Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le PIB de l’Ukraine va s’effondrer (-45%), mais la Banque mondiale voit un scénario plus sombre encore

Comme cela est dit par ailleurs : si le conflit ukrainien et la manière dont les Etats-Unis rejouent par procuration une guerre dans laquelle ils voient un remake de ce qui dans la deuxième guerre mondiale a permis leur hégémonie, apparaît aux yeux de la majorité des peuples comme une affaire européenne, il est un accélérateur des tendances. La chute de l’empire occidental et la manière dont il se débat en noyant vassaux, alliés autant qu’adversaires risque d’avoir de terribles conséquences et les campagnes électorales européennes dans un tel contexte témoignent hélas globalement de l’incapacité à endiguer la débâcle. Parce que ce que veulent les USA, un abcès de fixation, un enlisement et surtout pas de négociations de paix ne fait qu’accélérer l’ampleur de la crise. Effectivement on ne peut pas assurer une retraite digne à 60 ans, une santé et une éducation publique de haut niveau en acceptant ce scénario de l’OTAN. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

L’économie de l’Ukraine va se contracter de 45,1% cette année en raison de la guerre menée par la Russie dont le PIB devrait lui-même s’effondrer de 11,2%, selon les dernières prévisions de la Banque mondiale publiées dimanche. Toute la région sera affectée, et une aggravation de ces prévisions pessimistes est à redouter alors que le bilan des destructions humaines et matérielles ne se cessent de s’alourdir et qu’une offensive massive est en préparation. Écoutez cet articlePoweredbyETX Daily Up00:00/04:58latribune.fr11 Avr 2022, 9:35

5 mn

Photo prise le 10 avril 2022 dans la banlieue de Kiev, après le retrait des troupes russes, dont les exactions font l'objet de multiples procédures judiciaires.

La Banque mondiale vient de balayer toutes les prévisions économiques, déjà très pessimistes, élaborées depuis un mois sur la santé économique de l’Ukraine en raison de l’invasion russe.

Il y a un mois, le Fonds monétaire international (FMI) avait calculé une baisse du PIB entre 10% à 35%, et il y a moins de deux semaines (le 31 mars), la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) prévoyait une baisse de 20%.

Un effondrement du PIB de l’Ukraine de 45,1% en 2022

Hier dimanche, la Banque mondiale a annoncé un effondrement catastrophique, prévoyant que le PIB de l’Ukraine plongerait de 45,1% en 2022. Tandis que la Russie verrait son PIB chuter de 11,2%.

Depuis le début de cette guerre débutée le 24 février par la Russie, plus de quatre millions d’Ukrainiens ont quitté le pays, fuyant vers la Pologne, la Roumanie et la Moldavie, et les prix de l’alimentation comme ceux de l’énergie n’ont cessé de grimper.

La situation de l’Ukraine pâtit gravement de la fonte des recettes fiscales du gouvernement, les entreprises ayant fermé ou n’étant que partiellement opérationnelles tandis que le commerce des marchandises est extrêmement perturbé. Les exportations de céréales sont devenues impossibles “dans de vastes étendues du pays en raison de lourds dommages aux infrastructures”, a noté par exemple Anna Bjerde, la vice-présidente de la Banque mondiale chargée de cette région lors d’une conférence téléphonique.

De fait, la Banque mondiale a calculé les conséquences de ce conflit pour toute la région.

Le PIB de l’Europe de l’Est chuterait de -30,7%

La seule Europe de l’Est devrait voir son PIB s’effondrer de 30,7% contre une croissance de 1,4% attendue avant l’invasion. Ce calcul intègre les conséquences des sanctions qui ont été imposées à la Biélorussie, alliée de la Russie, pour son rôle dans la guerre. Sans oublier que cette partie de l’Europe est tributaire du gaz naturel pour répondre à ses besoins énergétiques.

Dans le détail, la Moldavie pourrait devenir l’un des pays les plus durement touchés par le conflit, non seulement en raison de sa proximité géographique avec la guerre, mais encore de ses vulnérabilités inhérentes en tant que petite économie étroitement liée aux deux pays, l’Ukraine et la Russie.

Une récession pire que celle provoquée par la pandémie de Covid

Plus largement, l’institution de Washington annonce tabler sur une contraction de 4,1% du PIB cette année pour l’ensemble des pays émergents et en développement d’Europe et d’Asie centrale, alors qu’elle s’attendait avant la guerre à une croissance de 3%. C’est aussi bien pire que la récession provoquée par la pandémie en 2020 (-1,9%).

Et, alors que le bilan des destructions humaines et matérielles ne se cesse de s’alourdir et qu’une offensive massive russe est en préparation, l’institution explique que pour élaborer ses prévisions, la Banque a pris comme hypothèse que la guerre va se poursuivre encore “quelques mois”.

Le scénario encore plus sombre envisagé par la Banque mondiale

Mais elle met en garde contre un scénario encore plus sombre si le conflit s’enlisait.

« Les résultats de notre analyse sont très sombres », a souligné Anna Bjerde, la vice-présidente de la Banque mondiale chargée de cette région lors d’une conférence téléphonique.

Elle ajoutait:

« Il s’agit du deuxième choc majeur frappant l’économie régionale en deux ans et il survient à un moment très précaire, car de nombreuses économies luttaient encore pour se remettre de la pandémie. »

Cette responsable de la Banque mondiale reconnaît que ces dernières prévisions sont sujettes “à une grande incertitude” avec une inconnue, l’impact réel de la guerre en zone euro.

C’est pourquoi l’institution a donc aussi envisagé un scénario plus pessimiste prenant en compte un impact plus fort sur la zone euro, une escalade des sanctions et un choc sur la confiance financière.

C’est en substance ce que disaient il y a une semaine les autorités de régulation qui scrutent avec attention la situation des banques européennes depuis le début du conflit en Ukraine et la mise en place des sanctions à l’encontre de la Russie. Leur message se voulait optimiste mais seulement à court terme : pour l’heure disaient-elles, l’exposition des banques au risque russe est globalement limitée mais il ne faudrait pas que la guerre s’éternise trop.

Un scénario pire que celui de la crise financière de 2008

Or, selon ce scénario plus sombre d’une guerre qui s’éternise, la Banque mondiale a calculé que le PIB de la région se contracterait alors de près de 9%, soit bien plus que les 5% subis pendant la crise financière mondiale de 2009 et davantage que la récession de 2% induite par la pandémie en 2020, rappelle la Banque mondiale.

Pour la Russie, le plongeon en 2022 ne serait plus de -11,2%, évoqué plus haut dans cet article, mais serait de -20%. Pour l’Ukraine, il tomberait de -45,1% à -75%.

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