Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Et pendant ce temps, à Kiev (n° 13), par Alexei Netchaev, politologue

Cet autre bulletin quotidien ou presque sur le front des combats présente plus d’analyses que celui que grâce à Marianne nous publions tous les jours, et il développe un thème que nous avons déjà noté dans le sujet précédent : la réflexion sur la politique de la Pologne qui joue sur ordre des USA pour nous entrainer par le biais de l’OTAN dans la guerre. Elle agit sur ordre de l’Otan mais aussi par le jeu de ses “impérialistes”, qui l’a faite désigner par Churchill comme la hyène de l’Europe, celle qui excite au massacre et cherche dans la charogne des bêtes tuées de quoi arracher ses propres lambeaux, l’ouest de l’Ukraine est lorgnée depuis longtemps comme une terre de la grande Pologne (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)

https://vz.ru/opinions/2022/3/23/1149903.html

Illustration : Caricature de Jozef Pilsudski dans la presse soviétique

1) Alors qu’un couvre-feu a été imposé dans la ville, les événements les plus marquants se déroulent dans les environs de Kiev. Des discussions curieuses s’y déroulent également. Par exemple, le maire de Boryspil a appelé les civils à évacuer la ville. Selon lui, plus la population est faible dans les villes et les villages, plus il est facile pour l’AFU d’y mener les opérations.

Il a été contesté par le chef de la défense régionale de Kiev, qui estime qu’il n’est pas nécessaire d’évacuer. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de combats sur le territoire du district de Boryspil, ajoute-t-il.

Qu’est-ce que cette discussion indique ? Que les responsables ukrainiens n’ont pas compris une vérité simple : évacuation à temps = minimisation des pertes civiles. S’ils avaient compris cela, nous ne verrions pas de telles discussions dans l’espace public.

D’ailleurs, qu’est-ce que Boryspil ? C’est la zone où se trouve le principal port aérien non seulement de Kiev mais aussi de toute l’Ukraine. C’est l’aéroport dont fait l’éloge Yolka dans sa chanson Provence. C’est un objet de grande importance – militaire, logistique et symbolique. Par conséquent, selon la tournure que prendront les événements, les combats dans cette zone seront tout aussi durs et féroces que dans les zones de Gostomel, Bucha et Irpen. Par conséquent, nous devons évacuer les gens de là-bas (et pas seulement) maintenant. Demain, il sera peut-être trop tard.

2) D’un point de vue militaire, la situation est la suivante. L’AFU a admis que les localités susmentionnées de Gostomel, Bucha et une partie d’Irpen étaient passées sous contrôle russe (bien que cette information doive être vérifiée). D’autre part, Kiev a signalé le retour du contrôle sur Makarov, bien que personne n’en ait pris le contrôle. En d’autres termes, c’est une victoire sur la base de rien du tout.

Il est donc probable que la ligne de contact entre les forces armées russes et l’AFU au nord-ouest et à l’ouest de Kiev connaisse bientôt de sérieux changements. A l’est, en revanche, rien de nouveau : seules de petites escarmouches ont été enregistrées près de Brovary.

Le contexte extérieur

1) De la fumée a été vue au-dessus de l’ambassade de Russie à Varsovie. Quelque chose de similaire avait déjà été vu auparavant à Kiev. D’autre part, Varsovie se dirige de plus en plus rapidement vers une participation à la guerre en Ukraine, que Jaroslaw Kaczynski a déjà appelée de ses vœux.

Tout d’abord, le ministère polonais de la défense travaille déjà sur un projet d’envoi de 10 000 soldats en Ukraine. Deuxièmement, selon les médias locaux, le président polonais Andrzej Duda présentera ses propositions pour une mission militaire en Ukraine lors du sommet de l’OTAN à Bruxelles.

Troisièmement, il convient de rappeler l’accord de Washington selon lequel les alliés américains de l’OTAN peuvent “prendre” eux-mêmes de telles décisions. Et surtout, le même Duda a déclaré aujourd’hui que l’acte fondateur OTAN-Russie a cessé d’exister et que le document ne lie plus personne. La Pologne se dirige donc vers un conflit direct avec la Russie.

2) Macron a appelé Poutine pour la huitième fois en un mois. Plus tard, l’Élysée et le Kremlin ont publié des communiqués plutôt secs, mais comme le montre la pratique, plus les rapports des services de presse sont ennuyeux, plus les négociations sont substantielles.

Je suppose que Macron a informé Poutine des projets de décisions qui pourraient être prises au sommet de l’OTAN lors de la visite de Biden à Bruxelles. Il ne s’agissait probablement pas tant du renforcement des sanctions que Washington va imposer après le sommet, mais de choses plus importantes : les questions de la zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine et de l’implication de la Pologne dans le conflit militaire.

Mais à en juger par la fumée au-dessus de l’ambassade de Russie à Varsovie et les publications dans les médias français – Paris et d’autres capitales européennes sont bien conscientes de la volonté du Kremlin de mener à bien cette opération spéciale.

Source : Canal Telegram d’Alexei Nechaev

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5 Commentaires

  • jo nice
    jo nice

    Je verrai bien la pologne rentrer en ukraine par “solidarité” et profiter de la défaite ukrainienne pour annexer les régions à forte minorité polonaise. Je me fais un film ou vous pensez que c’est possible?

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    • Xuan

      C’est bien possible. Arrive un moment où les règles établies ne valent rien devant les intérêts.
      Du moment que les USA n’ont pas besoin de s’engager, peu importe la façon dont l’Europe se déchire.

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    • Rouge-Trégor
      Rouge-Trégor

      Tout est possible, mais risqué. La Pologne est membre de l’OTAN, les Russes ne laisseront pas faire. Risque de dérapage et d’extension du conflit..

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      • marsal
        marsal

        En même temps, il me semble peu probable que les russes aient l’intention d’aller jusqu’à Lviv. Si la Russie progresse à l’Est et repousse les nationalistes, les milices armées vers l’ouest, il faudra gérer tout ça et remettre un peu d’ordre, parce que cela peut vite devenir très dangereux. Il n’y a qu’à voir cet ancien militant du Gud, ultra-violent, qui a assassiné le rugbyman argentin à Paris pour une simple dispute dans un bar et qui a été arrếté à quelques kilomètres de la frontière ukrainienne. Vous imaginez des milliers de types comme ça, revenant d’Ukraine avec des armes de guerre ? Quel état européen a envie de gérer ça sur son territoire ? C’est par un enchaînement de ce genre que l’effondrement non géré de la Libye a engendré la destabilisation de tous le Sahel.

        Si la Pologne (et la Hongrie) interviennent, on se retrouverait alors dans une situation similaire à celle du nord de la Syrie. Plutôt que de voir les jihadistes rentrer en Turquie poussés par l’armée syrienne, Erdogan a préféré intervenir et établir une zone tampon. De ce fait, au lieu que ces combattants ne deviennent une menace pour la sécurité intérieure turque, ils sont restés en Syrie, protégés par les forces turques et sont devenus des unités mercenaires qui ont permis à la Turquie de mener des opérations militaires en Libye, en Arménie et au Kurdistan syrien. En quelque sorte, Erdogan a retourné le problème et l’a instrumentalisé à ses propres fins.

        Or, la Pologne a été assez mécontente de voir l’Allemagne doubler son budget militaire et lever toutes les règles qui restreignaient son engagement militaire depuis la seconde guerre mondiale. Prise en étau entre une Russie qui ne lâche (plus) rien et une Allemagne qui réarme, la Pologne ne peut que chercher à se consolider. D’autant qu’elle mesure le peu de valeur réelle que représente la protection américaine, sur laquelle elle a beaucoup compté jusqu’ici.

        Les gens qui nient le problème néo-nazi en Ukraine argumentent en général en disant que ceux-ci sont marginaux et n’ont pas obtenu plus de 2 % des voix aux dernières élections. Ceci est exact mais très incomplet. Le danger des néo-nazis en Ukraine ne vient en effet pas de leur poids électoral mais de leur poids militaire : intégré sous forme de brigades et de bataillons autonomes (mais armés et financés par l’Etat), ils sont une menace pour le gouvernement lui-même, s’il venait à s’éloigner trop de leur ligne. C’est, je pense, un des éléments clés qui a empéché l’application des accords de Minsk (l’autre étant que, de toutes façons, ces accords ont été signés de mauvaise foi alors que l’armée ukrainienne était en situation de défaite). L’excitation, les appels à la constitution de milice, la distribution incontrolée d’armes de guerres fait courir un lourd danger à l’Europe entière aujourd’hui.

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        • jo nice
          jo nice

          Paralèlle intéressant avec la syrie.si l’ukraine devient un état failli rempli de cliques nazi avec du matériel anti aérien dernier cri les polonais ont pas fini de rigoler^^
          d’autant que bandera là il a pas exterminé des centaines de millier de polonais?

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