reste la même rengaine depuis ces dernières décennies.

    Le terme libéralisme remplace capitalisme et pas grand chose de concret n’apparaît ni l’objectif réel de cette élection si ce n’est de piquer quelques places à la droite.

    Impérialisme et OTAN connaît pas, formation de la plus value connaît pas, BRICS ???

    Aucune analyse du marché mondial et de son évolution actuelle, il demande encore des augmentations de salaire et de prendre l’argent du patronat, tout en ayant un discours charitable.

    Il parle des millionnaires quand à Paris un appartement F2 dans le 11ème a une valeur de marché de 500 000¢ et que les grands appartements sont au delà du million, cela suffit à gonfler le patrimoine des personnes qui l’ont acquis parfois il y a de nombreuses années ou par héritage à des valeurs plus normales. Combien de ces millionnaires le sont de part leur patrimoine professionnel, médecins, agriculteurs, artisans. 73% des propriétaires de leur logement ont plus de 70 ans.

    Ce n’est pas ma conception du combat communiste qui avant tout doit être celui de la prise de pouvoir pour éliminer la bourgeoisie de la direction de l’État dans toutes ces dimensions et composantes.

    Nous ne sommes pas là pour donner aux pauvres, nous sommes là pour organiser la prise de responsabilité collective de notre avenir y compris en opérant les ajustements de salaires au marché mondial.

    Avec nos salaires nous ne seront jamais compétitifs avec la Chine, le Vietnam, l’Espagne, le Maroc ou la Turquie dont il refuse l’adhésion à l’UE alors que Renault y investit déjà tout comme nous importons de nombreux produit, l’adhésion à l’UE n’est pas nécessaire pour servir notre grande distribution.

    La baisse de salaire ne suppose pas la baisse du pouvoir d’achat si nous nous attaquons avec détermination au profit et à l’économie de marché avec la seule méthode efficace: les nationalisations massives sous la direction unique du PCF pour imposer un nouveau Commissariat au Plan Socialiste.

    Pour que nos salaires aient une quelconque valeur sur le marché mondial ils doivent reposer sur une base industrielle solide dont l’énergie est un facteur clé.

    Alors pourquoi encore après deux ans et demi de guerre continuer à insulter la Russie qui encore est seule à lutter contre le nazisme en ce moment même où donc s’informe-t-il, où est son esprit critique envers les mensonges du secteur international ?

    Pourquoi chercher l’alliance avec EELV quand on prône publiquement le nucléaire et le tunnel de la ligne Lyon Turin ? Vous comptez convaincre les Verts et leurs électeurs ?

    Mettre en avant le transport ferroviaire sans évoquer la renationalisation du rail est tout de même fort. Le Ministère du Transport dans une France Socialiste devraient avoir pour mission d’assurer la mobilité dans toutes ces formes air, terre, mer, marchandises et voyageurs, trajets du quotidien, repenser l’usage de tous les moyens de transports de la voiture au train en pensant une offre globale et accessible en tenant compte de tous les impératifs économiques, environnementaux et des besoins des usagers, ce qui implique une centralisation intelligente des moyens et des capitaux.

    Pour l’instant encore une campagne électorale qui ressemble comme deux gouttes d’eaux à celles qui ont tant réussit au PCF.

    Décidément le réveil semble encore grippé.

    Nous verrons la suite de la campagne.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.