Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

En Guinée-Bissau, la Russie bénéficie de la nostalgie soviétique

Histoire. 

Le New York Time est contraint à l’hommage du vice à la vertu, du capitalisme au socialisme, pour expliquer pourquoi l’Afrique refuse de condamner la Russie… Parce que pour eux l’URSS est synonyme de libération du colonialisme… et même et surtout de libération des femmes africaines… (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Nombre de pays africains rechignent à condamner l’invasion russe en raison de l’aide autrefois apportée par l’Union soviétique lors de la décolonisation. Le “New York Times” fait ainsi le portrait de Joana Gomes, indépendantiste bissau-guinéenne qui reste très attachée à la Russie.The New York TimesTraduit de l’anglaisRéservé aux abonnés Publié aujourd’hui à 15h58 Lecture 4 min.

Joana Gomes (au premier rang, à gauche) avec Amilcar Cabral (au centre), chef du mouvement indépendantiste de Guinée-Bissau, en 1964.
Joana Gomes (au premier rang, à gauche) avec Amilcar Cabral (au centre), chef du mouvement indépendantiste de Guinée-Bissau, en 1964. PHOTO MÁRIO PINTO DE ANDRADE ARCHIVE/MÁRIO SOARES AND MARIA BARROSO FOUNDATION/ THE NEW YORK TIMES

Quand son pays a eu besoin d’armes pour livrer une guerre de libération acharnée contre son colonisateur, c’est l’Union soviétique qui les lui a fournies.

Quand son pays a eu besoin de personnel soignant pour s’occuper des blessés de guerre, c’est en Union soviétique qu’il l’a envoyée suivre une formation d’infirmière.

Quand Joana Gomes, aujourd’hui parlementaire de Guinée-Bissau, a entendu parler de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, sa position a été claire dès le départ : elle soutiendrait la Russie, même s’il arrive à sa langue de fourcher et qu’elle dit encore “Union soviétique”.

“C’est avec leurs armes qu’on a gagné notre indépendance, justifie Joana, 72 ans, par un après-midi pluvieux, tandis qu’elle prépare le déjeuner chez elle, à Bissau, la capitale. Sans eux, même aujourd’hui, on ne l’aurait pas, notre indépendance.”

Quand la Russie a envahi l’Ukraine en février, certaines voix ont brillé par leur absence dans le concert général de protestations, dont beaucoup d’africaines. Six des 35 pays qui, lors du vote aux Nations unies, se sont abstenus de condamner les agissements de la Russie étaient africains, de même que l’un des cinq qui ont voté non, l’Érythrée [huit autres pays africains, dont la Guinée Bissau, n’ont pas pris part au vote].

Back to the USSR

Beaucoup de pays africains ont tissé avec Moscou des liens étroits. L’Union soviétique a soutenu bon nombre de guerres de libération africaines, prodiguant formation, instruction et armes à des combattants de la liberté comme Joana Gomes. Près de soixante ans plus tard, celle-ci n’a pas oublié.

En 1964, quand elle descend d’avion en URSS, le premier geste des mécènes de Joana Gomes est de lui tendre des gants, un bonnet et un épais manteau. Elle a 14 ans et n’a encore jamais quitté la Guinée-Bissau, petit pays d’Afrique de l’Ouest qui a arraché son indépendance au Portugal en 1974, au terme de dix années de guerre.

Et au NIGER aussi

«À bas la France», «Vive Poutine» : au Niger, des centaines de personnes contre la présence militaire française

Le Parisien avec AFP – Hier à 20:55Réagir|134 Le Niger un des pays les plus pauvre du monde est aussi celui dont dépend l’industrie nucléaire française mais dont la population n’en reçoit aucun bénéfice et qui estime non sans raison qu’il y a entente de fait entre les intérêts français dans ce domaine et les djiadistes que l’armée prétend chasser alors qu’elle surveille beaucoup plus les mouvements revenicatifs qui exigent de bénéficier des ressources de leur sol (note de Danielle Bleitrach pour histoiretsociete)

La Russie, plutôt que la France. Des centaines de personnes ont manifesté pacifiquement ce dimanche dans les rues de la capitale nigérienne Niamey, pourdemander à l’armée française de quitter le pays. AFP/Boureima Hama© BOUREIMA HAMA

Ces manfifestants protestaient notamment contre la force antijihadiste française Barkhane, tout en encensant la Russie. Aux cris de « Barkhane dehors », « À bas la France », « Vive Poutine et la Russie », les manifestants ont sillonné quelques rues de la capitale avant de tenir un meeting devant le siège de l’Assemblée nationale. Certains manifestants arboraient des drapeaux de la Russie et brandissaient des pancartes hostiles à la France et à Barkhane. Quelque 3 000 militaires français sont toujours déployés dans le Sahel – et notamment au Niger, un des principaux alliés de Paris – après leur retrait total du Mali.

La force Barkhane avait été chassée par la junte au pouvoir au Mali depuis 2020, qui est soupçonnée de travailler avec le groupe paramilitaire russe Wagner. En avril, les députés nigériens avaient largement voté en faveur du déploiement de forces étrangères sur le territoire, notamment françaises, pour combattre les djihadistes. La France est désormais accusée d’un « soutien actif » aux djihadistes « Il y a des slogans anti-français parce que nous exigeons le départ immédiat de la force Barkhane au Niger qui aliène notre souveraineté et qui est en train de déstabiliser le Sahel », a affirmé Seydou Abdoulaye, le coordonnateur du Mouvement M 62 qui organise la manifestation. Il a accusé l’ancienne puissance coloniale, d’un « soutien actif » aux « djihadistes qui ont répandu le terrorisme partir du Mali », voisin du Niger et du Burkina Faso.

Ces derniers mois, plusieurs manifestations anti-françaises ont eu lieu au Sahel, notamment fin novembre 2021 lorsqu’un convoi militaire de Barkhane avait été bloqué et caillassé au Burkina Faso puis au Niger. Trois manifestants avaient été tués à Téra, dans l’ouest du Niger, dans des tirs imputés par le gouvernement nigérien à ses forces ou aux forces françaises.

Le Niger doit faire face aux attaques régulières et meurtrières de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe État islamique au Sahel dans l’ouest et, dans le Sud-Est, à celles de Boko Haram et du groupe État islamique en Afrique de l’Ouest. Le pays abrite depuis des années plusieurs bases militaires étrangères, française et américaine notamment, dédiées à la lutte contre les djihadistes au Sahel.

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