Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Voyage du premier de l’an dans un pays inconnu: ma France…

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été une vagabonde, Armand se moquait de moi en m’appelant “la juive errante… Pourtant il y avait dans cette errance un ancrage, partir à la rencontre de l’inconnu dans le familier ou du familier dans l’inconnu. Mes voyages, ceux avec mes étudiants, ceux avec Marianne ont toujours suivi ce cérémonial, m’asseoir dans un bar populaire et entamer une discussion avec mes contemporains qu’ils soient Français ou du bout du monde ne change rien à l’affaire, nous vivons ensemble sur cette terre et il faut partir à la découverte les uns des autres… ce qui nait entre nous est le besoin de réellement savoir qui nous sommes, de nous parler franchement de ce qui était important, celui de nous aider ne serait ce qu’à nous mieux connaitre en traversant la rue…

Ce premier de l’an 2023, je suis partie à la Seyne sur mer, j’ai pris le train… Je me souvenais d’un jour, il y a presqu’un demi siècle, nous étions partis Pascal et moi camper à côté des Sablettes dans le camping municipal. A l’aube, nous avons été réveillés par l’Internationale… et dans ce camping là, il n’y avait qu’une seule presse: l’Humanité, le petit varois… C’était du temps des chantiers…

Trouver en ce premier de l’an un restaurant ouvert paraissait difficile, pourtant il y a eu à côté de l’église un caboulot avec le patron qui ouvrait des huitres, des clients venus jouer au tiercé et boire l’apéro, derrière une vitre embuée. chacun des individus qui se trouvait là était une vie, et cela se sentait, beaucoup de retenue et de temps en temps une véritable histoire, un roman, un film. Asseyons-nous et que la séance commence…

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Pas d’oursins nous a dit le patron, il faudrait que je les vende 3 euros pièce, qui peut se payer ça ?.. et nous avons commandé 6 huitres vertes claires élevées dans le parc proche… un verre de vin blanc quelques tranches de pain de seigle. Le luxe, le bonheur ce dont j’avais rêvé était au rendez-vous, il y avait tant d’égard pour cette vieille dame venue de Marseille exprès pour partager le pain des varois.

De celui qui m’avait accompagné je ne dirai rien puisqu’il ne le veut pas, mais il découvrait cette manière de voyager et cela lui plaisait. un adepte de plus… Comme vous le voyez sur la photo, il est temps de transmettre le flambeau même si je pratiquerai jusqu’au bout le meilleur de ce que mon métier de sociologue m’a enseigné, savoir regarder le monde et ceux avec qui je le partage. Après il y a eu tous ces bars où l’on refusait de me servir un café parce qu’ils allaient fermer et celui dans lequel on me l’a offert… le plaisir de les écouter me raconter leur vie et leur interprétation du monde qui n’était pas la mienne, mais ils étaient bien content de savoir que j’étais une révolutionnaire…

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Dans la même rue que le marchand de coquillage, qui s’appelait “rue de la paroisse”, il y avait le siège du PCF comme dans Peponne et don Camillo. Mes interlocuteurs à qui je faisais remarquer cette cohabitation, se souvenaient de leur enfance, du temps des chantiers où La Seyne était rouge. Brahim nous a proposé de nous conduire à la plage des Sablettes à 6 ou 7 kilomètres et tout le long, lui l’ouvrier maçon nous a expliqué comment les chantiers de la Seyne et de La Ciotat avaient été détruits. Il nous désignait les monstrueux yachts qui étaient encore là: “C’est Ducros, celui des épices, il est tombé en panne et il a vu qu’il n’y avait plus de lieux où réparer alors maintenant il y un petit service qu’il a monté… mais rien à voir avec le temps des chantiers… Et il nous a raconté pourquoi les Allemands croyaient que les Alliés allaient débarquer à la Seyne, mais les fonds ne le permettaient pas… regardez le rocher des deux frères, il y en a un plus petit que l’autre, c’est un coup de canon qui l’a retréci… On n’est pas malheureux, mais habiter ici c’est devenu un luxe…

Nous avons été pris en charge conduits aux sablettes, partout la même tendresse pour la vieille dame que je suis devenue… Et Brahim est venu nous chercher en fin de jourée pour nous déposer à la gare… Entre temps, il a été question de Macron, de son discours: “Il est bizarre ce mec, il a rien à dire, enfin rien qui vaille la peine d’être dit un premier de l’an…

Nous avons parlé de l’Ukraine, c’était étrange parce qu’au bout de quelques phrases, ils disaient “on comprend, ils nous racontent n’importe quoi… comme d’habitude… Sur les retraites, je leur ai parlé de la propsition de Roussel, projet contre projet et consultation populaire… oui ça serait bien…

Voilà j’ai repris le train et comme j’ai la frousse de descendre le grand escalator de la Gare Saint Charles, je suis partie à pied jusque chez moi… J’ai décidé de mardi aller me baigner parce que j’aurais du le faire aux sablettes, j’enviais ceux qui se roulaient dans les vagues… Il ne m’a manqué que ça pour que la journée soit une grande réussite politique bien sur…

danielle Bleitrach

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4 Commentaires

  • martin
    martin

    Merci Danielle pour nous avoir fait partager ton moment de bonheur lors de ton voyage à la Seyne.
    Les huîtres sont de bonnes tailles avec le petit blanc c’est parfait.
    Moi aussi je suis amateurs d’huîtres et j’ai la chance que des producteurs de l’étang de Thau viennent nous en proposer toutes les fins de semaines dans certains villages alentours:Gémenos,Auriol, Gréasque et aussi le marché de Gardanne le dimanche matin à des prix corrects .
    En tout cas je te souhaite le meilleur pour l’année qui vient et que ton blog,notre blog ,vive le plus longtemps possible.
    Donc bonne année à toi et tous les camarades du monde entier.

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  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Mon père, né en 1931, a connu la famine sous Franco, me dit souvent: “ça va s’arranger”.

    Ancien mineur il est encore en vie et autonome dans son appartement HLM au milieu de ces ouvriers venus des quatre coins du monde, soigné convenablement, merci Ambroise Croizat et Staline.

    Ici un camarade nous annonce l’arrivée de son vivant de la cinquième génération ! Formidable.

    Et maintenant Danielle toujours en forme qui nous partage ces moments simples et gourmands, l’esprit toujours vif et en alerte. Il est peut être aussi et surtout là cet espoir du communisme, dans ces petits troquets populaires, sûrement dans ces quartiers.

    Et toujours des oreilles qui écoutent en attente d’un nouveau monde, parlant de celui déjà disparut, un peu perdus ne sachant plus trop qui leur parlent.

    Au loin le Camarade Xi qui nous présente ses meilleurs vœux pour 2023 avec une confiance et une détermination pour l’avenir et traverser les défis dans la certitude de la victoire des jeunes générations.

    Bonne année 2023 !
    En tous cas elle sera intéressante et passionnante.

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  • Rouge Trégor
    Rouge Trégor

    Bonne année à vous Danielle et Marianne et à vous tous qui faites vivre ce blog qui nous empêche de tomber dans un pessimisme mortifère. Bonne année et que vive le socialisme !

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    • POPELIN
      POPELIN
      1. Bonne année Danielle et Marianne. Surtout continuez, je suis dans les lectrices fidèles !
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