Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Dans le Donbass, une ville Torez, quelle résistance ?


« L’espoir du Donbass » a transféré l’aide humanitaire au front. J’ai volontairement sélectionné cette nouvelle parmi d’autres émanant des rangs de communistes séparatistes, parce qu’elle raconte le rôle de ces femmes qui transmettent l’aide humanitaire aux combattants du front, mais aussi parce qu’elles sont de Torez. Décrire l’histoire de Torez c’est déjà contrer la propagande occidentale et recréer un internationalisme qui soutient les victimes de l’OTAN mais ne se fait aucune illusion non plus sur ce que produit la situation ukrainienne parce que le capital vise en premier ceux qui défendent les intérêts de la population. (note et traduction de Danielle Bleitrach)

26.08.2022

illustration : Zakhartchenko, le héros du Donbass

Des représentants de la branche torez du mouvement public « Union des femmes – Espoir du Donbass » ont remis l’aide humanitaire aux militaires, rapporte le correspondant du site « En avant ».

Grâce aux habitants attentionnés de Torez, de la nourriture a été livrée en première ligne.

Tchystiakove, ou Thorez (en ukrainien Чистякове, en russe : Чистяково, Tchistiakovo ou Торез) est une ville minière de l’oblast de Donetsk, en Ukraine.

La ville porte depuis 1964 le nom du secrétaire général du Parti communiste français, Maurice Thorez.

Pendant la Grande Guerre patriotique, Tchistiakovo a été occupée par l’armée allemande du 31 octobre 1941 au 2 septembre 1943 et la résistance a été farouche. En 1964, Tchistiakovo a été rebaptisée Torez en l’honneur de Maurice Thorez, ancien dirigeant du Parti communiste français, qui était mineur de charbon comme beaucoup d’habitants de cette ville.

À l’élection présidentielle de 2004, la ville avait voté massivement en faveur de Viktor Ianoukovytch (96,33 % des voix, Viktor Iouchtchenko n’en obtenant que 2,13 %).

Après le coup d’Etat du maidan, la ville a refusé de reconnaitre les nouveaux dirigeants et à la mi-avril 2014 la ville a été dirigée les miliciens pro-russes de la RPD. Le 28 juillet 2014, l’armée ukrainienne s’est emparée de Torez après d’intenses combats et de multiples exactions des régiments pro-nazis rassemblés par les oligarques qui voulaient s’emparer des mines. En décembre 2014, les pro-russes reprennent le contrôle de la ville. Le parlement ukrainien renomma la ville en Tchystiakove en 2016 à la suite d’une campagne de décommunisation, mais le changement de nom ne fut évidemment pas reconnu par les autorités locales, la ville étant sous administration de la république populaire de Donetsk et non plus sous celle du régime central de Kiev.

Ce qu’il faut bien mesurer c’est ce qu’ont vécu depuis 2014 ces populations du Donbass, voici ce qu’un reportage décrivait le 17 février 2022 peu de temps avant l’entrée de l’armée russe.

La « ligne de contact » entre les deux est une sorte de mélange de no man’s land et de zones habitées, où dans des conditions d’une précarité immense des snipers, des drones artisanaux lâcheurs de grenades et des artilleurs frappent parfois, et ce de manière ininterrompue depuis 2014.

La pression vient ici clairement de l’Ukraine qui se pose dans une logique de harcèlement permanent, afin de ne pas permettre aux « républiques populaires » de s’installer, même si elles y parviennent relativement de par le poids démographique et économique de la ville de Donetzk, et bien entendu le soutien russe, qui est toutefois relatif. La Russie ne fournit pas du matériel militaire ultra-moderne, gardant une distance officielle tout en contrôlant le régime qui est une sorte de mélange de royaume de seigneur de la guerre et de capitalisme bureaucratique avec une imagerie néo-soviétisante insistant lourdement sur la religion catholique orthodoxe.”

Il est vrai que les premiers résistants séparatistes proches du parti communiste ont été systématiquement tués par des tirs et attentats ciblés et d’autres influences se sont fait jour dont certaines d’un nationalisme grand russe suspect. Au Donbass, ce qu’il faut comprendre c’est que c’est la population a elle-même qui a remis en route la machine d’Etat, que les rebelles ont occupé les demeures des riches industriels et que Zakhartchenko a tenu tête à Rinat Akhmetov, troisième fortune d’Ukraine. Zakhartchenko un héros silencieux un communiste a payé de sa vie ce refus de céder devant les oligarques de Kiev, mais aussi celui du Donbass qui a payé des régiments nazis pour qu’ils tiennent Marioupol et que soient systématiquement assassinés les communistes.

Mais le KPRF a aussi systématiquement tablé sur la population et il fourni une aide humanitaire. On sait le rôle que joue le drapeau soviétique comme d’ailleurs le rôle des dirigeants des territoires libérés; il est clair que le parti de Poutine préfère utiliser des oligarques et perpétuer un système clientéliste, alors que dans d’autres cas ce sont des communistes de diverses obédiences qui s’installent et mettent en place un autre type de gestion, mais ces derniers sont systématiquement victimes d’attentats.

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