Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

11 NOVEMBRE pour l’exemple … Qu’est-ce qu’on dit aux autres, de la gauche à la droite ?…

comment se fait-il que chacun se croit obligé de dériver vers la droite, voir son extrême en France , personne n’y échappe, mais qu’est-ce qui provoque ce tropisme à droite aujourd’hui? Et surtout que peuvent entendre de nous les autres civilisations ? Comment est-on passé de VALMY à cette sinistre boucherie qu’aucun 11 Novembre ne rachetera ? Même quand Napoleon pille et opprime avec la grande armée, celle-ci demeure selon le mot de Metternich Robespierre plus la grande armée, l’ennemie des féodaux et des tyrans… Mais c’est la fin du moment héroîque et la Restauration signifiera simplement l’entente sur le “enrichissez-vous”… Après l’horreur de la boucherie, il y eut grâce à Maurice thorez suivant la trace de l’URSS la dénonciation des guerres impérialistes, un retour illusoire peut-être qui peut le dire? C’est en retrouvant le chemin de tout cela qu’il serait peut-être possible d’entendre ce que peut devenir la France ….

D’abord cette division entre droite et gauche serait une création française qui s’est répandue avec des fortunes diverses. Il y a une contradiction Maurice AGHULON, l’historien de la Révolution française qui a écrit des textes passionnants mais qui était l’enseignant le plus ennuyeux qui se puisse imaginer, a dit très justement que “pour la période qui va de 1815 à 1870, l’application des mots droite et gauche est assez nettement rétroactive… Les hommes qui luttaient pour la démocratie dans les années 1860 se pensaient et se disaient du parti de la liberté, de la République, voire de la révolution,plutôt que “de la gauche“(1)

peut-être conviendrait-il de comprendre l’évolution de ces termes à la fois sur le plan des idées, mais aussi de l’affrontement culturel et social? Pourquoi et de quoi est-il question quand il est affirmé ou contesté cette partition ?

Cette interrogation sur la pertinence de la division entre droite et gauche intervient dans les années quatre vingt avec le mitterrandisme, la montée au firmament de Furet et cela accompagne le doute sur l’héritage de la Révolution française : est-ce que la division entre droite et gauche a bien un sens ? Cette division droite et gauche pense-t-on est “une guerre franco-française” n’est-elle pas en train d’être dépassée ?Est-ce que toute révolution n’est pas dangereusement inutile ?

Aucune force politique française n’y échappe…

Quand Maurice AGHULON qui fut communiste et demeure un historien de la révolution française autant que de ses réincarnations dans les diverses républiques recontextualise la gauche et la droite, nous sommes dans la stagnation des années quatre-vingt et Macron n’en est que l’aboutissement, l’hypothèse que j’ai tenté de défendre était que nous sommes à la fin d’un cycle et que toutes ces interrogations ou négations renvoient à la non concordance entre “idées, espace institutionnels et rapports de classe” parce que nous sommes dans le temps de l’ébranlement.

Un moment fondateur, s’agit-il d’un hasard ?

Mais il y a eu un moment fondateur de cette division entre droite et gauche, c’est le 28 août 1789. jusque là la division de l’assemblée nationale constituante est entre les trois corps : noblesse, clergé, tiers Etat. Et l’assemblée accomplit un énorme travail institutionnel sur le Royaume de france, pour le moment il n’est question que de cela et voilà que l’on doit décider du véto royal, ce qui pose la nature du pouvoir monarchique. Si avec le droit de Veto, le monarque a le droit de s’opposer à des décisions de la représentation nationale, c’est lui reconnaitre une autorité supérieure sur le corps politique de la nation légiférante.

C’est tout l’enjeu de la Révolution française qui est là et je dirai que la Constitution de la Ve république, comme l’UE pose à nouveau cet enjeu. Est-ce que la société – les classes sociales- peut s’organiser elle-même à travers une volonté nationale,incarnée dans l’assemblée, en trouvant en son sein ses propres principes ou si, au contraire surle modèle de l’Ancien Régime le corps politique reste-t-il le monarque de droit divin ? C’est-à-dire une puissance qui est tout à la fois extérieure et transcendante?

Qu’est-ce qui peut à nouveau être cette référence extérieure et transcendante qui s’imposerait à la lutte des classes, aux convulsions dangereuses de la societe civile ?

De gaulle avait envisagé on le sait une restauration monarchique, une transcendance la France qui serait supérieure aux Français des veaux… La question est toujours la même mais le paradoxe c’est que la Constitution de la Ve République a profité d’un autre homme de droite Mitterrand qui a de fait durablement installé à gauche ce pouvoir qui s’impose aux citoyens, les dépouille de leur souveraineté. L’UE a encore brouillé les cartes de la souveraineté nationale en tant qu’idée politique et culturelle.

C’est ce moment fondateur du 28 août 1789 où est posé la question du véto royal.C’est alors qu’à droite du bureau du président se groupent les constituants favorables à ce véto, donc à un pouvoir monarchique étendu dans une monarchie qu’ils souhaitent néanmoins constitutionnelle. A gauche, se regroupent ceux qui lui sont hostiles. le vote et l’opposition sont très clairs. En fait, ce jour là c’est un rapport de force qui a recréé la géographie de l’assemblée puisque depuis le mois de juin, quelques nobles et des membres du bas clergé sont venus rejoindre le tiers etat et à droite il reste les nobles et le haut clergé. Le choix des places s’est fait insensiblement et ce 28 août il est installé.

Donc dire que ce clivage est le fruit du hasard est à la fois faux et vrai, mais il existe un espace politique, celui de la représentation parlementaire, mais aussi économique et culturel même si Aghulon a raison de dire que c’est beaucoup plus tard que cet affrontement droite gauche va être revendiqué. mais il oscillera entre affrontements d’idées et affrontement social.

Nous ensommes peut-être là et dans d’autres civilisations la non concordance entre idées, institutions et contradictions forces productives-rapports de production se dit en d’autres termes, mais est bien présente.il me parait évident que toute classe sociale en étant d’exercer la dictature ou pour le dire en d’autres termes d’orienter le jeu politique à son profit va le faire en créant un espace de consensus au-delà duquel il y aurait illegitimité et l’histoire est appelée à la rescousse,;

L’originalité est qu’à partir du stade impérialiste, c’est la gauche qui contribue à créer l’espace du conservatisme voir de la fascisation actuelle. Ce n’est pas la première fois et comme par hasard c’est autour d’enjeux impérialistes que cela s’est produit et la rupture léniniste a consisté justement à dénoncer cet alignement qui tourne autour de la nation qui passe de la patrie en danger à l’impérialisme de conquête avec les mêmes arguments. Est-ce que nous n’avons pas une aggravation de ce rôle de la gauche à partir de l’hégémonie US ? L’idéologie des droits de l’homme et du droit d’ingérence, le mitterrandisme ayant créé les conditions de la fascisation actuelle ? Si telétait le cas il serait impossible de sortir de cepiège par le seul “souverainisme” …

DANIELLE BLEITRACH

(1) Maurice Aghulon, “la droite et la gauche: lutte des classes ou lutte d’idées?” dans Histoire vagabonde, tII, Paris, GALLIMARD, 1988, p.217;

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1 Commentaire

  • Renaud Bernard
    Renaud Bernard

    Le tropisme en question est l’affaire de chacun, non celle de tous. Il est donc intellectuel et traduit l’opinion que chaque citoyen élabore en son for interne pour agir en tant que tel et se positionner dans l’arc parlementaire. Celui-ci va de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, ou si l’on préfère, de la périphérie vers le centre. Les repères qui le balisent sont relatifs et renvoient à des réalités sociales qui ont bien changé en France depuis ce 28 août 1789. Chaque pays a ses propres dates de référence pour marquer l’histoire de ses tropismes, du moins tant qu’il reconnaît leur valeur politique.

    Maurice Aghulon lui-même illustra ce tropisme français contemporain en évoluant du communisme vers la social-démocratie. Libre à lui, mais le socialisme, le vrai, ne s’appuie pas sur l’opinion, qui est publique dans son expression mais personnelle dans sa formation. Il a une base scientifique, ses principes ne dépendent d’aucune subjectivité. Les perspectives qu’il trace ne sauraient être remises en cause par un quelconque tropisme intellectuel, même largement partagé. Le socialisme ne se réfère qu’au tropisme de classe, qui oriente l’évolution historique et l’arbitrera par la révolution au moment décisif.

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