Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Selon le politologue Peter Neumann, l’Occident est tombé en disgrâce : « Le monde est dans une phase de désordre »

Tandis que nos médias et parmi eux les chaînes en continu témoignent d’une véritable hystérisation, nos politiciens ne valant guère mieux, il faut apprendre à lire les évolutions importantes en prenant un certain recul. Simplement pour comprendre, il faut un décentrage par rapport aux “totems” de la pensée occidentale. Agir est encore à un autre niveau puisque nous manquons non seulement des forces organisées mais même des concepts pour tenter de maitriser le processus réel, c’est le sens des articles que nous publions aujourd’hui. Ce décentrage qui permettrait au moins de comprendre est ce que recommande ce politologue allemand qui note avec quelques pertinence à quel point l’occident est tombé en disgrâce auprès du reste du monde. Le monde est entré “dans une phase dont les historiens diront un jour : C’était la phase dans laquelle il était en quelque sorte clair que ce système ne pouvait plus continuer à exister, mais on ne savait pas encore ce qui allait suivre’. » Il faut donc un peu de modestie dans cette appréhension et dans la recherche de solutions, ce que nous pensons ici également mais pas pour sauver comme le politologue l’ordre “libéral” occidental ce qui nous semble une entreprise désespérée mais dangereuse parce que ce système est conçu justement comme un “tout unique” où notre survie est notre domination dans les pillages. La solution est de surtout ne pas nous identifier à ce système ce qui semble mal parti y compris dans cette “saine réflexion”. (Note de Danielle Bleitrach dans histoireetsociete)

Article de Chiara Schlenz • Hier à 05:592176 commentaires

Le politologue Peter R. Neumann en est convaincu: l’Occident est tombé en disgrâce auprès du reste du monde. Pour sauvegarder l’ordre mondial libéral, il appelle les pays occidentaux à être «plus modestes» et à «construire de vrais partenariats». Interview.L’Occident est tombé en disgrâce: «Le monde est dans une phase de désordre»© Fournis par Blick | fr

Depuis bientôt dix mois, l’Europe est en proie à une guerre sanglante. La Chine – «la plus grande menace» selon les États-Unis – renforce sa puissance et, dans le sillage de la guerre en Ukraine, le continent africain se tourne davantage vers la Russie et la Chine. Le président russe, Vladimir Poutine, a récemment déclaré dans un discours: « Nous entrons dans la décennie la plus incertaine depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. » L’impression qui se dégage est que le monde tel que nous le connaissons est en train de s’écrouler.

Selon Peter R. Neumann, politologue allemand, journaliste et auteur du livre « Die neue Weltunordnung – Wie der Westen sich selbst zerstört » (« Le nouveau désordre mondial – Comment l’Occident s’autodétruit »), le chef du Kremlin n’a peut-être pas tout à fait tort.

Un nouvel ordre mondial se dessine

Dans un entretien avec Blick, le politologue affirme lui aussi que « le monde est dans une phase de désordre. Dans une phase dont les historiens diront un jour: ‘C’était la phase dans laquelle il était en quelque sorte clair que ce système ne pouvait plus continuer à exister, mais on ne savait pas encore ce qui allait suivre’. » Selon lui, le système international libéral qui s’est établi après la fin de la Guerre froide et qui a été dominé par l’Occident – surtout par les États-Unis – est sous pression. Mais pourquoi?

Peter R. Neumann explique: « C’est lié au fait que des pays comme la Russie sont très insatisfaits de ce système et ont eu le sentiment, au cours des dernières décennies, de n’avoir qu’une part insuffisante du gâteau. C’est également lié au fait que la Chine est une grande puissance qui revendique sa propre place dans l’ordre mondial et qui souhaite en partie établir un système selon d’autres règles. Et c’est aussi lié au fait que nos propres démocraties occidentales sont devenues assez instables à l’intérieur. L’idée d’un Occident uni n’existe plus du tout. »

Selon lui, les États-Unis en sont le meilleur exemple: « Un pays qui n’arrive même pas à organiser une élection qui soit acceptée par le perdant veut parler de démocratie à d’autres pays. » Cela est hypocrite et très peu crédible, critique-t-il. La désintégration de l’Occident de l’intérieur empêche en outre de se préoccuper de son image dans le reste du monde: « Nous sommes trop centrés sur nous-mêmes. » Et c’est là, pour Neumann, le plus grand défi actuel. Le bilan est sombre: « La démocratie est sur la défensive. Nous devons réfléchir sérieusement à la manière de sauver le système occidental pour le siècle prochain. » Comment en est-on arrivé là?

Les graves erreurs de l’Occident

Pour le politologue, il est nécessaire d’analyser le passé avec un œil critique – car c’est la meilleure manière de comprendre la situation actuelle. « Après la fin de la Guerre froide, l’Occident semblait si dominant et les idées occidentales si évidentes que l’on pensait qu’elles se répandraient d’elles-mêmes et ne nécessiteraient aucune explication. » Une erreur. « D’une part, l’Occident était très naïf, mais d’autre part, il était aussi très arrogant, souligne le politologue. Ce mélange a finalement conduit à l’échec de l’Occident et de son idéologie. »

Le résultat de ce cocktail toxique est désormais visible. Car de nombreux États africains n’ont pas perçu l’influence occidentale comme libératrice – bien au contraire! « L’Occident n’a pas réussi à exporter ces valeurs dans ceux qui étaient autrefois les pays du tiers-monde. » Ce qui a souvent prédominé n’est autre que l’exploitation occidentale des ressources et êtres humains de ces pays. Conséquence: les anciennes colonies se sont détournées de l’Occident – et se sont rapprochées de deux autres puissances: la Chine et la Russie. La Chine est par exemple bien mieux perçue en Afrique que ne l’est l’Occident.

Pour Peter R. Neumann, la solution pour sauvegarder l’ordre mondial actuel est claire: « Nous devons devenir plus modestes. Écouter sérieusement les gens en dehors de l’Occident. Reconnaître nos propres erreurs. Et essayer de construire de vrais partenariats. »

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1 Commentaire

  • Girard
    Girard

    La communauté internationale promet un milliard d’euros à l’Ukraine pour l’aider à passer l’hiver. (70 pays sur 197 , la communauté mondiale…)

    14 Décembre 2022

    Ainsi 70 États sur 197 qui deviennent la communauté internationale avec ce commentaire du Premier ministre ukrainien: Denys Chmygal, se félicitant du “signal puissant” de soutien à l’Ukraine du “monde civilisé”. 127 États de “sauvages”, c’est une diatribe d’un racisme, d’une vision pour le moins étroite de la réalité qui est le refus de la plus grande partie d’un monde civilisé de se porter garant d’une Otan dans une guerre qui ne vise qu’à tenter d’assurer un monde unipolaire rassemblé, soumis derrière la bannière étoilée et son économie en crise.

    Le pouvoir ukrainien peut se targuer du soutien implicite à ces propos fascisants de l’Union Européenne, à travers les propos de Borell, Haut représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère: “le reste du monde, la plupart des autres pays du monde c’est la jungle”.

    “L’Europe est un jardin. Nous avons construit un jardin: tout fonctionne, c’est la meilleure combinaison de liberté politique, de prospérité économique et de cohésion sociale jamais créée par l’homme. ” dit-il…

    À l’heure où les populations se les gèlent, où inflation et spéculations plonge des millions d’habitants sous le seuil de pauvreté,

    à l’heure où la concurrence libre et bien faussée brise les services publics livrés aux privatisations et privations pour les usagers…

    à l’heure où le pouvoir ukrainien profite du conflit pour casser toute protection de monde du travail, le rêve de tout taulier en ce monde, un exemple de cette U.E élargie destructrice de tous conquis sociaux…

    à l’heure, où galope l’extrême-droite et ses tentatives d’attentats et autres formes de prises de pouvoirs,

    à l’heure où les migrants continuent à se noyer dans un silence confondant et quand le colonialisme et l’impérialisme n’en finissent pas de piller peuples et nations poussant à l’exil…

    à l’heure où les austérités pour permettre la survie d’un système économique au bout de son histoire et décidé à écrire la fin de l’histoire de la civilisation humaine avec des institutions de l’U.E crées par et pour l’actionnaire et ses plans d’austérité meurtriers…

    à l’heure dite, le grand bond en arrière sera au rendez-vous si les peuples, les salariés ne prennent pas en mains leurs destins pour une société débarrassée de toutes les formes d’e xploitations alors oui, le ventre encore fécond accouchera d’une nouvelle peste brune, elle s’entraîne en Ukraine et pas que… Elle aiguise ses longs couteaux…

    Au nom de la civilisation, le capital, ses détenteurs, ses sbires nous entraînent dans un conflit dont seule la négociation saurait venir à bout pendant que les armes se déversent au profit des chiens de guerre de l’Otan et des industriels ravis, comblés, aux anges.

    Les tranchées, le froid, la boue, la mort, la mutilation, les cimetières sont pleins de héros, le CAC40 lui de gros malins.

    70 États donneraient de nos impôts pour continuer la guerre, car c’est là le fond de l’affaire, financer la paix, non, affaiblir ce qui peut de près, de loin, constituer une remise en cause d’un monde à sens unique destructeur.

    Nombre des 127 nations ont d’autres chats à fouetter, d’autres manifestants à pendre, d’autres à gazer, mais nombre d’entre elles ont une légitime aspiration à ce droit essentiel, celui de l’indépendance, face à un monde unipolaire qui ne peut que générer des replis sur soi, des rejets avec toutes les conséquences terribles pour les peuples concernés.

    Face à ce mode façonné par et pour la domination états-unienne, les choses évoluent, l’Afrique, l’Asie, le Maghreb, l’Inde, l’Amérique latine, la Chine, tentent d’ouvrir une autre voie, de développement et de coopérations où le roi dollar verrait son hégémonie diminuée voir battue.

    Tout n’est pas rose, rien n’est simple pour échapper à la tutelle des States, du capital, la clé de tout combat réside dans la capacité des peuples, de leurs classes ouvrières à faire d’une lutte de libération nationale, une lutte d’émancipation sociale, économique, politique, se battre sur tous les fronts et cela porte l’exigence de la Paix.

    Alors oui l’avenir nous appartient encore faut-il en avoir conscience, y travailler:
    ” sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :
    Polissez-le sans cesse et le repolissez”

    Nicolas Boileau

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