Ce qu’il y a d’essentiel dans cette intervention est la manière dont se joue le rapport au passé, celui de l’URSS et de la guerre patriotique, ce sont les mêmes forces qui partent au combat, les mêmes qui désertent… Et pourtant l’intérêt de l’analyse réside bien dans la conscience que “Le monde est entré dans une phase totalement nouvelle” dans laquelle il faut être très attentif à un processus qui ira au-delà de cette opération de défense du territoire russe et qui est largement entamé. Ce conseil ne concerne pas que la Russie c’est le monde entier comme nous en témoignons ici tous les jours qui a basculé dans une nouvelle ère pourtant entamée par la première grande guerre impérialiste, la naissance de l’URSS et on ne retournera pas en arrière. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop pour histoire et société)
https://kprf.ru/party-live/cknews/213864.html
Le premier vice-président du Comité central du KPRF, Youri Afonine, a participé à l’émission “60 minutes” sur la chaîne Russie-1.
L’un des sujets de discussion a été les frappes de l’armée russe sur les infrastructures critiques ukrainiennes. Youri Afonine a noté qu’il n’y avait pas de jubilation dans la société russe suite à la destruction d’installations énergétiques en Ukraine. Cela montre le caractère des Russes, a-t-il dit. Cela nous distingue de la partie de la population ukrainienne qui se moque grossièrement de tout malheur en Russie et se réjouit de tout acte terroriste odieux – depuis le meurtre de Daria Douguina jusqu’à l’attentat à la bombe contre le pont de Crimée. Il ne faut pas s’étonner de cette différence : au cours des 8 à 10 dernières années, la société ukrainienne a été ouvertement fascisée selon des processus similaires à l’Allemagne durant le Troisième Reich, et la nouvelle génération a déjà grandi sous une forte influence de propagande nazie.
Les tâches résolues par les frappes sur les infrastructures consistent principalement à rendre plus difficile l’accès des troupes, équipements et armes ennemis à la ligne de front. L’objectif principal est d’arrêter le flux d’armes provenant de l’Occident vers l’Ukraine. Ainsi, a souligné Youri Afonine, en termes de logique d’action militaire, les frappes sont légitimes et justifiées, visant à la sécurité de notre pays. Mais il existe des contre-exemples dans l’histoire. Le représentant du KPRF a raconté que dans un journal allemand, il est tombé sur des commentaires d’Allemands (généralement de l’Est) qui demandaient aux Américains : pourquoi n’avez-vous pas été si désolés lorsque vos forces aériennes et celles de l’Angleterre ont bombardé Dresde en février 1945 ? La ville a été presque entièrement détruite, au moins 30 000 civils ont péri – et pour quoi ? Ces raids barbares ne poursuivaient aucun objectif militaire. Le but était unique : raser la ville, restée dans la zone d’occupation soviétique. Et les Russes ont ensuite reconstruit Dresde et restauré la magnifique galerie de Dresde. Cet épisode décrit clairement la différence entre le monde russe et le monde anglo-saxon, a déclaré Youri Afonine, et ils essaient maintenant de reformater les Ukrainiens à leur image.
L’histoire de la Grande Guerre patriotique doit maintenant être étudiée aussi attentivement que possible, a-t-il dit, y compris l’expérience des opérations militaires. Nous aurons certainement nos propres Joukov, Rokossovski, Konev et Bagramian au cours de la Grande Guerre patriotique. Youri Afonine a rappelé l’histoire de la préparation de la plus grande opération “Bagration”, au cours de laquelle le groupe d’armées “Centre” a été vaincu, la Biélorussie, la partie orientale de la Pologne et une partie des pays baltes ont été libérés. Le commandant en chef chargé de cette opération était Rokossovsky. Lors de la planification de l’opération, il s’oppose à l’avis de l’état-major général et de la Stavka, insistant sur la nécessité de frapper de deux côtés. Deux fois, Staline lui a dit : “Sortez et réfléchissez”. Mais Rokossovsky a défendu son plan, puis, avec l’armée, a démontré sa justesse. L’initiative des commandants en chef et des autres commandants est très importante, mais pour la cohérence des actions, elle doit être clairement coordonnée, et cela nécessite la mise en place du quartier général du commandement suprême, en suivant l’exemple de la Grande Guerre patriotique, a déclaré le premier vice-président du Comité central du KPRF. La Stavka devrait coordonner non seulement les opérations militaires mais aussi le développement économique et des infrastructures – tout ce qui est nécessaire au succès de l’opération spéciale.
La plupart des pays du monde ne soutiennent pas l’agression de l’Occident contre la Russie, mais ils observent pour voir si nous allons gagner, si nous pourrons ensuite nous développer en tant qu’économie souveraine. Notre allié le plus fiable est le Belarus, qui subit avec nous une forte pression de sanctions. La Biélorussie a une petite armée – 50 000 hommes, mais c’est une armée bien entraînée et formée. Et la chose principale est la loyauté et le vrai patriotisme des généraux et des commandants. En 2020, lorsqu’il y a eu une tentative de coup d’État en Biélorussie, l’armée et les services spéciaux ont montré leur fermeté et leur unité dans la défense du pays, car tout le monde savait ce qui arriverait au pays en cas de succès du coup d’État. Et aujourd’hui, cette solide armée se tient côte à côte avec nous pour défendre notre État de l’Union (1).
La Chine socialiste est notre autre allié. Youri Afonine a exprimé la conviction qu’au cours de la lutte contre l’Occident impérialiste, l’économie de notre pays devra être de plus en plus transformée vers le modèle socialiste. Parce qu’on ne peut pas lutter efficacement contre le monde capitaliste si nous avons le même capitalisme dans notre pays, a-t-il dit. Le capitalisme, c’est “si tu ne peux pas mentir, tu ne peux pas vendre”, et nous avons une société différente, le peuple russe a une mentalité différente.
Pour gagner, nous devons coordonner nos efforts sur tous les fronts – information, culture et industrie, a déclaré le premier vice-président du Comité central. Le front de l’information devrait s’inspirer de l’expérience du Bureau d’information soviétique, qui faisait connaître la vérité sur la guerre non seulement à sa propre population, mais aussi au monde entier. Il est important que la culture soit au service de la victoire. Les travailleurs culturels qui encourageaient les soldats pendant la Grande Guerre patriotique ont accompli des actes héroïques. Notre front culturel doit se débarrasser complètement de l’antisoviétisme et de la russophobie que l’on trouve dans les médias. Le front industriel, qui a un besoin vital de planification et de coordination, est très important. Les scientifiques doivent avoir une compréhension claire des tâches qui les attendent.
Nous avons beaucoup avancé récemment en ce qui concerne “la séparation du bon grain de l’ivraie”, a remarqué Youri Afonine. Je connais pas mal de gars, dit-il, qui étaient très critiques concernant de nombreuses mesures du gouvernement mais qui se sont portés volontaires pour défendre leur patrie. Et beaucoup aussi qui bombaient le torse et se prétendaient patriotes, qui gagnaient d’énormes sommes d’argent aux dépens de l’État, mais qui ont fui et continuent de fuir à l’étranger. C’est l’auto-nettoyage du pays.
Nous devons comprendre que la guerre de l’Occident contre nous ne prendra pas fin même après la fin de la SVO, elle se poursuivra dans un format hybride, de nouveaux affrontements militaires ne sont pas exclus. Le monde est entré dans une phase totalement nouvelle. Sur cette base, nous devons prévoir et planifier notre développement pour les années à venir, a déclaré Youri Viatcheslavovitch. Pour cela, il faut que la société comprenne clairement les défis auxquels elle est confrontée, qu’elle soit pleinement mobilisée et que chacun, à son poste, s’y consacre pleinement.
(1) l’État de l’Union est un des noms de la Confédération de la Russie et de la Biélorussie, planifiée depuis 1996 et supposant une intégration progressive des deux pays à tous les niveaux.
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