Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Je ne vois pas ce qu’on pourrait reprocher à Harry

1) ce charmant garçon qui trouvait plaisant de s’habiller – pour rire – en nazi ne faisait qu’anticiper ceux que l’OTAN et donc l’ensemble des forces politiques françaises considèrent comme les défenseurs de la démocratie. Désormais le nazi ne choque plus, il est devenu une aimable figure un tantinet folklorique face au mal absolu: le socialisme dirigé par un parti communiste, tous ceux qui osent défendre la prétention du prolétariat à imposer ses vœux de paix et de justice. En plus, ce pauvre Harry a prouvé qu’il n’était même pas raciste. Il doit être seulement anticommuniste et très con, ce qui n’exclut personne au contraire: il suffit qu’il accepte de contribuer au consensus exigé sur la nocivité de l’expérience socialiste et qui mieux qu’un nazi adoubé par un juif ou par une mulâtre? Voir le fin du fin: quelqu’un qui se prétend dirigeant du PCF à la manière de ceux qui sont succédés depuis une trentaine d’années et continuent à gérer les questions internationales, la formation, la presse et qui à ce poste contribuent puissamment au rejet et au négationnisme ambiant… Le pauvre Harry lui n’avait pas la moindre chance d’échapper à son milieu et d’y jouer le rôle attendu de lui.

2) Il n’y a qu’un problème, c’est fou comme ces gens se démodent vite. Si l’on en croit Walter Benjamin, Brecht faisait remarquer: “le prolétariat vit plus lentement que la classe bourgeoise. Les exemples de ses combattants, les connaissances de ses dirigeants ne vieillissent pas. Ils vieillissent en tous cas bien plus lentement que les époques et les grandes figures de la classe bourgeoise. Les vagues de la mode se brisent sur le rocher de bronze du prolétariat. En revanche, les mouvements de la classe bourgeoise ont toujours après leur victoire une teinte de la mode en eux “(1) Il suffit de voir les reportages de Vogue du couple Zelensky comparés aux photos des pauvres gens du Donbass, les premiers datent déjà, les seconds sont intemporels parce qu’on n’a pas les moyens de renouveler la garde-robe. Rien ne se démode plus vite que les engouements bourgeois et l’accélération médiatique, les lois de la “com” obligeant à la surenchère en témoignent : Harry en est une des victimes collatérales, une caricature pantelante, mais pas plus que tous ces intellos qui suivent le dernier combat de l’OTAN et des USA à la mode en tortillant du cul au festival de Cannes, en feignant l’effroi de grands démocrates devant le dernier tyran contre lequel ils doivent s’ébaudir, quitte à oublier que leur dernière “cause” s’est traduite par des pays entiers en ruine et la méditerranée en charnier: le music hall des âmes nobles est aussi vite démodé qu’un lauréat au concours de l’eurovision… ou la dernière oeuvre de BHL.

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3) Harry déclare n’avoir rien mais alors rien éprouvé en tuant 25 talibans en Afghanistan, des pions sur un échiquier, quelle erreur de “com” hurlent les petits marquis… Mais non, là encore il est en plein dans l’air du temps ce royal mercenaire, envoyé loin de chez lui conforter l’empire. Il a la même sensibilité que celle dont font preuve les politiciens de Grande-Bretagne, mais aussi les commentateurs des plateaux de télévision français, occidentaux en général. Sa tétanisation est même plus respectable que la jouissance indécente de nos amuseurs de plateaux à la seule idée de tous jeunes gens russes tués parce qu’ils téléphonaient naïvement à leurs proches, souvenez vous leur enthousiasme comme s’ils avaient marqué des buts alors qu’ils n’ont même pas l’excuse de la haine des combats, non ils jouissent à froid, vive la mort! Alors Harry anesthésié c’est nettement mieux… Être communiste, c’est se résigner au combat, à la mort par grandeur, noblesse, parce que l’on croit en l’avenir, en la paix et la fraternité, mais en haïssant la guerre : “imbécile c’est pour toi que je meurs!” C’est pourquoi un communiste ne peut se réjouir en aucun cas du décompte macabre qu’il soit en faveur des Russes, ou des Ukrainiens. Le corps sanguinolant d’un être humain – fut-il tatoué de croix gammées des pieds à la tête – m’inspire toujours la même nausée. Ces tatouages sont même une automutilation, une éducation à l’autodestruction exhibitionniste comme celle subie par ce pauvre Harry, ce pauvre mec, bourré de drogue, décrivant sa première baise comme s’il était un godemiché utilisé par une aristocrate vieillarde, un jouet des transactions médiatiques familiales. Il n’est qu’une des multiples épaves marchandisées du capitalisme à son stade sénile, celui où il a recours au fascisme. Toujours le communiste dénonce ceux qui rendent la guerre inévitable et l’OTAN a dans ce domaine quelques longueurs d’avance encore et toujours. D’ailleurs relisez les textes traduits du russe, en particulier ceux du KPRF, ils insistent tous sur l’idée: “nous ne serons pas comme eux (les occidentaux) nous ne nous réjouirons pas de l’horreur entre deux peuples frères” et si Medvenev, qui en rajoute, est sujet à doute chez les Russes eux-mêmes, c’est qu’il est celui qui va trop loin dans la vulgaritécomme un Jirinovski, le pitre d’extrême-droite.. Bref, le prince Harry pour en revenir à ce malheureux, est dans l’air d’un temps qui n’est pas le mien, ni celui d’aucun communiste. Je ne vois pas ce que vous thuriféraire de l’OTAN, pouvez lui reprocher? Si ce n’est d’être comme tant d’autres tombé à votre champ du déshonneur.

4) La couronne britannique n’a aujourd’hui qu’une seule utilité : abreuver avec ses affaires de cul et querelles intimes toute la presse people et les réseaux sociaux. Un rôle de détente entre le roman de gare et les sites porno qui fait passer les Johnson et autres, faire oublier la veulerie ordinaire de l’exploitation … Rien de ce qui est secondaire ne leur est étranger, ça occupe et ça abrutit. Incontestablement Harry est celui qui dans la lignée maternelle et paternelle remplit le mieux le job et ce n’est pas celui qui revient le plus cher au contribuable.

Danielle Bleitrach

(1) Walter Benjamin œuvre III. p.440, écrit en 1938. Cette remarque de Brecht est aussi éclairante du “parti pris” du film Caravage dont nous publions la critique aujourd’hui.

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