Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

D’un groupe de réflexion britannique : la paix avec les arguments de l’OTAN, c’est impossible…

La moitié de notre lectorat est français mais l’autre moitié internationale – ce qui est une bonne chose – évolue d’un public individuel francophone jusqu’à toucher de plus en plus des collectifs de réflexion qui comme nos amis Hongrois ou des Espagnols, de Italiens, des Grecs nous envoient des contributions émises dans leur langue et qu’ils traduisent pour nous… Aujourd’hui nous recevons ce texte d’un groupe qui s’intéresse à la géopolitique depuis la Grande-Bretagne et qui s’intitule “Labour Affairs” publie une revue, ce sont des “travaillistes” qui n’apprécient pas le positionnement actuel de leur parti, ont pris leur distance mais construisent leur propre réflexion. Ils ont lu l’interview de Fabien Roussel que nous avons publiée et nous livrent leurs analyse de cette publication qui partout suscite disons une totale incompréhension. Par parenthèse, nous ne souhaitons pas que ces interventions soient dirigées contre le PCF, et nous ne les publions aussi bien que les discussions dans ce blog, que tout autant qu’elles sont une contribution à la tâche urgente de s’attaquer à l’OTAN et au rôle de l’UE, devenue de plus en plus la représentante des marchands d’armes et des marchés financiers. C’est le combat prioritaire de notre blog, celui qui unit notre collectif dans la diversité de nos origines politiques, nous resterons sur ce choix-là, sur son but et perspective et refuserons ce qui selon nous détruit le combat des groupuscules, la rancune, voire la haine et les divisions que tout cela engendre. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Qualifier les actions de la Russie de “criminelles et injustifiables” est tout droit sorti du répertoire de l’OTAN. Une fois cela admis, il n’y a rien d’autre à faire que de justifier encore davantage la belligérance de l’OTAN, avec pour résultat que ce qui est suggéré n’est pas une paix négociée, mais une défaite négociée conditionnelle de la Russie. La définition initiale des actions de la Russie dans ce document garantit que les résultats de l’encouragement continu de l’OTAN à l’extrémisme de Kiev ne peuvent pas être correctement pris en compte. Au contraire, le résultat de cet extrémisme en termes de destruction de vies, de territoires et de biens est fermement imputé à la Russie. C’est pourquoi la condition préalable à ces négociations est l’exigence de réparations de la part de la Russie. De même, cette façon de présenter le conflit empêche d’expliquer les faits qui contredisent le récit de l’OTAN. Le chiffre de l’ONU de 9 000 civils tués est mentionné, mais rien n’est dit sur la façon dont ce chiffre s’accorde mal avec l’affirmation de l’OTAN selon laquelle la Russie s’est lancée dans une guerre contre les civils ukrainiens.

L’appel à un référendum est absurde étant donné la dislocation admise des populations. Il y a eu un référendum direct en Crimée, mais plutôt que de se placer en défense du résultat de ce référendum, Roussel le met lâchement dans le même sac que les référendums ultérieurs dans les autres régions. Cependant, aussi imparfaits qu’aient été ces référendums, il est impossible de se méprendre sur les sentiments qui ont poussé les habitants de Donetsk et de Louhansk à se rebeller contre le régime de Kiev mis en place après le coup d’État de 2014. Mais cette position du PC français nécessite l’abandon de toute explication sur ce point et, plus significativement, sur la nature du régime de Kiev avec lequel la Russie est censée négocier une capitulation. L’illogisme de cette position est également démontré par la façon dont l’auteur décrie la possibilité que Poutine soit renversé et remplacé par quelque chose de plus imprévisible que Poutine (l’homme qui a initié ce qui était vraisemblablement un acte d’agression imprévisible, “criminel et injustifiable”, contre une Ukraine innocente). Mais il n’y a rien de plus susceptible de provoquer un tel renversement que l’acceptation par Poutine des conditions préalables énoncées dans cette soi-disant proposition de paix négociée.

En attendant, des sentiments comme celui-ci, qui ne demandent pas de comptes aux États-Unis et à l’OTAN, ne peuvent que servir l’objectif de ces entités et la manière irresponsable dont elles ont délibérément et intentionnellement ignoré les préoccupations légitimes de la Russie en matière de sécurité.

La reconnaissance par Roussel des préoccupations de la Russie en matière de sécurité est une reconnaissance a posteriori. Il cherche maintenant à y répondre par la négociation. Mais les États-Unis, l’OTAN et l’Europe n’ont pas jugé que ces mêmes problèmes de sécurité méritaient d’être négociés dans les mois qui ont précédé l’acte “criminel et injustifiable” de la Russie.

Si les actions de la Russie en février 2022 étaient “criminelles et injustifiables”, il est évident que ses préoccupations en matière de sécurité à ce moment-là ne justifiaient pas ses actions. Pas plus que la tromperie cynique de la Russie par l’Allemagne et la France lors de l’accord de Minsk, ni le fait que la Russie mettait en garde contre l’expansion de l’OTAN depuis des décennies, ni la façon dont Kiev a fait la guerre aux régions de Donetsk et de Louhansk, ni la façon dont l’Europe a tourné le dos à la tentative de dernière minute de la Russie d’amener l’Europe à répondre à ces préoccupations. Rien de tout cela n’a justifié l’action de la Russie, non pas parce que cette action était injustifiable, mais parce que les États-Unis, l’OTAN et l’Europe l’ont définie comme telle. Mais c’est une chose que les États-Unis, l’OTAN et l’Europe portent cette accusation et c’en est une autre qu’elle soit approuvée par le PC français.

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