Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Angelopoulos de quoi nous parlait-il ? par Fani Nalmpanti

J’ai traduit grâce à deepl et donc avec des approximations ce texte d’une camarade grecque… Au milieu de la victoire de la droite et de l’extrême-droite, tandis que les incendies dévorent une fois le pays sans moyens de lutte, a-t-on encore la force de s’indigner devant la manière dont dans une université grecque où on tente de mettre au pas la jeunesse, le portrait d’Angelopoulos, le grand cinéaste communiste, humaniste, a été recouvert de peinture beige ? Peut-on quand la maison brûle encore penser à sauver l’art, oui! mille fois oui, cela vient en appui de ce militant qui a risqué sa vie pour sauver un chien que son maitre avait laissé attaché dans la fournaise ou ces tortues, en même temps que ces vieilles personnes à la force déclinantes que l’on rassure, c’est simplement l’humanité, l’unité de celle-ci avec la nature comme “l’apiculteur” … C’est un regard qui transcende, recrée les repères, celui que jette sur l’histoire, ceux qui font l’histoire, sauver la mémoire? Doit-on écrire pareille lettre ? Qui la lira ? Oui il faut écrire inlassablement et défendre la mémoire bradée, l’art arraché au sol qui l’a engendré proteste cette intellectuelle grecque … Je voudrais ajouter qu’Angelopoulos avec son sublime “regard d’Ulysse” a toujours tellement correspondu à la relation paysage, cinéma, articulation des temps historiques, quel imbécile celui qui prétend amputer cette errance sous prétexte qu’elle est celle d’un communiste, incroyable sottise. (note et traduction de Danielle Bleitrach histoireetsocieté)

Fig. 1: Koudelka, Josef. 1994. Roumanie. la statue de Lénine charriée en morceaux [Photographie]
Tournage du film Le regard d’Ulysse de Theo Angelopoulos.
(Credit : Koudelka, Josef)

De Fani Nalmpanti

En ce moment, je ne sais pas comment commencer cette lettre.

La vérité c’est que quand j’ai appris les g je voulais vous écrire directement. Mais encore une fois, avec tant de choses qui se passent dans cet endroit, dans ce monde, il m’est venu à l’esprit que peut-être cette lettre ne compterait pas pour vous, pas pour moi, et pour personne

Hier soir cependant, en rentrant à la maison, je t’ai revu me regarder

Regardez-moi avec votre regard persistant, celui-la qui a même été capturé il y a des années dans une photographie, celui qui a le pouvoir d’observer, d’examiner, de communiquer.

Et c’est ce regard, ce qu’il dit qui m’a pris la main et lui a fait écrire ces mots.

Même si ça n’a pas d’importance, même si tout ce qui nous entoure s’effondre, vous semblez être présent, soyez présent pour moi pour ce que j’écris maintenant et pour d’autres, vous les quelques ou la multitude qui “a fait que ça compte” a dit Angelopoulos

Il y a quelques jours, tu as été piétiné.

C’est-à-dire qu’un artiste vous a peint à l’extérieur du hall de fonction de l’université d’Aristote, et qu’un mauvais barbouilleurs vous a effacé, d’une couche de peinture.

Je pense à votre projet. Vos films.

Tout votre art a été une lutte pour enregistrer, sauver et défendre la vérité.

De la vérité à travers un regard critique, à travers la poésie, à travers l’esthétique.

Que pourraient – je me demande – ceux qui ont pris la décision de vous caricaturer, que pourraient-ils voir de la vérité, de cet art.

Le blanc te va bien. Non, pas le blanc, le beige. Le vide, le néant. Parce que le beige est la couleur du néant et du vide.

C’est cette peinture beige qu’ils ont choisie pour te remplacer ceux qui ont combattu toute leur vie la vérité.

Une fois, il y a de nombreuses années, alors que j’étais un peu plus vieux qu’un enfant, voyant Thiasos j’ai demandé à ma mère : Maman, vraiment , qu’est-ce que l'””autre côté” a dit, précisément j’ai dit, qu’a dit la droite quand ils ont vu ce film ? Et maman a répondu : “Mais ma fille, ont-ils seulement vu ce film ? qu’est-ce qu’ils ont à voir avec Angelopoulos ? ”

Alors j’ai compris beaucoup de choses.

Maintenant encore plus.

Tu n’as pas besoin de nous Angelopoulos.

Nous n’avons pas besoin de votre vérité.

Nous n’avons besoin ni de votre esthétique, ni de votre poésie.

On aime le beige, on aime le creux.

Nous voulons que notre jeunesse ne te connaisse jamais et ne te connaisse pas.

Nous aimons vous oublier et vous, notre histoire. Nous aimons être rien, un rien avec beaucoup de rien.

Telle que plus personne n’ose peindre mais surtout personne n’apprend la vérité. Surtout ce que vous en dites

Je me sens en colère. Je me sens en colère.

Parce que ce n’est pas juste un événement.

Parce que chaque fois que quelque chose comme ça se produit, c’est un signe de toute la violence et la méchanceté que nous vivons depuis des années.

Je me sens en colère parce que ça ne finit jamais.

Parce que chaque jour, chaque heure un nouveau cycle de ce genre commence, un cycle qui efface la mémoire, effacer l’histoire, un cycle de violence

.J’ai pourtant appris, qu’ils vont te dessiner à nouveau. c’est ce qu’a dit Florina.

Et dans d’autres endroits peut-être. Dans de nombreux endroits, pour chacun de ceux qui seront effacés, nous en peindrons dix.

Je t’écrirai aussi des lettres.

De grandes lettres à lire aux enfants.

Les enfants avec leurs grands yeux vont un jour avaler ce monde.

Tu seras là aussi Angelopoulos.

Même si on doit gratter le mur pour te voir.

Vous serez là.

Thessalonique, 17 juillet 2023. Fani Nalmpanti* sur la photo Theodore Angelopoulos et Stefanos Vlachos sur le tournage du film “Alexandre le Grand”. Dotsiko, 1980

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