Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Sacha Bergheim : Pourquoi une victoire symbolique à n’importe quel prix en Ukraine est nécessaire pour Biden?

Comment expliquer à quel point je partage ce point de vue si lucide et desespéré sur l’état non seulement de ce à quoi conduit “la démocratie” occidentale à ce stade “ultime” de la domination par le capitalisme monopoliste financiarisé avec la domination du complexe industrialo-militaire… mais j’y reviendrai. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

D’ici fin novembre, les forces ukrainiennes appuyées par les mercenaires étrangers, officiers occidentaux, et autres “soldats fantômes” vont chercher à obtenir une victoire symbolique, soit en direction de Lysychansk, soit de Kherson soit à Ernehodar.

Non, cela n’a rien à voir avec l’hiver puisque la saison froide n’est pas un obstacle pour l’armée russe. Mais par rapport aux élections de mid-terms.

Pourquoi? Une contestation est de plus en plus présente aux USA, notamment après l’ouragan Ian, s’est manifestée sur le fait que le gouvernement fédéral dispose d’extensions budgétaires infinies pour l’Ukraine à titre de “l’aide militaire et économique”, aux dépens de la population américaine (le budget annuel des infrastructures aux USA a été dépensé en Ukraine en 2 mois).

Si l’administration Biden peut dire “regardez les gains, cela sert à quelque chose”, la contestation est plus limitée, que si aucun résultat n’apparaît sur le terrain.

Kherson est censée être prise depuis juillet.

Alors que depuis la mobilisation russe à peine 16000 hommes ont rejoint le front, les Ukrainiens sont poussés par la puissance tutélaire de lancer toutes les forces possibles pour un gain vendable dans un marketing électoral.

Si on réfléchit sur le coût réel de la guerre pour les USA et leur implication directe comme belligérant non officiel sur le terrain, on doit se souvenir que le budget du Pentagone des années passées était justifié par les opérations en Afghanistan (très coûteuses en raison 1 du seul accès terrestre via le Pakistan 2 des ravitaillements aériens extrêmement coûteux: imaginez le trajet depuis la Caroline du Nord vers la base de Diego Garcia dans l’océan indien puis vers Bagram au nord de Kaboul).

Or, depuis septembre 2021, officiellement, les opérations militaires ont cessé en Afghanistan, ce qui signifie que le budget est en quelque sorte “libéré”.

Mais tel n’en a pas été le cas, et le vote de décembre 2021 AVANT le déclenchement de l’invasion russe est aussi conséquent que si les marines étaient toujours à patrouiller à Kaboul. Ce qui n’est pas dans éveiller le soupçon que le complexe militaro-industriel n’était pas enclin à voir ses dotations diminuer et qu’un nouveau front présenterait l’intérêt de pouvoir assurer le carnet de commandes.

Notons que les “prédictions” de Biden concernant l’invasion de Poutine vont de pair avec la justifications de ce budget démentiel de la défense américaine. Et que la guerre s’est enclenchée après l’initiative d’une offensive ukrainienne sur le Donbass (à partir du 16 février) et la déclaration de Zelenski du 18 février sur la renucléarisation de l’armée ukrainienne.

Concrètement, ce sont des dizaines de milliards de dollars qui échappent ainsi à la société américaine, que ce soit dans “l’aide” directe officielle que dans le budget lui-même du Pentagone. Sans compter le fait que la CIA (au budget équivalent à l’armée française, grosso modo) était active en Ukraine, dédiée notamment à la formation d’unités pour la guerre urbaine qui était envisagée dans l’est.

Des sommes qui transitent ainsi par l’Ukraine, non seulement en matériel militaire qu’en flux financiers (pour payer les soldes des militaires ou assurer la survie économique du régime à Kiev) sans aucun projet de “sortie de guerre”. La gestion du conflit apparaît chaque jour plus précaire ou illusoire, aucun contrôle et représente, pour beaucoup, ainsi cette part qui maintient les USA dans la catégorie des pays les plus inégalitaires en terme d’accès à la santé par exemple.

Quel gain américain en Ukraine?

Si on met de côté les antiennes de propagandiste sur la liberté ou la démocratie (comme si l’histoire contemporaine n’avait pas suffisamment montré la complaisance occidentale envers des régimes autoritaires complaisants), il reste trois gains éco-stratégiques :

-dégrader la puissance économique et militaire russe

-désindustrialiser et affaiblir durablement la zone euro

– conserver, -pour le complexe militaro industriel (déjà dénoncé par Eisenhower!) le contrôle de la politique étrangère américaine.

Paradoxalement une victoire ukrainienne à Kherson serait le couronnement de ces trois politiques stratégiques hautement toxiques pour l’Europe et la France notamment. Mais un statu quo militaire sur le terrain serait l’invalidation de la politique américaine et de ses errements.

Mais, notre président, a la réponse à tout: on ne transige pas sur nos valeurs. Y a-t-il encore quelqu’un dans cet nef des fous qui croient encore à cette fable d’une géopolitique faite de probité et justice?

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