Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

« L’architecture financière mondiale est dépassée », affirme le secrétaire général de l’ONU

Au Sommet sur le nouveau pacte financier mondial, qui s’est ouvert ce matin à Paris, le secrétaire général de l’Onu, Antonio Gutteres alerte l’Occident sur le caractère obsolète des accords de Bretton Woods, le dit secrétaire n’est pas à proprement parler un foudre de guerre face aux exigences des Etats-Unis mais la conclusion de l’article est pertinente : “Certains hauts responsables présents à Paris ne cachent pas leur inquiétude. Si les Occidentaux, qui dictèrent les règles en 1944, ne réforment pas le système international, les nouveaux rapports de force s’en chargeront. Et de façon beaucoup moins avantageuse, nous confie un représentant international éminent. Treize pays sont candidats aux BRICS, le regroupement des émergents alternatifs à l’hégémonie américaine. De facto, le monde est en train de devenir multipolaire dans ses rapports de force. Ce sont les instruments financiers qui ne sont plus adéquats”. C’est dans ce contexte qu’il faut apprécier les embarras de Biden, comme les agitations de Macron, les deux alternant les provocations bellicistes, les menaces avec la séduction, l’un tente de séduire l’Indien, l’autre l’Africain et les deux le Saoudien pour sauver les meubles de leur domination en péril y compris leur propre crise budgétaire face au coût de la guerre. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Article de Laurent MARCHAND. • Il y a 3 hLe secrétaire général de l’Onu, Antonio Gutteres, au siège de l’organisation le 15 juin 2023.© Ed JONES / AFP

Au Sommet sur le nouveau pacte financier mondial, qui s’est ouvert ce matin à Paris, le secrétaire général de l’Onu, Antonio Gutteres alerte l’Occident sur le caractère obsolète des accords de Bretton Woods.

Peut-on parler de financer la transition climatique sans s’interroger sur l’architecture financière telle qu’elle fonctionne depuis bientôt quatre-vingts ans ? C’est sur ce point que dans un discours remarqué, ce jeudi 22 juin, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Gutteres, a lancé un cri d’alerte sans bémols.

Aujourd’hui, a-t-il dit, 52 pays sont en défaut de paiement ou s’en rapprochent dangereusement. Cela inclut la majorité des pays les moins avancés. Tout comme la majorité des 50 pays les plus vulnérables au changement climatique. Dans un tel contexte, pour être efficaces, les institutions internationales devraient représenter l’état du monde, et ses rapports de force économiques, de manière appropriée. Or, l’architecture en place est celle héritée de la Seconde Guerre mondiale. Les fameux accords de Bretton Woods. La paix des vainqueurs.

D’où ce réquisitoire lancé par Antonio Gutteres. Il est clair que l’architecture financière internationale a failli dans sa mission de fournir un filet de sécurité global aux pays en développement. La raison, selon lui, en est simple : cette architecture reflète les rapports de force politiques et économiques de l’époque.

Rendez-vous compte : plus des trois quarts des pays d’aujourd’hui n’étaient pas présents à la création des institutions de Bretton Woods – la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Et ce n’est guère mieux pour les Nations unies et le Conseil de sécurité. L’architecture financière mondiale n’est plus à même de répondre aux besoins du monde du XXIe sièclePrès de 80 ans plus tard, l’architecture financière mondiale est dépassée, dysfonctionnelle et injuste.

Règles immorales

Le secrétaire général de l’Onu a évoqué notamment la question des droits de tirage spéciaux, qui ouvre aux États la possibilité de financements considérables. En 2021, le Fonds monétaire international a ainsi alloué plus de 650 milliards de dollars en Droits de tirage spéciaux, a-t-il déclaré. Les pays de l’Union européenne ont reçu 160 milliards de dollars. Les pays africains : 34. Dit autrement… un citoyen européen a perçu en moyenne près de 13 fois plus qu’un citoyen africain.

Antonio Gutteres d’ajouter : Tout cela a été fait dans les règles. Mais reconnaissons-le : ces règles sont devenues profondément immorales. Une architecture financière qui ne représente pas le monde d’aujourd’hui risque de conduire à sa propre fragmentation.

Un choc de financement public

Ce sommet informel, dont l’idée a été émise par le président français, Emmanuel Macron, et la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, en novembre, ambitionne de donner un élan politique à une refonte du système financier international, né en 1944 à Bretton Woods, aux États-Unis et qui repose sur la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.

Nous devons assumer un choc de financement public, a déclaré jeudi matin le président français, à l’ouverture de ce sommet, estimant que le monde n’était pas actuellement au rendez-vous. Selon Emmanuel Macron, sans changer totalement de systèmeon peut le faire beaucoup mieux fonctionner si cet argent et ces liquidités sont au service des progrès de la planète et de ce double défi que j’évoquais, pauvreté et climat, biodiversité.

Comme le rappellent et l’expliquent Laurence Tubiana et Elliott Fox, de la Fondation européenne pour le climat (ECF), dans un article de fond publié par Le Grand Continent, le dernier rapport du Giec indique que 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent actuellement dans des zones très vulnérables aux effets des phénomènes extrêmes, soit près de la moitié de la population mondiale. Notre architecture financière n’est pas adaptée à ces défis. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, il faudrait tripler les investissements dans les énergies propres à l’échelle mondiale pour atteindre 4 000 milliards de dollars par an d’ici à 2030.

BRICS contre le dollar

Certains hauts responsables présents à Paris ne cachent pas leur inquiétude. Si les Occidentaux, qui dictèrent les règles en 1944, ne réforment pas le système international, les nouveaux rapports de force s’en chargeront. Et de façon beaucoup moins avantageuse, nous confie un représentant international éminent.Treize pays sont candidats aux BRICS, le regroupement des émergents alternatifs à l’hégémonie américaine. De facto, le monde est en train de devenir multipolaire dans ses rapports de force. Ce sont les instruments financiers qui ne sont plus adéquats.

Print Friendly, PDF & Email

Vues : 144

Suite de l'article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.