Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La Chine à l’UE : cause toujours , tu m’intéresses…

On rappelle que pour l’institut de recherche en économie Bruegel, le coût à court terme de la réduction de la dépendance énergétique de l’UE vis-à-vis de la Russie pourrait atteindre 100 milliards d’euros dont 50 milliards d’euros pour la reconstitution des réserves de gaz naturel, 25 milliards d’euros pour les coûts supplémentaires d’importation de gaz non russe et 25 milliards d’euros pour les coûts de distribution interne dans l’UE. Autant dire que les injonctions des USA et de leurs larbins en Europe mettent le grand patronat dans l’embarras. Et pour couronner le tout, les conséquences économiques et sociales des sanctions se font déjà ressentir. Aussi les coups d’épée sont-ils entrés dans l’eau et les menaces des fantoches n’ont fait trembler personne. Le Monde a titré « Dialogue de sourds entre la Chine et l’Union Européenne. Les Européens ont vainement tenté, lors d’un sommet virtuel organisé vendredi, d’impliquer Pékin dans la recherche d’une solution au conflit. Mais cette rencontre n’a fait bouger aucune ligne. » Côté chinois on lit « La partie UE a présenté ses vues et ses positions sur la situation actuelle en Ukraine. » Façon diplomatique de dire : cause toujours tu m’intéresses. (note de Xuan pour histoireetsociete)

L’ambassade de Chine en France a fourni quelques indications intéressantes sur les propositions chinoises. Ci-dessous une partie de l’intervention de Xi Jinping :

… 

Ø Premièrement, promouvoir les pourparlers de paix. La Chine soutient l’UE dans ses efforts visant le règlement politique de la question ukrainienne et joue depuis toujours son rôle en faveur de la paix et du dialogue. Les pourparlers de paix sont la seule issue possible pour éviter l’escalade de la tension. La communauté internationale doit continuer de créer des conditions et un environnement favorables aux négociations entre la Russie et l’Ukraine, dégager de l’espace pour le règlement politique et s’abstenir de mettre de l’huile sur le feu et d’attiser les tensions.

Ø Deuxièmement, prévenir une crise humanitaire de plus grande ampleur. La Chine a avancé une initiative en six points sur la situation humanitaire en Ukraine et fourni plusieurs lots d’aides humanitaires d’urgence à l’Ukraine et des matériels aux pays européens ayant accueilli de nombreux réfugiés. La Chine est prête à maintenir la communication avec la partie européenne pour prévenir ensemble une crise humanitaire de plus grande ampleur.

Ø Troisièmement, construire une paix durable en Europe et sur le continent eurasiatique. La crise ukrainienne tire ses origines dans les tensions sécuritaires régionales accumulées en Europe au fil des ans, et la solution de fond consiste à prendre en compte les préoccupations sécuritaires légitimes de toutes les parties concernées. Aujourd’hui, il faut rejeter la mentalité de la guerre froide dans la construction de l’architecture mondiale et régionale de la sécurité. La Chine soutient l’Europe, surtout l’UE, dans leurs efforts pour jouer un rôle majeur. Elle soutient le développement d’un dialogue entre l’Europe, la Russie, les États-Unis et l’OTAN pour affronter les tensions accumulées depuis des années et y trouver des solutions, en vue d’une architecture sécuritaire équilibrée, effective et durable en Europe

Ø Quatrièmement, éviter l’amplification du conflit local. La crise ukrainienne doit être gérée de manière adéquate. Il ne faut pas prendre le mauvais remède, ni s’attaquer à un aspect en négligeant les autres, ni prendre en otage le monde entier, et encore moins faire payer le prix lourd aux peuples du monde. Plus la situation est dangereuse et urgente, plus il est important de garder la lucidité et le sang-froid. L’actuelle architecture économique mondiale s’est construite grâce aux efforts de tous les pays depuis de longues années. C’est un ensemble indissociable. Toutes les parties doivent préserver cet acquis. Il ne faut pas bouleverser à la légère le système économique mondial existant, et encore moins politiser et instrumentaliser l’économie mondiale ou l’utiliser comme une arme pour provoquer de graves crises dans le monde sur les plans financier, commercial, énergétique, scientifique, technologique, alimentaire et des chaînes industrielles et d’approvisionnement. Beaucoup craignent que la situation actuelle ne réduise à néant les fruits obtenus dans la coopération économique internationale au cours des décennies. Et si la situation continue de se dégrader, il faudra des années, des décennies voire plusieurs décennies pour remettre les choses sur les rails. La Chine et l’UE doivent œuvrer à gérer la situation, à éviter le débordement de la crise, et surtout à préserver la stabilité du système, des règles et des fondements de l’économie mondiale et à renforcer la confiance. Les deux parties pourront mener une coordination et une coopération dans ce sens.”...

Les dirigeants européens, baïonnette au canon, s’attendaient à une âpre confrontation.

Ursula von der Leyen, et le président du Conseil européen Charles Michel avaient prévu de dire au président chinois Xi Jinping que “la guerre n’est pas dans l’intérêt de la Chine”, ”le fait de fournir des armes à la Russie et de l’aider à contourner les sanctions aura un impact sur les relations entre l’UE et la Chine » et que l’impact pourrait inclure des sanctions.

Michel, convaincu que le « soutien de Pékin à l’opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine avait conduit les 27 États membres de l’UE à s’unir après des années de désaccord et à adopter une “position ferme” à l’égard de la Chine » prédisait que “Ce sera le sommet le plus difficile auquel nous ayons jamais participé”.

Enfin le Premier ministre finlandais Sanna Marin péremptoire : “Nous devons nous assurer que la Chine est du bon côté de l’histoire.”

Mais sauf cette unité de façade, la forteresse européenne est construite sur des sables mouvants. Divisée sur l’interdiction des importations de pétrole russe, entre l’Allemagne et la Hongrie d’un côté, la Lettonie et la Pologne de l’autre, divisée dans sa dépendance au gaz russe (Allemagne 53 %, Pologne 81 %, Finlande 100 %, Estonie 100 %, Lettonie 97 %, Slovaquie 86 %, Hongrie 78 % en 2021), déjà divisée sur les réfugiés et sur les vaccins, divisée sur des questions d’idéologie et d’éthique, mais divisée de nouveau pour savoir qui va récupérer les réfugiés ukrainiens.

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a déclaré : « La question de l’embargo sur le pétrole n’est pas une question de ce que nous voulons ou ne voulons pas, mais une question de combien nous dépendons du pétrole. Elle a souligné que l’Allemagne n’est pas le seul pays de l’UE qui “ne peut pas arrêter les importations de pétrole en un jour”.

Effectivement la Fédération des Industries allemandes se trouve face à un choix cornélien. Son président Siegfried Russwurm, déclarait le 23 mars : “L’industrie allemande met en garde la communauté des États européens contre des réactions précipitées aux conséquences incalculables dans la suite de la gestion des sanctions.”

D’un côté il appelle à devenir moins dépendante du gaz russe au plus vite, à forger de nouveaux partenariats énergétiques et s’approvisionner en gaz naturel liquéfié auprès d’autres pays, dont les États-Unis en particulier.

Et simultanément : « Un boycott de l’approvisionnement en gaz russe menace de déchirer l’UE. Le réseau gazier européen n’a pas encore été conçu pour des flux de gaz d’ouest en est. Il n’est pas clair si, en cas d’arrêt des livraisons de gaz russe, le gaz liquéfié débarquant aux Pays-Bas ou en Belgique se retrouverait en République tchèque ou en Slovaquie. Un embargo sur le gaz entraînerait des interruptions de production, des pertes d’emplois et, dans certains cas, des dommages massifs aux installations de production. »

Print Friendly, PDF & Email

Vues : 124

Suite de l'article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.