Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Une quête infructueuse : les Etats-Unis cherchent à semer la discorde en Asie-Pacifique

Jean-Luc Picker qui a accepté d’être l’un des traducteurs de ce blog nous envoie également un commentaire sur Global Times, un site officiel de la Chine dans lequel les positions sont mûrement réfléchies même s’il est fait référence à des “experts” et pas au gouvernement : “Traduction d’un article du GT. Rien de bien nouveau ou excitant, si ce n’est le ton qui se durcit de plus en plus, les fleurets plus si tant mouchetés…” Oui, le ton devient de plus en plus direct et c’est en soi une nouveauté, si la Chine ne veut pas aggraver la situation et tente de maintenir des relations y compris commerciales, elle marque des limites, une ligne rouge et ce n’est pas seulement ce tabloïd mais tout son personnel diplomatique qui dit, comme à Paris, ce qu’il a dire. Cette attitude qui s’assortit du renforcement des collaborations avec la Russie et avec les pays en voie de développement dit clairement y compris aux alliés des USA qu’ils n’ont rien à gagner à s’engouffrer dans des choix bellicistes qui sont ceux des Etats-Unis, un discours de plus en plus entendu. Là aussi les USA et leurs alliés sont pris en flagrant délit de négationnisme pour mieux s’appuyer sur les nationalismes fascistes qu’ils avaient combattus aux côtés de la Russie et de la Chine pendant la seconde guerre mondiale. Par parenthèse l’utilisation de l’extrême-droite israélienne fait partie de l’opération et elle s’exerce aux dépends des Juifs comme de tous les peuples embringués dans cette guerre par procuration pour dire le fond d’un débat en cours. (note de Danielle Bleitrach, traduction de J.Luc Picker)

Article paru dans le Global Times le 26 juillet 2022

https://www.globaltimes.cn/page/202207/1271389.shtml

Les hauts dirigeants politiques et militaires des Etats-Unis entament un nouveau cycle de lavage de cerveau dans la région Asie-Pacifique.

Dimanche, c’était au tour de Mark Milley, chef d’état-major des armées. En visite en Indonésie, il a martelé que les forces armées chinoises étaient devenues ‘significativement et ouvertement plus agressives’. Il en voulait pour preuve l’augmentation des interceptions d’avions et de bateaux des Etats-Unis ou de leurs alliés par les forces chinoises.

Ce même dimanche, la presse occidentale mettait en exergue le voyage prévu aux Îles Salomon de la secrétaire d’état adjointe Wendy Sherman et de l’ambassadeur des Etats-Unis en Australie Caroline Kennedy, dans le but de circonscrire l’influence chinoise dans ce pays.

La visite de Milley en Indonésie est la première visite d’un général de haut rang depuis 2008. Il semble que la date ait été soigneusement choisie pour anticiper le voyage officiel du président de l’Indonésie Joko Widodo en Chine, qui a débuté ce lundi. La visite prévue de Sherman et Kennedy aux Îles Salomon est ouvertement utilitaire. Il y a des décennies que les îles du pacifique sont délaissées par les grands diplomates de Washington, mais depuis la signature d’un accord entre les Îles Salomon et la Chine, les visites de haut rang se succèdent dans l’Île.

Qu’il s’agisse de Milley ou de Sherman et Kennedy, ces visites ont un but identique. Il faut démoniser la Chine et dans la mesure du possible en désolidariser les pays de la région. Mais ces pays savent ce que signifie la ritournelle ‘La Chine devient plus agressive’. Quand les Etats-Unis poussent un peu loin, la défense légitime de la Chine est présentée comme une ‘agression’. Lorsqu’ils vont au-delà dans la provocation, les interceptions justifiées opérées par les forces chinoises deviennent une ‘menace’.

Quand les diplomates et militaires États-uniens sillonnent la région Asie-Pacifique pour expliquer combien la Chine est dangereuse, ils prennent les gouvernements de ces pays pour des imbéciles. C’est peut-être par coïncidence que Widodo se rend en Chine au lendemain des déclarations de Milley, mais cela démontre de toutes façons que l’Indonésie ne s’en laisse pas conter et ne se range pas nécessairement aux côtés des Etats-Unis.

Tout en continuant à choyer les pays de l’ASEAN, les Etats-Unis développent maintenant leurs efforts en direction des îles du Pacifique. A l’occasion du voyage annoncé de Sherman et Kennedy, les médias occidentaux se plaisent à rappeler que leurs pères respectifs se sont battus dans ces îles pendant la seconde guerre mondiale, laissant à entendre que les Etats-Unis sont maintenant engagés dans une bataille similaire contre l’influence de l’ennemi stratégique chinois.

Ce rapprochement est une insulte à l’histoire. Les pères de Sherman et Kennedy se sont battus contre l’expansionnisme de l’empire du Japon et les volontés d’hégémonie mondiale des fascistes de l’Axe. Aujourd’hui les politiciens états-uniens abandonnent l’esprit de la lutte de leurs pères et se battent exactement pour des buts opposés en cherchant à imposer leur hégémonie et leurs privilèges. Comme le souligne Shen Yi, professeur à l’université de Fudan, dans un entretien avec GT, ils demandent au pays de la région Pacifique de refuser l’aide de la Chine pour leur développement, alors même qu’ils n’ont pas les moyens de la remplacer et offrent zéro aide.

Aujourd’hui, ce sont les Etats-Unis qui cherchent à dominer la région Pacifique – et d’ailleurs le reste du monde.  En d’autres termes, ce sont eux qui jouent le rôle tenu par le Japon durant la seconde guerre mondiale.

La Chine aide les îles Salomon et d’autres pays de la région à se développer, en particulier dans le domaine des infrastructures et elle serait heureuse de voir les Etats-Unis participer à ce projet. « Si les Etats-Unis veulent considérer les îles comme leur sphère d’influence, cela devrait les conduire à y investir » nous dit Song Zhongpin, experte des forces de défenses chinoises et commentatrice TV.  Mais cela n’a jamais été le cas et les Etats-Unis ont une large dette envers ces pays. Les conséquences de leurs tests nucléaires dans la région se font encore sentir lourdement. De nombreux gouvernements indociles ont été renversés par leur soins. Alors qu’en termes de développement économique et social ils n’ont pas grand-chose à montrer, explique encore Song.

Prenant conscience que par rapport à la Chine ils ont de moins en moins à offrir, les Etats-Unis se sentent désemparés et se jettent sur le seul outil qui leur reste : l’épouvantail de ‘la menace chinoise’.

Les Etats-Unis souhaitent voir les tensions s’aggraver dans la région Asie-Pacifique, et ils y contribuent autant que faire se peut. Mais dans cette entreprise, il s’agit que le vilain soit la Chine et non les Etats-Unis. C’est pour cette raison que la Maison Blanche se distancie de l’annonce de la visite à Taiwan de la présidente de la chambre des représentants Nancy Pelosi et déclare que ‘ce n’est pas une bonne idée’. Si cette visite prenait place, les Etats-Unis apparaitraient comme les fauteurs de trouble. Ce n’est pas dans le scénario. Quelles sont alors leurs options lorsque la Chine n’est pas agressive ? La démoniser, et répandre ces vues négatives sur la Chine à travers la région dans l’espoir que ses voisins se tournent contre elle.

Mais tous les pays ne se laissent pas tromper. Ils peuvent constater que la Chine apporte des solutions et une coopération concrète alors que les Etats-Unis se contentent de discourir sur la nécessité de contenir la Chine. Quand la Chine exporte des équipements d’infrastructure, les Etats-Unis exportent des armes et des guerres. Il y a bien longtemps que la domination occidentale se traduit pour eux par la pauvreté et la mise sous tutelle de leurs politique étrangère.

Les faits aujourd’hui ne laissent pas de place au doute sur qui est agressif et dangereux. Plus les Etats-Unis attaquent la Chine, plus le monde prend conscience de leur faiblesse et de leur manque de confiance en eux.

Print Friendly, PDF & Email

Vues : 198

Suite de l'article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.