Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Cuba Marseille, comment nous avons aussi célébré la victoire de Cuba à l’ONU : une leçon politique d’unité face à l’injustice et au crime

En voyant cette photo, prise au tout début de la réunion par Vanessa, je me suis demandé pourquoi on ne voyait que la moitié du public, celui autour de la table avec à gauche le conférencier. Puis, j’ai compris en voyant la photo, prise par Charles Hoareau du fond de la salle. En fait, cette première photo c’est juste avant que le cercle Manouchian vienne renforcer notre cercle de solidarité alors que nous n’étions qu’une trentaine. Ce qui fait qu’à nous tous, nous avons fini par être une cinquantaine… Enfin à Marseille, diverses organisations, associations de solidarité envers Cuba, qui jusqu’ici oeuvraient chacune de leur côté, elles se sont rassemblées pour dénoncer le blocus autour d’un brillantissime exposé de Viktor DEDAJ. Comme nous l’indiquons en fin d’article, il y aura une émission de radio qui diffusera l’exposé de la réunion organisée par le cercle de solidarité marseillais.

MAIS CETTE REUSSITE N’EST PAS CELLE DE NOTRE CERCLE SEULEMENT :

Il y avait des militants du PCF, des membres de la FI, des membres d’associations comme Cuba Coopération, France-Cuba, les enfants de Cuba, du PRCF, de l’ANC, du cercle Manouchian, radio galère, des isolés. Ils sont tous d’accord pour agir ensemble sans tirer la couverture à soi, tout en conservant leur propre identité, leur propre base de réflexion et d’action. Personne ne s’attribue la réussite, c’est le miracle cubain. L’unité dans l’action, sans jamais baisser l’exigence politique et toujours la subordonner au meilleur pour les plus faibles, les plus exploités, un véritable humanisme qui nous force à dépasser toutes les manoeuvres politiciennes. C’était une première qui se renouvelera certainement parce que tous les participants sont ressortis de là gonflés à bloc.

Quand j’ai remercié Charles Hoareau et le cercle Manouchian de leur forte présence, il m’a répondu: il n’y a pas de merci pour ce qui est un devoir… J’aimerais que cette reflexion (un proverbe arabe) reste le sens de nos actions futures.

J’ajouterai que la participation est d’autant plus remarquable qu’il pleuvait à verse. Dans ce cas, à Marseille personne ne sort, l’autoroute est bloqué, les principales voies de circulation également et nous nous attendions au pire… Après la première demi-heure, la salle était pleine, il n’y avait plus de chaises libres et la salle est restée jusqu’au bout pour dialoguer sur le fond.

photo après arrivée de charles hoareau et du cercle Manouchian
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Le dernier livre de Viktor Dedaj paru chez Delga

Conférence de Viktor Dedaj

Les notes de Vanessa Autexier un peu revues par Danielle Bleitrach

Selon Viktor dedaj, un article de la presse dominante ne vaut rien quand : 

  • l’auteur n’était pas présent à Cuba pour témoigner de l’événement. 
  • Quand le journaliste ne parle pas de l’embargo
  • Quand il n’y a pas de contextualisation 

Le profil de Viktor Dedaj n’est pas d’être journaliste mais informaticien et il fait parler les Cubains. Cf. : “Cuba sous embargo” le dernier livre, de Viktor Dedaj, paru chez Delga.

Les pays de l’ONU ont tous voté pour condamner le blocus à Cuba. Les États-Unis et l’Israël s’opposent à la condamnation. Le Brésil, encore sous domination fasciste, et l’Ukraine se sont abstenus. Mais qu’est-ce que l’embargo ? C’est un blocus.

Avant la Révolution, la quasi totalité des produits, manufacturés et consommés par Cuba, provenait des États-Unis et il n’y avait même pas d’entrepôts pour les stocker, pas de silo à grain. Tout arrivait à la commande par bateau. Cuba faisait partie de fait du territoire américain. L’embargo a commencé en supprimant ces liens dès la victoire de la Révolution, avant que Cuba ait une direction communiste. En laissant l’île sans rien pour subsister et avec son sucre qu’elle ne pouvait plus vendre et dont le prix était directement décidé à la bourse de New york. Puis sur cette première punition, il a été construit tout un échauffadage indescritptible d’interdits basés sur le seul rapport des forces que les USA sont capables d’imposer non seulement à Cuba mais au monde.

On est passé de “l’embargo” (je n’ai plus de relations avec toi) au blocus (j’interdis à quiconque d’avoir la moindre relation avec ce paria).

C’est une punition collective et un crime humanitaire car l’embargo tue partout dans le monde, sauf à Cuba où l’impossible a été mis en oeuvre pour assurer le droit à la santé, le partage, mais ce n’est pas parce que Cuba a des résultats qu’il faut le soutenir. Si un jour, il n’arrive plus à assurer cet exploit, il faudra être solidaire parce que c’est comme ça et que l’on ne peut pas tolérer un tel crime, contre eux et contre nous. 

L’embargo met à mal l’économie de Cuba, entraînant la famine, le désespoir, la baisse du pouvoir d’achat…

Cuba est devenu socialiste, il a rejoint le cercle de commerce qui rassemble les pays de l’Est : le COMECON. Cuba est alors devenu le pays dont le niveau de vie est le plus haut en Amérique latine.  Avec la chute des pays socialistes, la fin des relations avec un camp socialiste en train de se désagréger. Cela a été une chute brutale à laquelle aucun pays n’aurait résistée :

Cuba connait une perte de 33% de son PIB en 6 mois ( c’est l’équivalent de l’après 2nde Gerre mondiale) En 1994, on compte moins de 2000 calories par jour et par habitant, soit le niveau de Haïti alors qu’il était en 1989 de 2845. une inflation folle de près de 80%, il n’ya plus rien à acheter, on vit entre deux coupures de corant, plus de savon, plus de médicaments, des kilomètres de trajet à pied par jour le ventre vide.

C’est alors que le président de la commission des relations internationales du Sénat, jess Helms, un sinistre individu d’extrême droite (homophobe, misogyne, raciste), propose une loi qui va non seulement avoir force de loi pour l’avenir mais être retro-active, la loi Helms Burton est votée. Le Sénat américain est l’institution qui a le plus de puissance en affaires internationales avec Cuba en seconde position. Le premier est le président des États-Unis. 

Loi d’extraterritorialité : elle est aussi rétroactive (loi pénale qui punit aussi les actes antérieurs qui enfreignent cette loi cela ne s’est jamais vu), 

Loi Helms burton :  Cette loi intervient alors que Cuba est étranglée avec la rupture de ses relations avec un camp socialiste désagrégé. La loi dit que Cuba doit être privatisé, devenir capitaliste afin de renverser son régime. La loi ne s’étend pas sur la démocratie exigée, simplement sur les privatisations, des capitalistes en bénéficiant sont désignés. L’embargo sera aboli quand Cuba sera capitaliste et si le président des Etats-Unis juge que Cuba est assez démocratique mais il ne peut pas lever le blocus, simplement tous les six mois il doit rendre des compte sur la manière dont il a bien appliqué le blocus. Seul le congrès américain peut lever le blocus. Est prévue l’Interdiction d’entrée des entreprises qui collaborent avec Cuba. Indemnisation par Cuba pour le mal que Cuba a causé aux entreprises américaines mais le montant et la durée ne sont pas indiqués. Toute tentative de bafouer cette loi est une trahison. 

Extraterritorialité américaine (1) : mesure politique et non juridique. la loi helms burton prévoit à peu prèe tout ce qu’il faut pour étrangler et renverser un gouvernement. Elle prévoit des sanctions économiques. Elle prévoit des chantages auprès des ex-pays de l’est (l’ukraine sera parmi les premiers à répondre “présent) toute aide à ces pays sera subordonnée à a rupture de toutes relations avec Cuba. Elle prévoit le démantélement de la centrale nucléaire pas encore achevée de Cienfugos. Elle prévoit un terrible chantage commercial auprès de tous les partenaires potentiels commerciaux de Cuba. L’Europe proteste et menace de porter l’affaire devant l’OMC mais au sommet du G8 , Clinton obtient de ses chers alliés qu’ils renoncent à leur protestation (2). Le canada lui interdira l’application de la loi Helms Burton.

(1) Extraterritorialité : loi appliquée la même manière dans les pays qui n’ont pas voté cette loi

(2)L’Europe est chargée de sa “mission”: au nom des droits de l’homme, elle doit encourager les filière “dissidentes” qui souvent partant de l’espagne d’Aznar et relayées par la Pologne de Walesa, et la tchécoslovaquie de Vaclav Havel reçoivent prix et subsides comme héros de la liberté

L’administration Trump a encore renforcé le blocus en insistant sur le fait que Cuba fait partie de la liste des pays terroristes ce qui se traduit par un renforcement de l’application du blocus: toute transaction avec Cuba est interdite. 

Dans le fond personne ne sait très bien ce qu’est le blocus cela fait partie de la vague de désinformation.

Vanessa, notre secrétaire du cercle qui est chargé de tous les compte rendu, a rendu le sien que j’ai complété. Ce complément était nécessaire malgré sa capacité de synthèse, parce qu’il lui manquait des clés même après la conférence: parce qu’elle n’a pas encore 25 anset qu’elle appartient à d’autres temps où l’on ne parle pas plus de Cuba que d’autres méfaits de l’Empire. Ce n’est pas une anecdote mais c’est le séisme subi par les nouvelles générations, l’histoire d’une démission de la gauche et du consensus établi autour de l’histoire vue par le vainqueur de la guerre froide qui s’est traduite par une véritable rupture dans la chaine de la transmission politique entre génération alors même que la désindustrialisation, les privatisation détruisaient les organisations ouvrières. Seules les familles, elles-mêmes déboussolées ont assuré la transmission, l’extraordinaire est qu’il reste à Vanessa comme à tous ces jeunes présents dans la salle cette curiosité.

Des générations ont alors perdu leurs repères, face à une démission de la gauche, voir un art d’emboîter le pas et de justifier l’injustifiable y compris ce terrible blocus, des transactions de sommet, des partis divisés en groupuscules, qui n’arrivent plus à agir… les raisons d’être, les chapelles sont inaudibles pour ces jeunes qui n’ont pas la moindre idée de comment tout cela a pu débuter. Donc Vanessa, comme la plupart des jeunes gens de son âge n’a jamais entendu parler de tout ça à l’école, de ses cours d’histoire elle a même parfois retenu que la deuxième guerre mondiale avait été gagnée par les Etats-Unis qui représentait la démocratie contre les totalitarismes à savoir Hitler et Staline.

Là aussi était la nouveauté de ce qui s’amorçait, un dialogue possible entre gens décidés à surmonter leurs divisions, y compris entre générations, entre “intellectuels” et classe ouvrière, parce que Cuba mérite cette unité celle obtenue au vote de l’ONU : Le monde entier ce 3 novembre a accompagné la dénonciation par Cuba du blocus économique, commercial et financier par lequel les États-Unis depuis plus de soixante ans cherchent à l’étouffer, sans succès. Donc même si certains croyaient savoir au point de s’habituer grâce à l’exposé, au débat qui a suivi, nous avons réalisé que cette stratégie archaïque de guerre non seulement nuit au pays que les Etats-Unis attaquent, mais elle est un denni de droit pour ceux qui souhaitent maintenir des relations commerciales avec l’île. Comme l’a proclamé le gouvernement cubain à la suite du vote “En se joignant à la défense de Cuba, en plus d’exiger le respect de la souveraineté de l’archipel, les nations exigent également que la leur ne soit pas violée, et sanctionnent l’arrogance des États-Unis, au point de faire chanter les entreprises, d’interdire l’entrée des navires dans leurs ports, et même de percevoir des amendes onéreuses sur la base d’une loi nationale qui s’impose à l’extérieur de ses frontières.

C’est de notre liberté qu’il a été question ce soir là à Marseille comme à l’ONU, liberté d’être informé de nos droits citoyens sans laquelle leur référence à la liberté de la presse n’a que le sens d’être la liberté de nous gruger de la part de ceux qui ont le pouvoir de nous désinformer pour nous paralyser.

C’est si difficile à mesurer, parce que cela concerne notre propre aveuglement, notre propre paralysie, et parce que tout le travail reste à faire. Parce que notre conférence regroupait des gens ayant des connaissances très diverses de la question et dont certains entendaient pour la première fois parler réellement du blocus ou comme tous ces gens qui s’étonnaient quand nous distribuions des tracts : “le blocus ça existe toujours ?” et les mieux informés ajoutaient : “Je croyais qu’Obama l’avait supprimé”. Et bien ce que nous a montré Viktor c’est qu’un président des Etats-Unis si bien intentionné soit-il et jusqu’à présent il n’y en a pas eu un seul de cet espèce, ne peut pas supprimer le blocus. C’est digne de Kafka, Donc cette confèrence nous a confrontés nous Français encore proche de Cuba, sanchant vaguement qu’il existe un “embargo” à ce qui a disparu dans l’esprit de nos enfants et l’urgence d’en prendre conscience collectivement.

Voyez-vous ce soir là, ce soir de victoire de tous les peuples à l’ONU, nous nous posions tous la question : et maintenant, on continue comme avant ? Parce que l’extraterritorialité va se poursuivre et que l’on va être contraints nous et les Cubains d’appliquer ce à quoi nous obligent les Etats-Unis comme ils nous contraignent à mener une guerre par procuration ? Ou quelque chose est en train de changer ? Y compris face à la guerre de l’OTAN en Ukraine?

La victoire de Cuba à l’ONU est le triomphe de nombreux peuples mais ce qui est posé aujourd’hui est à la fois la reproduction des votes précédents non suivis d’effets, mais aussi un contexte nouveau : celui de la manière dont les Etats-Unis et leurs vassaux sont de plus en plus isolés, la majorité des Etats commençant à refuser l’application des sanctions. le contexte de la guerre en Ukraine et celui du refus de la Chine à la fois de la guerre et des diktats. C’est ce contexte là qu’il nous faut comprendre et discuter en particulier celui de la résistance cubaine dans le monde en train de naitre et c’est de cela que j’espère à Marseille comme ailleurs nous aurons à coeur d’explorer, agir pour la paix et le socialisme.

Ce n’est qu’un début continuons le Combat avec l’étoile cubaine qui éclaire cette exigence de la totalité de la planète.

victoria de Cuba en la ONU
Photo:Tiré de Prensa Latina

Comaguer sur Radio Galère

viktor dedaj, danielle Bleitrach et COMAGUER en train d’enregistrer

Viktor Dedaj nous parle du blocus/embargo de Cuba

Voici 60 ans les Etats-Unis ont décidé de renverser le régime socialiste cubain instauré par la révolution de 1959. Les rapports de force internationaux leur ont interdit une invasion militaire de l’ile et ils se sont rabattus sur un étranglement progressif par un blocus qui est le plus long de tous les temps. Les cubains et leur gouvernement ont résisté avec un courage opiniâtre et une intelligence exemplaire à cette tentative d’extermination.

Le cercle Cuba Solidarité de Marseille a invité le journaliste Viktor Dedaj un des meilleurs connaisseurs de la réalité cubaine à présenter et à commenter son dernier livre, passionnant recueil de témoignages de cubaines et de cubains sur la vie sous le blocus.

CUBA SOUS EMBARGO

(Paroles cubaines sur le blocus)

(Editions Delga – 2020)

Il l’a fait le 3 Novembre le jour même où l’Assemblée générale des Nations Unies se prononçait pour la levée de cet embargo, pour la quarantième fois et à la quasi unanimité.

Quatre pays n’ont pas voté cette résolution : ont voté contre comme toujours les Etats-Unis et Israël, se sont abstenus deux pays aujourd’hui encore dirigés par des fascistes : Le Brésil et l’Ukraine.

Ecoutez la conférence de VIKTOR DEDAJ dans l’émission COMAGUER

MERCREDI 9 NOVEMBRE DE 20H A 21H30

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2 Commentaires

  • jean-luc
    jean-luc

    YES!!!! Bravo!!!!

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  • Genestal Yvette
    Genestal Yvette

    Remarquable. A la fois sur la conférence elle-même et sur le sens politique de cette réunion d’unité et d’action. YG.

    Répondre

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